François-Guillaume Lorrain a décidément plus d’une corde à son arc. Journaliste pour le magazine Le Point, on l’a connu spécialiste du 7ème art. Il avait d’ailleurs écrit « Les enfants du cinéma » ou « L’année des volcans », mettant en scène le trio infernal Roberto Rossellini, Ingrid Bergman et Anna Magnani. S’intéressant aux destins individuels emportés par le vent de l’histoire, on lui doit aussi les beaux romans inspirés d’histoires vraies que furent « Le garçon qui courait », sur cet athlète...
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Philippe ChauveauBonjour François-Guillaume Lorrain
François-Guillaume LorrainBonjour.
Philippe ChauveauVotre actualité chez XO, Louis XIV, L'enfant roi, c'est peut-être un sujet sur lequel on ne vous attendait pas. On va bien sûr reparler de ce livre. Mais c'est vrai que, si je dis ça en préambule, c'est qu'on a connu François-Guillaume Lorrain plus dans le domaine du cinéma, plus dans le domaine de l'écriture journalistique et romanesque, avec parfois des sujets qui étaient très proches aussi de votre parcours personnel....
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Philippe ChauveauAvec ce nouveau titre, François-Guillaume Lorrain consacré à Louis 14, vous vous attaquez à un gros morceau. On le disait, c'est la première fois dans votre bibliographie que vous vous attaquez à un personnage historique aussi connu. Il y a eu un peu d'appréhension au départ ? Vous avez eu peur du regard des historiens patentés qui ont fait des des biographies énormes sur le Roi-Soleil ? Est-ce que vous avez peur de ça ou au contraire, vous vous êtes dit, allez moi, je prends ma plume d'écrivain et avec mon...
Rediffusion - Dimanche 21 avril de François-Guillaume Lorrain - Livre - Suite
François-Guillaume Lorrain
Louis XIV, l'enfant roi
Présentation 00'02'33"François-Guillaume Lorrain a décidément plus d’une corde à son arc. Journaliste pour le magazine Le Point, on l’a connu spécialiste du 7ème art. Il avait d’ailleurs écrit « Les enfants du cinéma » ou « L’année des volcans », mettant en scène le trio infernal Roberto Rossellini, Ingrid Bergman et Anna Magnani. S’intéressant aux destins individuels emportés par le vent de l’histoire, on lui doit aussi les beaux romans inspirés d’histoires vraies que furent « Le garçon qui courait », sur cet athlète coréen qui représenta le Japon aux Jeux Olympiques de 1936 à Berlin ou encore « Vous êtes de la famille », dans lequel l’auteur retraçait le parcours d’un homme fusillé sur un trottoir parisien pendant la seconde guerre mondiale et dont il ne reste aujourd’hui qu’une plaque commémorative.
Enfin, observateur attentif de la société et du monde qui l’entoure, François-Guillaume Lorrain a aussi utilisé ses souvenirs familiaux dans « L’homme de Lyon » ou « vends maison de famille ».
Il est aussi un passionné de la grande Histoire, publiant ainsi « Ces lieux qui ont fait l’histoire » en 2015 chez Fayard ou encore « Les grandes décisions de l’Histoire de France » chez Perrin en 2018. Mais jamais encore, il ne s’était attaqué à un personnage historique emblématique. Avec cet ouvrage sur Louis XIV, il dévoile encore une autre facette de son travail d’auteur. Il ne s’agit pas d’une énième biographie du Roi-soleil mais bien d’un récit romancé de l’enfance et de l’adolescence du jeune souverain. Et c’est là l’originalité du propos. François-Guillaume met en lumière les premières années du plus célèbre des rois, celles de la Fronde, des trahisons, des complots, celles de l’apprentissage du pouvoir, celles des premières décisions, des premières compromissions. Se basant sur une solide documentation mais gardant la veine romanesque en imaginant les échanges entre les principaux protagonistes, l’auteur fait aussi le choix de plusieurs moments-clés qui ont, selon lui, façonné celui qui régna sur l’Europe pendant plus de 70 ans.
Mais au-delà du jeune monarque, et c’est là le lien avec la plupart de ses précédents titres, François-Guillaume Lorrain nous parle surtout de la fragilité de l’enfance, de la perversité des adultes face à l’innocence, de la destinée d’un parcours qui se forge sur les premières années.
Un nouveau regard sur Louis XIV avec cet excellent livre de François-Guillaume Lorrain, « Louis XIV, l’enfant roi » aux éditions XO.
François-Guillaume Lorrain
Louis XIV, l'enfant roi
Portrait 00'05'28"Philippe Chauveau
Bonjour François-Guillaume Lorrain
François-Guillaume Lorrain
Bonjour.
Philippe Chauveau
Votre actualité chez XO, Louis XIV, L'enfant roi, c'est peut-être un sujet sur lequel on ne vous attendait pas. On va bien sûr reparler de ce livre. Mais c'est vrai que, si je dis ça en préambule, c'est qu'on a connu François-Guillaume Lorrain plus dans le domaine du cinéma, plus dans le domaine de l'écriture journalistique et romanesque, avec parfois des sujets qui étaient très proches aussi de votre parcours personnel. C'est vrai que la grande Histoire vous collait peut-être moins à la peau. Et pourtant, en tant que journaliste, notamment au Point, vous avez déjà écrit sur l'histoire. Et puis, il y a eu les lieux qui ont fait l'histoire chez Fayard, entre autres. Mais vous êtes quand même un homme multi-facettes, me semble t-il. Quel est le point commun ? Quel est le dénominateur commun au delà de l'écriture avec un E majuscule ?
François-Guillaume Lorrain
Sans doute l'idée d'aller chercher soit sur des sujets très connus comme Louis XIV, des zones d'ombre ou des moments moins explorés, soit aborder l'histoire, puisque là on est avec l'histoire, aussi par un biais qui est un peu négligé. Je me rends compte que souvent, je prends des chemins de traverse par rapport à l'Histoire. Je n'arrive jamais à rentrer dans le moule de l'écriture historique classique.
Philippe Chauveau
Je l'ai dit en préambule. Le cinéma a fait et fait encore aussi partie de votre vie, même en écriture. Il y avait eu des enfants du cinéma. Il y avait eu l'année des volcans, le cinéma et la grande Histoire. Il y a des ponts, il y a des parallèles, il y a des points communs ?
François-Guillaume Lorrain
Dans l'année des volcans qui était consacré au trio, au triangle infernal Roberto Rossellini, Anna Magnani, Ingrid Bergman. A travers le récit de deux films, Stromboli et Vulcano, qui avait été tournés au même moment sur deux îles volcaniques face à face avec pour résumer, Rossellini quittant Magnani pour Ingrid Bergman, la grande Histoire était très présente et c'était une des raisons pour lesquelles je m'étais plongé dans cette histoire-là, c'est parce que c'était le début de la chasse aux sorcières. C'était les répercussions des débuts de la chasse aux sorcières. C'était aussi la confrontation entre Hollywood, une Amérique qui allait assez bien après la Deuxième Guerre mondiale, et une Italie complètement ravagée par le fascisme et la guerre. Donc, il y avait tout ce substrat derrière, historique, qui faisait que ce n'était pas simplement une histoire de cinéma ou une histoire passionnelle.
Philippe Chauveau
Il y avait la grande Histoire qui était en arrière plan.
François-Guillaume Lorrain
Oui, et qui mettait une pression, mais ils vont être victimes d'une sorte de peoplisation qui commence à ce moment-là, dans les années 40 donc, il y avait aussi une dimension sociétale.
Philippe Chauveau
On l'aura compris, vous partez toujours de faits authentiques. Il n'empêche, votre plume est résolument romanesque, même lorsque vous parlez plus ou moins de vous, de votre univers, que ce soit dans L'élève troublé, que ce soit dans Vends maison de famille. Vous restez dans la plume romanesque. Pourquoi par exemple, en 95 avec L'élève troublé, puis après, avec d'autres titres qui ont suivi; pourquoi avoir eu besoin de parler de moments de votre vie, d'exprimer certains moments de votre vie dans lesquels chacun peut éventuellement se reconnaître ? Et là encore, est-ce qu'il y a un lien avec la grande Histoire ?
François-Guillaume Lorrain
Oui, il y a un livre qui est très important. J'avais publié 3-4 livres dans les années 90. J'ai arrêté d'écrire, puis je me suis remis à écrire avec ce qui précédait Vends maison de famille, qui est L'homme de Lyon et qui était...
Philippe Chauveau
Un lien avec votre père là encore
François-Guillaume Lorrain
Oui. Qui était une enquête sur l'enfance de mon père. J'avais reçu avec ma soeur une éducation extrêmement particulière où l'ombre de la Seconde Guerre mondiale, comme dans beaucoup de familles françaises, planait, mais de manière indicible. Mon père était un artiste du flou ou un expert du flou artistique. Mais on sentait que les zones d'ombre étaient à creuser entre 40 et 45. Il était un enfant à ce moment là... Vous posiez la question pourquoi je bascule ? Parce que je pense qu'il y a un dialogue formidable à établir entre l'Histoire et les recherches qu'on peut faire sur tel ou tel sujet. Et puis notre imagination qui phosphore, qui extrapole, qui interprète et qui part dans certaines directions.
Philippe Chauveau
Il y a l'écriture journalistique, il y a l'écriture romanesque. On l'a dit. Mais pourquoi l'écriture a-t-elle une telle importance ? Parce qu'elle est l'un des moteurs de votre existence si j'entends bien. Pourquoi ce besoin de l'écriture, ça vous protège ? Ça vous apaise ?
François-Guillaume Lorrain
Non ça ne m'apaise pas parce que ça met plutôt en danger, au sens où ça m'oblige à une seconde vie professionnelle. Donc, c'est en plus toujours. Mais c'est un besoin d'histoire, c'est un besoin d'échapper à quelque chose, à la réalité, et c'est ces histoires qu'on va chercher qui vont être comme des univers dans lesquels on va pouvoir s'installer et qu'on va pouvoir reconstituer.
Philippe Chauveau
Votre actualité François-Guillaume Lorrain, Louis XIV L'enfant roi, c'est aux Éditions XO.
François-Guillaume Lorrain
Louis XIV, l'enfant roi
Livre 00'06'03"Philippe Chauveau
Avec ce nouveau titre, François-Guillaume Lorrain consacré à Louis 14, vous vous attaquez à un gros morceau. On le disait, c'est la première fois dans votre bibliographie que vous vous attaquez à un personnage historique aussi connu. Il y a eu un peu d'appréhension au départ ? Vous avez eu peur du regard des historiens patentés qui ont fait des des biographies énormes sur le Roi-Soleil ? Est-ce que vous avez peur de ça ou au contraire, vous vous êtes dit, allez moi, je prends ma plume d'écrivain et avec mon écriture romanesque, je raconte Louis XIV ?
François-Guillaume Lorrain
Non, je n'y ai pas trop pensé parce que je m'arrête à ses 15 ans. Si j'avais abordé la prise de pouvoir en 1661 quand il avait 23 ans, ou la période versaillaise, ou les guerres, là, évidemment, j'aurais été confronté à toute une littérature historique très sérieuse, très solide. Et je ne l'aurais pas fait, en fait, je pense.
Philippe Chauveau
Alors, vous le dites, c'est l'enfance et l'adolescence de Louis XIV qui vous ont intéressées. Il devient roi très jeune. À la mort de Louis XIII, il y a la régence qu'il avait prise. Il y a quelques ministres, quelques éminences grises qui vont vivre autour de lui. Il va y avoir la fronde. Vous nous rappelez tout ça. Qu'est-ce qui vous fascine dans l'enfance de Louis XIV ?
François-Guillaume Lorrain
Alors j'y suis revenu par les gilets jaunes au départ, parce que pour mon travail de journaliste, j'ai mis le nez il y a un an et demi sur les différentes émeutes en France dans le passé. Il y a la Fronde, évidemment. Et c'était un moment compliqué où il y a plusieurs contestations, une convergence des luttes qui se met en place. Et en regardant toute cette période, je me suis dit, il y a un enfant dans tout ça, un peu plongé dans une mer de requins, et je me suis dit tiens mais comment est-ce qu'il a vécu cette tourmente, ces turbulences, ces bouleversements ?
Philippe Chauveau
Vous l'avez dit, il s'agit bel et bien d'une écriture romanesque. C'est le choix que vous avez fait. Il ne s'agit pas d'une biographie à proprement parler sur les premières années de Louis XIV. La force du livre, c'est sa construction, des chapitres courts. Vous faites un focus sur certaines scènes, sur certains moments, avec un titre très explicite. Et puis, le choix de l'écriture romanesque, agrémentée de dialogues de votre intention, mais qui s'inspirent de toutes les recherches que vous avez pu faire. Comment avez-vous construit le livre ? Quels étaient les dangers, justement, d'ajouter des dialogues entre tous ces personnages historiques ? Quels ont été vos choix de départ ?
François-Guillaume Lorrain
Je voulais d'abord tracer un arc assez précis, assez clair, une ligne claire. C'était vraiment de partir de la nuit de sa conception, on voit le bébé qui a déjà des gouvernantes, un peu tout le décorum mis autour de lui, alors qu'il est dans une sorte d'inconscience de la petite enfance, de la prime enfance, cette petite chose écrasée. Et puis, Louis XIV est un enfant impérieux qui ne rit jamais et qui ne se laisse jamais aller, qui n'est pas enjoué et qui a la conscience très tôt de sa charge et du poids de sa charge.
Philippe Chauveau
Un mot sur les dialogues puisque vous avez fait le choix des dialogues. Comment les avez-vous conçus ?
François-Guillaume Lorrain
Avant, j'ai écrit une pièce de théâtre qui se passe quasiment au même moment, sur les adieux entre Louis XIII et Richelieu, donc deux-trois ans avant, 1640-1642 sur fond de conspiration de Cinq-Mars. J'ai un plaisir fou parce que la langue du XVII ème, c'est une langue forte, il y a une force. Elle vous oblige, elle en impose. Elle a une simplicité et une sobriété qui me va très bien, vers laquelle je vais. Je ne vais pas du tout vers la langue du 18ème, du 19ème, mais là, ça me vient naturellement. Et c'est une langue où à la fois il y a beaucoup de force, et de violence, mais une violence très maîtrisée, très contenue, très enrobée et très guindée, très corsetée. On dit que le roman, c'est de sonder les cœurs et les reins. Et bien là, les cœurs sont très agités et une manière de les faire résonner c'est évidemment par ces dialogues. Moi, j'ai toujours conçu ça comme des matchs de boxe, mais des matchs de boxe à fleurets mouchetés.
Philippe Chauveau
Je le disais au tout début de cet entretien, on ne vous attendait peut-être pas avec un livre sur Louis XIV, mais quand on connaît votre parcours d'auteur, il y a ce point commun, c'est l'enfance qui vous intéresse. C'est l'enfance qui revient dans la plupart de vos titres. Si je gomme Louis XIV, si je gomme le fait qu'il va devenir le Roi Soleil, l'un des plus grands monarques français, c'est l'histoire d'un enfant qui grandit dans la violence, violence des événements avec la fronde qui ressemble à une guerre civile, violence avec les trahisons qui se font jour tout autour de lui, un enfant qui grandit sans son père puisque Louis XIII va mourir lorsqu'il sera très jeune. Vous nous parlez de la fragilité et de la violence qui entourent cet enfant. Finalement, vous nous dites que ce que l'on est quand on est adulte, en fonction de ce qu'on a été lorsque l'on est enfant, c'est le cas Louis XIV ?
François-Guillaume Lorrain
Oui, exactement. Et on retrouve cette idée de la violence sur le corps d'un pouvoir, quel qu'il soit, que ce soit politique, familial, royal ou celui de l'époque pour Louis XIV.
Philippe Chauveau
Une nouvelle vision de Louis XIV à travers sa jeunesse. Louis XIV, l'enfant roi. C'est aux éditions XO. C'est votre actualité François-Guillaume Lorrain. Merci beaucoup.
François-Guillaume Lorrain
Merci beaucoup.