Olivier Adam est un incontournable dans le milieu littéraire français. Depuis 2000, avec son premier titre « Je vais bien, ne t’en fais pas », il a fédéré autour de lui un large public, touché par la pudeur de son univers, la fragilité de ses personnages, la sensibilité de ses mots. Apparaissant régulièrement dans les sélections des grands prix littéraires, il a reçu le prix Goncourt de la nouvelle en 2004 avec « Passer l’hiver » adapté depuis au cinéma comme plusieurs autres de ses ouvrages.
Confrontant ses...
Dessous les roses d'Olivier Adam - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Olivier Adam.
Olivier Adam :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Votre actualité : « Chanson de la ville silencieuse », c'est chez Flammarion. Un joli parcours depuis 2000, depuis votre premier roman publié. Quels souvenirs gardez-vous, quelles images reviennent lorsque vous pensez à ces années ? Ça concrétisait un projet de vie ?
Olivier Adam :
Pas un projet de vie car je ne pensais pas que je pourrais vivre de mes livres, ce qui est le cas finalement.
Philippe Chauveau :
En revanche, vous saviez...
Dessous les roses d'Olivier Adam - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Olivier Adam, vous allez nous parler de cet Antoine Scheffer, c'est une rock-star, c'est un grand artiste qui a un peu brûlé la vie par les deux bouts, qui s'est réfugié ailleurs, qui a été brûlé par la notoriété, d'ou vient-il Antoine Scheffer ?
Olivier Adam :
Il vient de ma passion pour la musique. Ce livre, c'était une manière pour moi de régler mon ardoise par rapport à tous les gens qui m'ont influencé, qui m'ont porté. Je revendique le fait que l'écriture de chanson est une écriture et...
Dessous les roses d'Olivier Adam - Livre - Suite
Olivier Adam
Chanson de la ville silencieuse
Présentation 2'02"Olivier Adam est un incontournable dans le milieu littéraire français. Depuis 2000, avec son premier titre « Je vais bien, ne t’en fais pas », il a fédéré autour de lui un large public, touché par la pudeur de son univers, la fragilité de ses personnages, la sensibilité de ses mots. Apparaissant régulièrement dans les sélections des grands prix littéraires, il a reçu le prix Goncourt de la nouvelle en 2004 avec « Passer l’hiver » adapté depuis au cinéma comme plusieurs autres de ses ouvrages.
Confrontant ses personnages à la rudesse de la vie, flirtant souvent avec le roman sociétal, Olivier Adam accorde aussi beaucoup d’importance au paysage dans lesquels il situe l’action de ses histoires. La Bretagne avec « Des vents contraires », le Japon qu’il affectionne particulièrement avec « Le cœur régulier » en sont des exemples.
Dans ce nouveau titre « Chanson de la ville silencieuse », Olivier Adam nous entraine de Paris au décor sauvage de la Drôme et de l’Ardèche mais c’est aussi Lisbonne qui sert d’écrin à cette histoire. Un artiste de renom, rock star usée par la notoriété, se serait donné la mort mais on a jamais retrouvé son corps. On croit avoir retrouvé sa trace à travers un chanteur des rues qui arpente les cafés de la capitale portugaise. Sa fille va tenter de le retrouver et de se retrouver elle-même. Dans cette quête, elle reviendra sur les traces de son enfance, de son adolescence et tentera de cerner la personnalité de cet homme qu’était son père et qui reste pour elle un mystère. L’histoire d’un amour filial qui ne dit pas son nom, l’histoire d’une jeune femme qui doit faire le deuil de son père et de son enfance pour exister enfin. C’est beau, c’est triste, mélancolique à souhait. C’est aussi lumineux et plein de fulgurances positives, une sorte de saudade littéraire, écrite comme une longue chanson qui serait un mot d’adieu.
Coup de cœur de cette rentrée 2018 «Chanson de la ville silencieuse » d’Olivier Adam est publié chez Flammarion.
Olivier Adam
Chanson de la ville silencieuse
Portrait 5'49"Philippe Chauveau :
Bonjour Olivier Adam.
Olivier Adam :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Votre actualité : « Chanson de la ville silencieuse », c'est chez Flammarion. Un joli parcours depuis 2000, depuis votre premier roman publié. Quels souvenirs gardez-vous, quelles images reviennent lorsque vous pensez à ces années ? Ça concrétisait un projet de vie ?
Olivier Adam :
Pas un projet de vie car je ne pensais pas que je pourrais vivre de mes livres, ce qui est le cas finalement.
Philippe Chauveau :
En revanche, vous saviez que vous travailleriez dans l'univers du livre ?
Olivier Adam :
Oui, l'univers de la création est ce qui m'intéressait le plus. J'imaginais travailler dans la musique, dans les livres... J'avais fait des études de gestion de structures culturelles mais mon rêve secret, c'était les manuscrits que je composais tout seul dans mon coin et que je commençais à faire circuler. D'un certain point de vue, j'avais l'impression que ça ne marcherait pas et d'un autre côté, j'ai toujours été persuadé que ça allait être mon chemin sans même penser que ça avait une chance d'aboutir. Donc il y avait quelque chose qui finissait là, mais quelque part, c 'était juste le début.
Philippe Chauveau :
Gardez-vous une certaine de nostalgie des premières années ?
Olivier Adam :
J'avais une espèce de radicalité intérieure qui s'est émoussée avec l'âge. Parfois, je me dis que c'était un moteur d'écriture. Il y avait un tel trop plein accumulé dans l'enfance et l'adolescence que quand j'ouvrais mon ordinateur ça y allait sans arrières pensées. Maintenant à chaque livre, il y a plus de questions qui se posent, c'est sans doute moins innocent.
Philippe Chauveau :
L'écriture a été une soupape ?
Olivier Adam :
C'était par ce biais là que je pouvais vraiment prendre possession de moi et du monde. Quand j'ai commencé à écrire, j'étais sans doute quelqu'un de très empêché et très renfermé. Quand je me suis mis à écrire, j'ai eu cette sensation qu'a quelqu'un qui a des problèmes de vue quand il met des lunettes. Je me mets à niveau.
Philippe Chauveau :
Lorsqu'on connait votre parcours, on peut y voir des sujets sociétaux où vous attaquez des sujets douloureux et il y a toujours cette sensibilité dans le choix de votre écriture, il y a toujours une poésie qui vient contre-balancer la dureté des propos que vous mettez dans vos histoires, vous êtes d'accord ?
Olivier Adam :
L'étiquette du roman social, je trouve ça compliqué parce que je ne me suis jamais posé cette question comme ça. Ça m'a toujours paru être une évidence d'écrire sur le milieu qui m'avait fondé, les classes moyennes etc, les classes populaires etc... A partir du moment où je pensais que le roman pouvait dire quelque chose de l'intime mais aussi de la société dans laquelle on vit, je ne voyais pas comment on pouvait dire quelque chose de la société sans s'attaquer à son coeur majoritaire, quand bien même il est silencieux, périphérique, oublié etc... Mais à ce moment là, quand je suis rentré en littérature, il y avait sans doute un petit vide à ce niveau là. Donc, à la fois c'était une évidence pour moi et à la fois ça me semblait remplir un rôle de rectification. De gens dont on ne parlait pas assez ou dont on parlait mal, de gens qui pourtant sont les trois-quart des français.
Philippe Chauveau :
On ressent l'importance des paysages et du décor en général dans vos romans, pourquoi aimez-vous autant utiliser les paysages et les décors ?
Olivier Adam :
Je ne sais pas, je dois avoir un cerveau topographique ou géographique... J'ai toujours accordé une grande importance au lieu parce que c'est non seulement un décor mais c'est une sociologie, c'est des gens, des histoires. Un lieu est traversé à la fois par les spécificités du lieu et par tous les soubresauts du pays et du monde. C'est peut être une coquetterie. Des fois je me dis que quand je n'écrirai plus que pour moi, je serai un peintre du dimanche, je ferai juste des poèmes de description d'une rivière, d'un bord de mer...
Philippe Chauveau :
Vous pensez que c'est l'écriture qui vous a apaisé en quelque sorte ?
Olivier Adam :
Sans doute. Sans aller dans les clichés de la psychanalyse sauvage qu'on se fait à soit même en écrivant. D'abord, vouer ma vie à l'écriture, ça voulait dire vouer ma vie à ce filtre qui me permettait d'être beaucoup plus présent à moi, aux autres et au monde lui-même, donc cela m'a permis sans doute de m'ouvrir et de régler beaucoup de questions personnelles même si je n'ai jamais pratiqué l'écriture autobiographique. Mais ce sont des livres qui restent extrêmement intimes quoi qu'il en soit.
Philippe Chauveau :
C'est votre actualité Olivier Adam, votre nouveau titre chez Flammarion : « Chanson de la ville silencieuse ».
Olivier Adam
Chanson de la ville silencieuse
Livre 7'04"Philippe Chauveau :
Olivier Adam, vous allez nous parler de cet Antoine Scheffer, c'est une rock-star, c'est un grand artiste qui a un peu brûlé la vie par les deux bouts, qui s'est réfugié ailleurs, qui a été brûlé par la notoriété, d'ou vient-il Antoine Scheffer ?
Olivier Adam :
Il vient de ma passion pour la musique. Ce livre, c'était une manière pour moi de régler mon ardoise par rapport à tous les gens qui m'ont influencé, qui m'ont porté. Je revendique le fait que l'écriture de chanson est une écriture et qu'elle influence nombre d'écrivains, et moi en particulier. Il y avait une envie de créer un livre qui ne soit pas seulement sur la chanson mais travaillé de l'intérieur par la chanson.
Philippe Chauveau : Je me permets de résumer brièvement. Antoine Scheffer a été une immense star, il a eu du mal à gérer la notoriété, il est parti vivre en ermite dans une grande maison de la Drome, pas loin de Valence. Et un jour on retrouve sa voiture avec ses vêtements à l'intérieur et on imagine qu'il s'est donné la mort mais on n'a pas retrouvé le corps. Quelque temps plus tard, sa fille, qui travaille dans le milieu littéraire à Paris, découvre une photo avec un chanteur des rues capté à Lisbonne qui ressemble étrangement à son père. Et elle va partir pour essayer de le retrouver. Va-t-elle partir pour retrouver son père ou pour se retrouver elle même ? A travers ce personnage féminin, c'est le deuil du père et le deuil de l'enfance, il est important ce personnage féminin.
Olivier Adam :
En allant à la recherche d'un fantôme, elle essaye de régler son compte à ce fantôme.
Philippe Chauveau :
Une relation conflictuelle ?
Olivier Adam :
Pas vraiment conflictuelle mais en tous cas, la question de savoir où est son père, est-ce qu'il est mort ou est-ce qu'il s'est métamorphosé en moine soldat de la chanson dans les rues. Revient aussi à poser la question de quelle place elle tenait auprès de lui. Pour des enfants/adolescents, savoir quelle place on tient auprès de ses parents quand on a le sentiment d'avoir été oublié, laissé à soi-même. Revient aussi la question de savoir qui on est et quelle place on tient dans ce monde, c'est un livre sur la construction aussi.
Philippe Chauveau :
Il n'est pas facile de grandir à l'ombre des grands arbres, et vous faites dire à votre héroïne : « Je suis cette fille qui n'a pas besoin d'exister pour vivre, celle qui tremble quand on l'interroge, qui perd ses moyens devant une assemblée, dont le coeur s'affole quand on s'assoit à ses côtés, qu'on lui adresse un mot ou un simple regard, je suis la fille seule au fond des cafés dont personne ne vient prendre la commande, celle dans le bus, la tête collée contre la vitre, le menton et la bouche cachée dans son écharpe, la fille perdue dans ses livres, celle qui doute d'être en vie. » Ca a été difficile de vous mettre dans la peau de cette jeune femme ?
Olivier Adam :
En tant qu'auteur, je me sens toujours à équidistance de mes personnages, qu'ils soient masculins, féminins, jeunes, vieux, peu importe... Et ça me donne même une plus grande liberté parce que le masque est plus épais, je suis beaucoup plus méconnaissable et comme je reste assez pudique dans mon écriture, j'ai du mal à me livrer sans masque, ça me permet souvent d'aller au plus près de ma propre nature sans qu'on puisse se dire « ah, là, il parle de lui ».
Philippe Chauveau :
Vous faites évoluer votre personnage dans trois paysages bien distincts. Il y a Paris où elle vit et où elle travaille, où il y a ses amis Théo et Sofiane. Il y a les paysages de la Drome, près de Valence dans cette maison où le chanteur s'était réfug ié et ensuite, il y a Lisbonne, où cette jeune femme va rencontrer Guillaume et va partir sur les traces de son père. Trois univers complètement différents, comment avez-vous travaillé ces ambiances ?
Olivier Adam :
Lisbonne est une ville très proche de ma topographie générale, celle qui gouverne mes livres, et ça me semblait être une ville extrêmement en lien avec la disposition intérieure d'Antoine Scheffer qui est dans une espèce d'abandon. Après l'espèce de frottement entre Paris et l'Ardèche, c'était vraiment un retrait radical, un contraste très fort entre les années parisiennes d'Antoine Scheffer et ce refuge dans une grande maison de province. On est vraiment dans une espèce de repli...
Philippe Chauveau : Trois univers, et trois parties dans la construction de votre roman, pourquoi ce choix ?
Olivier Adam :
C'est comme trois mouvements d'une sonate. Le livre est influencé par la musique, pour une fois, on a choisi de mettre une illustration pour que ça ressemble à un album. On a la composition comme un morceau ou un album en trois parties. On a la rythmique des phrases qui empreinte beaucoup à la chanson, et on a un visuel.
Philippe Chauveau :
Au-delà de l'histoire et de l'intrigue, on sent qu'il y a un hommage aux artistes et à la musique qui vous touche. Il y a des titres, des chansons qui sont reprises, des artistes qui sont cités; vous-même, avez-vous écrit en musique ?
Olivier Adam :
J'écris toujours en musique, ils sont tous en perfusion d'un certain nombre d'artistes. Quand j'écris, c'est avec de la musique qui contient des paroles et souvent en français. Par contre, quand je retravaille le livre, il faut cesser cet afflux de mots et j'ai besoin de me concentrer avec Bach ou Schubert. Sur Bach ou Schubert, vous savez si vous êtes à côté, si vous êtes juste, trop lyrique, trop ténu... Ce sont mes juges de paix.
Philippe Chauveau :
Une histoire forte portée par une écriture pleine de sensibilité, c'est l'un des coups de coeur de cette rentrée de janvier 2018. C'est votre actualité Olivier Adam : « Chanson de la ville silencieuse ». Vous êtes publié chez Flammarion. Merci beaucoup.
Olivier Adam :
Merci à vous.