Marie-Hélène Lafon fait partie de ces auteurs discrets qui sans bruit, font leur chemin, loin de toute médiatisation outrancière. De son enfance auvergnate, elle a gardé le goût de la discrétion, de la patience, de l'observation. Professeur de lettres, elle publie son premier roman en 2001 »Le soir du chien » qui reçoit le Prix Renaudot des lycéens. Dans la dizaine de romans et de nouvelles qu'elle a déjà publiés, elle raconte un monde paysan qui n'en finit pas de mourir. Ses personnages sont toujours arides, avares de...
Les sources de Marie-Hélène Lafon - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Marie-Hélène Lafon, « Joseph », c'est votre actualité aux éditions Buchet-Chastel. J'ai lu dans une interview que vous disiez « j'écris comme on trace un sillon, comme on laboure ». Pourquoi choisissez-vous ces mots quand vous parlez de votre écriture ?Marie-Hélène Lafon :Je ne les choisis pas vraiment. Je dis toujours que j'ai la métaphore agricole. En fait, j'applique au travail d'écriture les méthodes forcenées et même le langage qui me viennent de mes origines agricole et même...
Les sources de Marie-Hélène Lafon - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Dans ce nouveau titre Marie-Hélène Lafon, vous avez choisi un prénom qui n'est peut-être pas anodin, nous verrons, Joseph. Présentons rapidement ce personnage. Joseph a une soixantaine d'année, il travaille dans une ferme dans le Cantal.Joseph est un taiseux, il parle peu mais observe. D'où vient-il ce personnage de Joseph ? Pourquoi avoir eu envie de raconter son histoire ?Marie-Hélène Lafon :Joseph vient de deux sources, une source très très ancienne. Il est composé comme tous mes personnages et tous...
Les sources de Marie-Hélène Lafon - Le livre - Suite
Librairie "Entre les lignes"38 rue de la République 60100 CreilLibraire : Anne Lesobre
Joseph c'est un très beau portrait d'homme, elle n'avait jamais abordé quelque chose d'aussi intime, ce livre pose des questions, fait réfléchir. Et puis il y a aussi une écriture, on ne peut pas parler de Marie-Hélène Lafon sans parler de sa force d'écriture.C'est un livre qui n'est pas très épais, donc qui se lit vite, mais on ralentit la lecture pour pas le finir trop vite justement et Marie-Hélène Lafon c'est un auteur dont on attend...
Les sources de Marie-Hélène Lafon - L'avis du libraire - Suite
Marie-Hélène Lafon
Joseph
Présentation 1'43Marie-Hélène Lafon fait partie de ces auteurs discrets qui sans bruit, font leur chemin, loin de toute médiatisation outrancière. De son enfance auvergnate, elle a gardé le goût de la discrétion, de la patience, de l'observation.
Professeur de lettres, elle publie son premier roman en 2001 »Le soir du chien » qui reçoit le Prix Renaudot des lycéens. Dans la dizaine de romans et de nouvelles qu'elle a déjà publiés, elle raconte un monde paysan qui n'en finit pas de mourir.
Ses personnages sont toujours arides, avares de paroles, s'exprimant par le geste ou le corps. Elle dit d'elle-même qu'elle est un écrivain de sillon, qui écrit comme on laboure.
Elle le prouve une fois encore avec ce personnage de Joseph, qui est aussi le titre de son nouveau roman. Comme un peintre, elle nous le présente d'abord par ses détails physiques puis par la description de son univers, des gens qui l'entourent dans son quotidien.
Joseph à une soixantaine d'années ; il est ouvrier agricole, de nos jours, dans une ferme du Cantal. Quelle a été sa vie, quelles furent ses émotions, ses joies, ses chagrins, quel regard porte-t-il sur le monde ? Marie-Hélène Lafon nous le dévoilera par petites touches.
On reste fasciné par ce personnage de Joseph à travers lequel Marie-Hélène Lafon raconte, avec simplicité et économie de mots, la ruralité d'aujourd'hui, un monde qui s'enfuit, des valeurs qui s'écroulent.
Un court roman, l'histoire d'un homme sans histoire, une vie qui passe, belle et insignifiante à la fois, celle de Joseph, ouvrier agricole dans le Cantal.« Joseph » de Marie-Hélène Lafon est publié chez Buchet-Chastel. Marie-Hélène Lafon est sur WTC.
Marie-Hélène Lafon fait partie de ces auteurs discrets qui sans bruit, font leur chemin, loin de toute médiatisation outrancière. De son enfance auvergnate, elle a gardé le goût de la discrétion, de la patience, de l'observation. Professeur de lettres, elle publie son premier roman en 2001 »Le soir du chien » qui reçoit le Prix Renaudot des lycéens. Dans la dizaine de romans et de nouvelles qu'elle a déjà publiés, elle raconte un monde paysan qui n'en finit pas de mourir. Ses personnages sont toujours arides, avares de paroles, s'exprimant par le geste ou le corps. Elle dit d'elle-même qu'elle est un écrivain de sillon, qui écrit comme on laboure.
Elle le prouve une fois encore avec ce personnage de Joseph, qui est aussi le titre de son nouveau roman. Comme un peintre, elle nous le présente d'abord par ses détails physiques puis par la description de son univers, des gens qui l'entourent dans son quotidien. Joseph à une soixantaine d'années ; il est ouvrier agricole, de nos jours, dans une ferme du Cantal. Quelle a été sa vie, quelles furent ses émotions, ses joies, ses chagrins, quel regard porte-t-il sur le monde ? Marie-Hélène Lafon nous le dévoilera par petites touches.
On reste fasciné par ce personnage de Joseph à travers lequel Marie-Hélène Lafon raconte, avec simplicité et économie de mots, la ruralité d'aujourd'hui, un monde qui s'enfuit, des valeurs qui s'écroulent.
Un court roman, l'histoire d'un homme sans histoire, une vie qui passe, belle et insignifiante à la fois, celle de Joseph, ouvrier agricole dans le Cantal.
« Joseph » de Marie-Hélène Lafon est publié chez Buchet-Chastel
Marie-Hélène Lafon est sur WTC.
Marie-Hélène Lafon
Joseph
Portrait 4'48Bonjour Marie-Hélène Lafon, « Joseph », c'est votre actualité aux éditions Buchet-Chastel. J'ai lu dans une interview que vous disiez « j'écris comme on trace un sillon, comme on laboure ». Pourquoi choisissez-vous ces mots quand vous parlez de votre écriture ?
Je ne les choisis pas vraiment. Je dis toujours que j'ai la métaphore agricole. En fait, j'applique au travail d'écriture les méthodes forcenées et même le langage qui me viennent de mes origines agricole et même paysannes.
Parlons un peu de vos origines. Vous êtes née en Auvergne, une région que vous avez quittée puisque vous travaillez aujourd'hui en région parisienne, mais une région qui vous tient à cœur, comment expliquez-vous cet attachement ?
Vous avez dit « qui me tient à cœur », mais en vous entendant je pensais « qui me tient à corps ». Je veux dire par là, que le hasard de ma naissance, placé dans le Cantal, dans un pays perdu à 1000 mètres d'altitude.
Un endroit dont j'ai perçu très tôt qu'il était rare et singulier, pas parce que j'avais un don mais parce qu'autour de moi on disait que quelque chose allait s'arrêter. Les adultes disaient « on est les derniers ». J'en ai conçu très vite un attachement pour tout ce qui est menacé.
Pays perdu, paysage rare et singulier… Comment l'écriture et la littérature font-elle leur apparition dans votre vie ?
Par l'école. Je rentre au CP, parce qu'il n'y a pas d'école maternelle, et ça commence comme ça. La maitresse nous lit des histoires, et je me dis que les histoires, les mots, ce sera ma place. Mais la littérature viendra bien plus tard.
Parce que je suis née dans un monde où elle n'avait pas de place, on n'y était pas hostile, mais on avait autre choses à faire, on avait un autre mode de vie.
2001, votre premier titre « Le soir du chien ». Depuis, vous publiez tous les ans, que ce soit un roman ou un recueil de nouvelles. Voyez-vous une différence de travail lorsque vous travaillez sur un roman ou une nouvelle ?
Vous savez, moi je ne choisis pas grand-chose ! D'abord, quand je commence à écrire, je ne dis pas « j'ouvre un livre », je dis « j'ouvre un chantier ». Parfois, j'imagine écrire un recueil de nouvelles et puis au final cela devient un roman.
C'est le cas pour « Les pays » publié en 2012. Donc, j'ouvre un chantier textuel et au fur et à mesure je me rends compte si le texte va devenir roman ou nouvelle.
Y-a-t-il un fil rouge dans vos écrits, y-a-t-il un style Marie-Hélène Lafon ?
Mon fil rouge, c'est la langue, le travail de la langue, la passion de la langue, le mot à mot, la virgule, le point virgule, le travail du matériau verbale, c'est ça mon fil rouge, il n'y en a pas d'autres.
Comment expliquez-vous l'acquisition d'un public fidèle qui attend la sortie de vos ouvrages ?
Je ne l'explique pas, je dis que c'est un mince et tenace miracle, et la seule chose qui me permet d'explique cet état de fait c'est le travail. Ce que j'appelle le travail de terrain, parce que depuis 2001 je vais rencontrer le lecteur et j'aime ça.
Votre actualité Marie-Hélène Lafon, c'est « Joseph » chez Buchet-Chastel.
Philippe Chauveau :
Bonjour Marie-Hélène Lafon, « Joseph », c'est votre actualité aux éditions Buchet-Chastel. J'ai lu dans une interview que vous disiez « j'écris comme on trace un sillon, comme on laboure ». Pourquoi choisissez-vous ces mots quand vous parlez de votre écriture ?
Marie-Hélène Lafon :
Je ne les choisis pas vraiment. Je dis toujours que j'ai la métaphore agricole. En fait, j'applique au travail d'écriture les méthodes forcenées et même le langage qui me viennent de mes origines agricole et même paysannes.
Philippe Chauveau :
Parlons un peu de vos origines. Vous êtes née en Auvergne, une région que vous avez quittée puisque vous travaillez aujourd'hui en région parisienne, mais une région qui vous tient à cœur, comment expliquez-vous cet attachement ?
Marie-Hélène Lafon :
Vous avez dit « qui me tient à cœur », mais en vous entendant je pensais « qui me tient à corps ». Je veux dire par là, que le hasard de ma naissance, placé dans le Cantal, dans un pays perdu à 1000 mètres d'altitude.
Un endroit dont j'ai perçu très tôt qu'il était rare et singulier, pas parce que j'avais un don mais parce qu'autour de moi on disait que quelque chose allait s'arrêter. Les adultes disaient « on est les derniers ». J'en ai conçu très vite un attachement pour tout ce qui est menacé.
Philippe Chauveau :
Pays perdu, paysage rare et singulier… Comment l'écriture et la littérature font-elle leur apparition dans votre vie ?
Marie-Hélène Lafon :
Par l'école. Je rentre au CP, parce qu'il n'y a pas d'école maternelle, et ça commence comme ça. La maitresse nous lit des histoires, et je me dis que les histoires, les mots, ce sera ma place. Mais la littérature viendra bien plus tard.
Parce que je suis née dans un monde où elle n'avait pas de place, on n'y était pas hostile, mais on avait autre choses à faire, on avait un autre mode de vie.
Philippe Chauveau:
2001, votre premier titre « Le soir du chien ». Depuis, vous publiez tous les ans, que ce soit un roman ou un recueil de nouvelles. Voyez-vous une différence de travail lorsque vous travaillez sur un roman ou une nouvelle ?
Marie-Hélène Lafon :
Vous savez, moi je ne choisis pas grand-chose ! D'abord, quand je commence à écrire, je ne dis pas « j'ouvre un livre », je dis « j'ouvre un chantier ». Parfois, j'imagine écrire un recueil de nouvelles et puis au final cela devient un roman.
C'est le cas pour « Les pays » publié en 2012. Donc, j'ouvre un chantier textuel et au fur et à mesure je me rends compte si le texte va devenir roman ou nouvelle.
Philippe Chauveau :
Y-a-t-il un fil rouge dans vos écrits, y-a-t-il un style Marie-Hélène Lafon ?
Marie-Hélène Lafon :
Mon fil rouge, c'est la langue, le travail de la langue, la passion de la langue, le mot à mot, la virgule, le point virgule, le travail du matériau verbale, c'est ça mon fil rouge, il n'y en a pas d'autres.
Philippe Chauveau :
Comment expliquez-vous l'acquisition d'un public fidèle qui attend la sortie de vos ouvrages ?
Marie-Hélène Lafon :
Je ne l'explique pas, je dis que c'est un mince et tenace miracle, et la seule chose qui me permet d'explique cet état de fait c'est le travail. Ce que j'appelle le travail de terrain, parce que depuis 2001 je vais rencontrer le lecteur et j'aime ça.
Philippe Chauveau :
Votre actualité Marie-Hélène Lafon, c'est « Joseph » chez Buchet-Chastel.
Marie-Hélène Lafon
Joseph
Le livre 5'23Dans ce nouveau titre Marie-Hélène Lafon, vous avez choisi un prénom qui n'est peut-être pas anodin, nous verrons, Joseph. Présentons rapidement ce personnage. Joseph a une soixantaine d'année, il travaille dans une ferme dans le Cantal.
Joseph est un taiseux, il parle peu mais observe. D'où vient-il ce personnage de Joseph ? Pourquoi avoir eu envie de raconter son histoire ?
Joseph vient de deux sources, une source très très ancienne. Il est composé comme tous mes personnages et tous mes livres des pièces qui viennent de tous les ouvriers agricoles, tous les Joseph que j'ai vu défiler chez mes parents entre 1968 et 1980.
Il y avait tantôt un, tantôt deux ouvriers agricole et certains vivaient avec nous à la maison, vivaient, mangeaient, dormaient. Ma mère faisaient leur lessive et c'est d'abord ça, ces gestes, ces silences, ces façons d'être dont j'ai été témoin.
Pourquoi le prénom de Joseph ? Pourquoi avoir choisi ce prénom ?
Alors, il y a une première raison qui m'est apparue tout de suite. C'est un prénom qui est très présent sur les monuments aux morts, les listes des morts de 14-18. Quand vous regardez les prénoms il est très rare que vous n'ayez pas un ou plusieurs Joseph.
Et ce prénom s'est imposé à moi pour cette raison-là, parce que cette période 14-18 a été, pour le monde paysan, un moment de basculement assez définitif. Et on m'a fait remarquer évidemment que Jésus, Marie, Joseph…
C'est le père nourricier, le père charpentier, le taiseux au fond. C'est le taiseux du nouveau Testament , Joseph.
Et c'est vrai que le Joseph de mon roman est très taiseux mais je dois dire que cette raison-là est secondaire, c'est une résurgence de ma quincaillerie catholique, d'ancienne élève des écoles chrétiennes.
On va donc découvrir ce personnage de Joseph, il y aura des aller-retours, on découvrira sa vie, parce que Joseph a eu ses failles même si aujourd'hui il avance dans sa vie discrète et sobre.
C'est aussi une peinture du monde paysan d'aujourd'hui, notamment dans le Cantal. Et cela vous tient à cœur, vous cherchez à raconter cette histoire d'un monde qui finit.
Oui, qui finit et qui s'adapte en même temps, qui n'en finit pas de finir, parce qu'en effet Joseph vit ici et maintenant et en même temps il sait qu'il est le dernier, et son patron le sait aussi, que ce système-là est finissant.
Je tiens beaucoup dans mes livres, c'était déjà le cas dans mes deux précédents, à témoigner de cette transformation et de cette adaptation. Donc, ça n'en finit pas de finir et donc quelque chose continue et en même temps,
Joseph et ses patrons sont les témoins d'un ordre du monde ancien et qui est en train de s'effacer petit à petit pour laisser place à autre chose.
Lorsqu'on découvre la vie de Joseph, on se dit que s'il avait parlé, sa vie aurait pu être toute autre, vous n'apportez pas de jugement de valeur, vous observez la vie de Joseph.
Oui, j'observe, je regarde, et je tente par la langue à donner à voir, à entendre et à sentir c'est tout, pas de jugement et dans aucun de mes livres. Qui serais-je pour juger ? Je donne à voir, à entendre et à sentir et avec Joseph, il y a de quoi faire !
Et c'est pour ça que je commence par les gestes, par le corps, il faut que ça s'incarne.
Lorsque vous avez mis le point final, avez- vous eu du mal à quitter Joseph ou le fait de l'offrir au lecteur est-ce une façon de continuer le travail ?
Vous mettez le doigt sur quelque chose de très important. J'ai dit tout à l'heure que je ne commence pas un livre, j'ouvre un chantier. Ce que je trouve très difficile, c'est de terminer un livre, de mettre le point final, de se dire qu'on arrête.
Et mon éditrice m'y aide d'une certaine manière, car s'il ne tenait qu'à moi, je ne m'arrêterais jamais. Le point final, quitter un texte, c'est toujours quelque chose de difficile. Et ce qui me va bien c'est que le texte parte.
Quand il est publié, il part et les lecteurs font leur affaire avec, ou ne la font pas. Mais il y a quelque chose qui de moi se détache.
Avez-vous le sentiment de faire œuvre utile, avec « Joseph » et les titres précédents ?
Oeuvre utile me semble être une bien grande ambition, j'ai juste le sentiment d'être à ma place et de faire mon travail.
« Joseph », c'est votre nouveau titre Marie-Hélène Lafon et vous publiez aux éditions Buchet-Chastel, merci beaucoup.
Philippe Chauveau :
Dans ce nouveau titre Marie-Hélène Lafon, vous avez choisi un prénom qui n'est peut-être pas anodin, nous verrons, Joseph. Présentons rapidement ce personnage. Joseph a une soixantaine d'année, il travaille dans une ferme dans le Cantal.
Joseph est un taiseux, il parle peu mais observe. D'où vient-il ce personnage de Joseph ? Pourquoi avoir eu envie de raconter son histoire ?
Marie-Hélène Lafon :
Joseph vient de deux sources, une source très très ancienne. Il est composé comme tous mes personnages et tous mes livres des pièces qui viennent de tous les ouvriers agricoles, tous les Joseph que j'ai vu défiler chez mes parents entre 1968 et 1980.
Il y eavait tantôt un, tantôt deux ouvriers agricole et certains vivaient avec nous à la maison, vivaient, mangeaient, dormaient. Ma mère faisaient leur lessive et c'est d'abord ça, ces gestes, ces silences, ces façons d'être dont j'ai été témoin.
Philippe Chauveau :
Pourquoi le prénom de Joseph ? Pourquoi avoir choisi ce prénom ?
Marie-Hélène Lafon :
Alors, il y a une première raison qui m'est apparue tout de suite. C'est un prénom qui est très présent sur les monuments aux morts, les listes des morts de 14-18. Quand vous regardez les prénoms il est très rare que vous n'ayez pas un ou plusieurs Joseph.
Et ce prénom s'est imposé à moi pour cette raison-là, parce que cette période 14-18 a été, pour le monde paysan, un moment de basculement assez définitif. Et on m'a fait remarquer évidemment que Jésus, Marie, Joseph…
C'est le père nourricier, le père charpentier, le taiseux au fond. C'est le taiseux du nouveau Testament , Joseph. Et c'est vrai que le Joseph de mon roman est très taiseux mais je dois dire que cette raison-là est secondaire, c'est une résurgence de ma quincaillerie catholique, d'ancienne élève des écoles chrétiennes.
Philippe Chauveau :
On va donc découvrir ce personnage de Joseph, il y aura des aller-retours, on découvrira sa vie, parce que Joseph a eu ses failles même si aujourd'hui il avance dans sa vie discrète et sobre. C'est aussi une peinture du monde paysan d'aujourd'hui, notamment dans le Cantal. Et cela vous tient à cœur, vous cherchez à raconter cette histoire d'un monde qui finit.
Marie-Hélène Lafon :
Oui, qui finit et qui s'adapte en même temps, qui n'en finit pas de finir, parce qu'en effet Joseph vit ici et maintenant et en même temps il sait qu'il est le dernier, et son patron le sait aussi, que ce système-là est finissant.
Je tiens beaucoup dans mes livres, c'était déjà le cas dans mes deux précédents, à témoigner de cette transformation et de cette adaptation. Donc, ça n'en finit pas de finir et donc quelque chose continue et en même temps,
Joseph et ses patrons sont les témoins d'un ordre du monde ancien et qui est en train de s'effacer petit à petit pour laisser place à autre chose.
Philippe Chauveau :
Lorsqu'on découvre la vie de Joseph, on se dit que s'il avait parlé, sa vie aurait pu être toute autre, vous n'apportez pas de jugement de valeur, vous observez la vie de Joseph.
Marie-Hélène Lafon :
Oui, j'observe, je regarde, et je tente par la langue à donner à voir, à entendre et à sentir c'est tout, pas de jugement et dans aucun de mes livres. Qui serais-je pour juger ? Je donne à voir, à entendre et à sentir et avec Joseph, il y a de quoi faire !
Et c'est pour ça que je commence par les gestes, par le corps, il faut que ça s'incarne.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous avez mis le point final, avez- vous eu du mal à quitter Joseph ou le fait de l'offrir au lecteur est-ce une façon de continuer le travail ?
Marie-Hélène Lafon :
Vous mettez le doigt sur quelque chose de très important. J'ai dit tout à l'heure que je ne commence pas un livre, j'ouvre un chantier. Ce que je trouve très difficile, c'est de terminer un livre, de mettre le point final, de se dire qu'on arrête.
Et mon éditrice m'y aide d'une certaine manière, car s'il ne tenait qu'à moi, je ne m'arrêterais jamais. Le point final, quitter un texte, c'est toujours quelque chose de difficile. Et ce qui me va bien c'est que le texte parte.
Quand il est publié, il part et les lecteurs font leur affaire avec, ou ne la font pas. Mais il y a quelque chose qui de moi se détache.
Philippe Chauveau :
Avez-vous le sentiment de faire œuvre utile, avec « Joseph » et les titres précédents ?
Marie-Hélène Lafon :
Oeuvre utile me semble être une bien grande ambition, j'ai juste le sentiment d'être à ma place et de faire mon travail.
Philippe Chauveau :
« Joseph », c'est votre nouveau titre Marie-Hélène Lafon et vous publiez aux éditions Buchet-Chastel, merci beaucoup.
Marie-Hélène Lafon
Joseph
L'avis du libraire 1'04Joseph c'est un très beau portrait d'homme, elle n'avait jamais abordé quelque chose d'aussi intime, ce livre pose des questions, fait réfléchir. Et puis il y a aussi une écriture, on ne peut pas parler de Marie-Hélène Lafon sans parler de sa force d'écriture.
C'est un livre qui n'est pas très épais, donc qui se lit vite, mais on ralentit la lecture pour pas le finir trop vite justement et Marie-Hélène Lafon c'est un auteur dont on attend les livres avec impatience et on est jamais déçu.
Librairie "Entre les lignes"
38 rue de la République 60100 Creil
Libraire : Anne Lesobre
Joseph c'est un très beau portrait d'homme, elle n'avait jamais abordé quelque chose d'aussi intime, ce livre pose des questions, fait réfléchir. Et puis il y a aussi une écriture, on ne peut pas parler de Marie-Hélène Lafon sans parler de sa force d'écriture.
C'est un livre qui n'est pas très épais, donc qui se lit vite, mais on ralentit la lecture pour pas le finir trop vite justement et Marie-Hélène Lafon c'est un auteur dont on attend les livres avec impatience et on est jamais déçu.