Quelques pas dans la chanson, une présence sur scène ou au cinéma suite au cours Florent puis des photos de mode pour les grands créateurs, voilà le parcours professionnel de Clara Benador. Mais en cette rentrée littéraire 2022, elle bluffe son monde en se révélant aussi romancière. Voici « Les petites amoureuses ». Et quelle réussite que ce premier livre !En 1941, Lola et sa famille doivent fuit la petite ville d’Isère où ils s’étaient précédemment réfugiés. Ils sont juifs et la machine nazie a décidé de les...
Les petites amoureuses de Clara Benador - Présentation - Suite
00:00:05:13 - 00:00:25:00Philippe ChauveauBonjour Clara Bernadotte, merci d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes dans l'actualité de cette rentrée littéraire avec ce roman. Votre premier roman, Les petites amoureuses, c'est chez Gallimard. On va faire un petit peu connaissance avant de parler de votre histoire et de vos personnages. On fait connaissance parce que je sais que vous évoluez dans différents milieux artistiques. Il y a, il y a la comédie puisque vous avez fait le cours Florent.
00:00:25:17 - 00:00:34:00Philippe...
Les petites amoureuses de Clara Benador - Portrait - Suite
00:00:05:13 - 00:00:24:03Philippe ChauveauLes petites amoureuses. C'est donc ce premier titre, ce premier roman que vous publiez chez Gallimard ? Nous allons partir dans les années 40, même en 41 précisément. Ce qui veut dire que nous sommes en plein conflit mondial. Nous allons faire connaissance avec une famille, une famille qui pourrait vivre de façon tout à fait heureuse, sereine. Il n'y a pas de problème particulier dans cette famille.
00:00:24:03 - 00:00:41:04Philippe ChauveauOn s'aime, pas de problème matériels, sauf que...
Les petites amoureuses de Clara Benador - Livre - Suite
Clara Benador
Les petites amoureuses
Présentation 00'02'31"Quelques pas dans la chanson, une présence sur scène ou au cinéma suite au cours Florent puis des photos de mode pour les grands créateurs, voilà le parcours professionnel de Clara Benador. Mais en cette rentrée littéraire 2022, elle bluffe son monde en se révélant aussi romancière. Voici « Les petites amoureuses ». Et quelle réussite que ce premier livre !
En 1941, Lola et sa famille doivent fuit la petite ville d’Isère où ils s’étaient précédemment réfugiés. Ils sont juifs et la machine nazie a décidé de les broyer.
Avec ses frères jumeaux, la jeune Lola doit quitter l’univers douillet et serein que ses parents avaient su construire pour faire taire les bruits du monde.
Cette famille aisée fait le choix de traverser la Méditerranée, direction Casablanca, où des connaissances ont promis de les aider.
Et le roman de nous entrainer dans le Casa du protectorat français de l’époque, une ville que la jeune romancière a volontairement voulu fidèle à celui transfiguré dans la littérature ou au cinéma. Nous voici dans la Casablanca redessinée par les Français avec ses larges avenues et ses façades haussmanniennes écrasées de soleil. Malgré les apparences, loin des repères sur lesquels ils se sont construits, la quiétude familiale se fissure et Lola étouffe. Assoiffé de liberté, la jeune fille part à la découverte de l’autre Casa, l’authentique, la marocaine. S’enfonçant dans des quartiers où elle n’a pas sa place, Lola va croiser le chemin d’une autre jeune fille de son âge au nom prédestiné, Shéhérazade. Entre amour et fascination, les deux gamines vont connaitre l’émotion des premiers émois. Mais qu’est-ce que l’amour quand on a peine 15 ans et que le monde est à feu et à sang.
Roman initiatique, le livre de Clara Benador parle au cœur. La plume est belle et douce sans rien masquer des tourments et le décor de Casablanca est un écrin où le soleil ne fait qu’accentuer les zones d’ombre.
Laissez-vous embarquer dans cette histoire sur la fin de l’enfance, l’appel de l’inconnu et le rempart indéfectible qu’est la famille.
« Les petites amoureuses » de Clara Benador est publié chez Gallimard.
Clara Benador
Les petites amoureuses
Portrait 00'06'51"00:00:05:13 - 00:00:25:00
Philippe Chauveau
Bonjour Clara Bernadotte, merci d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes dans l'actualité de cette rentrée littéraire avec ce roman. Votre premier roman, Les petites amoureuses, c'est chez Gallimard. On va faire un petit peu connaissance avant de parler de votre histoire et de vos personnages. On fait connaissance parce que je sais que vous évoluez dans différents milieux artistiques. Il y a, il y a la comédie puisque vous avez fait le cours Florent.
00:00:25:17 - 00:00:34:00
Philippe Chauveau
Il y a aussi la mode aujourd'hui l'écriture. Si vous deviez définir votre, votre parcours, que diriez vous ? Qui êtes vous ?
00:00:35:12 - 00:01:03:14
Clara Benador
Je demande les gens, c'est vrai, mais je pense que c'est principalement de d'aller explorer les coulisses des choses du monde pour essayer de découvrir et de voir des choses qui m'étaient inaccessibles. C'est un peu le moteur de toutes les démarches que j'ai pu faire jusqu'à maintenant et qui m'ont amené dans des milieux qui n'étaient pas forcément des milieux ou je me voyais rester ou être, mais.
00:01:04:08 - 00:01:08:19
Clara Benador
Mais par la curiosité et par l'envie de le découvrir, j'y suis allé.
00:01:08:23 - 00:01:25:02
Philippe Chauveau
Lorsque l'on parle théâtre, cinéma ou le milieu de la mode, avec, avec la photo et puis aujourd'hui, la littérature, ça fait partie des deux choses que vous aviez programmé. Le mot est peut être un peu fort, mais en tout cas que vous aviez ambitionné, dont vous aviez envie. Ou est ce que ça vous arrive un petit peu par hasard, toutes ces rencontres, ces opportunités ?
00:01:26:10 - 00:01:51:03
Clara Benador
Je crois que ce désir, que le hasard si on provoque, je ne sais pas si c'est vraiment du hasard, mais en tout cas je, c'est à dire que j'ai toujours été guidé par justement le hasard. Absolument. J'ai découvert l'écriture automatique des surréalistes. C'est quelque chose qui est resté en moi. Et donc cette idée, justement, même de déambulation comme on peut voir dans le livre de Breton qui s'appelle Nadja.
00:01:51:18 - 00:02:07:17
Clara Benador
C'est quelque chose qui m'a toujours marqué, suivie et finalement j'essaie de rêver ma vie, de vivre ma vie comme je rêvais donc forcément de dire des choses qui, de fil en aiguille, m'emmener dans des choses comme ce milieu dont on parle, le cinéma, la mode.
00:02:07:20 - 00:02:26:16
Philippe Chauveau
Alors si je vous entends, vous, vous rêvez, votre vie avec le cinéma, le théâtre, la mode et aujourd'hui la littérature. Peut être allez vous me dire le contraire, mais j'ai l'impression que lorsqu'on évoque l'écriture, le cinéma ou le théâtre, ou on s'empare aussi de personnages, la mode ou finalement sur papier glacé, on donne une image de soi qui ne correspond peut être pas à ce que l'on est réellement.
00:02:26:17 - 00:02:42:02
Philippe Chauveau
Est ce que finalement, tout ça, c'est une façon de vous cacher, de vous protéger ? Ou finalement, est ce que c'est bien ? Clara Ben adore que l'on voit sur scène, au cinéma ou sur les pages des magazines ou dans les livres. Est ce qu'il y a deux facettes en vous ? Êtes vous la même femme à chaque fois ?
00:02:42:12 - 00:03:03:03
Clara Benador
Non, mais je pense qu'il y a plus que deux facettes de gens. Mais je crois aussi que se cacher, c'est une manière de peut être aussi se laisser un peu de place pour se trouver et que finalement se trouver. Je ne sais pas si on y arrive rapidement ou pas, mais en tout cas, c'est une quête qui me pousse justement dans ces recherches.
00:03:03:14 - 00:03:24:05
Clara Benador
Et je crois que la recherche, c'est aussi ce qui, ce qui est intéressant, est ce qui nous permet finalement, en avançant de se découvrir, de faire découvrir les autres aussi. Des choses qui nous révèlent en fait sur nous mêmes. Et donc je crois que se cacher, je ne sais pas si je me cache, mais en tout cas je cherche.
00:03:25:05 - 00:03:44:13
Philippe Chauveau
En tout cas, c'est bien que le rabbin adore que nous recevons aujourd'hui la romancière, l'autre. Vous nous avez parlé de Breton dans vos influences. Néanmoins, avez vous toujours eu cette envie, ce besoin d'écriture ? Est ce que lorsque vous étiez enfant, gamine ou jeune ado, vous aviez un journal ? Y a t il des livres qui vous ont fait avancer ?
00:03:44:13 - 00:03:47:21
Philippe Chauveau
Vous ont donné cette envie ? Quel est votre lien à l'écriture et à la littérature ?
00:03:48:09 - 00:04:09:13
Clara Benador
Eh bien, le lien, j'allais dire qu'il l'était. C'est tardif, mais je ne sais pas si vers quinze seize ans, on peut dire que c'est un livre, mais j'ai que ça a commencé avec. Je parlais de breton avec ce mouvement surréaliste qui m'a marqué, parce que ça me détacher de la littérature classique qui pouvait me faire peur, ou par ce côté plus fluide et accessible.
00:04:09:24 - 00:04:34:02
Clara Benador
Donc ça, c'était un peu le point de départ. Et en effet, j'écrivais beaucoup dans les journaux. Des choses personnelles pas forcément vues, mais en tout cas qui me ? C'est à dire que je trouvais que ce moyen d'expression me donnait une satisfaction, que je n'avais pas avec les autres au cours d'échanges et que finalement, c'était une manière aussi de se réfugier et de pouvoir dire quelque chose.
00:04:34:08 - 00:04:37:11
Philippe Chauveau
Et sur votre table de chevet, que trouve t on comme littérature ?
00:04:37:24 - 00:05:02:18
Clara Benador
C'est extrêmement ça, varié, extrêmement, selon mes recherches. Mais si on parle des petites amoureuses dans ce premier roman, il y a sur la table de chevet. Déjà, il y avait des livres partout. Il faut savoir que la chambre était devenue une sorte de. C'était même un décor. Mais il y avait Nerval, Baudelaire, Flaubert qui étaient pour moi des sortes de piliers.
00:05:03:03 - 00:05:17:06
Clara Benador
Pour force, pour ce récit et autour de ça, d'autres, d'autres écrivains qui nourrissaient de manière plus ponctuelle, on va dire, comme par exemple la poésie justement. J'essayais de garnir le bouquin de différentes choses.
00:05:17:13 - 00:05:37:01
Philippe Chauveau
Aujourd'hui, on l'a dit. Vous êtes habituée des projecteurs, que ce soit sur la scène, que ce soit par les photographes, qu'il y a un autre projecteur. Aujourd'hui, en cette rentrée littéraire, puisque votre livre est remarqué par la critique, par les libraires, c'est un livre dont on, dont on parle. Il y a un certain bruissement autour de votre, de votre roman.
00:05:37:19 - 00:05:52:00
Philippe Chauveau
Au delà de la satisfaction d'avoir publié un premier roman chez Gallimard. Comment vivez vous cela ? Arrivez vous à en profiter ou au contraire, vous sentez vous un peu devant un précipice en disant oui, mais demain, comment ça va se passer ? Comment gérez vous cette nouvelle vie d'auteur ?
00:05:52:19 - 00:06:11:13
Clara Benador
Je crois que vivre vite, c'est quelque chose qui est important pour moi. Et comme j'ai toujours le sentiment d'être en retard, d'être à la traîne, je crois qu'il faut se faire, qu'il faut brûler les choses. Mais en tout cas brûler sa jeunesse. Ça, c'était quelque chose qui me parlait et donc dans la vitesse, dans le temps, dans l'envie de tout vivre.
00:06:12:01 - 00:06:18:21
Clara Benador
Ça correspond, je crois, à quelque chose que j'avais aussi souhaité, mais sans prendre véritablement conscience, parce que sinon, sans.
00:06:19:17 - 00:06:30:18
Philippe Chauveau
Égard à tout ce que vous venez de nous dire, si vous deviez vous définir, vous êtes quoi ? Impatiente, curieuse, gourmande de découverte. Qu'est ce qui pourrait vous définir comme adjectif ?
00:06:32:24 - 00:06:36:24
Clara Benador
Curieuse, sincèrement et mélancolique.
00:06:37:08 - 00:06:45:01
Philippe Chauveau
Je pense que la rabbin adore. Curieuse et mélancolique. Votre actualité, c'est votre premier roman ? C'est aux éditions Gallimard, Les Petites amoureuses.
Clara Benador
Les petites amoureuses
Livre 00'08'30"00:00:05:13 - 00:00:24:03
Philippe Chauveau
Les petites amoureuses. C'est donc ce premier titre, ce premier roman que vous publiez chez Gallimard ? Nous allons partir dans les années 40, même en 41 précisément. Ce qui veut dire que nous sommes en plein conflit mondial. Nous allons faire connaissance avec une famille, une famille qui pourrait vivre de façon tout à fait heureuse, sereine. Il n'y a pas de problème particulier dans cette famille.
00:00:24:03 - 00:00:41:04
Philippe Chauveau
On s'aime, pas de problème matériels, sauf que c'est la guerre et que cette famille est juive. Ils sont installés en Isère, à Vienne précisément. Il y a les enfants. Et puis il y a surtout les parents aussi. Elena et Maurice, c'est un couple assez fusionnel. Avant de parler de Lola, qui est votre héroïne ? Les parents sont aussi un couple assez fusionnel.
00:00:41:05 - 00:00:44:20
Philippe Chauveau
Qui sont ils ? C'est ces parents à qui la vie avait plutôt réussi jusque là.
00:00:45:16 - 00:01:06:09
Clara Benador
C'est une figure, une figure, on va dire stable dans la famille. Et c'est en effet une figure sans questionnement au premier abord. Quand on la découvre, cette famille, et ensuite, au fil du récit, on va voir que les choses vont se détériorer. Mais on va voir comment la mère va réagir face à la pression de la guerre. Et le père aussi.
00:01:06:09 - 00:01:12:12
Clara Benador
Finalement, qui va creuser ce souterrain ? Parce qu'on va comprendre aussi qu'il travaille de son côté, certainement pour la Résistance.
00:01:12:21 - 00:01:26:11
Philippe Chauveau
Lola, vous l'avez dit, vous l'avez dit, c'est notre notre jeune héroïne. Elle n'est pas toute seule puisqu'elle a elle a ses frères Séléné. Elle est l'aînée. Mais il y a ses frères aussi qui occupent une place importante dans leur vie. Qui sont ils ? Ces jumeaux là aussi ? Pourquoi avoir créé ce duo, ce binôme ?
00:01:27:01 - 00:01:46:05
Clara Benador
Ça, c'est vrai que il y avait deux choses, c'est que le personnage. On va dire que la trame du début a été fortement inspirée par les soeurs de ma grand mère qui a en effet dû fuir la France entre douze et quinze ans. Et pour aller à Casa, ça, c'était quelque chose qui était qui m'avait suivi dans mon enfance et auparavant jumeaux.
00:01:46:05 - 00:02:01:07
Clara Benador
Elle a 20 ans, elle a toujours d'ailleurs les frères jumeaux et j'ai aussi un petit frère qui sont des faux jumeaux et on a exactement le même, la même différence d'âge. Et c'est vrai que pour moi, c'était évident de devoir recréer ces jumeaux quelque part dans cet univers familial.
00:02:02:01 - 00:02:19:23
Philippe Chauveau
Cette famille, on la dit, va être rattrapée par le vent de l'histoire. Ils vont fuir et ils vont choisir de partir au Maroc, à Casablanca. Ce qui nous donne l'occasion de pages magnifiques sur la fuite, sur la traversée de la Méditerranée sur ce moment ou la famille va se retrouver dans ceux dans ce paquebot. Et puis après, il va y avoir le soleil éclatant de Casablanca.
00:02:20:12 - 00:02:26:11
Philippe Chauveau
Connaissez vous Casablanca ou vous ? Et vous êtes vous finalement nourrie de la légende du Casa des années 30 et 40 ?
00:02:27:03 - 00:02:50:08
Clara Benador
J'y, j'étais une fois, mais c'était pas très longtemps. Et c'est vrai que la réaction que j'ai eue après, après avoir passé je crois, c'était une après 12 h là bas à Casablanca. C'est que j'ai voulu essayer de restituer justement le mythe qui m'avait fait rêver et qui continue à faire rêver pour ce Maroc des années 40, mais plus largement le Maroc de la littérature tel que j'ai pu le rencontrer.
00:02:50:24 - 00:03:17:06
Clara Benador
Il y avait aussi quelque chose de paradoxal là dedans. C'est que, en prenant le parti de décrire ce Maroc là, le Maroc du mouvement nataliste qui a beaucoup influencé les peintres, je pense à Delacroix ou encore c'était aussi des parents très dans quelque chose qui était de ce même courant là, mais d'essayer d'en faire une sorte de critique souterraine discrète, mais en tout cas d'essayer d'en découvrir les coulisses.
00:03:17:19 - 00:03:40:23
Philippe Chauveau
La problématique, vous l'avez laissé entendre, c'est que le là et sa famille ne vont pas chercher à côtoyer les Marocains. Ils vont rester entre expatriés. Et vous écrivez Le défaut de la colonie d'expatriés des femmes, plus encore était la tentation de l'enfermement. Pour subsister, il fallait rester entre soi, se calfeutrer, ne pas faire confiance à l'étranger. C'était ce contre quoi Lola résistait, ce qui l'avait sauvé.
00:03:40:23 - 00:04:00:00
Philippe Chauveau
Elle avait envie de les fuir pour aller courir vers la médina, vers un autre monde. Parce qu'effectivement, une fois arrivé à Casablanca, le là qui est proche de ses frères jumeaux, qui est proche de ses parents, va néanmoins néanmoins avoir envie d'aller voir ce qui se passe ailleurs dans d'autres quartiers que celui ou la famille s'est installée. Que va t elle découvrir le lendemain ?
00:04:00:14 - 00:04:21:19
Clara Benador
Eh bien, ça va aller progressivement, mais elle va être complètement fascinée par un groupe de danseuses et elle va être tellement fascinée et attirée finalement par ce groupe qu'elle va les suivre jusqu'au moment ou elle va découvrir le quartier de beaux souvenirs qui est donc un quartier que j'ai découvert en faisant des recherches.
00:04:22:01 - 00:04:22:12
Philippe Chauveau
Dans la médina.
00:04:23:05 - 00:04:47:13
Clara Benador
Oui, enfin, c'est un garçon assez. Il est particulier parce qu'il est proche d'un bidonville et finalement il est entouré de remparts. Donc c'est un quartier clos. Et donc, en découvrant ce quartier, elle comprend rapidement. Donc on est toujours avec un regard d'enfant. Elle comprend que ce quartier quelque chose de particulier et qui est donc un quartier qui est dédié à la prostitution de jeunes femmes et donc qui est un quartier à part.
00:04:48:04 - 00:05:13:00
Philippe Chauveau
Et en tout cas, c'est un quartier ou elle n'aurait jamais dû se retrouver toute seule, précisons le. l'A fait ses premiers pas dans l'adolescence. Et ce qui donne bien sûr le titre à votre roman, c'est que dans ce, dans ce quartier de beaux sbires, cela va croiser le chemin d'une autre jeune fille qui s'appelle Shéhérazade. Et elle va connaître ses premiers émois, ses premiers émois d'amitié, d'amour ou en tout cas d'un sentiment qui ne dit peut être pas son nom.
00:05:13:08 - 00:05:17:22
Philippe Chauveau
C'était important pour vous d'écrire sur cette relation entre ces deux jeunes femmes qui vont apprendre à se connaître ?
00:05:19:05 - 00:05:47:11
Clara Benador
Oui, parce que finalement, ces deux jeunes femmes, je les voyais en une. C'est à dire qu'il y avait d'un côté l'attirance de Lola pour cette jeune fille qu'elle aurait pu être. Ou en tout cas sa première amie. C'est à dire qu'il y a quelque chose de fascinant qui la dépasse même. Et de l'autre, il y a. Il y a la jeune fille enfermée dans une sorte de ghetto et donc qui est aussi le destin qu'aurait pu finalement avoir Lola en restant en France.
00:05:48:00 - 00:06:06:13
Clara Benador
Et donc de raconter cette cette rencontre, c'est le croisement de deux destins. C'était essayer de justement donner quelque chose de beau, avec une certaine liberté et de l'espoir aussi parce que finalement elles se rencontrent pour essayer de se tirer l'une l'autre de cette guerre qui les enferme complètement.
00:06:06:24 - 00:06:20:01
Philippe Chauveau
Vous avez laissé entendre tout à l'heure que le point de départ de ce roman, c'était c'était votre grand mère. Jusqu'ou est elle présente dans le livre ? Qu'avez vous eu envie de transmettre ? Est ce qu'il y a une sorte d'hommage à l'écriture de ce premier roman ?
00:06:20:10 - 00:06:40:14
Clara Benador
Bien. Je crois que c'était l'hommage à la gaieté, puis à la jeunesse. Déjà parce que ma grand mère, pour moi, est une figure qui est une figure qui a été, qui est très importante parce qu'elle est extrêmement joyeuse, toujours gaie, pleine d'entrain, formidable, d'une curiosité enfantine. Comment est ce que c'est possible, finalement, que ma grand mère soit si gaie et que je sois si triste ?
00:06:41:15 - 00:07:06:03
Clara Benador
Enfant de la troisième génération de la liberté, si on peut dire que c'était plutôt une manière de me mettre à sa place et d'essayer de voir ce qu'elle avait pu sans ça. Et ensuite d'essayer peut être aussi de me soigner d'une certaine manière, d'une douleur que je ne comprenais pas, qui est aussi une douleur, peut être héritée, que j'ai senti qu'elle ne voulait pas transmettre à part.
00:07:06:07 - 00:07:08:04
Clara Benador
Parce que, justement, cette gaieté permanente.
00:07:08:10 - 00:07:27:02
Philippe Chauveau
Dont vous parlez de la mélancolie, vous parlez d'une tristesse lancinante qui vous habite sans que vous sachiez vraiment l'expliquer. Ce roman vous a t il apaisé ? Parce que dedans, il y a. Il y a de la tendresse, il y a de l'amour, il y a le soleil marocain, mais il y a aussi de la violence. Mais il y a de la poésie également dans votre, dans votre écriture.
00:07:27:02 - 00:07:35:12
Philippe Chauveau
Dans quel état d'esprit étiez vous lorsque vous étiez à votre plus travail, à votre table d'écriture ? Et aujourd'hui, maintenant que le livre est là, vous sentez vous un peu apaisée avec votre histoire ?
00:07:35:19 - 00:07:56:04
Clara Benador
Vous ? Pas du tout. Rien n'a changé, mais je crois que je crois que les livres sont des marqueurs aussi du temps et que, en effet, ça correspond à des moments ou on est plus enclin à parler de certaines choses. Et c'est vrai que ce roman sur le deuil, finalement, parce que c'est un deuil de l'enfance et donc ce passage là.
00:07:56:15 - 00:08:10:19
Clara Benador
C'est vrai que quand j'ai commencé à l'écrire, j'étais certainement au fond de Lola qui doit dire adieu à son amie. Et donc, en effet, cette mélancolie là ne me quitte pas et elle a trouvé un sens finalement dans ce récit.
00:08:12:01 - 00:08:22:16
Philippe Chauveau
En tout cas, félicitations pour ce premier roman et merci pour la franchise avec laquelle vous parlez de votre écriture que la Rabin adore. C'est votre actualité. C'est votre premier roman chez Gallimard. Ça s'appelle Les petites amoureuses. Merci beaucoup.
00:08:22:19 - 00:08:23:06
Clara Benador
Merci.