En 2007, le 1er roman de Carole Martinez, Le « cœur cousu » devenait l'un des succès surprise de l'année, porté par un excellent bouche à oreilles des lecteurs et des libraires. Avec 8 récompenses dont le Prix Renaudot des lycéens, le Prix Roblès, la Bourse de la découverte de la fondation Prince Pierre de Monaco ou encore le Prix Etonnants voyageurs de Saint-Malo, Carole Martinez faisait une entrée remarquée dans le petit monde de la littérature. Aujourd'hui traduit dans une vingtaine de langues, « Le cœur cousu »...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Carole Martinez. Merci de nous recevoir. On va se tutoyer, parce que je sais que tu préfères qu'on se tutoie.
Carole Martinez :
Maintenant on se connaît.
Philippe Chauveau :
Maintenant on se connaît. Effectivement, nous nous étions déjà vu Carole, pour « Le cœur cousu », c'était ton premier roman, il y a trois ans maintenant, trois-quatre ans, peut-être un peu plus ?
Carole Martinez :
Oui, quatre ans et demi. Il est sorti il y a quatre ans et demi, en février 2007.
Philippe Chauveau :
J'ai...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Carole Martinez, « Du domaine des murmures », c'est aux éditions Gallimard, c'est ton deuxième roman. Il y avait eu précédemment « Le cœur cousu » avec le succès que l'on sait, qui avait reçu huit prix et non des moindres. C'était un roman très solaire, un roman picaresque. Là, avec « Du domaine des murmures », c'est Esclarmonde, nous somme en 1187. Une jeune femme qui volontairement va se faire emmurer pour se consacrer à Dieu et refuser ainsi un époux que son père lui impose. Quelle drôle...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - Le livre - Suite
Il y a plein de choses qui sont abordées. Il y a le don à Dieu, il y a ce côté mystique, mais il y a aussi la condition des femmes au Moyen-Age, il y a l'amour courtois. On parle aussi des difficultés qu'on les Croisés quand ils sont allés en Terre Sainte, il y a tout un passage là-dessus. La violence de l'époque, parce que ce n'était pas une époque très facile. Il y a plein de choses qui sont évoquées dans ce livre et qui sont très intéressantes.
L'écriture est épatante, un style très agréable à lire, très grand...
Sur une île déserte, quels livres emporteraient-ils ? de Carole Martinez - L'avis du libraire - Suite
Carole Martinez
Du domaine des murmures
Présentation 1'41Avec 8 récompenses dont le Prix Renaudot des lycéens, le Prix Roblès, la Bourse de la découverte de la fondation Prince Pierre de Monaco ou encore le Prix Etonnants voyageurs de Saint-Malo, Carole Martinez faisait une entrée remarquée dans le petit monde de la littérature. Aujourd'hui traduit dans une vingtaine de langues, « Le cœur cousu » poursuit son aventure et Carole Martinez la sienne.
Elle s'est donné du temps avant de publier à nouveau, pour profiter de son succès d'abord, mais aussi pour être sûre de réussir à franchir l'étape du second roman, même s'il y eut entre les deux une incartade dans l'univers de la littérature jeunesse.
Après le très beau personnage de Frasquita dans « Le cœur cousu » inspirée de son arrière grand-mère espagnole, Carole Martinez donne à nouveau la parole à une femme, Esclarmonde.
« Du domaine des murmures », nous entraîne en 1187 et pour échapper au mariage imposeé par son père, Esclarmonde va demander à être vivre recluse dans une cellule pour se consacrer à Dieu. Et de la toute petite ouverture qui laisse passer la lumière, la jeune femme va voir le monde et voyager, à sa façon.
« Du domaine des murmures », une grande finesse d'écriture au service d'une histoire très originale, pleine de poésie et d'émotion. Caroline Martinez confirme tout ce que son 1er roman laissait présager : Elle a énormément de talent !
Et il ne faut pas s'étonner dès lors qu'elle soit en lice pour le Goncourt 2011.
« Du domaine des murmures », le nouveau roman de Carole Martinez, publié chez Gallimard Carole Martinez est sur WTC.
Avec 8 récompenses dont le Prix Renaudot des lycéens, le Prix Roblès, la Bourse de la découverte de la fondation Prince Pierre de Monaco ou encore le Prix Etonnants voyageurs de Saint-Malo, Carole Martinez faisait une entrée remarquée dans le petit monde de la littérature. Aujourd'hui traduit dans une vingtaine de langues, « Le cœur cousu » poursuit son aventure et Carole Martinez la sienne.
Elle s'est donné du temps avant de publier à nouveau, pour profiter de son succès d'abord, mais aussi pour être sûre de réussir à franchir l'étape du second roman, même s'il y eut entre les deux une incartade dans l'univers de la littérature jeunesse.
Après le très beau personnage de Frasquita dans « Le cœur cousu » inspirée de son arrière grand-mère espagnole, Carole Martinez donne à nouveau la parole à une femme, Esclarmonde.
« Du domaine des murmures », nous entraîne en 1187 et pour échapper au mariage imposeé par son père, Esclarmonde va demander à être vivre recluse dans une cellule pour se consacrer à Dieu. Et de la toute petite ouverture qui laisse passer la lumière, la jeune femme va voir le monde et voyager, à sa façon.
« Du domaine des murmures », une grande finesse d'écriture au service d'une histoire très originale, pleine de poésie et d'émotion. Caroline Martinez confirme tout ce que son 1er roman laissait présager : Elle a énormément de talent !
Et il ne faut pas s'étonner dès lors qu'elle soit en lice pour le Goncourt 2011.
« Du domaine des murmures », le nouveau roman de Carole Martinez, publié chez Gallimard Carole Martinez est sur WTC.
Carole Martinez
Du domaine des murmures
Portrait 4'24Bonjour Carole Martinez. Merci de nous recevoir. On va se tutoyer, parce que je sais que tu préfères qu'on se tutoie.
Carole Martinez :
Maintenant on se connaît.
Philippe Chauveau :
Maintenant on se connaît. Effectivement, nous nous étions déjà vu Carole, pour « Le cœur cousu », c'était ton premier roman, il y a trois ans maintenant, trois-quatre ans, peut-être un peu plus ?
Carole Martinez :
Oui, quatre ans et demi. Il est sorti il y a quatre ans et demi, en février 2007.
Philippe Chauveau :
J'ai envie de dire quel joli succès, quel joli parcours, parce que « Le cœur cousu » était sorti de façon assez discrète et puis par le bouche à oreille, par le travail des libraires et des lecteurs, il a connu une belle histoire, récompensé par de nombreux prix. Avec le recul, comment as-tu vécu tout ça ?
Carole Martinez :
Je reste sans voix. J'ai la sensation de devoir beaucoup à beaucoup de monde. Les libraires ont défendu le livre alors qu'il n'était plus dans l'actualité. Ca a été vraiment des passeurs. Ils l'ont donné à des lecteurs qui eux même sont devenus des passeurs. C'est très beau parce que c'est un livre sur la transmission « Le cœur cousu »...
Philippe Chauveau :
Et c'est typiquement le livre qu'on se passe.
Carole Martinez :
C'est un livre qui a été vraiment transmit, qui a toujours été accompagné d'une main. Les mères l'ont donné à des filles, des sœurs à des sœurs, les copains aux copines. Il y a toujours eu une relation humaine dans le passage du livre. Ca c'est splendide, parce que ce n'était pas un livre qui était parti pour faire un succès.
Philippe Chauveau :
C'est un livre qui a eu de nombreux prix. Et c'est prix, ça a été l'occasion de nombreuses rencontres et notamment avec des collégiens, des lycéens. C'est important pour toi parce que ta vie avant l'écriture, c'était l'enseignement.
Carole Martinez :
C'est très agréable pour moi. Maintenant je suis invité dans les lycées en tant qu'auteur. J'ai des classes qui m'ont écrit des chapitres fantômes de mon livre. Des classes qui ont préparé « Le coeur cousu » au baccalauréat...
Philippe Chauveau :
Ca c'est une satisfaction supplémentaire ?
Carole Martinez :
Ah oui, c'est vraiment une reconnaissance incroyable que d'arriver en tant qu'auteur à l'école. C'est une reconnaissance folle. Savoir que des élèves font des commentaires composés sur mon texte...
Philippe Chauveau :
Si on parle de Carole Martinez la lectrice. Quel genre de lectrice es-tu, vers quel style vas-tu spontanément et quel regard portes-tu sur la production littéraire francophone ?
Carole Martinez :
J'ai de vrais compagnons. Par exemple « Le bruit et la fureur » de William Faulkner, par exemple « Beloved » de Toni Morrison, « Madame Bovary ». J'ai beaucoup de poésie aussi. Quand j'étais petite, j'avais très peur de la nuit, très peur de dormir. Donc pour ne pas avoir peur, j'avais des livres de poèmes et je me les lisais à voix haute la nuit. Donc ces livres m'ont vraiment accompagné. Victor Hugo, Baudelaire, ça a été des voix qui m'ont permis de passer la nuit.
Philippe Chauveau :
Il est toujours difficile pour un auteur de parler de son travail, mais s'il y avait un style Carole Martinez, quel serait-il ? Comment tu pourrais définir ton travail d'auteur ?
Carole Martinez :
Moi je raconte des histoires, je suis une conteuse. Si je peux avoir juste cette fonction là, c'est le bonheur. Ce que je veux, c'est raconter des histoires, pouvoir continuer à raconter des histoires et avec le plaisir de les entendre, car la langue ça s'écoute.
Philippe Chauveau :
C'est la petite fille qui avait peur la nuit et qui aimait se raconter des histoires ?
Carole Martinez :
Et je continue à me raconter des histoires. Et d'ailleurs je me suis aperçue d'un truc assez drôle, c'est que finalement si je me raconte des histoires, c'est encore aujourd'hui pour ne pas avoir peur. Quand j'ai peur de quelque chose, immédiatement j'en fais un élément d'une histoire possible. Et j'ai la sensation de maîtriser ou cette personne qui m'a fait peur ou ce cauchemar, cette angoisse et je me dis « ah c'est trop bien, ça pourrait faire un roman », et là je commence à me raconter une histoire et la peur s'en va.
Philippe Chauveau :
La peur est productive !
Carole Martinez :
La peur est productive, c'est vrai, mais pas que ça.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Carole Martinez. « Du domaine des murmures », c'est ton actualité, c'est chez Gallimard.
Bonjour Carole Martinez. Merci de nous recevoir. On va se tutoyer, parce que je sais que tu préfères qu'on se tutoie.
Carole Martinez :
Maintenant on se connaît.
Philippe Chauveau :
Maintenant on se connaît. Effectivement, nous nous étions déjà vu Carole, pour « Le cœur cousu », c'était ton premier roman, il y a trois ans maintenant, trois-quatre ans, peut-être un peu plus ?
Carole Martinez :
Oui, quatre ans et demi. Il est sorti il y a quatre ans et demi, en février 2007.
Philippe Chauveau :
J'ai envie de dire quel joli succès, quel joli parcours, parce que « Le cœur cousu » était sorti de façon assez discrète et puis par le bouche à oreille, par le travail des libraires et des lecteurs, il a connu une belle histoire, récompensé par de nombreux prix. Avec le recul, comment as-tu vécu tout ça ?
Carole Martinez :
Je reste sans voix. J'ai la sensation de devoir beaucoup à beaucoup de monde. Les libraires ont défendu le livre alors qu'il n'était plus dans l'actualité. Ca a été vraiment des passeurs. Ils l'ont donné à des lecteurs qui eux même sont devenus des passeurs. C'est très beau parce que c'est un livre sur la transmission « Le cœur cousu »...
Philippe Chauveau :
Et c'est typiquement le livre qu'on se passe.
Carole Martinez :
C'est un livre qui a été vraiment transmit, qui a toujours été accompagné d'une main. Les mères l'ont donné à des filles, des sœurs à des sœurs, les copains aux copines. Il y a toujours eu une relation humaine dans le passage du livre. Ca c'est splendide, parce que ce n'était pas un livre qui était parti pour faire un succès.
Philippe Chauveau :
C'est un livre qui a eu de nombreux prix. Et c'est prix, ça a été l'occasion de nombreuses rencontres et notamment avec des collégiens, des lycéens. C'est important pour toi parce que ta vie avant l'écriture, c'était l'enseignement.
Carole Martinez :
C'est très agréable pour moi. Maintenant je suis invité dans les lycées en tant qu'auteur. J'ai des classes qui m'ont écrit des chapitres fantômes de mon livre. Des classes qui ont préparé « Le coeur cousu » au baccalauréat...
Philippe Chauveau :
Ca c'est une satisfaction supplémentaire ?
Carole Martinez :
Ah oui, c'est vraiment une reconnaissance incroyable que d'arriver en tant qu'auteur à l'école. C'est une reconnaissance folle. Savoir que des élèves font des commentaires composés sur mon texte...
Philippe Chauveau :
Si on parle de Carole Martinez la lectrice. Quel genre de lectrice es-tu, vers quel style vas-tu spontanément et quel regard portes-tu sur la production littéraire francophone ?
Carole Martinez :
J'ai de vrais compagnons. Par exemple « Le bruit et la fureur » de William Faulkner, par exemple « Beloved » de Toni Morrison, « Madame Bovary ». J'ai beaucoup de poésie aussi. Quand j'étais petite, j'avais très peur de la nuit, très peur de dormir. Donc pour ne pas avoir peur, j'avais des livres de poèmes et je me les lisais à voix haute la nuit. Donc ces livres m'ont vraiment accompagné. Victor Hugo, Baudelaire, ça a été des voix qui m'ont permis de passer la nuit.
Philippe Chauveau :
Il est toujours difficile pour un auteur de parler de son travail, mais s'il y avait un style Carole Martinez, quel serait-il ? Comment tu pourrais définir ton travail d'auteur ?
Carole Martinez :
Moi je raconte des histoires, je suis une conteuse. Si je peux avoir juste cette fonction là, c'est le bonheur. Ce que je veux, c'est raconter des histoires, pouvoir continuer à raconter des histoires et avec le plaisir de les entendre, car la langue ça s'écoute.
Philippe Chauveau :
C'est la petite fille qui avait peur la nuit et qui aimait se raconter des histoires ?
Carole Martinez :
Et je continue à me raconter des histoires. Et d'ailleurs je me suis aperçue d'un truc assez drôle, c'est que finalement si je me raconte des histoires, c'est encore aujourd'hui pour ne pas avoir peur. Quand j'ai peur de quelque chose, immédiatement j'en fais un élément d'une histoire possible. Et j'ai la sensation de maîtriser ou cette personne qui m'a fait peur ou ce cauchemar, cette angoisse et je me dis « ah c'est trop bien, ça pourrait faire un roman », et là je commence à me raconter une histoire et la peur s'en va.
Philippe Chauveau :
La peur est productive !
Carole Martinez :
La peur est productive, c'est vrai, mais pas que ça.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Carole Martinez. « Du domaine des murmures », c'est ton actualité, c'est chez Gallimard.
Carole Martinez
Du domaine des murmures
Le livre 4'28Carole Martinez, « Du domaine des murmures », c'est aux éditions Gallimard, c'est ton deuxième roman. Il y avait eu précédemment « Le cœur cousu » avec le succès que l'on sait, qui avait reçu huit prix et non des moindres. C'était un roman très solaire, un roman picaresque. Là, avec « Du domaine des murmures », c'est Esclarmonde, nous somme en 1187. Une jeune femme qui volontairement va se faire emmurer pour se consacrer à Dieu et refuser ainsi un époux que son père lui impose. Quelle drôle d'histoire que celle de cette jeune femme emmurée. Pourquoi avoir choisi de nous conter l'histoire d'Esclarmonde ?
Carole Martinez :
Je voulais d'abord écrire un roman contemporain...
Philippe Chauveau :
1187, c'était hier !
Carole Martinez :
Je voulais travailler un roman contemporain, je voulais travailler de nouveau un conte, parce que j'adore les contes. Je voulais travailler Barbe bleue. Je me disais que dans Barbe bleue, j'aurais plusieurs portraits de femmes à faire et j’aime les portraits de femmes. Je m'étais dit Barbe bleue, six femmes, plus la septième qui s'en sort, ça fait un beau casting. Je vais pouvoir travailler ces femmes qui sont les femmes précédentes de Barbes bleue. Et j'avais inventé un domaine des murmures dont l'héroïne contemporaine tombait amoureuse du propriétaire. Et je me disais que ces six femmes précédentes, je vais pouvoir les faire parler, les faire murmurer dans ce domaine. Finalement pas du tout. J'ai changé d'avis en cours de route et je me suis dit que c'était plus intéressant d'aller dans le temps et d'imaginer six femmes qui auraient précéder la contemporaine dans ce fameux château. J'ai cherché dans l'histoire des femmes et j'ai choisi la recluse. Je ne savais pas du tout que les recluses existaient, je ne savais pas que des femmes avaient à un certain moment de l'histoire essayé d'atteindre Dieu en se faisant emmurer.
Philippe Chauveau :
Parce que Esclarmonde, qui est donc née de ces femmes qui ont existé, veut à la fois échapper au mariage forcé et se consacrer à Dieu.
Carole Martinez :
Tout à fait. Elle à quinze ans. Elle dit non et la voie qu'elle se trouve, c'est justement la voie qui était possible au 12e siècle, c'est la voie mystique. Elle empreinte cette voie là et pour elle, c'est sa façon de se révolter contre son père, contre un système. C'est une adolescente, elle est jusque-boutiste, elle y va. Et finalement, elle va s'apercevoir de la différence entre son projet et ce qu'elle va vivre. Elle pensait qu'elle allait être isolée du monde, sur une voie mystique et c'est pas du tout ce qui lui arrive.
Philippe Chauveau :
Cette femme, c'est j'imagine, un personnage auquel tu t'es fortement attachée ?
Carole Martinez :
De façon étonnante, alors qu'elle est immobilisée, elle rencontre un nombre de gens incroyable puisque tous les pèlerins viennent faire le détour et voir cette jeune femme et lui raconte le monde, lui raconte leur voyage, leurs peurs, leurs espoirs, leurs angoisses d'homme. Et finalement, elle qui n'avait jamais rencontré personne, elle se retrouve face à l'humain. Elle qui pensait trouver Dieu, elle se retrouve face à des hommes, face à des femmes qui souffrent, qui croient, qui rêvent. Et je me suis attachée à cette erreur qu'elle commet, cette surprise. Tout à coup, ces changements que ça va provoquer en cette jeune fille, le fait qu'elle va grandir dans ces quatre mètres carré avec toutes les connaissances et tous les rêves que lui apportent les autres. Je voulais travailler une sorte de combat, de frottement entre la chair et l'esprit. Dans ces quatre mètres carré, ça sera la chair qui va prendre le dessus.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Carole Martinez. « Du domaine des murmures », c'est ton actualité, c'est aux éditions Gallimard.
Carole Martinez, « Du domaine des murmures », c'est aux éditions Gallimard, c'est ton deuxième roman. Il y avait eu précédemment « Le cœur cousu » avec le succès que l'on sait, qui avait reçu huit prix et non des moindres. C'était un roman très solaire, un roman picaresque. Là, avec « Du domaine des murmures », c'est Esclarmonde, nous somme en 1187. Une jeune femme qui volontairement va se faire emmurer pour se consacrer à Dieu et refuser ainsi un époux que son père lui impose. Quelle drôle d'histoire que celle de cette jeune femme emmurée. Pourquoi avoir choisi de nous conter l'histoire d'Esclarmonde ?
Carole Martinez :
Je voulais d'abord écrire un roman contemporain...
Philippe Chauveau :
1187, c'était hier !
Carole Martinez :
Je voulais travailler un roman contemporain, je voulais travailler de nouveau un conte, parce que j'adore les contes. Je voulais travailler Barbe bleue. Je me disais que dans Barbe bleue, j'aurais plusieurs portraits de femmes à faire et j’aime les portraits de femmes. Je m'étais dit Barbe bleue, six femmes, plus la septième qui s'en sort, ça fait un beau casting. Je vais pouvoir travailler ces femmes qui sont les femmes précédentes de Barbes bleue. Et j'avais inventé un domaine des murmures dont l'héroïne contemporaine tombait amoureuse du propriétaire. Et je me disais que ces six femmes précédentes, je vais pouvoir les faire parler, les faire murmurer dans ce domaine. Finalement pas du tout. J'ai changé d'avis en cours de route et je me suis dit que c'était plus intéressant d'aller dans le temps et d'imaginer six femmes qui auraient précéder la contemporaine dans ce fameux château. J'ai cherché dans l'histoire des femmes et j'ai choisi la recluse. Je ne savais pas du tout que les recluses existaient, je ne savais pas que des femmes avaient à un certain moment de l'histoire essayé d'atteindre Dieu en se faisant emmurer.
Philippe Chauveau :
Parce que Esclarmonde, qui est donc née de ces femmes qui ont existé, veut à la fois échapper au mariage forcé et se consacrer à Dieu.
Carole Martinez :
Tout à fait. Elle à quinze ans. Elle dit non et la voie qu'elle se trouve, c'est justement la voie qui était possible au 12e siècle, c'est la voie mystique. Elle empreinte cette voie là et pour elle, c'est sa façon de se révolter contre son père, contre un système. C'est une adolescente, elle est jusque-boutiste, elle y va. Et finalement, elle va s'apercevoir de la différence entre son projet et ce qu'elle va vivre. Elle pensait qu'elle allait être isolée du monde, sur une voie mystique et c'est pas du tout ce qui lui arrive.
Philippe Chauveau :
Cette femme, c'est j'imagine, un personnage auquel tu t'es fortement attachée ?
Carole Martinez :
De façon étonnante, alors qu'elle est immobilisée, elle rencontre un nombre de gens incroyable puisque tous les pèlerins viennent faire le détour et voir cette jeune femme et lui raconte le monde, lui raconte leur voyage, leurs peurs, leurs espoirs, leurs angoisses d'homme. Et finalement, elle qui n'avait jamais rencontré personne, elle se retrouve face à l'humain. Elle qui pensait trouver Dieu, elle se retrouve face à des hommes, face à des femmes qui souffrent, qui croient, qui rêvent. Et je me suis attachée à cette erreur qu'elle commet, cette surprise. Tout à coup, ces changements que ça va provoquer en cette jeune fille, le fait qu'elle va grandir dans ces quatre mètres carré avec toutes les connaissances et tous les rêves que lui apportent les autres. Je voulais travailler une sorte de combat, de frottement entre la chair et l'esprit. Dans ces quatre mètres carré, ça sera la chair qui va prendre le dessus.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Carole Martinez. « Du domaine des murmures », c'est ton actualité, c'est aux éditions Gallimard.
Carole Martinez
Du domaine des murmures
L'avis du libraire 0'54L'écriture est épatante, un style très agréable à lire, très grand public, pourtant le sujet est quand même pas facile, mais c'est super agréable à lire. On est vraiment bien dedans. On passe un très très bon moment.
L'écriture est épatante, un style très agréable à lire, très grand public, pourtant le sujet est quand même pas facile, mais c'est super agréable à lire. On est vraiment bien dedans. On passe un très très bon moment.