La littérature, Joël Dicker est tombé dedans quand il était petit. Une mère libraire à Genève, un père professeur de français. Forcément, ça laisse des traces ! Le gamin aurait pu évidemment faire un rejet et envoyer valer les livres qu’on lui mettait dans les mains. Au contraire, dès son adolescence, l’écriture devient un jeu. Il crée son propre magazine sur la nature qui’il fera vivre pendant sept ans, ce qui lui vaudra d’être désigné comme le plus jeune rédacteur en chef suisse par la presse helvète.

D’ailleurs, l’esprit du journaliste se cache un peu dans le romancier qu’est devenu Joël Dicker, lui qui d’un évènement très banal sait construire une histoire abracadabrantesque, lui qui adore décortiquer la psychologie de ses personnages.

Après la publication d’une nouvelle en 2005, un galop d’essai romanesque réussi en 2010 avec « Les derniers jours de nos pères », il est repéré par l’éditeur Bernard de Fallois et obtient un succès phénoménal avec « La vérité sur l’affaire Harry Québert ». Prix de la Vocation, prix Goncourt des lycéens, prix de l’Académie française, adaptation télévisée… Le jeune romancier aurait pu vaciller.

Au contraire, tout en restant accessible, il a su se préserver par une certaine discrétion, privilégiant l’écriture à la médiatisation.

La recette Joël Dicker : un point de départ qui ressemble à un banal fait divers, des intrigues diaboliquement bien ficelées, un suspense jamais mis en défaut, des personnages attachants mais ô combien retors, le tout porté par une écriture fluide, alerte, addictive qui vous procure des heures intenses, une lecture qui vous fait frissonner jusqu’au bout de la nuit.

Pour ce 7ème titre, « Un animal sauvage », on retrouve avec bonheur le style Dicker.

Le braquage d’une bijouterie de Genève un jour d’été 2022. Et puis très vite, deux gentilles familles, deux couples parfaits à qui la vie sourit, en apparence. Et puis les allers-retours dans le passé de ces protagonistes, la jalousie, la fascination, la suspicion, le grain de sable qui enraye l’apparente mélodie du bonheur. Et le lien avec ce cambriolage qui apparait en filigrane quand surgit un intrus qui fait vaciller tout ce petit monde.

Pour le lecteur, quel plaisir de se laisser embarquer dans une histoire qui le dépasse : des chausse-trappes, des personnages plus ambigus qu’il n’y parait, des rebondissements à foison et un final inattendu et maitrisé. Et au-delà de l’histoire qui nous est racontée, une fable féroce sur notre société, nos choix de vie, nos désillusions et le pouvoir des apparences.

Voilà un roman formidable qui va vous tenir en haleine. C’est un coup de cœur.

« Un animal sauvage » de Joël Dicker est publié aux éditions Rosie & Wolfe.