Elle est régulièrement en tête des ventes en librairie. Mais ce serait dommage de réduire Katherine Pancol à des chiffres. La femme est attachante et la romancière a su, en 19 titres, devenir un auteur majeur fidélisant un large public qui se reconnait dans ses histoires. Née au Maroc, à Casablanca, Katherine Pancol a gardé en elle ce soleil et cette volubilité qu’elle laisse transparaitre dans ses romans. Il y eut les premiers titres, « Moi d’abord » en 1979, « La Barbare », ou « Encore une danse » entre autres...
Bed bug de Katherine Pancol - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Katherine Pancol. Merci d'avoir accepté notre invitation. « Bed bug » c'est votre actualité chez Albin Michel, à qui vous êtes fidèle. J'ai l'impression qu'il y a eu plusieurs Katherine Pancol ! Il y a la romancière, il y a aussi la journaliste, la prof de français-latin, la femme qui s'exprime sur les sujets d'actualité. Qui êtes-vous Katherine Pancol ? Qui se cache derrière ce personnage multifacettes ?
Katherine Pancol :Quelqu'un dont j’ai oublié le nom, quelqu'un de très connu, très...
Bed bug de Katherine Pancol - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :« Bed Bug », quel drôle de titre ! Allez, je donne tout de suite une traduction. Ce sont ces fameuses punaises de lit. On les prend au propre comme au figuré. Surtout, nous allons faire connaissance avec Rose. C'est une jeune femme d'aujourd'hui qui vit à Paris. Elle est plutôt bien dans ses baskets, elle a une bonne situation, elle est chercheuse après fait de brillantes études. Dans sa vie familiale, c'est un peu plus compliqué, très conflictuel avec sa mère, très fusionnel avec sa grand-mère, qui...
Bed bug de Katherine Pancol - Livre - Suite
Katherine Pancol
Bed bug
Présentation 00'01'54"Elle est régulièrement en tête des ventes en librairie. Mais ce serait dommage de réduire Katherine Pancol à des chiffres. La femme est attachante et la romancière a su, en 19 titres, devenir un auteur majeur fidélisant un large public qui se reconnait dans ses histoires. Née au Maroc, à Casablanca, Katherine Pancol a gardé en elle ce soleil et cette volubilité qu’elle laisse transparaitre dans ses romans. Il y eut les premiers titres, « Moi d’abord » en 1979, « La Barbare », ou « Encore une danse » entre autres puis, à partir de 2006, avec Joséphine en personnage phare, la saga initiée avec « Les yeux jaunes des Crocodiles ». L’écriture a évolué au fil du temps, certes, gagnant en légèreté et en humour, mais le fil rouge est resté le même, un personnage féminin à la recherche d’elle-même, aux prises avec son passé, avançant contre vents et marées. Voici cette fois-ci, Rose, une jeune femme d’aujourd’hui, chercheuse, bien dans sa vie, mais qui perd ses moyens quand elle tombe amoureuse. De Paris à New-York, entre une mère conflictuelle et une grand-mère fusionnelle, Rose, séduite par le charmant Léo, va chercher à comprendre ses doutes, ses failles, ses secrets enfouis. Si l’écriture de Katherine se veut pétillante et drôle, ponctuée de dialogues crus et bourrés d’humour, le roman avance progressivement dans des thèmes plus graves, éclairant certaines blessures jamais exprimées, invitant à la réflexion sur des sujets d’actualité. « Bed Bug » de Katherine Pancol, le nouveau roman de Katherine Pancol, est publié chez Albin Michel.
Katherine Pancol
Bed bug
Portrait 00'06'03"Philippe Chauveau :
Bonjour Katherine Pancol. Merci d'avoir accepté notre invitation. « Bed bug » c'est votre actualité chez Albin Michel, à qui vous êtes fidèle. J'ai l'impression qu'il y a eu plusieurs Katherine Pancol ! Il y a la romancière, il y a aussi la journaliste, la prof de français-latin, la femme qui s'exprime sur les sujets d'actualité. Qui êtes-vous Katherine Pancol ? Qui se cache derrière ce personnage multifacettes ?
Katherine Pancol :
Quelqu'un dont j’ai oublié le nom, quelqu'un de très connu, très sage et intelligent a dit : "On naît multiple et on finit un". Je trouve que c'est très vrai. On est plein de personnes à l'intérieur de soi et on va choisir celle ou celui qu'on a envie d'être.
Philippe Chauveau :
Vous avez l'impression que vous vous approchez à petits pas d'une vérité ?
Katherine Pancol :
D'une vérité... Le mot est grand, mais en tout cas d'une cohésion. Quelque chose qui fait sens pour moi.
Philippe Chauveau :
La Katherine Pancol d'aujourd'hui ressemble t-elle à celle qu'elle était petite fille ou adolescente?
Katherine Pancol :
Bizarrement, la seule chose que nous avons en commun avec toutes les Katherine Pancol d'avant, c'est l'amour des livres. J'ai toujours lu et j'ai commencé très tôt. Je suis née au Maroc et ma mère institutrice m'a appris à lire et à écrire quand j'étais là-bas. Quand nous sommes rentrés en France, je savais lire et écrire.
Je ne lisais pas à toute allure, mais à cinq ans et demi, je lisais. Comme on changeait beaucoup d'endroits parce qu'on squattait un peu, on habitait chez les gens avant de trouver un appartement, la seule chose que je pouvais emporter, c'était un livre car ce n'était pas lourd dans les bagages. C'est comme ça que sont devenus mes amis les livres.
Philippe Chauveau :
Le livre était devenu un compagnon ?
Katherine Pancol :
Absolument. Et je pense que la seule chose que nous avons en commun avec toutes ces filles que j'ai été, c'est l'amour des livres.
Philippe Chauveau :
Et puis, il y a l'écriture qui arrive dans votre vie, à la fois l'écriture romanesque et l'écriture journalistique.
Katherine Pancol :
Je suis entrée à Paris Match comme ça et là, je me suis dit que c'était un métier que j'avais envie de continuer. Et puis, je suis partie à Cosmopolitan, c'est là où j'ai découvert que j'avais envie d'écrire parce les papiers étaient beaucoup plus longs. On m'a laissé écrire directement et c'est là où j'ai appris à écrire.
Philippe Chauveau :
Vous auriez pu rester journaliste mais il y a la romancière qui arrive. D'ailleurs vous l'avez dit, l'écriture journalistique est bien spécifique.
Pourquoi ce changement? Là encore, est-ce un coup du hasard, un coup de chance? Ou y-avait-il, peut-être inconsciemment, une envie de raconter des histoires ? Comment devenez vous romancière ?
Katherine Pancol :
Je deviens romancière parce qu'un éditeur m'appelle un jour. Il lisait mes articles dans Cosmopolitan et il me dit : « Ecrivez moi un roman", un peu comme : « Dessine moi un mouton » ! Cet éditeur, c’était Robert Laffont. J'avais lu beaucoup de romans édités par Robert Laffont. Je trouvais que c'était un très grand éditeur. Ça a été un choc quand même ! Je me suis dit que c'est une plaisanterie. Et puis, non, il m'a invité à déjeuner. On a parlé et je me suis dit bon... Comme il était charmant Robert Laffont, j'ai eu envie de lui faire plaisir.
Philippe Chauveau :
Ça a été un défi que vous vous lanciez vous-même?
Katherine Pancol :
Non, ça n’a pas été un défi, plutôt un acte de plaisir. J’aime lire, j'aime écrire, j'aime inventer des histoires. Ce sont mes trois bonheurs dans la vie.
Philippe Chauveau :
Donc là, on était tout à la fin des années 70, au début des années 80. Le virus était pris et la romancière était née. Si vous deviez définir le fil rouge qui unit tous vos titres ? Sans rentrer dans les intrigues de tous vos livres et surtout de vos romans, c'est la place de la femme qui est primordiale, me semble-t-il, dans nombre de vos titres. Je vais employer un mot que vous n'allez pas aimer je suis sûr ! Est ce qu'il y a une part de militantisme dans votre écriture ? Ca vous énerve quand on dit ça ?
Katherine Pancol :
Non, pas du tout. Mais moi, je n'ai pas été élevée. C’est ça la grande différence ! J’ai des parents qui ne m'ont jamais éduquée. Certes, ils étaient pris chacun par leur vie. C'étaient des gens très égoïstes en fait, je pense. Ils ont fait deux enfants mais je pense qu'ils ne se sont pas beaucoup occupés de nous et encore moins de leur fille. Le garçon encore, c'était important, donc oui, mais moi, je pouvais faire ce que je voulais, absolument tout ce que je voulais. Donc, moi le féminisme, je l'ai eu chevillé au corps dès que j'ai compris qu'il valait mieux que je m'occupe de moi toute seule, que personne ne s'occuperait de moi. En fait, j'ai tout appris toute seule.
Philippe Chauveau :
C'est vrai que le mot liberté est un mot qui revient quand on parle de vous, quand on pense à vous, lorsque vous écrivez. Au-delà de l'intrigue, au-delà des histoires, des personnages que vous proposez à vos lecteurs et lectrices, avez-vous ce ressenti de ce que vous pouvez apporter ? Ce sentiment de liberté, sentez-vous que le lecteur ou la lectrice peut s'en emparer ?
Katherine Pancol :
Ce que j'apporte aux gens, je le ressens quand je fais des signatures et des salons. Là, je m'aperçois que j'ai marqué, que mes livres ont accompagné beaucoup de vies de femmes, c'est vrai. Pour moi, c'est très étrange parce que je me sens libre. Je pense que j'étais faite pour être libre. Mais je pense qu'il faut faire très attention avec la liberté pour ne pas se compromettre, ne pas faire de compromissions. Il faut vraiment rester toujours vigilante. Mais vraiment, je ne me rends pas compte de ce que j'ai apporté aux femmes. C'est un truc qu'on me dit très souvent : « Vous êtes une femme libre ». Je crois que je suis devenue une femme libre parce qu'il faut quand même lutter. Mais pour moi, c'était évident.
Philippe Chauveau :
Katherine Pancol, une femme libre et une femme qui lutte, c'est vous qui le dites. Et surtout, une auteure majeure dans notre univers littéraire. « Bed bug », c'est votre actualité chez Albin Michel.
Katherine Pancol
Bed bug
Livre 00'07'19"Philippe Chauveau :
« Bed Bug », quel drôle de titre ! Allez, je donne tout de suite une traduction. Ce sont ces fameuses punaises de lit. On les prend au propre comme au figuré. Surtout, nous allons faire connaissance avec Rose. C'est une jeune femme d'aujourd'hui qui vit à Paris. Elle est plutôt bien dans ses baskets, elle a une bonne situation, elle est chercheuse après fait de brillantes études. Dans sa vie familiale, c'est un peu plus compliqué, très conflictuel avec sa mère, très fusionnel avec sa grand-mère, qui parle même à ses orteils, à ses doigts de pieds ! C'est surtout avec les hommes que Rose a parfois des difficultés. Puis, il y a Leo qui va croiser son chemin. Je plante le décor, c'est le point de départ. Qui est-elle rose ? En quoi, justement, est-elle une femme d'aujourd'hui ?
Katherine Pancol :
Rose est née d'une rencontre que j'ai faite avec une jeune fille dans un train en Espagne. Elle avait 25 ou 26 ans et a commencé à me parler de manière très libre. Elle m'a raconté ce qui se passait dans sa tête. Et là, cette jeune femme m'expliquait qu'elle avait un très bon boulot qu'elle adorait, qu'elle gagnait bien sa vie, qu'elle avait un appartement à Madrid, qu'elle avait des parents adorables, qu'elle avait une bande de copains formidables et un Jules. Et là, elle marque une pause et me dit : « Mais à quoi ça sert, à quoi me sert un homme aujourd'hui dans ma vie ? » Et là, je me suis dit qu’il y avait quand même une grosse différence entre ma jeunesse à moi et sa jeunesse à elle. Après, à chaque fois que je discutais avec une fille de son âge, j'essayais de savoir où elles en étaient les filles de cet âge-là, où était leur liberté, où étaient leurs blocages, comment elles considéraient les hommes, ce qu'elles attendaient de la vie. C'est très drôle quand on fabrique un personnage, qui sort du brouillard A force de parler comme ça, avec toutes ces jeunes femmes, j'ai eu un personnage qui s'incarnait, c'était Rose.
Philippe Chauveau :
Voilà comment naît Rose ! Elle est une battante, une femme, je le disais, bien dans ses baskets. Elle avance dans la vie et pourtant, elle cache tant bien que mal des nombreuses failles. Justement, j'ai parlé de la grand-mère, Balou, et de Valérie, la mère de Rose, de façon anecdotique ou secondaire, pourtant ce n'est pas vrai parce qu'elles ont vraiment leur place dans le roman. Ainsi, vous nous parlez de relations intergénérationnelles et de ce que cela peut apporter en complications aussi. Valérie, la mère de Rose, est représentative d'une autre génération de femmes. Mais curieusement, toutes ces femmes de trois générations différentes se sont battues, mais ont parfois du mal à se comprendre.
Katherine Pancol :
Elles ne se sont pas battues de la même manière, c'est à dire que Babou, la grand-mère elle, a survécu. Valerie, la mère, a pris son destin en main mais, du coup, elle a une vie sentimentale assez nulle. C'est un personnage intéressant parce qu'elle est très dure, assez antipathique. Mais en même temps, on sent qu'il y a une grosse faille et une grosse solitude qui n'est pas voulue, qui est subie. Alors que Rose a 28 29 ans, on a l'impression qu'elle fait des choix dans la vie, sauf quand, tout d'un coup, elle tombe amoureuse. Parce que là, tout se bouscule dans sa tête. Elle est à la fois libre et indépendante mais elle rêve d'un homme parfait avec qui elle pourra faire des Noëls avec des enfants au pied du sapin. Elle en a assez de ces deux antagonismes en elle. Elle souffre de ces deux images opposées : prendre un homme et le jeter, et en même temps, prendre un homme et le garder. Mais comment le garder ? Comment fait-on ? Est-ce que je perds ma liberté si je le garde ? Cela donne un conflit et des humeurs. Et en face, l'homme est beaucoup plus simple et à mon avis, il est un peu perdu. Leo est assez pragmatique et il ne comprend pas très bien ce qui se passe dans la tête de Rose.
Philippe Chauveau :
Je ne vais pas entrer trop loin dans l'intrigue mais on l'a bien compris. Il y a ces doutes, ces failles dans la vie de Rose que vous allez nous dévoiler au fil du temps, la difficulté des relations avec les hommes que peut rencontrer Rose dans ses relations. Au début, on s'amuse beaucoup, il y a une vraie légèreté. Vous êtes très crue dans les dialogues. Et puis, petit à petit, le roman va gagner en gravité, en intensité, parce que Rose va se découvrir. Elle va peut-être aussi découvrir certains secrets qu'elle ne soupçonnait pas. Comment avez-vous construit le livre? Est-ce que, parfois, les personnages vous ont déroutée, vous fait prendre des chemins que vous ne soupçonniez pas pour arriver à ce point final ?
Katherine Pancol :
Je travaille beaucoup les personnages avant d'écrire, mais je ne sais pas tout d'eux. Je sais à peu près 80% de ce qu'ils sont. Après, je les jette dans l'arène du livre, comme si je jetais des dés sur une piste. Alors, ils commencent à s'incarner. En fait, ce sont les personnages qui font l'action. Moi, même si je connais bien les personnages, je ne sais pas ce qu'ils vont faire au fur et à mesure. Ainsi, Rose est libre Rose de vivre sa vie. Moi, je suis juste là à l’observer, je suis un scribe. J'écris ce que je vois. Quand j'écris, j'ai une caméra dans la tête et je raconte ce que je vois. Et quand vous avez bien construit un personnage, c'est lui qui fait le récit. Donc, au bout d'un moment, je laisse faire et je rentre dans l'histoire comme le lecteur rentre dans l'histoire. Quand j’ai commencé, je ne savais pas du tout ce qui allait se passer dans ce livre.
Philippe Chauveau :
La gravité de certaines situations, de certains des thèmes que vous abordez et cette gravité que l'on sent avancer au fil des pages, vous l'avez laissé venir ou bien avez-vous cherché à chaque fois à la retenir pour que le roman ne devienne pas trop lourd ?
Katherine Pancol :
Non, moi, je laisse aller tant que c'est naturel pour le personnage. Il ne faut pas forcer les personnages, il ne faut pas les forcer à faire des choses qu'ils ne veulent pas faire parce que de toute façon, ça sonne faux. Quand vous écrivez un livre, en fait vous suivez les personnages, mais vous n'avez pas de chronologie, vous ne savez pas ce qu'il va se passer.
Philippe Chauveau :
Toute la force de votre écriture, que ce soit dans celui-ci ou dans certains des précédents titres, c'est d'aborder des sujets graves. Et puis, parfois en quelques lignes, par une petite pirouette littéraire, on retrouve la légèreté. C'est un peu la vision que vous avez de la vie ? C'est comme ça que vous avancez au quotidien ?
Katherine Pancol :
Oui, je pense qu'il faut rire de ses malheurs. Sinon, on est trop malheureux. Il faut prendre une espèce de distance de temps en temps sinon c'est le malheur qui l'emporte sur vous. Quand vous riez, vous êtes plus forte que ce qui vous arrive. Vous mettez une distance pour récupérer de la force. Et moi, j'aime bien ce côté-là qui mélange l'humour et le malheur. La distance et la fusion, j'aime bien ça.
Philippe Chauveau :
Que vous a-t-elle appris Rose ?
Katherine Pancol :
Je ne sais pas si Rose m'a appris quelque chose. Je crois que c'est plutôt moi qui apprend des choses à mes personnages. Je les révèle en les laissant vivre. Rose ne m'a pas tellement appris mais je crois que Rose va partir. Elle a vécu le temps d'un roman. C'était très bien, j'aimais beaucoup être avec elle, mais je crois qu'elle est en train de partir.
Philippe Chauveau :
En tout cas, voilà un joli personnage de roman que l'on garde longtemps en mémoire, cette fameuse Rose née sous la plume imaginative de Katherine Pancol. « Bed Bug », votre actualité Katherine, vous êtes publié chez Albin Michel. Merci beaucoup.