Le 1er septembre 1715, à Versailles, Louis XIV rendait son dernier soupir, au terme d'un règne de 72 ans. 300 ans plus tard, de nombreux événements et plusieurs ouvrages viennent saluer la mémoire du Roi Soleil. Mais c'est une autre facette de ce règne que je vous invite à découvrir, qui elle aussi brilla et joua son rôle dans le théâtre de la monarchie. La reine Marie-Thérèse d'Autriche. Qui était-elle cette femme malmenée par la vie et aussi par son auguste époux ? Quel fut sa place, son influence, son parcours ? Le...
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Philippe Chauveau :
Bonjour Joëlle Chevé !
Joëlle Chevé :
Bonjour !
Philippe Chauveau :
Vous publiez chez Pygmalion « Marie-Thérèse d'Autriche », ça tombe bien, car c'est le tricentenaire de la mort de Louis XIV. Vous parlez de cette femme qui a grandi dans l'ombre de Louis XIV on va y revenir. Mais c'est d'une autre femme dont je voudrais vous parler, vous en l'occurence ! Qui êtes-vous Joëlle Chevé ? On vous connait en tant qu'historienne, les lecteurs d' « Historia » vous retrouvent tous les mois dans ce...
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Philippe Chauveau :
1715 - 2015, c'est le tricentenaire de la mort de Louis XIV, il y a de nombreuses cérémonies, de nombreux ouvrages, des commémorations qui vont nous rappeler cet événement. Mais à coté de Louis XIV il y avait une reine, Marie-Thérèse et c'est le sujet de votre ouvrage aux éditions Pygmalion, Joëlle Chevé pourquoi vous êtes vous intéressée à ce personnage, Marie Thérèse d'Autriche ?
Joëlle Chevé :
Alors je vais être franche avec vous, à la base c'était une commande. Parce que précisément,...
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Joëlle Chevé
Marie-Thérèse d'Autriche
Présentation 1'33Le 1er septembre 1715, à Versailles, Louis XIV rendait son dernier soupir, au terme d'un règne de 72 ans. 300 ans plus tard, de nombreux événements et plusieurs ouvrages viennent saluer la mémoire du Roi Soleil. Mais c'est une autre facette de ce règne que je vous invite à découvrir, qui elle aussi brilla et joua son rôle dans le théâtre de la monarchie. La reine Marie-Thérèse d'Autriche. Qui était-elle cette femme malmenée par la vie et aussi par son auguste époux ? Quel fut sa place, son influence, son parcours ? Le livre de Joëlle Chevé répond brillamment à toutes ces questions et nous dévoile l’image d’une femme bien plus intéressante qu'on a jusqu'à présent voulu nous le faire croire. Une reine dans l’ombre de Louis XIV, près du soleil, peut-être trop près du soleil...
Joëlle Chevé est historienne, diplômée de l'Université de Paris, auteur de plusieurs ouvrages notamment « Les grandes courtisanes » en 2012.
Chroniqueuse en presse magazine, Joëlle Chevé est aussi une plume bien connue des lecteurs de la revue mensuelle « Historia ».
Avec précisions et rigueur mais aussi avec une plume alerte et enjouée, Joëlle Chevé nous entraine des sombres couloirs de l’Escurial, le palais royal espagnol aux jardins enchantés de Versailles sur les traces d’une femme qui eut le malheur d’être reine. A la mort de son épouse, Louis XIV « C'est le premier chagrin qu'elle m'ait causé ».
Dans la collection « Histoire des reines de France » publiée par Pygmalion, voici donc « Marie-Thérèse d'Autriche » écrit par Joëlle Chevé.
Joëlle Chevé est sur WTC.
Joëlle Chevé
Marie-Thérèse d'Autriche
Portrait 5'54Philippe Chauveau :
Bonjour Joëlle Chevé !
Joëlle Chevé :
Bonjour !
Philippe Chauveau :
Vous publiez chez Pygmalion « Marie-Thérèse d'Autriche », ça tombe bien, car c'est le tricentenaire de la mort de Louis XIV. Vous parlez de cette femme qui a grandi dans l'ombre de Louis XIV on va y revenir. Mais c'est d'une autre femme dont je voudrais vous parler, vous en l'occurence ! Qui êtes-vous Joëlle Chevé ? On vous connait en tant qu'historienne, les lecteurs d' « Historia » vous retrouvent tous les mois dans ce magazine, d'où vous vient cette passion pour l'Histoire ?
Joëlle Chevé :
En fait, j'ai commencé par faire de la géographie au départ ce qui m'a passionnée, car c'était de grandes théories mais la géographie régionale, j'ai trouvé ça moins drôle. J'étais plutôt littéraire, j'avais fait du grec et du latin, du coup en deuxième année je me suis réorientée vers l'histoire !
Philippe Chauveau :
Y-a-t'il dans l'enfance, dans l'adolescence, une étincelle qui a jailli en vous ?
Joëlle Chevé :
Oui, je crois que ça a joué, dans la mesure où j'avais une mère très cultivée, j'avais beaucoup de livres à disposition à la maison. On nous faisait visiter, enfants, tous les musées, tous les châteaux, et j'aimais ça !
Philippe Chauveau :
Avez-vous eu l'envie d'enseigner ou êtes-vous plutôt l'historienne qui cherche et écrit dans les bibliothèques ?
Joëlle Chevé :
J'ai un petit peu enseigné, mais très peu, il se trouve que la vie a fait que je n'ai plus fait d'histoire pendant une quinzaine d'années et quand j'ai voulu m'y remettre, c'est vers la recherche que je me suis tournée. Je viens de finir des travaux sur la noblesse qui était un sujet qui revenait à la mode et mes travaux concernaient la noblesse dans le Périgord car c'est là que je résidais à cette époque. Donc j'ai vraiment réinvesti l'histoire par le biais de la recherche
Philippe Chauveau :
Comment travaillez-vous, êtes-vous « un rat de bibliothèque » ?
Joëlle Chevé :
On croit que c'est un travail très austère, en fait c'est nos meilleurs moments ! Les moments en bibliothèque ou en archive. Les archives, ce sont quand même les lieux où l'on fait le plus de découvertes, parfois l'on trouve des documents qui n'ont pas été ouverts depuis 200, 300 ans. Je dirais que ce sont les moments les plus vivants !
Philippe Chauveau :
A l'heure où l'enseignement de l'Histoire est assez malmené, quels sont les conseils que vous donneriez à un jeune qui voudrait devenir historien ?
Joëlle Chevé :
Vous savez, c'est souvent un professeur qui crée le déclic, ça a été le cas pour moi en terminal, sinon il y a le roman historique. Je défends le roman historique, car un bon roman historique peut vraiment créer un déclic !
Philippe Chauveau :
Ce qui veut dire qu'on peut être historienne et goûter le romanesque ?
Joëlle Chevé :
Oui tout-à-fait ! Un beau roman historique qui vous transporte dans un autre temps et souvent on dit qu'il faut qu'il y ait une relation avec le contemporain et bien pour moi non je ne le pense pas !
Philippe Chauveau :
Justement vous évoquez le romanesque, est-ce que dans votre écriture vous y pensez à ça ? Au-delà de la recherche, de la rigueur historique, est-ce que vous pensez à votre plume ?
Joëlle Chevé :
Alors c'est étonnant, parce que beaucoup de gens me disent qu'avec le type d'écriture que j'ai, je devrais écrire des romans. Mais j'en suis incapable ! Parce que écrire des romans, c'est accepter de combler les vides de l'Histoire, de combler les silences et de parler à la place de... Alors je suis bavarde mais je n'arrive pas à parler à la place de... Par contre ce qui m'intéresse, c'est d'être imbibée de la langue d'une époque, de lire tous les mémorialistes et souvent je me suis surprise à écrire avec des tournures de phrases du XVII ème siècle.
Philippe Chauveau :
Aujourd'hui vous publiez « Marie-Thérèse d'Autriche », il y a quelques temps vous avez publié un autre livre sur les courtisanes. Entre une reine dont l'image est assez austère et les courtisanes, y a-t-il cette volonté d'écrire avant tout sur les femmes ?
Joëlle Chevé :
Je pense que Marie-Thérèse m'a amenée à m'interroger précisément parce que personne ne s'occupait d'elle alors qu'elle avait été reine de France pendant 22 ans. Et c'est là que ce grand silence sur l'Histoire des femmes, je l'ai touché de très près !
Philippe Chauveau :
Et aujourd'hui, quel est le sujet sur lequel vous travaillez, qui fera peut-être l'objet d'un prochain ouvrage ?
Joëlle Chevé :
Disons que je travaille sur les premières dames mais là de façon tout-à-fait historique, aussi donc de la deuxième République à aujourd'hui.
Philippe Chauveau :
Elle fut une première dame à sa façon, c'est votre actualité Joëlle Chevé, « Marie-Thérèse d'Autriche » aux éditions Pygmalion.
Joëlle Chevé
Marie-Thérèse d'Autriche
Livre 6'04Philippe Chauveau :
1715 - 2015, c'est le tricentenaire de la mort de Louis XIV, il y a de nombreuses cérémonies, de nombreux ouvrages, des commémorations qui vont nous rappeler cet événement. Mais à coté de Louis XIV il y avait une reine, Marie-Thérèse et c'est le sujet de votre ouvrage aux éditions Pygmalion, Joëlle Chevé pourquoi vous êtes vous intéressée à ce personnage, Marie Thérèse d'Autriche ?
Joëlle Chevé :
Alors je vais être franche avec vous, à la base c'était une commande. Parce que précisément, personne ne s'était intéressé à elle, il y avait donc un trou dans cette collection sur les reines de France, personne n'avait fait la femme de Louis XIV. Comme vous le savez, elle a été extrêmement caricaturée depuis plus de 300 ans.
Philippe Chauveau :
Laide, bigote, sotte...
Joëlle Chevé :
Oui, alors elle n'était rien de tout ça, elle n'était pas le contraire de tout ça non plus. Je n'en fais pas une beauté radieuse comme Madame de Montespan, elle n'avait certainement pas l'intelligence de Madame de Maintenon. Mais dans la mesure où j'ai étudié les 22 ans qu'elle passe en Espagne, elle est la fille du roi d'Espagne Philippe IV et ce que tout le monde oublie, c'est qu'elle a été pendant plus de dix ans, l'héritière du trône d'Espagne. Elle est donc élevée pour régner et tout le monde a oublié ça. C'est pour ça qu'une grande partie du livre insiste sur la formation de Marie-Thérèse, cette formation religieuse, à laquelle aucune princesse de l'époque n'échappait. Elle avait peut être une dévotion plus baroque, mais certainement pas austère, ça c'est une légende ! C'était une fille très gaie au contraire, très amoureuse de Louis XIV, et très portée sur les joies de la vie conjugale. Donc une image au point de vue du caractère qui est totalement fausse. Tous les ambassadeurs racontaient à quel point elle menait la cour de façon extrêmement gaie. Mais voilà, Louis XIV la trompait et pendant quelques années, on a eu le droit à une reine complètement dépressive et jalouse. Mais comment le lui reprocher ?
Philippe Chauveau :
Ce qui est passionnant dans votre ouvrage, c'est que non seulement, vous nous parlez de Marie-Thérèse d'Autriche, mais vous nous parlez aussi de Louis XIV et un roi un peu différent, parce qu'il aime sa reine, il l'aime mal certes, mais il l'aime.
Joëlle Chevé :
Bien entendu qu'il l'aime, d'abord tout les réunit : ils ont le même âge, ils ont les même grands-parents malgré une guerre qui va s'arrêter au moment du mariage.
Philippe Chauveau :
Il l'aime et il lui fait confiance !
Joëlle Chevé :
Il l'aime et il lui fait confiance, ce qui est exceptionnel dans l'histoire des Bourbons et des Habsbourg, rappelez-vous que Anne d'Autriche a carrément trahi le Royaume avec l'affaire des lettres espagnoles de 1637. Et les ministres de Louis XIV lui ont dit de se méfier parce que c'était une Habsbourg. Les princesses Habsbourg sont censés renseigner leur famille sur ce qui se passe dans les cours européennes et elle ne l'a jamais fait. Elle ne l'a pas fait parce qu'elle était loyale envers Louis XIV mais aussi parce que son père le lui avait demandé. Et ce, afin que sa fille ne fasse pas de concurrence aux filles de son second mariage. Et toute la guerre de succession d'Espagne est là, avec ce mariage avec louis XIV.
Philippe Chauveau :
Ce que vous nous expliquez aussi par ce livre, c'est que si Marie-Thérèse d'Autriche a une mauvaise image, c'est parce que à la cour, elle ne donne pas de passe-droit. Elle a vraiment joué son rôle de reine à la perfection.
Joëlle Chevé :
Son adoration pour Louis XIV fait qu'elle ne distribuait pas les grâces, elle ne prenait pas d'initiatives, elle n'a pas créé de contre-cour qui aurait pu s'opposer à l'autoritarisme de Louis XIV, elle était soumise, une soumission naturelle pour une princesse à l'époque. Elle était faite pour être reine, et si Louis XIV était mort en 1658 pendant sa maladie, elle aurait été prête à épouser son frère Philippe d'Orléans, parce que le seul destin qu'elle concevait c'était celui de reine.
Philippe Chauveau :
En travaillant sur ce personnage, vous a-t-elle surprise cette Marie-Thérèse ?
Joëlle Chevé :
Oui, je suis rentrée dans ce sujet avec les mêmes préjugés et j'ai découvert un autre personnage, en recontextualisant les sources, en balisant l'ensemble des informations, j'ai réellement découvert une autre femme.
Philippe Chauveau :
En cette période où nous évoquons souvent Louis XIV, puisque nous célébrons le tricentenaire de sa mort, il était intéressant et important d'évoquer cette reine, cette épouse. « Marie-Thérèse d'Autriche », c'est votre actualité Joëlle Chevé et vous êtes publiée aux éditions Pygmalion.