Hypokhâgne, khâgne, une licence d’histoire, un diplôme à l’institut d’études politiques de Paris, voilà le brillant parcours d’Arnaud Delalande. Mais c’est surtout à son imagination fertile et à ses divers talents auxquels nous allons nous intéresser. Repéré par la célèbre éditrice Françoise Verny, Arnaud Delalande publie son premier roman en 1998, « Notre Dame sous la terre », un thriller ésotérique qui connait un joli succès et reçoit plusieurs prix. C’est dans cette veine du roman noir historique...
Memory d'Arnaud Delalande - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Arnaud Delalande.
Arnaud Delalande :
Bonjour Philippe.
Philippe Chauveau :
Merci d'être avec nous pour une double actualité « Memory », aux Editions du Cherche-midi, un thriller. Et puis il y a cette bande dessinée « Notre Dame de Paris La nuit de feu ». C'est vrai que vous êtes un petit peu touche à tout puisque vous êtes auteur de romans et scénariste pour des bandes dessinées. Vous collaborez aussi au monde du cinéma, de la télévision également pour des scenarii. Si vous deviez...
Memory d'Arnaud Delalande - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Dans ce nouveau titre, Arnaud Delalande, « Memory », déjà la couverture est très parlante et ça donne envie, forcément, de se plonger dans cette histoire. Nous allons faire connaissance avec une jeune flic. Elle s'appelle Jeanne Ricker. Elle vit à Annecy, dans ce bel endroit. Elle a bel appartement qui donne sur le lac. Elle ne va pas très bien dans sa vie, Jeanne Ricker, qui est elle, cette jeune femme qui va être l'héroïne de ce roman?
Arnaud Delalande :
C'est quelqu'un qui se pose justement des...
Memory d'Arnaud Delalande - Livre - Suite
Arnaud Delalande
Memory
Présentation 00'02'52"Hypokhâgne, khâgne, une licence d’histoire, un diplôme à l’institut d’études politiques de Paris, voilà le brillant parcours d’Arnaud Delalande. Mais c’est surtout à son imagination fertile et à ses divers talents auxquels nous allons nous intéresser. Repéré par la célèbre éditrice Françoise Verny, Arnaud Delalande publie son premier roman en 1998, « Notre Dame sous la terre », un thriller ésotérique qui connait un joli succès et reçoit plusieurs prix. C’est dans cette veine du roman noir historique qu’il va publier plusieurs titres dont « La musique des morts » ou encore « Le piège de Dante » dans la Venise du XVIIIème siècle et « Les fables de sang » avec un tueur en série semant la terreur dans les jardins de Versailles sous le règne de Louis XVI et Marie-Antoinette. Ces deux titres entamant la saga de « L’orchidée noire » avec un héros récurrent, Pietro Viravolta, fine lame et espion discret, sorte de James Bond du XVIIIème siècle. On citera aussi le très remarqué « Piège de Lovecraft », thriller fantastique paru en 2015 qui reçoit le prix du roman fantastique francophone.
Mais Arnaud Delalande est un touche à tout. Outre ces romans alliant habilement le l’intrigue policière et la saga historique, il est aussi un scénariste réputé dont le nom apparaît aussi bien sur des génériques de films que sur des couvertures de bandes dessinées. Il participe notamment au film d’animation d’Antoon Krings, « Drôles de petites bêtes » sorti en 2017. Quant à la bd, c’est avant tout sur des scenari d’intrigues historiques qu’on le sollicite. « La jeunesse de Staline », « Aliénor la légende noire » ou « Catherine de Medicis, la reine maudite » permettent de porter un autre regard sur ces personnages du passé.
L’actualité d’Arnaud Delalande est double justement. Il vient de publier chez Glénat cette bande dessinée, « Notre Dame de Paris, la nuit de feu » qui raconte minute par minute l’incendie du 15 avril 2019 mais revient aussi sur la grande histoire de la cathédrale au fil des siècles.
Et dans un tout autre registre, le nouveau polar d’Arnaud Delalande est aussi une réussite. Sur les traces d’une jeune femme flic cherchant à oublier une enfance chaotique, nous voilà embarqués au cœur des montagnes enneigées des Alpes, dans un établissement hospitalier où les patients sont traités pour leur perte de mémoire. Dans cet univers oppressant, un suicide a eu lieu devant huit témoins. Mais aucun d’eux ne s’en souvient. Et notre jeune femme flic s’aperçoit bien vite que ce suicide est un crime déguisé.
Une écriture alerte, une intrigue bien ficelée, une réflexion sur la mémoire et le passé et au final, un roman qui se dévore de la première à la dernière page.
« Memory » d’Arnaud Delalande est publié aux éditions du Cherche-midi.
Arnaud Delalande
Memory
Portrait 00'06'01"Philippe Chauveau :
Bonjour Arnaud Delalande.
Arnaud Delalande :
Bonjour Philippe.
Philippe Chauveau :
Merci d'être avec nous pour une double actualité « Memory », aux Editions du Cherche-midi, un thriller. Et puis il y a cette bande dessinée « Notre Dame de Paris La nuit de feu ». C'est vrai que vous êtes un petit peu touche à tout puisque vous êtes auteur de romans et scénariste pour des bandes dessinées. Vous collaborez aussi au monde du cinéma, de la télévision également pour des scenarii. Si vous deviez vous définir Arnaud Delalande, que diriez-vous? Qui êtes vous?
Arnaud Delalande :
Je pense, même si c'est un mot à la mode en ce moment, que je dirais artiste-auteurs. C'est l'appellation du moment, parce que l'écriture s'applique à beaucoup de domaines et d'autant plus aujourd'hui. On pourrait penser qu'avec l'invasion de l'image, ça tend à se réduire et c'est l'inverse qui se produit. Donc, j'ai énormément de plaisir. C'est une grâce infinie que de pouvoir travailler à la fois sur un roman tout en travaillant sur la bande dessinée, et un projet de cinéma. Ça, c'est formidable.
Philippe Chauveau :
Mais c'est l'écriture qui est au cœur de votre activité. Artiste-auteur, j'aime bien cette définition. Et pourtant, au départ, ce n'était pas forcément la voie dans laquelle on pouvait vous imaginer puisque vous avez fait khâgne, hypokhâgne. Vous avez fait des études politiques. Vous avez une maîtrise d'histoire.
Arnaud Delalande :
Une licence à Sciences Po et une licence d'histoire.
Philippe Chauveau :
Donc beaucoup d'études pour finalement retrouver un romancier et un scénariste.
Arnaud Delalande :
Oui, mais vous savez, chassez le naturel, il revient au galop. J'étais tenaillé par le dessin, par l'écriture, par l'image depuis l'enfance. Donc j'ai fait un peu diversion, sur la recommandation paternelle et maternelle, à qui je rends grâce aussi. C'était la tactique du plan A - plan B. J'ai fait mon plan B, qui consistait d'abord à bétonner un peu au niveau des études pour pouvoir ensuite avoir les moyens de mes ambitions je ne sais pas, mais de pouvoir plus sereinement tenter l'aventure artistique.
Philippe Chauveau :
Vous êtes quelqu'un de pugnace puisqu'aujourd'hui, le résultat est là. On vous retrouve en librairie aussi bien au rayon bandes dessinées que dans les romans. Et effectivement, le cinéma qui fait aussi partie de votre vie puisque vous avez collaboré à des scenarii sur plusieurs films, que ce soit des films d'animation, des longs métrages ou des ou des courts métrages. Aussi, je reviens sur le romancier que vous êtes. On flirte souvent avec la grande histoire. Et puis, on sent aussi une appétence pour tout ce qui touche à l'ésotérisme ou au thriller, aux enquêtes, aux énigmes. C'est un petit peu ça aussi, votre marque de fabrique c'est de créer des énigmes?
Arnaud Delalande :
Oui, disons que j'avais été très impressionné, comme beaucoup par Umberto Eco, évidemment, et puis par Thérèse Robertet, « Le tableau du maître flamand ». C'était tout à fait le genre d'univers qui me passionnait. Mon premier roman qui s'appelle « Notre-Dame sous la terre », parle aussi une énigme autour d'un tableau. Donc, j'étais un peu sous influence. Mais c'était cette idée aussi qu'on a un patrimoine culturel qui est extraordinaire en Europe et particulièrement en France. C'était l'idée de marier cette espèce d'exigence du véhicule culturel avec l'efficacité à l'anglo-saxonne et donc de pouvoir tisser des énigmes qui convoquerait l'histoire mais qui serait lisible de manière, à la fois exigeante, avec un contenu et en même temps sous forme d'énigmes, donc ludiques, avec ce qu'on appellerait aujourd'hui sous forme de « page turner » un peu ou on a envie de connaître la suite. Bref, de marier un petit peu ces deux dimensions. C'est dire l'efficacité du polar à l'anglo-saxonne et la dimension historique qui nous est propre. Je trouvais qu'il y avait un espace là qui était. D'ailleurs, je n'étais pas le seul, parce qu'il y a deux d'illustres prédécesseurs, Ken Follett, et des très grands. C'était en tout cas la direction dans laquelle je voulais travailler.
Philippe Chauveau :
Et sur la bande dessinée? L'envie est un peu la même puisque c'est pareil vos bandes dessinées, en tout cas, les titres sur lesquels vous collaborez, il y a souvent une influence de la grande histoire.
Arnaud Delalande :
Oui, il y a bien un goût particulier pour ça, certainement à la reconstitution. De manière générale, c'est toujours Fabrice Del Dongo à Wattrelos, dans la chartreuse de Parme, c'est à dire l'idée que vous avez le jeune homme ou la jeune femme, qui est jeté au milieu de la guerre et de la grande histoire. Et on va assister à des événements qui nous dépassent à travers ce petit œil qui lui est, on dirait caméra à l'épaule, avec un regard à hauteur d'homme. Et tout à coup, ça permet d'avoir une porte d'entrée extraordinaire dans la reconstitution ou la résurrection des événements. Donc, j'aime beaucoup ce travail effectivement de réappropriation de l'histoire. C'est un travail sur la mémoire, là aussi, un thème auquel je suis très sensible.
Philippe Chauveau :
On l'a évoqué, il y a la bande dessinée, il y a l'écriture romanesque, il y a les scenarii pour le cinéma ou la télévision. Néanmoins, quel serait le fil rouge puisque ce sont trois écritures différentes, mais c'est bien le même Arnaud Delalande. Quel est le fil rouge?
Arnaud Delalande :
Il n'y a pas de doute. Je pense que c'est d'abord un amour de l'écriture et plus largement de la transmission. Et quand je parle de mémoire, ce n'est pas qu'une thématique vaine ou de circonstance et que vraiment, je pense que ça ne va pas rentrer dans des discussions métaphysiques. Mais on meurt à un certain âge et l'enjeu du progrès n'est pas l'enjeu simplement du progrès technologique ou c'est l'enjeu du progrès de la conscience morale aussi. Et comme on a une mémoire courte parce qu'on meurt vite et bien ce retour sur la réappropriation de l'histoire, on peut dire que ce sont des thèmes aussi qui sont d'actualité, parfois brûlants. Mais l'histoire, la mémoire, ce qui fait l'identité et la transmission sont des thèmes qui me sont très chers, d'autant plus quand je suis devenu papa.
Philippe Chauveau :
Une double actualité en ce qui vous concerne, Arnaud Delalande, avec ce thriller, aux Éditions du Cherche midi, ça s'appelle « Memory ». Et puis, dans un autre registre, vous collaborez à cette bande dessinée chez Glénat, « Notre-Dame de Paris, la nuit de feu ».
Arnaud Delalande
Memory
Livre 00'08'27"Philippe Chauveau :
Dans ce nouveau titre, Arnaud Delalande, « Memory », déjà la couverture est très parlante et ça donne envie, forcément, de se plonger dans cette histoire. Nous allons faire connaissance avec une jeune flic. Elle s'appelle Jeanne Ricker. Elle vit à Annecy, dans ce bel endroit. Elle a bel appartement qui donne sur le lac. Elle ne va pas très bien dans sa vie, Jeanne Ricker, qui est elle, cette jeune femme qui va être l'héroïne de ce roman?
Arnaud Delalande :
C'est quelqu'un qui se pose justement des problèmes de mémoire, mais d'une façon particulière, on va dire des preuves de filiation surtout. Parce qu'au début du livre, c'est en effet une jeune femme flic qui a tout à prouver. Il se trouve qu'elle a été adoptée car ses parents biologiques étaient des junky qui étaient déclarés "inconsistants", selon la terminologie juridique étrange, et donc elle a été remise à une famille adoptive. Le problème, c'est que au début du livre, son père adoptif vient de mourir, et il était flic. Donc elle a suivi un peu les traces paternelles. Elle n'a plus qu'une mère biologique, sa mère adoptive étant morte bien plus tôt, dont elle ignore tout et qu'elle ne veut surtout pas revoir a priori. Elle est en deuil au début du livre et elle est moitié alcoolique. Elle ne dort plus, elle a perdu tous ses repères. Elle a cette espèce d'enfance blessée qu'elle porte en elle, évidemment.
Philippe Chauveau :
Et puis, elle va être embarquée par son supérieur dans une enquête. C'est assez surprenant puisqu'on va l'emmener dans un centre de réhabilitation en haut de la montagne, alors que les conditions météo commencent à se dégrader. C'est un centre où on accueille des gens qui ont perdu la mémoire. Alors expliquez nous parce que c'est une maladie qu'on ne connaît pas très bien. Qui sont-ils, ces personnes qui sont dans ce centre?
Arnaud Delalande :
C'est partie d'un reportage que j'avais saisi comme ça à la volée sur France Télévisions, qui montrait justement un service, une unité pilote, parce que ça existe, il y en a quelques unes, qui se consacraient au suivi de patients atteints d'amnésie antérograde. C'est simple, l'amnésie antérograde c'est que vous avez cinq ou six minutes de mémoire vive, en quelque sorte. Et il ne s'agit pas de la maladie d'Alzheimer où il y a une dégénérescence progressive avec une perte d'orientation, et de mémoire, naturellement. Ici, il s'agit d’avoir vécu un trauma, par exemple tout à coup vous avez un accident de voiture, des lésions cérébrales, une rupture d'anévrisme. Et dès le moment où ça se produit, vous oubliez tout. Donc j'oublie tout à partir du choc, puis je ne retrouve que les six dernières minutes que je suis entrain de vivre, et c'est sans fin.
Philippe Chauveau :
Je le dis tout de suite votre livre est addictif parce que dès la première page, on est embarqué. Il y a l'ambiance aussi qui est là. Je l'ai dit, nous sommes à Annecy. Et puis après, on va monter dans ce centre perdu en pleine montagne. Il y a la neige qui va se mettre à tomber, qui va bloquer un peu tout le monde là haut. C'est très oppressant, mais forcément, quand on est lecteur de thriller, on adore ça. Et puis surtout, Jeanne Ricker va devoir enquêter puisqu'on a retrouvé un homme qui se serait suicidé, pendu et ont assisté à ce suicide huit personnes qui ont tout oublié puisqu'elles sont effectivement victimes d'amnésie antérograde. Jeanne Ricker va essayer de démêler le vrai du faux. Alors, quels sont les rouages quand on est un auteur de thriller? Comment avez vous écrit cette histoire?
Arnaud Delalande :
Ça nous embarquerait bien loin. Parce que, bien entendu, il y a d'abord une thématique, mais au delà, il y avait aussi à la fois cette exigence de ce thriller, c'est à dire de pouvoir tenir. J'allais dire un rythme parce que ça veut dire un certain tempo quand même. Mais en même temps, ce qui m'intéressait et je me trahit très volontiers dans le livre, vous l'avez vu, c'est toute cette dimension de mémoire et de la communauté, de ces gens qui ont tous un drame individuel, qui ont tous, à des âges différents, subi un trauma particulier et qui se retrouvent en effet tout à coup unis par un drame dont eux mêmes ignorent tout parce qu'ils l'oublié. En plus, quand Jeanne arrive, c'est la réalité de la situation, elle trouve en effet un pendu et on lui dit il y a eu huit témoins oculaires. « Qu'est ce que je fais là? Si il y a huit témoins c'est plié. - Non, non, mais pas du tout. Vous n'avez pas bien compris les huit témoins ils ont tous vu mais ils se souviennent de rien. »
Philippe Chauveau :
Et puis, très vite, on va comprendre que ce suicide n'en est sans doute pas un. Elle va essayer de savoir ce qui s'est réellement passé. Et puis l'intérêt, c'est qu'on l'a dit, Jeanne Ricker est aussi une jeune femme qui est pleine de fêlures. Et forcément, son drame personnel vient se répercuter sur le drame qu'elle est en train de vivre au sein de cette institution.
Arnaud Delalande :
Exactement. C'était l'idée, c'est à dire que, d'une certaine manière, on voudrait oublier. Elle a refoulé une partie de ses souvenirs d'enfance les plus douloureux. Cette mère qu'elle veut plus voir, qui est pourtant le seul lien qui lui reste avec sa filiation réelle. Et puis les autres, au contraire, donneraient tout pour se souvenir et revenir à une vie. Évidemment, ça l'interroge parce qu'elle va être jetée au milieu de ses drames personnels. Donc, elle rentre dans un espèce d'univers totalement halluciné, de perte de mémoire, évidemment, puis au milieu de la neige qui, en effet, va symboliser un peu cette perte de soi et cet égarement de la mémoire où tout deviens uniforme comme un mur blanc.
Philippe Chauveau :
Voilà un thriller oppressant à souhait, un vrai bon moment de lecture. Lorsque vous allez en librairie chercher le livre d'Arnaud Delalande, vous irez aussi faire un petit tour au rayon des bandes dessinées puisque c'est votre autre actualité. Là, on change complètement de registre. Vous avez collaboré avec Yvon Bertorello et Cédric Fernandez pour publier chez Glénat « Notre-Dame de Paris La nuit du feu ». Comment est né ce projet ? Ce qui est intéressant, c'est que vous avez fait le scénario de cette bande dessinée. Vous allez nous raconter le drame d'avril 2019, quasiment minute par minute. Et puis, on a aussi, tout en parallèle, la grande histoire de Notre-Dame de Paris, comment est née cette cathédrale connue dans le monde entier. D'où vient le projet de ce livre, estampillé Stéphane Bern, d'ailleurs?
Arnaud Delalande :
Justement, ça vient en partie de lui. C'est à dire qu'il se trouve que le soir du drame en question, moi, je donnais un cours rue Dante, ça ne s'invente pas, à cent mètres de là. Et donc, on fait une pause. On sort, on voit la fumée, on se précipite, on se dit que ça doit être des maisons en face, etc. Ce qui était déjà grave. Et puis là, tout à coup, effarement, il y a la fumée jaune, les premiers camions de pompiers qui arrivent, les lances qui sont trop courtes, alors ça retombe au dessous. On se dit ça va être une catastrophe, donc émotion générale. Bref, je n'en fais pas le film, si j'ose dire. Et le lendemain, je reçois un coup de fil d'Yvon Bertorello, qui revenait du sud de la France et qui me dit « Il faut absolument qu'on fasse quelque chose. J'en ai parlé à Stéphane Bern. Il serait d'accord. On va essayer de monter un partenariat avec la Fondation Notre-Dame pour qu'un euro soit reversé pour la reconstruction. Est-ce que tu veux écrire le scénario? » Évidemment, j'ai dit oui tout de suite. On a cherché Cédric Fernandez, qui a fait un travail remarquable et assez acrobatique dans un temps record. On a travaillé avec Cédric, j'allais dire en temps réel avec cette idée qui était particulière, c'est à dire pas seulement 24 heures chrono du moment. On est vraiment au cœur de l'incendie et c'était l'idée. C'était la difficulté du point de vue du scénario. On voulait aussi restituer toute la portée historique, patrimoniale et symbolique de l'événement. Et d'où cette mise en abime avec des flash back historiques réguliers qui permettent de mettre en lumière les grands moments de la cathédrale et donc souligner ce qu'on risquait de perdre ce soir là, c'est à dire des siècles d'histoire, notre histoire. Notre-Dame de Paris, c'est un ancrage mémoriel. On a vu l'émotion soulevée par des gens qui n'avaient jamais mis les pieds à l'international.
Philippe Chauveau :
Ce qui est très fort, c'est que par la qualité des dessins et puis par le scénario que vous avez écrit, on retrouve cette intensité. On est vraiment au cœur de l'évènement et le parallèle avec la grande histoire est vraiment très, très bien rendu. C'est un vrai coup de cœur. Je précise que dans les dernières pages, il y a l'historien Jean-Pierre Cartier, qui apporte des éléments très pédagogiques
Arnaud Delalande :
C'est ça et bien entendu, le concours de Stéphane Bern, dont on sait l'intérêt pour le patrimoine et qui est notre porte étendard aussi sur ce projet.
Philippe Chauveau :
Voilà donc une belle réussite. « Notre-Dame de Paris, La nuit du feu », c'est aux éditions Glénat et vous signez le scénario de cette bande dessinée. Et puis, à titre plus personnel, je rappelle ce nouveau triller, glaçant à souhait, ça s'appelle « Memory », publié aux Éditions du Cherche midi. Merci Arnaud Delalande.
Arnaud Delalande :
Merci beaucoup à vous.