Nicolas Robin
Roland est mort
Roland est mort, seul, dans son appartement. Son voisin se voit récupérer, contre son gré, le chien du défunt et son urne funéraire. Des cadeaux bien encombrants !
Solitude, isolement, individualisme. Et si l'on ouvrait un peu nos coeurs à ceux qui nous entourent !
Un joli roman, à l'écriture rythmée, à la fois drôle et tendre, teinté d'une douce poésie.
Nicolas Robin
Roland est mort
Présentation 2'21Lorsque l’on rencontre un jeune auteur qui fait ses premiers pas dans l’univers littéraire, c’est toujours assez touchant. Quand le livre est une petite pépite à la fois d’humour et d’émotion, on a forcément envie de partager son plaisir de lecture.
« Roland est mort » est le troisième titre de Nicolas Robin. Si ses deux premiers romans sont restés confidentiels, celui-ci fait partie de ces jolies surprises que réserve le monde du livre, à savoir un ouvrage qui sort sans tambour ni trompette, porté simplement par l’enthousiasme d’une maison d’édition d’abord, relayé par des libraires et enfin des lecteurs qui s’empressent de partager leur coup de cœur autour d’eux. Voilà ce qui se passe pour ce très joli roman de Nicolas Robin. « Roland est mort » donc.
Roland était un être solitaire, vivant avec son chien prénommé Mireille car Roland était fan de Mireille Mathieu. Roland est mort dans l’anonymat le plus complet, comme cela arrive parfois dans les fait-divers que relaie la presse. Sur le même palier vit un autre homme d’une quarantaine d’années, le narrateur, qui lui aussi est solitaire, un peu paumé après avoir été largué par sa copine. Il est chômeur, sans envie, sans avenir et il passe ses journées à mâter des pornos. Il ne connaissait pas Roland, son voisin décédé. C’est pourtant lui qui va hériter et du chien, Mireille, et de l’urne funéraire contenant les cendres de Roland.
Vous l’aurez compris, voilà un roman drôle, décalé, loufoque avec une galerie de personnages hauts en couleurs, attachants qui tous, ont leur fêlure. Une histoire bien plus sérieuse qu’on ne voudrait le croire dans laquelle l’auteur aborde la solitude, la famille, la norme sociale, la mise à l’écart quand tout s’écroule autour de vous. On s’amuse beaucoup à suivre notre anti-héros avec son caniche et son urne funéraire sous le bras mais on est aussi touché et ému par tous les messages que nous délivre l’auteur dans ce récit à l’écriture habile, visuelle, où chaque bon mot peut cacher une tournure poétique.
Un auteur à suivre, assurément, Nicolas Robin, et un roman qui est un vrai coup de cœur. Après ça, vous ne verrez plus votre voisin de palier de la même façon et vous n’écouterez plus Mireille Mathieu de la même façon !
« Roland est mort » de Nicolas Robin est publié aux éditions Anne Carrière.
Nicolas Robin
Roland est mort
Portrait 5'04Transcriptions
Roland est mort
de
Nicolas Robin
Portrait de l'auteur :
Philippe Chauveau : Bonjour Nicolas Robin.
Nicolas Robin : Bonjour.
Philippe Chauveau : « Roland est mort » c'est votre nouveau livre, c'est votre troisième romans, vous êtes publié chez « Anne Carrière ». On va faire un petit peu connaissance parce qu'il y a l'écriture certes, mais vous avez un autre métier , vous êtes souvent dans les airs, vous êtes steward.
Nicolas Robin : Tout à fait.
Philippe Chauveau : Comment est venu cette envie d'être steward ?
Nicolas Robin : C'est venu par hasard en faite... Je suis rentré en tant que steward à « Air France », il y a à peu près 16 ans, parce que je parlais bien anglais, parce que j'avais envie de voyage j'avais envie d'évasion. Donc ça été une évidence pour moi de devenir steward au départ .
Philippe Chauveau : Il y avait une autre envie je crois c'était le théâtre.
Nicolas Robin : C'était ma première vocation, c'était la comédie et j'ai suivie beaucoup d'ateliers de théâtre à la fois au collège , au lycée, à la fac et à Paris, dans le 20 ème au théâtre Pazzo, sous la direction de Claire Loiseau. Elle m'a fait découvrir Samuel Beckett, on avait mis en scène « Fun Party » et c'est ce que je faisais en loisirs.
Philippe Chauveau : Lorsque l'on a des envies de théâtre, lorsque l'on devient steward, comment en arrive-t-on à l'écriture ? Est ce que, lorsque vous partez en mission pour « Air France », vous avez toujours un livre dans votre besace, vous mettez à profit le temps libre entre deux escales pour lire ?
Nicolas Robin : Tout à fait.
Philippe Chauveau : Ca vient de ça un petit peu ?
Nicolas Robin : La lecture m'accompagne dans les voyages, et je crois qu'à la base en faite je dois être très rêveur, et donc le rêve c'est l'émerveillement et l'émerveillement passe par le voyage, la rencontre vers l'inconnu. Donc au delà du moyen de transport, le voyage c'est la lecture. Il y a eu toujours beaucoup de lecture qui m'a accompagné et de la lecture découle l'écriture.
Philippe Chauveau : Lorsque l'on prend l'avion on est confronté à tout un tas de personnages qui chacun leurs personnalités, leurs vies. Ca vous sert aussi dans votre écriture, dans votre inspiration, toutes ces personnes que vous croisez dans les avions ?
Nicolas Robin : Il y a beaucoup de rencontres qui se font avec les passagers avec les gens en général. J'aime aller vers les gens, et du coup oui c'est beaucoup d'observation, souvent c'est la meilleure plateforme de sociologie car on observe beaucoup de comportement, on écoute beaucoup d'histoires, les gens se confient beaucoup. Et du coup je fantasme un petit peu tout ce que j'entends et ça créé des histoires.
Philippe Chauveau : Je le disais, Roland est mort est votre troisième titre, il y a eu précédemment « Super tragique » et « Moi, bébé requin ». À quel moment l'envie d'écriture c'est imposé à vous ?
Nicolas Robin : Après le théâtre en faite. J'avais beaucoup de difficultés à suivre l'atelier de théâtre et en même temps de m'aligner sur mon planning de vol , donc j'ai arrêté le théâtre et j'ai commencé à sentir comme une petite frustration.. Peut-être un besoin de créativité, donc j'ai commencé à écrire ce que je ne pouvais jouer. Et j'ai conçu « Bébé Requin » avec des portes qui claquent, des mères super dépassées, des secrets bien enfouis... Au départ c'était juste un exercice pour moi, c'était une mise en scène. Le goût de la mise scène m'a amené à l'écriture et ça donné lieux à ce roman qui est un petit peu conçu comme une mini pièce de théâtre ou une mini série TV.
Philippe Chauveau : Que vous apporte l'écriture, parce qu'on imagine que la vie d'un steward c'est assez trépident, à toujours regardez les horaires, à toujours préparer ses valises... L'écriture est une sorte d'apaisement ? Comment pourriez-vous le définir ?
Nicolas Robin : Il y a beaucoup de fantaisies dans l'écriture et beaucoup de liberté. Dans mon métier tout est codifié, il y a beaucoup de procédure. Donc en faite, je pense que je développe beaucoup plus la fantaisie, la liberté, le lâché prise et je me donne complètement à la créativité.
Philippe Chauveau : « Roland est mort » est un livre qui est beaucoup porté par les libraires, il y a un vrai coup de cœur, même les lecteurs sont très attentifs à ce livre. C'est vraiment le genre de livre qu'on se passe en disant « tiens tu vas voir c'est très bien ». Comment vivez-vous tout cela, entre votre métiers de steward, la découverte du milieu littéraire, c'est de l'appréhension, c'est du plaisir, c'est un mélange des deux ?
Nicolas Robin : Quand on écrit un livre, il y a une volonté de partager donc on a envie évidemment que ce livre passe de main en main, qu'on en parle. Il y a eu un engouement par Philippe Fournier, la librairie, la maison de presse à Mérignac avec qui j'ai eu un bon contact et un bon retour.
Philippe Chauveau : Vos origines, vous êtes des landes.
Nicolas Robin : Oui, de l'Aquitaine. Forcément j'étais très content parce que c’était grisant. Ensuite c'est vrai Gérard Collard en a beaucoup parlé avec Valérie Expert... Et c'est beaucoup de plaisir, j'observe ce qu'il se dit... Et j'essaye de m'en détacher quand même, j'essaye de pas me laisser emballer par les éloges pour pas sombrer par les remontrances qui pourrait y avoir aussi.
Philippe Chauveau : Cela veut dire qu'il y a un autre projet derrière ou pour le moment vous savourez juste ce moment de rencontre avec le public. Vous avez commencé à écrire …. ?
Nicolas Robin : J'écris toujours beaucoup régulièrement, j'essaie toujours de trouver 2 heures par jours pour écrire. Mais je savoure l’instant présent et pour le moment je savoure cette rencontre avec « Anne Carrière », toute l'équipe à la maison d'édition et ce projet qui nous porte tous ensemble. C'est une belle aventure.
Philippe Chauveau : « Roland est mort », c'est votre nouveau titre Nicolas Robin aux éditions « Anne carrière ».
Nicolas Robin
Roland est mort
Livre 6'04Philippe Chauveau : Roland est mort pauvre garçon et cette nouvelle on nous la rappelle à chaque début de chapitre... C'est votre troisième titre Nicolas Robin.
Roland est mort c'est un homme, qui vivait seul dans son immeuble et c'est le voisin de palier qui finalement va récupérer et le chien et l'urne funéraire. C'est le voisin de palier que nous allons suivre, c'est lui le narrateur de cette histoire. D'où vient-elle d'ailleurs cette histoire, qui est ce fameux Roland ?
Nicolas Robin : Roland est mort a été inspiré de deux évènements marquants pour moi d'abord, après les lectures de faits divers. Ca nous est tous arrivé de tomber sur ces coupures de presse où on apprend que quelqu'un est mort près de chez vous. On a retrouvé son corps parce qu'on a été alerté par l'odeur pestilentiel sur le palier. Et le journaliste en générale ne lésine pas sur les détails pour dire qu'on a trouvé des corps en décompositions, le visage a moitié dévoré par le chat. J'ai trouvé souvent ces coupures de presse assez atroces et je me suis dit mais qui sont ces gens qui meurent comme ça tous seul chez eux . Comment on en arrive à se couper du lien social, au point que personne ni un membre de votre famille ni un ami ni un collègue de travail ne s'occupe de vous. Et ensuite il y a eu un incident dans mon quartier donc les pompiers sont intervenus, ils ont vidé tout l'appartement et le lendemain j'ai trouvé sur le trottoir un amas d'affaire pour ne pas dire un bordel. Et par terre il y avait des cassettes vidéos de films pornos des années 80 avec Brigitte Lahaie. J'ai jeté un œil évidemment, ça m'a fait sourire et je me suis dit tient on connait pas très bien ses voisins finalement ! Donc j'ai commencé à construire l'idée autour de ce fait divers tragique : quelqu'un meurt de l'autre coté de votre mur et vous y faite pas attention et vous ne le savez pas. Est ce qu'on peut se sentir coupable d’indifférence et dans quelle mesure la mort de quelqu'un qu'on connait pas finit par un petit peu vous envahir, vous obséder au point que ça détourne un petit peu votre chemin ça vous oblige à vous trouver face à votre propre existence.
Philippe Chauveau : En utilisant ce point de départ tragique vous auriez pu faire quelque chose dans la sensiblerie quelque de chose très pathos, au contraire vous avez voulu utilisez un ton très décalé, le ton de l'humour. Ce qui est important c'est que non seulement Roland vivez seul mais son voisin de palier aussi est un être solitaire, un être un peu paumé, ce narrateur qui va nous raconter cette histoire qui est-il ?
Nicolas Robin : C'est un homme de 40 ans qui tourne en rond chez lui entre ses bouteilles d'alcool et ses films pornos, c'est un homme qui s'ennuie un homme qui s'est coupé du lien social petit à petit.
C'est je pense un dépressif qui s’ignore en faite. Et donc la rencontre avec Roland même si il le rencontre pas vraiment, c'est son voisin qu'il ne connaissait pas, je pense Roland c'est une abstraction c'est en faite le reflet de sa propre existence et c'est en faite là deux solitudes qui se font face qui sont séparé par un mur porteur, mais qui vont finalement se rencontrer.
Philippe Chauveau : Je le disais vous avez choisis un ton très décalé vous avez choisi l'humour. Le chien s'appelle, le chien de Roland s'appelle Mireille et finalement ce petit chien c'est le voisin de palier qui va être obligé de le récupérer. On apprendra que le chien s'appelle Mireille car notre fameux Roland était fan de Mireille Mathieu. Ca vient d'où tout ça , pourquoi avoir eu envie de créer cet univers complètement décalé.
Nicolas Robin : Les idées elle viennent de son expérience donc en faite j'ai toujours aimé quand les personnes appelle leur chien par des prénoms humains ça m'a toujours fait rire. Il y avait dans mon quartier une voisine elle avait appelait son cocker Myriam et je trouvais que ce chien avait une tête triste parce que les cockers ont souvent ce regard triste. Et je me suis toujours dit que ce chien est triste parce qu'il s'appelle Myriam. Donc au départ c'est vrai que le chien s'appelait Myriam, dans la première version, et puis finalement j'ai choisi Mireille et Mireille m'a fait pensé à Mireille Mathieu et j'ai fais de ce Roland un fan de Mireille Mathieu. Ca cible une époque ça cible toute une culture. Ce Roland il était fan de chansons populaires alors que le voisin est lui plutôt dans le rock alternatif ou l'électro indépendant, donc forcément la chanson populaire c'est tout ce qu'il déteste.
Philippe Chauveau : À chaque page on oscille entre le sourire entre le rire et puis aussi une certaine tristesse parce que les personnages que vous nous dépeignez ont tous des fêlures, ont tous des cassures. Il y a aussi la famille de Roland avec sa sœur, la grand mère, ils sont tous très fragile et il y a un moment on est pris d'empathie pour ces personnages, on ose même plus rire d'eux.
Nicolas Robin : En faite j'ai beaucoup vu ….
Philippe Chauveau : On sent que vous aimez vos personnages...
Nicolas Robin : Les comportements des gens me fascine et ça je le tiens du cinéma. J'ai beaucoup absorbé les films de Woody Allen quand j'étais adolescent, et j'ai découvert avec Woody Allen que ce qui fonctionne en terme de comédie, c'est quand personne est là pour montrer au meilleur de ce qu'il est. Donc c'est difficile aussi de pas sombrer dans la caricature. Mais dans le livre c'est possible. La mère est super dépassée, la sœur est complètement égocentrique, le père est absent … Donc, il y a beaucoup de gens névrosés...
Philippe Chauveau : Derrière ce ton décalé, cet humour, c'est aussi une peinture au vitriol de notre société avec ses travers... Est-ce à dire que vous portez un regard sévère sur notre monde, est-ce à dire vous avez peut être même peur d'une certaine solitude... ? Est-ce que derrière le rire il y a autre chose ?
Nicolas Robin : Il y a un regard sévère je crois … Cynique et même désabusé parfois parce que je trouve que la vie est austère, la vie telle qu'on la voit dans les médias, quand vous vous levez le matin et que vous regardez les journaux, vous faites une revue de presse , parfois vous avez envie de vous recoucher. Et je pense qu'en faite, on ne peut pas vivre sans illusion, ce qui est intéressant c'est de trouve le moyen de vivre en inventant des illusions. Donc ce que j'essaye de faire à travers le livre est de désamorcer souvent des faits divers ou des moments dramatiques et tragiques avec humour.
Philippe Chauveau : Avez-vous envoyé votre livre à Mireille Mathieu, votre livre dédicacé à Mireille Mathieu ?
Nicolas Robin : Oh ! J'adorerais ! J'adorerai lui envoyer le livre !
Philippe Chauveau : En tout cas c'est un gros coup de cœur, ça s'appelle « Roland est mort » votre troisième titre Nicolas Robin, c'est un livre qui fait du bien, c'est un livre qui fait réfléchir et c'est un livre après lequel on ne regarde pas son voisin de palier de la même façon. Merci beaucoup.
Nicolas Robin : Merci beaucoup.
Philippe Chauveau : « Roland est mort », vous êtes publié chez « Anne Carrirère » .
Nicolas Robin
Roland est mort
L'avis du libraire 1'42