Nul doute que ce 13ème roman portera chance à François d’Epenoux tant il est une réussite et touche au cœur.
Depuis son premier livre, « Gégé », en 1995, sélectionné pour le Goncourt du 1er roman, François d’Epenoux a prouvé qu’il avait un réel talent à raconter des histoires qui nous parlent, nous ressemblent, nous rassemblent, nous interpellent. « Les années areuh », « Le presque », « Même pas mal », « Le réveil du cœur » sans oublier « Les papas du dimanche » ou « Deux jours à tuer » adaptés au...
Rediffusion - Dimanche 21 avril de François D'Epenoux - Présentation - Suite
00:00:06:03 - 00:00:22:17Philippe ChauveauBonjour François, dites nous. Bonjour. Le roi nu pieds, c'est votre actualité aux éditions Anne Carrière. C'est un joli chemin que vous avez parcouru depuis depuis GéGé. C'est en 95 votre premier titre. Lorsque vous regardez un peu en arrière, ce parcours d'auteur, de romancier, comment l'analysez vous ?
00:00:23:24 - 00:00:46:23François d'EpenouxJe me dis que j'ai eu beaucoup de chance de rencontrer Anne Carrière, mon éditrice. Et puis, à regarder tous ces tous ces titres les uns...
Rediffusion - Dimanche 21 avril de François D'Epenoux - Portrait - Suite
00:00:04:00 - 00:00:23:23Philippe ChauveauTout commence en été. Il fait très chaud, il y a du soleil. Nous sommes sur la côte Atlantique et Éric est en famille chez la grand mère qui les accueille dans sa maison de famille. Il est là, avec sa seconde épouse et leurs enfants. Et puis il y a un drôle de couple qui débarque, c'est Neels.
00:00:24:04 - 00:00:45:12Philippe ChauveauNeels, c'est le fils, le fils né d'un premier mariage. Il vient avec sa copine, rencontrée sur une sur une ZAD à Notre Dame des Landes.Et là les...
Rediffusion - Dimanche 21 avril de François D'Epenoux - Livre - Suite
François d'Epenoux
Le roi-nu-pieds
Présentation 00'02'37"Nul doute que ce 13ème roman portera chance à François d’Epenoux tant il est une réussite et touche au cœur.
Depuis son premier livre, « Gégé », en 1995, sélectionné pour le Goncourt du 1er roman, François d’Epenoux a prouvé qu’il avait un réel talent à raconter des histoires qui nous parlent, nous ressemblent, nous rassemblent, nous interpellent. « Les années areuh », « Le presque », « Même pas mal », « Le réveil du cœur » sans oublier « Les papas du dimanche » ou « Deux jours à tuer » adaptés au cinéma… autant de titres qui ont installé François d’Epenoux dans l’univers littéraire français avec une écriture sensible, des histoires simples, une mélancolie douce qui n’oublie jamais d’accrocher un sourire, par élégance.
Voici donc le 13ème roman de François d’Epenoux et c’est sans doute son roman le plus personnel puisqu’il y raconte le lien complexe qui l’unit à son fils.
Voilà l’histoire. Eric a bien réussi. La quarantaine fringante, il passe ses vacances sur le bassin d’Arcachon, avec sa seconde épouse et leur fils, et Moumine, la grand-mère complice.
Mais débarque Niels, il est le fils d’un premier mariage. Niels a fait le choix d’une vie en marge de la société, d’une vie militante, il est zadiste à Notre Dame des Landes, près de Nantes où un programme d’aéroport agite les populations mais où des dizaines d’hommes et de femmes ont fait le choix de refuser ce projet quitte à entrer dans une lutte, aussi violente soit-elle. Pour Eric qui mène une vie plutôt rangée et bourgeoise, tout cela est incompréhensible.
Eric et Niels sont en pleine opposition. Pendant ce séjour estival, chacun essaie de sauver les apparences, d’éviter les sujets qui fâche, jusqu’au jour où le père éclate, incapable de supporter plus longtemps le mode de vie de son fils. Chassé de la maison familiale, Niels rejoint la ZAD. Deux ans plus tard, la roue a tourné, la vie d’Eric part en lambeaux et le désir de retrouver son fils se fait le plus fort. Mais est-il encore le temps des retrouvailles ? Peut-on renouer le lien quand tant de choses cous séparent ?
Sur le thème de la confrontation parents-enfants, sur la difficulté de se parler, de se comprendre, mais aussi sur un monde qui court à sa perte et sur la façon dont chacun tente d’y remédier, François d’Epenoux écrit un roman puissant, fort, triste et beau à la fois, porté par une écriture bouleversante et sensible.
C’est un coup de cœur.
« Le roi nu pieds » de François d’Epenoux est publié aux éditions Anne Carrière.
François d'Epenoux
Le roi-nu-pieds
Portrait 00'07'41"00:00:06:03 - 00:00:22:17
Philippe Chauveau
Bonjour François, dites nous. Bonjour. Le roi nu pieds, c'est votre actualité aux éditions Anne Carrière. C'est un joli chemin que vous avez parcouru depuis depuis GéGé. C'est en 95 votre premier titre. Lorsque vous regardez un peu en arrière, ce parcours d'auteur, de romancier, comment l'analysez vous ?
00:00:23:24 - 00:00:46:23
François d'Epenoux
Je me dis que j'ai eu beaucoup de chance de rencontrer Anne Carrière, mon éditrice. Et puis, à regarder tous ces tous ces titres les uns après les autres, sans que je l'ai vraiment voulu, je m'aperçois qu'ils ont constitué un puzzle qui constitue mon qui constitue mon image. En fait, c'est drôle comme consciemment ou inconsciemment, on écrit des livres qui qui représentent chacun une pièce d'un puzzle qui finit par se constituer au fil de la vie.
00:00:47:01 - 00:00:49:20
François d'Epenoux
Et je ne crois pas que ce soit vraiment conscient.
00:00:49:20 - 00:01:10:01
Philippe Chauveau
Les jours Areuh, Les désossés, Le presque, ça fait partie de votre de votre bibliographie. Il y a eu aussi, rappelons le, deux titres qui ont été adaptés au cinéma Deux jours à tuer et Les papas du dimanche. Il y a souvent dans votre écriture, même i Les désossés, on était un peu sur un registre à part, mais en tout cas, dans tous les autres titres, il y a comme une sorte de mélancolie dans votre dans votre écriture.
00:01:10:05 - 00:01:16:20
Philippe Chauveau
Et ce sont souvent des hommes, des hommes dans dans la quarantaine, dans la cinquantaine, qui sont les héros principaux. Pourquoi ?
00:01:17:07 - 00:01:33:10
François d'Epenoux
Ce sont mes alter ego, mes porte-paroles. Peut-être que je suis quelqu'un d'assez discret dans la vraie vie, peut être d'un peu timide, pourquoi pas ou un peu réservé. Je leur fais dire beaucoup de choses que je ne dirais pas dans la vraie vie. Ils sont, mais ils sont tous mes frères, mes alter ego, mes cousins ou mes représentants, mes ambassadeurs.
00:01:33:19 - 00:01:55:18
François d'Epenoux
Ils parlent à ma place. C'est vrai que là aussi, est ce que je l'ai fait exprès ? Je ne sais pas. Le fait est que vous avez raison, ça revient souvent, ces figures d'homme ou paternelles ou de patriarche parfois, ou alors de père qui qui parlent à ma place excepté, vous avez raison, Les désossés qui étaient un registre différent parce que c'était une pièce de théâtre que j'avais écrite avec un ami, Jean Franco, que j'ai ensuite adaptée en roman.
00:01:55:18 - 00:02:03:00
François d'Epenoux
Donc là, c'était un peu hors champ. Mais. Mais tous ces personnages masculins me représentent, représentent une part de moi.
00:02:03:02 - 00:02:08:21
Philippe Chauveau
Et vous êtes d'accord lorsque je parle de cette de cette douce mélancolie qui saupoudre chacun de vos titres ?
00:02:08:22 - 00:02:29:22
François d'Epenoux
Douce mélancolie, mélancolie humoristique aussi, parce que j'essaie toujours d'instiller un peu d'humour, y compris dans la mélancolie et dans la nostalgie. J'ai une forme de nostalgie que je revendique ce n'est pas toujours bien porté aujourd'hui de parler nostalgie. Mais moi, je l'assume. Ça me dérange pas tellement. Je parle de mélancolie que je suis de mélancolie. Je. Je suis moi même une sorte de mélancolique.
00:02:29:22 - 00:02:42:20
François d'Epenoux
Je le dis un peu dans le bouquin aussi, mais j'essaie toujours de désamorcer le pathos ou les moments un peu graves, avec un peu d'humour. Parce que je vois la vie aussi comme ça. Il y a toujours des petites choses drôles qui se glissent dans les scènes les plus tragiques ou les plus tristes de l'existence.
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Philippe Chauveau
Alors forcément, lorsque l'on parle de votre parcours, François d’Epenoux, on parle du romancier, de l'écrivain. Mais on ne peut pas oublier que vous avez une autre vie. Qui est votre vie professionnelle dans le monde de la publicité ? Depuis déjà pas mal d'années, vous avez connu les grandes heures de la publicité, puis vous la voyez évoluer au fil au fil des décennies.
00:02:58:12 - 00:03:07:05
Philippe Chauveau
On est finalement dans deux univers très, très différents. Vous dites vous même que vous êtes quelqu'un de discret, voire de très timide. Ça semble paradoxal pour un homme de publicité.
00:03:08:04 - 00:03:25:21
François d'Epenoux
C'est vrai que la publicité. Quand j'ai commencé dans ce milieu était donné la part belle aux mots. Encore aujourd'hui, c'est plus compliqué parce qu'on a des outils digitaux et cetera qui vont très très vite. Je ne dis pas que le texte n'est pas réhabilité d'une certaine façon à travers ça, mais à l'époque, il y avait des profils très différents dans la publicité.
00:03:25:21 - 00:03:32:09
François d'Epenoux
Il y avait des artistes, il y avait des écrivains, il y avait des journalistes. Enfin, il y avait un peu de tout, des gens qui avaient changé de vie, qui avaient trouvé là un moyen de s'exprimer.
00:03:32:22 - 00:03:34:11
Philippe Chauveau
On parle là des années 90 ?
00:03:34:11 - 00:03:55:24
François d'Epenoux
Oui exactement 80 90. J'ai connu un peu alors sans faire le vieux bonhomme. Mais la fin de ces années assez assez légères, assez insouciantes dans la pub. Aujourd'hui, vous entrez dans une agence de pub, on se croirait dans une banque, ça rigole plus du tout. C'est très sérieux et si vous voulez, tout ça se complète assez bien parce que le travail de romancier est solitaire.
00:03:56:22 - 00:04:15:04
François d'Epenoux
Là où la publicité se fait en équipe, avec des graphistes, avec des directeurs artistiques, ça me va bien. En fait, cette effervescence, cette espèce de oui, ce côté pétillant où on doit agir très vite. Il n'y a pas vraiment d'enjeux primordiaux dans la pub. Parfois, quand on parle d'un yaourt aux fraises, on ne peut pas dire qu'on soit vraiment mobilisés.
00:04:15:09 - 00:04:31:03
François d'Epenoux
Parfois, ça peut être aussi des belles causes des associations, des fondations où on met notre talent de publicitaire ou de communicants au service de quelque chose de plus profond. Ça, ça me plaît beaucoup. J'essaie de le faire de plus en plus, mais c'est vrai que ça se complète assez bien avec l'écriture d'écrivain qui est solidaire et solitaire.
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Philippe Chauveau
Solidaire et solitaire.
00:04:34:01 - 00:04:41:13
François d'Epenoux
Le jeu de mots, le lapsus et que ça forme un tout qui me convient bien.
00:04:42:02 - 00:05:02:08
Philippe Chauveau
95 Je le disais, c'est votre premier titre. GéGé. Vous avez été très vite remarqué puisque GéGé a été sélectionné pour plusieurs prix et c'était un besoin de devenir romancier. Ça correspondait à une attente, à un besoin. Vous aviez des choses à dire. Vous l'avez dit vous même, vous avez parfois peut être des difficultés à trouver les mots, à dire des choses.
00:05:02:16 - 00:05:04:02
Philippe Chauveau
C'est à dire que l'écriture vous a un peu sauvé ?
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François d'Epenoux
Ah oui, oui, certainement certainement. Je savais qu'il n'y avait d'issue que dans l'écriture d'abord. Par défaut, j'étais tellement nul dans d'autres matières, math, sciences et autres qu'il fallait bien que je sois un peu bon quelque part. Et puis souvent, j'ai coutume de dire s'il n'y avait pas eu ce petit talent d'écriture. Je ne sais pas ce que j'aurais fait de ma vie.
00:05:25:02 - 00:05:45:16
François d'Epenoux
Très honnêtement, je pense que d'ailleurs, je ne sais pas ce que j'aurais fait. Franchement, j'ai eu cette petite grâce qui fait que tout à coup, une prof en quatrième m'a dit que j'avais quelque chose, peut être un petit don. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, d'un sourd et j'ai continué. J'ai pris du plaisir tout à coup à faire des rédactions, des poèmes, des nouvelles, puis un premier roman refusé, mais avec des encouragements.
00:05:46:00 - 00:06:11:08
François d'Epenoux
Deuxième roman pareil, et le troisième a été le bon. Donc je me suis accroché. J'ai fait des études malgré tout parce que j'avais un père qui me disait fait des études parce que l'écriture, c'est très dur, être publié, c'est très dur. Il connaissait ce milieu et donc je me suis accroché et c'était pour moi vital de prouver que j'avais raison, de m'accrocher et aussi peut être d'opposer quelque chose à mon père qui était lui grand reporter de guerre, et cetera qui avait une vie, un vécu très riche, très aventurier.
00:06:11:19 - 00:06:17:01
François d'Epenoux
Et moi, je me suis un petit peu réfugié dans l'écriture pour sans doute lui opposer quelque chose aussi. C'est possible.
00:06:17:13 - 00:06:27:24
Philippe Chauveau
Aujourd'hui, lorsque vous êtes à votre table de travail, alors on va bien sûr parler de ce nouveau titre Le roi nu pieds. Mais lorsque vous commencez l'écriture d'un nouveau roman, c'est aussi une sorte de refuge. Toujours.
00:06:28:14 - 00:06:45:05
François d'Epenoux
Ça reste un refuge. La vie en tant que telle, d'abord, m'angoisse à bien des points de vue et je pense que je ne suis pas le seul. Et deuxièmement, ne me suffit pas complètement. C'est à dire ? Je ne peux pas être complètement dupe de l'existence telle qu'elle est ou de la vie telle qu'elle se déroule autour de moi.
00:06:45:10 - 00:07:02:21
François d'Epenoux
J'ai parfois l'impression, je le dis parfois dans mes livres et je crois de l'avoir dit dans ce livre aussi d'être derrière une scène, derrière un rideau, de derrière une vitre et de et de regarder l'aquarium ou derrière et d'être spectateur d'une scène à laquelle je ne participe pas. Et peut être que les auteurs ou les artistes en général sont comme ça.
00:07:04:02 - 00:07:24:05
François d'Epenoux
Ils ne participent pas, ils se contentent de contempler, de regarder. Alors c'est une posture un peu commode. Mais moi, ça m'a toujours. Je n'ai jamais vraiment cru à ce qui m'entourait. Je ne sais pas comment vous dire. J'ai toujours eu besoin de me mettre un peu en retrait. Y compris dans les vraies scènes de ma vie, y compris dans les scènes, les moments les plus heureux ou parfois les plus tragiques.
00:07:24:09 - 00:07:31:23
François d'Epenoux
J'ai toujours eu ce petit recul assez salutaire pour me dire bon, ça va, je ne donne pas prise à la réalité, je vais pouvoir mieux la gérer.
00:07:32:20 - 00:07:40:08
Philippe Chauveau
Et vous continuez à tracer votre sillon dans le monde littéraire avec ce 13ᵉ titre, François d’Epenoux, toujours aux éditions Anne Carrière. Le Roi nu pieds.
François d'Epenoux
Le roi-nu-pieds
Livre 00'08'37"00:00:04:00 - 00:00:23:23
Philippe Chauveau
Tout commence en été. Il fait très chaud, il y a du soleil. Nous sommes sur la côte Atlantique et Éric est en famille chez la grand mère qui les accueille dans sa maison de famille. Il est là, avec sa seconde épouse et leurs enfants. Et puis il y a un drôle de couple qui débarque, c'est Neels.
00:00:24:04 - 00:00:45:12
Philippe Chauveau
Neels, c'est le fils, le fils né d'un premier mariage. Il vient avec sa copine, rencontrée sur une sur une ZAD à Notre Dame des Landes.Et là les retrouvailles familiales, on va le voir dès les premières pages, sont assez compliquées. C'est ce que vous allez nous raconter dans ce nouveau titre, Le roi nu pied. Ce sont les relations difficiles entre ce père Éric et son fils, ce Neels qui a choisi une une vie à part.
00:00:45:19 - 00:00:47:00
Philippe Chauveau
Comment naît-elle cette histoire ?
00:00:48:03 - 00:01:04:21
François d'Epenoux
Alors, j'ai eu à cœur de rendre hommage à mon fils parce qu'en fait, il s'agit de mon vrai fils. Ce personnage de Neels. Ensuite, dans le livre, c'est vrai que je me sers de ce socle, de cette base pour, pour construire un livre. Mais ensuite, j'ai beaucoup inventé, j'ai beaucoup brodé, j'ai beaucoup romancé. Ça devient de la fiction.
00:01:04:21 - 00:01:26:09
François d'Epenoux
Mais cette scène de départ que vous décrivez. Ça s'est vraiment passé comme ça, c'est à dire à la maison. Et l'arrivée de mon fils qui arrive de la ZAD, pieds nus. Alors il faut voir Le look, c'est quelque chose. C'est dreadlocks, le pantalon déchiré, pieds nus, pas de chaussures en haillons, mais je ne voudrais pas le réduire à ça.
00:01:26:10 - 00:02:01:08
François d'Epenoux
C'est vraiment quelqu'un qui ne s'intéresse absolument pas au fait d'être bien habillé ou pas. Il est vraiment un peu en haillons, presque un peu clochard, mais avec une espèce d'allure quand même. Et il arrive avec sa petite amie de l'époque. Alors look un peu baba cool aussi, et cetera et un grand chien. Et cet attelage étonnant arrive dans la maison de famille bien proprette de la grand mère, qui est une femme d'ailleurs, qui a qui a vécu et qui est plutôt qui a un esprit ouvert avec le père, effectivement, la belle mère de Neels et le petit garçon.
00:02:01:08 - 00:02:08:06
François d'Epenoux
Et là, bien évidemment, il s'agit de. Il s'agit de se retrouver. Il s'agit d'accepter et de ne pas gâcher la fête.
00:02:08:10 - 00:02:25:16
Philippe Chauveau
Parce que voilà, au début, tout le monde essaie de faire de faire bonne figure. En tout cas les accueillant. Que ce soit Neal, son épouse, leurs enfants, la grand mère, tout le monde essaie d'accueillir un peu l'enfant prodigue qui revient, qui, lui, n'a pas forcément envie de de faire des efforts parce qu'il estime que c'est son choix de vie.
00:02:25:16 - 00:02:35:10
Philippe Chauveau
Il faut l'accepter comme ça. Il vient juste passer quelques jours pour peut être recharger les batteries, recréer, recréer le lien. Laver peut être un peu le linge aussi, mais lui n'a peut être pas envie de faire d'effort.
00:02:35:19 - 00:03:00:09
François d'Epenoux
Il ne fait aucun effort. Il dit il est comme il est, il vit comme comme ça que c'est qu'il a son mode de vie et que c'est à nous de l'accepter. De même que lui accepte notre mode de vie, ce qui est un peu un comble parce que la maison est quand même plutôt agréable. Donc on se dit que s'il vient, c'est parce que c'est agréable c’est au bord de la mer, et cetera et cetera Et quand vous dites recharger les batteries, c'est tout à fait ça et recréer du lien, c'est à dire que je crois qu'il a eu à cœur.
00:03:00:09 - 00:03:24:23
François d'Epenoux
Après, je crois qu'on ne s'était pas vu depuis deux ou trois ans de se retrouver en famille, de se connaître à nouveau, de se connaître mieux dès lors qu'il avait fait ce choix de vie que personnellement, je respecte avec ses excès, mais que je respecte. Et donc il a dû se dire bon, maintenant, je ne suis plus seulement le fils, je suis un individu à part entière qui va rencontrer un et retrouver un autre individu à part entière qui est mon père, et on va voir comment ça va se passer.
00:03:25:01 - 00:03:43:23
Philippe Chauveau
Ce qui est intéressant, c'est que vous continuez à parler à la première personne en rappelant que c'est votre histoire. Moi, je vais continuer à parler du personnage, de parler, à parler d'Eric parce qu'effectivement, Eric est tout à fait au courant du choix de vie de son fils. Il l'accepte, il ne le comprend pas, mais il accepte. On le dit dans les premiers jours, ça va plutôt bien se passer dans cette grande maison de vacances.
00:03:44:09 - 00:03:57:23
Philippe Chauveau
Mais au fil des jours, c'est de plus en plus compliqué. Et il y a un jour où tout va claquer et où le père Eric va demander à son fils de repartir, de prendre la porte. Et on va arriver dans la deuxième partie du roman parce que cette fois ci, c'est Eric. C'est le père que l'on va suivre.
00:03:57:23 - 00:04:19:01
Philippe Chauveau
Dans la première partie, il était plutôt brillant, une bonne situation. Et puis dans la deuxième partie, la situation professionnelle s'écroule. Eric est pris de doutes dans sa vie professionnelle, dans sa vie personnelle, dans sa vie sentimentale. Et puis, surtout, il y a toujours ce poids : que devient mon fils qui est là bas, sur cette ZAD, sur cette ZAD de Notre Dame des Landes, puisque c'est là bas que le fils a choisi d'aller militer, en quelque sorte.
00:04:19:14 - 00:04:29:22
Philippe Chauveau
Vous avez construit ce roman en deux temps. Et puis il y a une troisième partie dont on parlera aussi. Mais il y a vraiment ces deux premières parties qui sont très importantes. Vous vouliez que ce père de 40, 50 ans, à un moment, s'écroule ?
00:04:30:15 - 00:04:58:03
François d'Epenoux
Oui, j'ai cherché cet effet de bascule entre Eric, le père et le fils, pour montrer que les deux systèmes avaient leurs failles, leurs avantages et leurs et leurs inconvénients et leur violence propre. Dans la première partie, on voit un système de la ZAD. Dans la deuxième, on voit le système de la publicité de la du monde de l'entreprise tel qu'il est aujourd'hui, qui peut être ultraviolent avec des gens qui peuvent avoir 50, 55 ans, et cetera qui tout à coup se retrouvent un peu mis à part sortis des radars.
00:04:58:09 - 00:05:17:08
François d'Epenoux
J'ai voulu cette construction en bascule pour montrer que les deux, tout à coup, ont vécu la même chose en fait. Alors dans leurs chemins respectifs et que les deux se retrouvent sur une sorte de pied d'égalité, c'était ça qui m'importait. Et ces deux êtres qui ne sont plus tout à fait un père et un fils. Ils vont, ils vont se retrouver.
00:05:17:10 - 00:05:35:21
Philippe Chauveau
Et c'est donc la troisième partie du roman Où là, finalement, face à face à ce gouffre devant lequel se retrouve Éric, le père. Deux ans après avoir mis son fils à la porte, il fait le choix d'essayer d'aller le retrouver pour recréer du lien, essayer d'aller retrouver sur cette fameuse ZAD, Ça, c'est pas une expérience que vous avez vécue vous même ?
00:05:36:05 - 00:06:05:00
François d'Epenoux
Non, je ne suis pas allé sur la ZAD. J'ai tout. Je me suis énormément renseigné. Je me suis aperçu qu'il y avait des choses assez passionnantes dans cette expérience puisque c'est la recherche d'une nouvelle société et que le père Eric, dans dans le livre, veut voir comment vit Neelsl. Il veut comprendre, il veut voir et il veut vraiment plutôt que d'avoir un jugement en disant c'est dégueulasse, c'est que des chevelus qui vivent dans la crasse, il veut savoir comment ça se passe vraiment Et en fait, il est assez séduit par ce système.
00:06:05:16 - 00:06:22:08
Philippe Chauveau
Moi, ce qui m'a plu dans votre livre, c'est la qualité de votre écriture, mais que l'on avait déjà décelée dans vos précédents titres. Et puis, c'est surtout qu'il y a énormément de thèmes qui sont abordés les relations familiales, les relations intergénérationnelles, la difficulté de dialoguer parfois entre les parents et les enfants. C'est aussi une vision de la société.
00:06:22:08 - 00:06:36:03
Philippe Chauveau
On parle de la société, de l'argent, du pouvoir, de l'argent, de la publicité, etc, de tous ceux qui essayent de créer un autre monde. Vous gardez votre votre, votre oeil de romancier, c'est à dire que vous voulez raconter le monde qui nous entoure.
00:06:36:21 - 00:07:00:21
François d'Epenoux
C'est très important pour moi et j'essaie toujours de faire de quelque chose de personnel, quelque chose d'universel, de faire cette bascule là. C'est vrai dans beaucoup de mes bouquins, je pars souvent d'une base, d'un socle, d'une souche qui est relativement personnelle et ensuite, j'en fais quelque chose d'universel. Je dis universel parce que je crois qu'à travers ce livre, à travers cette relation père fils, on voit effectivement les relations parents enfants et les difficultés qu'il y a à se comprendre de temps en temps, d'une façon générale entre les parents et les enfants.
00:07:01:04 - 00:07:17:21
François d'Epenoux
Et puis, à l'heure où on parle tellement de changement de vie, où les gens après le vide, se sont dit Tiens, je vais changer de vie, Je vais devenir menuisier dans la Creuse parce que j'en ai toujours rêvé, alors que j'allais tous les jours à la défense bosser, je me suis dit que c'était à travers ce prisme là, un peu extrême de la ZAD.
00:07:18:10 - 00:07:25:21
François d'Epenoux
Ça nous interroge sur notre façon de vivre et notre façon d'accepter nos vies, telles qu'elles sont. Alors comment elles nous conviennent ? Pas toujours.
00:07:26:12 - 00:07:41:04
Philippe Chauveau
C'est peut être votre roman le plus personnel, en tout cas. C'est le roman pour lequel vous vous osez dire en préambule. C'est une partie de mon histoire. Pourquoi était-ce important de raconter ce lien entre votre fils et vous, puisque votre fils a fait ce choix d'être d'être zadiste ?
00:07:42:00 - 00:08:02:11
François d'Epenoux
C'était vraiment un cadeau que je voulais lui faire parce qu'on a des liens un peu distendus. Ils ne sont pas et il n'y a pas d'animosité. Simplement, on est, on est loin et loin, loin, presque géographiquement. Et on est loin l'un de l'autre. Et je trouvais que lui offrir cet objet livre où j'essaie de le comprendre et de comprendre ce qui nous est arrivé à tous les deux.
00:08:02:11 - 00:08:04:06
François d'Epenoux
Ça me paraissait être le plus beau des cadeaux à faire.
00:08:04:18 - 00:08:21:07
Philippe Chauveau
Il y a cette cette phrase que j'ai noté et qui parle aussi bien de la relation entre le père et fils que de la relation que nous avons au monde et à la société. OK, c'est vraiment la merde, mais quitte à être là, autant se persuader qu'il n'est pas trop tard. Parce qu'effectivement, comme souvent dans vos livres, vous ne perdez jamais.
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Philippe Chauveau
Vous ne perdez jamais l'espoir. Et ça, c'est important. L'histoire est magnifique, l'écriture est magnifique, C'est un vrai coup de cœur. C'est une belle réussite que ce 13ᵉ roman. Votre 13ᵉ roman, François d’Epenoux. Vous êtes publié aux éditions Anne Carrière et ça s'appelle Le roi nu pied. Merci beaucoup.
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François d'Epenoux
Merci beaucoup.