De son enfance solitaire, Jérôme d’Astier se souvient de son besoin d’évasion, de s’inventer d’autres mondes. Les livres piochés dans la bibliothèque familiale seront ses premiers voyages. Il se rêve poète mais devient enseignant. Il faut attendre 1995 pour que Jérôme d’Astier publie son premier roman, « Les jours perdus ». Dès ce premier titre, il laisse entrevoir ce qui fera sa singularité : écrire sur l’amour, quel qu’il soit, et mettre en scène l’enfance et l’adolescence. « Les bois de l’aube », « Mes frères », « Je parlerai de toi à mon ami d’enfance » font partie de sa bibliographie.

Et voici donc le nouveau et 10ème livre de Jérôme d’Astier, « Tendre hiver ».

Nous sommes dans les années 1970. Jean et Joseph sortent de l’adolescence. D’univers sociaux différents, ils se sont croisés et l’amitié est devenue de l’amour. Loin des convenances, pour échapper à des carcans familiaux dans lesquels ils étouffent, ils ont pris un train de nuit et les voilà, au petit matin, dans un village de Provence. Là, pendant plusieurs semaines, avec leurs maigres économies, ils vont apprendre à se découvrir et à s’aimer, dans une maison abandonnée qu’ils feront leur. Jean est fantasque et se pique de poésie quand Joseph est renfermé, taciturne et s’épanouit dans le dessin. Ils font de leurs différences une richesse commune.

Mais si Jean et Joseph ont choisi de venir se cacher dans ce village provençal, ce n’est pas par hasard. Non loin de là vit un écrivain célèbre et Jean rêve de le rencontrer pour lui présenter ses textes. Joseph accompagne Jean dans ses enthousiasmes. Mais l’arrivée de ce troisième homme dans leur histoire va faire basculer leur amour naissant.

Avec une grande finesse, beaucoup de pudeur et de sensibilité, Jérôme d’Astier nous raconte la fin d’un amour car dès les premières pages, le lecteur sait ce qu’il en est. En découle un texte bouleversant et nostalgique, tendre et drôle aussi face à ces deux jeunes gens qui apprennent la vie et ses fragilités. Et sur le thème mille fois répété du premier amour qui laisse une marque indélébile, voilà un roman court et fort qui parlera à chacun.

« Tendre hiver » de Jérôme d’Astier est publié chez Arléa.