Madeleine Chapsal

Madeleine Chapsal

La voiture noire du désir

Portrait 4'22"

Bonjour Madeleine Chapsal.
Bonjour Philippe Chauveau
Je suis toujours très impressionné lorsque je viens vous voir car il y a ce canapé sur lequel tant de personnes se sont assises, que ce soit Mauriac, François Mitterrand, Françoise Sagan.
Pensez-vous à toutes ces ombres lorsque vous arpentez votre appartement ?
Elles me soutiennent, elles sont là, comme celle de Jean-Jacques Servan Schreiber puisque c'est avec lui, lorsque nous étions jeunes mariés, que nous nous sommes installés là, dans les années 50.
Ces souvenirs sont-ils parfois difficiles à porter ? Eprouvez-vous de la nostalgie ou, au contraire, regardez-vous toujours de l'avant ?
Je regarde beaucoup de l'arrière parce que je me dis que c'est précieux. Avec le temps, on se dit que c'était merveilleux.
Par exemple, Françoise Sagan, j'ai habité avec elle pendant deux semaines à St Tropez. C'est étonnant ce qui s'est passé, je pourrais en faire un roman !
En préparant cette rencontre, vous m'avez dit « Maintenant, on vient me voir parce que je raconte mes souvenirs, on vient voir ma mémoire ».
Est-ce frustrant parfois d'être cette mémoire vivante ? Cela vous amuse ou vous émeut ?
Cela m'émeut. J'accepte toujours parce qu'ils sont beaucoup partis autour de moi. En parlant de Françoise Giroud, Mitterrand, Jean-Jacques Servan Schreiber, Sagan, Claude Gallimard, Jérôme Lindon… tant de gens que j'ai connus…
Ils sont tous partis ! Alors j'ai l'impression d'avoir un devoir de mémoire comme si j'étais un grand témoin et je donne aux gens ce que je peux, des images, de petites histoires, tout ce que je peux.
On me dit que j'ai vécu une vie très pleine, merveilleuse. Je réponds que j'ai d'abord été journaliste, c'est l'un des plus grands métiers que je connaisse. J'ai rencontré Céline, Giono, Malraux, Montherlant… quelle chance !
Comment est venue justement cette envie de journalisme. On sait bien sûr que vous avez été à l'origine du magazine « L'Express » avec Jean-Jacques Servan Schreiber mais d'où est venue cette envie d'être journaliste, de retranscrire pour les autres ?
J'ai commencé à écrire à 15 ans, avec mon journal intime pour dire « Je ne fais pas partie de l'humanité, je ne fais pas partie de cette planète ».
Puis, je me suis mise à dessiner, des choses naïves. C'est ainsi que j'ai fait des livres pour la jeunesse, des éléphants, des fleurs…
Là-dessus, je rencontre Jean-Jacques, on se marie, on avait 20ans et il me jette tout de suite dans le journalisme et l'écriture.
Vous avez encore l'impression d'être journaliste, ou avant tout romancière ?
Je suis encore journaliste à l'occasion mais souvent, mes romans sont aussi une sorte de journalisme, très réalistes, proches de la réalité ou de ce que j'ai vécu, de ce qu'on m'a raconté.
Votre vie de femme est indissociable de votre écriture ? L'un de va pas sans l'autre ?
Moi, ce qui m'intéresse, quand on me demandait ce que je voulais dans la vie, je répondais « Vivre des passions, vivre des amours » ! J'ai été servie…
Mes amis m'ont souvent plaisantée en disant qu'à chaque fois qu'il m'arrivait quelque chose, j'écrivais un livre.
La Charente envahie ma maison, j'écris « L'inondation », il y a une tempête, elle écrit « Dans la tempête », je vieillis, j'écris « Un certain âge », je perds mes amis, j'écris « La mort rôde »…
A un moment donné, il faut que je fasse état de quelque chose qui m'est cher ou me l'a été, pour que cela reste. Car tout disparait, sauf les livres.
« La voiture noire du désir » aux éditions Flammarion. Merci !

Philippe Chauveau :
Bonjour Madeleine Chapsal.

Madeleine Chapsal :
Bonjour Philippe Chauveau

Philippe Chauveau :
Je suis toujours très impressionné lorsque je viens vous voir car il y a ce canapé sur lequel tant de personnes se sont assises, que ce soit Mauriac, François Mitterrand, Françoise Sagan. Pensez-vous à toutes ces ombres lorsque vous arpentez votre appartement ?

Madeleine Chapsal :
Elles me soutiennent, elles sont là, comme celle de Jean-Jacques Servan Schreiber puisque c'est avec lui, lorsque nous étions jeunes mariés, que nous nous sommes installés là, dans les années 50.

Philippe Chauveau :
Ces souvenirs sont-ils parfois difficiles à porter ? Eprouvez-vous de la nostalgie ou, au contraire, regardez-vous toujours de l'avant ?

Madeleine Chapsal :
Je regarde beaucoup de l'arrière parce que je me dis que c'est précieux. Avec le temps, on se dit que c'était merveilleux. Par exemple, Françoise Sagan, j'ai habité avec elle pendant deux semaines à St Tropez. C'est étonnant ce qui s'est passé, je pourrais en faire un roman !

Philippe Chauveau :
En préparant cette rencontre, vous m'avez dit « Maintenant, on vient me voir parce que je raconte mes souvenirs, on vient voir ma mémoire ». Est-ce frustrant parfois d'être cette mémoire vivante ? Cela vous amuse ou vous émeut ?

Madeleine Chapsal :
Cela m'émeut. J'accepte toujours parce qu'ils sont beaucoup partis autour de moi. En parlant de Françoise Giroud, Mitterrand, Jean-Jacques Servan Schreiber, Sagan, Claude Gallimard, Jérôme Lindon… tant de gens que j'ai connus… Ils sont tous partis ! Alors j'ai l'impression d'avoir un devoir de mémoire comme si j'étais un grand témoin et je donne aux gens ce que je peux, des images, de petites histoires, tout ce que je peux. On me dit que j'ai vécu une vie très pleine, merveilleuse. Je réponds que j'ai d'abord été journaliste, c'est l'un des plus grands métiers que je connaisse. J'ai rencontré Céline, Giono, Malraux, Montherlant… quelle chance !

Philippe Chauveau :
Comment est venue justement cette envie de journalisme. On sait bien sûr que vous avez été à l'origine du magazine « L'Express » avec Jean-Jacques Servan Schreiber mais d'où est venue cette envie d'être journaliste, de retranscrire pour les autres ?

Madeleine Chapsal :
J'ai commencé à écrire à 15 ans, avec mon journal intime pour dire « Je ne fais pas partie de l'humanité, je ne fais pas partie de cette planète ». Puis, je me suis mise à dessiner, des choses naïves. C'est ainsi que j'ai fait des livres pour la jeunesse, des éléphants, des fleurs… Là-dessus, je rencontre Jean-Jacques, on se marie, on avait 20ans et il me jette tout de suite dans le journalisme et l'écriture.

Philippe Chauveau :
Vous avez encore l'impression d'être journaliste, ou avant tout romancière ?

Madeleine Chapsal :
Je suis encore journaliste à l'occasion mais souvent, mes romans sont aussi une sorte de journalisme, très réalistes, proches de la réalité ou de ce que j'ai vécu, de ce qu'on m'a raconté.

Philippe Chauveau :
Votre vie de femme est indissociable de votre écriture ? L'un de va pas sans l'autre ?

Madeleine Chapsal :
Moi, ce qui m'intéresse, quand on me demandait ce que je voulais dans la vie, je répondais « Vivre des passions, vivre des amours » ! J'ai été servie… Mes amis m'ont souvent plaisantée en disant qu'à chaque fois qu'il m'arrivait quelque chose, j'écrivais un livre. La Charente envahie ma maison, j'écris « L'inondation », il y a une tempête, elle écrit « Dans la tempête », je vieillis, j'écris « Un certain âge », je perds mes amis, j'écris « La mort rôde »… A un moment donné, il faut que je fasse état de quelque chose qui m'est cher ou me l'a été, pour que cela reste. Car tout disparait, sauf les livres.

Philippe Chauveau :
« La voiture noire du désir » aux éditions Flammarion. Merci !

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • Madeleine Chapsal n'a rien perdu de son regard pétillant, et son sourire chaleureux lorsqu'elle vous accueille vous met en confiance. Vous savez immédiatement que vous avez face à vous une femme de coeur. Une femme avec un coeur peut-être un peu trop gros, un coeur qui a beaucoup battu pour les hommes et un coeur qui a beaucoup souffert par les hommes. Epouse pendant 15 ans de Jean-Jacques Servan Schreiber, elle participa à ses côtés à la création de « L'Express » et réalisa de nombreuses interviews et chroniques sur des...La romancière est décédée à l’âge de 98 ans le 12 mars 2024 de Madeleine Chapsal - Présentation - Suite
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    Philippe Chauveau :Votre actualité, « La voiture noire du désir », un recueil de 18 nouvelles chez Flammarion. 18 petits bijoux où, quelque part, vous vous racontez. Ce sont des histoires fictives, certes, mais on sent bien que vous êtes présentes à chaque page.Madeleine Chapsal :Comme je vous le disais, j'ai toujours envie de raconter quelque chose qui m'est arrivé. Ce sont des portraits, des épisodes. Par exemple, cette scène que j'aime beaucoup avec le chien sur le parvis de Notre-Dame. J'étais en très mauvais état et...La romancière est décédée à l’âge de 98 ans le 12 mars 2024 de Madeleine Chapsal - Le livre - Suite