Patricia Delahaie a été pendant plusieurs années journaliste en presse écrite sur les thématiques sociétales et psychosociologiques. Tous ces sujets qui interpellent sur les liens entre individus, les relations humaines. De là sont nés plusieurs ouvrages consacrés à la vie familiale, aux relations de couple et au bien-être.

Le littérature jeunesse est aussi un sujet sur lequel Patricia Delahaie s’est longtemps penché, notamment en tant que chroniqueuse dans l’émission de France Télévison, « Les maternelles » dans laquelle elle évoquait les nouveautés de livres pour les enfants.

Et puis, dans cette activité déjà riche, avec un lien plus ou moins direct, les faits divers passionnent Patricia Delahaie qui s’interroge souvent sur le sort des victimes collatérales, dont on ne parle pas, qui subissent les contrecoups d’un fait divers. Ainsi nait son envie de se lancer en écriture dans le domaine du noir, du suspense et de l’intrigue.

C’est ainsi qu’on la retrouve dans le recueil de nouvelles « Déguster le noir » au milieu d’autres pointures telles Bernard Minier, Ian Mannock ou Sonja Delzongle.

Citons aussi « La faussaire », son premier roman, en 2022, pour lequel elle s’inspirait d’un authentique fait divers sinistre et pathétique pour le transformer en roman noir. Patricia Delahaie poursuit dans cette même veine avec « Un lundi de Pentecôte » aux éditions Belfond.

Nous sommes le 3 juin 1974, à Marseille. La petite Livia joue en bas de l’immeuble familial avec son petit frère Nino. La maman surveille depuis la fenêtre de la cuisine. Et pourtant, un moment d’inattention, une voiture qui passe, la fillette a disparu, on retrouvera son corps deux jours plus tard.

Le point de ce départ de ce livre est l’affaire Ranucci, reprise en son temps par Gilles Perrault, avec « Le pull-over rouge ». Cette affaire, qui avait ému la France entière à l’époque, c’est le crime d’une enfant par Christian Ranucci, ce fameux 3 juin 1974, un lundi de Pentecôte.

Ainsi, donc, en changeant les noms et les lieux, Patricia Delahaie s’empare de cette histoire vieille de 50 ans pour la décortiquer à son tour et nous montrer combien elle est intemporelle.

Ici, le présumé coupable s’appelle Loïc Peyrat, il a vingt ans, bien sous tous rapports. Et pourtant, son chemin va croiser celui de la petite Livia.

Habilement construit, nous entrainant dans l’ambiance des années 70, le roman de Patricia Delahaie, puisqu’il s’agit bien d’un roman, est dur, fort, haletant même si chacun connait la fin de l’histoire. La force du livre est de donner la parole à tous les protagonistes, du suspect aux parents de la victime, des journalistes aux policiers en passant par le petit frère de la fillette, sans oublier la mère du coupable, Louise, personnage finalement central de cette histoire abominable qui en refusant de voir qui était réellement son fils l’entraina inconsciemment vers l’échafaud. Rappelons-le, en 1974, la peine de mort avait cours en France et Christian Ranucci, qui a donc inspiré ce livre, a fini guillotiné.

« Un lundi de Pentecôte » de Patricia Delahaye est publié chez Belfond dans la collection Noir.