Vingt ans, vingt titres. Depuis son premier roman « En l’absence des hommes » en 2001, Philippe Besson est devenu un incontournable des librairies et bénéficie d’un lectorat fidèle, attaché à son écriture sensible et à la diversité de ses histoires. D’hier ou d’aujourd’hui, en France, aux Etats-Unis ou ailleurs, les personnages de Philippe Besson ont tous leur particularité et pourtant, tous nous parlent, tous nous touchent car ils nous ressemblent.
Philippe Besson le reconnait volontiers, il écrit sur les...
Un soir d'été de Philippe Besson - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Philippe Besson.
Philippe Besson :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Le dernier enfant chez Julliard, c'est votre actualité. Vingtième titre, déjà avec une belle aventure qui a commencé en 2001. On va beaucoup parler de l'enfance, de l'adolescence, de l'enfant qui quitte la maison, c'est le thème de votre livre. Justement, quels souvenirs de votre enfance et de votre adolescence gardez-vous ? C'est la fragilité qui serait un peu le maître mot de cette adolescence ?
Philippe Besson :
Je ne pense...
Un soir d'été de Philippe Besson - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Philippe Besson vous nous présentez ce nouveau titre, avec cette belle couverture qui est pleine de nostalgie. On verra d'ailleurs si la nostalgie a sa place dans ce livre. Cet enfant qui marche sur la plage, à côté de cette femme qui est sans doute sa mère. Nous faisons connaissance avec un trio. Il y a le jeune Théo, il y a Anne-Marie et Patrick, ce sont les parents. Théo a envie de prendre un petit peu le large. Il a eu son bac et il a choisi de partir en fac dans la ville d'à côté, à une quarantaine de...
Un soir d'été de Philippe Besson - Livre - Suite
Philippe Besson
Le dernier enfant
Présentation 00'02'21"Vingt ans, vingt titres. Depuis son premier roman « En l’absence des hommes » en 2001, Philippe Besson est devenu un incontournable des librairies et bénéficie d’un lectorat fidèle, attaché à son écriture sensible et à la diversité de ses histoires. D’hier ou d’aujourd’hui, en France, aux Etats-Unis ou ailleurs, les personnages de Philippe Besson ont tous leur particularité et pourtant, tous nous parlent, tous nous touchent car ils nous ressemblent.
Philippe Besson le reconnait volontiers, il écrit sur les sentiments et quoi de plus beau pour un lecteur que lorsqu’il a l’impression que le livre a été écrit pour lui ou raconte sa propre existence.
« Son frère », « Les passants de Lisbonne », « Vivre vite », « Un homme accidentel », « Se résoudre aux adieux », sont quelques-uns des titres qui forment aujourd’hui la belle bibliographie de Philippe Besson. Et on en redemande…
Voici « Le dernier enfant ».
Dans une petite commune de province, c’est la fin de l’été. Théo a 18 ans, le bac en poche, il va partir à la grande ville pour suivre ses études. Il s’est trouvé un petit studio.
Pour ses parents, c’est la fin d’une époque. Si Patrick, le père et mari, taiseux et renfrogné, cache tout ressenti, Anne-Marie la mère ne cache pas son désarroi. Ou plutôt, si, elle le cache mais le narrateur transperce son cœur. Car dans cette famille, on ne dit pas les choses, on ne se dit pas qu’on s’aime, on n’évoque les souvenirs, bons ou mauvais.
Mais pour Anne-Marie, dont le petit dernier quitte le nid, rien ne va plus. Que va-t-elle faire, que va-t-elle devenir, quelle sera son rôle, son utilité. Et au-delà de ces questions, pour Anne-Marie, qu’a été sa vie, quels furent ses rêves et ses renoncements, a-t-elle été heureuse et peut-elle encore prétendre l’être.
Le livre de Philippe Besson est beau, touchant, sensible, émouvant et nostalgique
Un roman d’une grande justesse sur la famille et le temps qui passe, sur ce bonheur fragile qui passe tous feux éteints comme disait le poète. Une histoire douce amer sur un thème universel : ouvrir le passage à ceux qui nous suivent en leur ayant donné les atouts pour construire leur propre vie.
« Le dernier enfant » de Philippe Besson est publié chez Julliard.
Philippe Besson
Le dernier enfant
Portrait 00'06'21"Philippe Chauveau :
Bonjour Philippe Besson.
Philippe Besson :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Le dernier enfant chez Julliard, c'est votre actualité. Vingtième titre, déjà avec une belle aventure qui a commencé en 2001. On va beaucoup parler de l'enfance, de l'adolescence, de l'enfant qui quitte la maison, c'est le thème de votre livre. Justement, quels souvenirs de votre enfance et de votre adolescence gardez-vous ? C'est la fragilité qui serait un peu le maître mot de cette adolescence ?
Philippe Besson :
Je ne pense pas la fragilité, au contraire, mais une sorte de bonheur insouciant. J'ai vécu une enfance très protégée dans un petit village de Charente qui s'appelle Lamerac, qui n'existe plus puisqu'à la faveur des recoupements administratifs, cette commune a fusionné avec celle d'à côté. Je viens d'un village qui n'existe plus, c'est assez curieux. C'était au milieu des vignes. On habitait à l'école puisque mon père était instituteur et le monde extérieur n'existait pas. Il n'y avait pas Internet, on ne regardait pas la télé, donc j'en garde plutôt un bon souvenir. La seule particularité, c'est le silence sur les sentiments. Je viens d'une famille où on ne parle pas, où on ne dit pas les choses. On est très taiseux, très taciturne. Rétrospectivement, je comprends que c'est pour faire un sort à ce silence sur les sentiments que je suis moi-même devenu écrivain et que j'écris autant sur le sensible. On s'aimait sans se le dire, c'était ça l'enfance.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous parlez de cette enfance et de cette adolescence dans une petite commune avec les vignes, on sent que les paysages sont importants, que les ambiances comptent. Et on le ressent aussi dans votre écriture. Vous étiez un contemplatif, vous vous imprégnez de ces moments ?
Philippe Besson :
Oui, j'aimais bien regarder. La géographie a une importance considérable. Pour moi, ce qu'il y a dans le regard a de l'importance. Être cerné par cette campagne de la Charente, les vignes à perte de vue ou plus près de moi, les tilleuls de la cour de récréation, la glycine sur la grille autour de l'école, tout ça avait de l'importance. Plus tard, la route que j'empruntais pour descendre au collège ou au lycée, même les cimetières. Parce que, curieusement, j'étais un enfant qui aimait aller devant les tombes. Tout ça, c'est des paysages dont je suis très imprégné. Même les ciels plombés d'automne ou d'hiver de ma Charente. Tout ça me reste, on ne se débarrasse jamais de ses origines et du lieu des origines.
Philippe Chauveau :
Avant votre premier livre, en 2001, en l'absence des hommes, il y a eu un parcours professionnel dans des univers complètement différents de ceux de la littérature. Saviez-vous néanmoins que l'écriture serait présente d'une façon ou d'une autre dans votre vie ?
Philippe Besson :
Je ne savais pas que je deviendrais écrivain. Mais l'écriture était là. Quand j'avais 16-17 ans, j'écrivais des poèmes qui étaient tous très mauvais, j'imagine, ou des chansons qui étaient elles aussi très médiocre. Mais en tout cas, il y avait ça. Et puis après, surtout à partir de l'âge de 25 ans, je me suis mis à écrire des lettres parce que j'adore l'idée de la correspondance. J'adore cette idée qu'une lettre à l'époque mettait du temps à aller vers quelqu'un, parce qu'encore une fois, il n'y avait pas de téléphone portable, pas de SMS. Donc on écrivait à la main, on ne savait pas quand les gens la recevrait. Et il y a une personne à qui j'ai écrit une lettre chaque jour pendant 11 années et qui m'a répondu sous le même rythme. Du coup, quand je me suis mis à écrire le premier livre en 99, le geste existait déjà. Je savais faire. Ce n'était pas comme une montagne à gravir, mais simplement c'est en 99 où je me dis tiens, je pourrais raconter des histoires. Alors qu'au fond, dans les lettres, je racontais ma vie. Et donc, c'est le moment où, tout d'un coup, l'imagination fécondent que j'avais quand j'étais enfant, tout d'un coup, je comprends que je peux en faire quelque chose, que les histoires qui traversent mon cerveau, je peux les mettre sur papier.
Philippe Chauveau :
Je reviens sur cet enfant que vous évoquiez, cet enfant, cet adolescent qui vivait dans une famille où l'on s'aimait, mais on ne savait peut-être pas se le dire. L'écriture a-t-elle été justement une façon pour vous de transmettre des sentiments à vos proches ? Et aviez-vous aussi conscience qu'en offrant vos livres au lecteur, vous alliez peut être aussi eux-mêmes les aider à dénouer certains nœuds sentimentaux ?
Philippe Besson :
Alors, on ne sait jamais l'impact que les livres auront sur les gens. D'abord, on écrit dans une grande solitude, dans une forme de sauvagerie. On est enfermé dans ce qu'on est en train de faire. Le dehors et le monde extérieur n'existent pas. Ce qui va arriver quand le livre sera donné au public, on n'y pense pas vraiment à ce moment-là. En revanche, c'est vrai que moi, j'écris des livres qui fonctionnent sur l'empathie, sur l'identification, ou sur la proximité avec l'histoire que je suis en train de raconter. Donc, j'ai toujours l'espoir, effectivement, que certains se reconnaissent ou que certains se disent : « ah ben moi aussi, je suis passé par là » puisque comme j'écris sur le sentiment et que précisément, c'est la chose la mieux partagée au monde, toutes ces choses ont été vécues par tout le monde. Donc, je peux espérer que le lecteur ou la lectrice s'y retrouve. Mais ce n'est pas l'intention initiale, qui est de s'enfermer pour essayer de raconter l'histoire de la manière la plus juste, la plus plausible d'abord, et avec les mots peut être les plus simples, et qui visent le plus juste.
Philippe Chauveau :
Vingt ans pour votre parcours littéraire, vingt titres, parfois dans notre époque contemporaine, parfois des époques passées, en France, aux Etats-Unis, au Portugal, mais toujours les sentiments qui sont là. Avez-vous parfois l'angoisse de la page blanche ? C'est une question de bateau qu'on pose souvent aux auteurs. Mais c'est vrai qu'au rythme d'un livre par an, on se dit mais où trouve-t-il cette inspiration ? Est-ce que parfois, vous vous dites demain, j'écris quoi ?
Philippe Besson :
Non. Je n'ai pas d'inquiétude pour l'instant. Ça m'arrivera peut-être, mais jusque-là, les histoires sont arrivées facilement. Ce qui pourrait m'inquiéter, c'est que je ne sais pas d'où elles viennent. Le livre surgit un jour et la veille, il n'était pas là. Mais franchement, sur le moment où surgit une histoire vraiment comme une révélation, ça m'enchante parce que je comprends que je tiens un livre. Mais ça m'inquiète parce que je me dis "Ah, ça aurait pu ne pas arriver". Et je sais quand un livre est là. Je comprends à l'instant exacte que le livre est là. Après, il faut l'écrire. Mais ça, ce n'est pas la chose la plus compliquée de l'écrire. C'est juste d'attendre qu'il surgisse. Pour l'instant, ça surgit.
Philippe Chauveau :
Philippe Besson, un auteur essentiel. Le dernier enfant, c'est votre actualité chez Julliard.
Philippe Besson
Le dernier enfant
Livre 00'07'20"Philippe Chauveau :
Philippe Besson vous nous présentez ce nouveau titre, avec cette belle couverture qui est pleine de nostalgie. On verra d'ailleurs si la nostalgie a sa place dans ce livre. Cet enfant qui marche sur la plage, à côté de cette femme qui est sans doute sa mère. Nous faisons connaissance avec un trio. Il y a le jeune Théo, il y a Anne-Marie et Patrick, ce sont les parents. Théo a envie de prendre un petit peu le large. Il a eu son bac et il a choisi de partir en fac dans la ville d'à côté, à une quarantaine de kilomètres. Anne-Marie le vit assez mal. C'est le moment du déménagement où on va aller installer le fiston dans son studio. C'est une histoire que beaucoup de gens ont vécu, la séparation, parce qu'il y a un moment ou les enfants prennent leur envol. Comment nait-elle cette histoire ? Pourquoi avoir eu envie de parler de ça ?
Philippe Besson :
Elle nait parce que je suis moi aussi un fils qui est parti un jour. C'est à dire que j'ai eu 18 ans et j'ai quitté le domicile familial pour aller étudier à Rouen, la ville où j'allais passer les trois années qui suivaient. Et mes parents m'ont accompagné de la Charente jusqu'à Rouen, c'était un peu plus que 40 kilomètres, pour m'installer un studio où j'allais vivre. Et puis ils sont repartis. À la différence de Théo, moi, j'avais le cœur serré quand je les ai vus s'éloigner. Et surtout, quelque temps après, j'ai appris incidemment, parce que mon père a gaffé, que ma mère avait pleuré tout le voyage de retour. Donc cette image m'est restée. Elle et moi, je pense qu'on a dû mettre 20 ans à en parler quand même. Quand je vous disais que chez moi, on a du mal à parler des sentiments. Surtout, j'ai quand même compris qu'elle avait été plongée dans une forme de langueur et de désarroi. Donc, cette image m'est restée. J'avais envie aussi d'écrire autour de l'idée du vide, du vide d'une maison. C'est à dire l'idée qu'à un moment, quand on se sépare et quand vous rentrez dans la maison après la séparation, vous affrontez ce vide. C'est une chose extraordinairement concrète. Ce n'est pas du tout métaphorique, ce n'est pas du tout une idée ou une théorie. C'est juste que vous entrez dans l'appartement, dans la maison, et il y a du silence alors qu'il y avait du bruit. Il n'y a plus rien, alors il y avait du désordre. Il n'y a plus les posters dans la chambre. Il y a plus d’affaires dans les placards. Il faut se débrouiller avec ça, avec ce vide qui vous oppresse, qui vous écrase, qui vous appuie sur les épaules, qui vous fait vaciller. Je me suis dit il faut essayer de raconter au mieux ce sentiment-là de j'entre dans la maison et c'est fini. Et plus rien ne sera pareil. C'est ça qui fait que le livre existe.
Philippe Chauveau :
Je reprends l'expression, vous racontez une histoire puisque effectivement, c'est à la troisième personne. Vous nous parlez de ces trois, de ces trois personnages, sachant qu'il y en a deux autres puisque c'était une famille de cinq personnes. Mais les deux autres enfants sont déjà partis depuis un peu plus longtemps. Là, c'est le petit dernier qui quitte le nid. C'est vraiment le personnage d'Anne-Marie sur lequel le roman est centré. La fragilité d'une femme qui a peut-être mis de côté ses propres envies pour faire avancer sa famille.
Philippe Besson :
Oui, elle a mis tous les œufs dans le même panier, si je puis dire. C'est à dire qu'au fond, il y a une histoire qui explique ça. Elle perd ses parents alors qu'elle a 20 ans. Elle trouve un homme qui la rassure, elle l'épouse. Il y a des enfants tout de suite. Elle oublie d'être épouse, elle oublie d'être femme et elle devient seulement mère. Et elle va se consacrer à ça, dans quoi elle s'épanouit. Elle trouve son équilibre et son harmonie dans cette fonction maternelle. Sauf qu'au moment où, effectivement, le petit dernier s'en va, tout s'écroule pour elle, c'est à dire qui a ce sentiment de la perte et de l'abandon puisqu'il s'en va. Il y a le sentiment de l'inutilité, car j'avais une fonction, j'avais un rôle. Et désormais, qu'est-ce que je vais faire ? Il y a cette espèce de désarroi aussi sur la peur de vieillir et l'horizon inconnu qui s'ouvre devant elle. Qu'est ce qui m'attend maintenant ? Et précisément, comme elle a oublié un peu d'être femme, d'être épouse, d'être amante ? Il a fallu qu'elle réapprenne ces gestes, qu'elle refasse couple et donc des questions existentielles. Et puis, cette question toute bête, qui n’est pas forcément liée au fait d'être parent, qui est le temps a passé très vite et le temps a filé. Le temps qui reste est sans doute moins important que le temps que j'ai déjà vécu, il sera peut-être moins intense que celui que j'ai déjà vécu. C'est évidemment le moment où on fait les comptes et elle ne regrette rien. Elle dit " On a été heureux quand même " et c'est le quand même qui est terrible. Oui, ça s'est bien passé, mais ça veut dire que c'est peut-être un peu fini. C'est là que ça nous ramène sans doute à la nostalgie ou à la mélancolie.
Philippe Chauveau :
C'est une histoire toute simple, une histoire intemporelle, une histoire universelle avec des personnages qui nous ressemblent sans doute par certains côtés. J'aimerais qu'on évoque le couple que forment Patrick et Anne-Marie. Vous le disiez, c'est une famille où on ne sait pas vraiment se montrer et se dire ses sentiments. Mais ils s'aiment, ces deux-là, malgré tout.
Philippe Besson :
Oui, ils s'aiment, mais je tenais à ça que ce soit une histoire simple et une famille ordinaire. Moi, je voulais que ce soit juste des gens normaux qui s'aiment sans se l'être dit, mais qui s'aiment et qui affrontent l'événement le plus prévisible qui soit et pourtant c'est comme un drame. C'est un drame intime et indicible, incommunicable, parce que précisément, ils ne savent pas parler.
Philippe Chauveau :
On retrouve dans ce roman toute la qualité, toute la sensibilité de votre écriture. Il y a l'histoire que vous nous raconter avec ces personnages. Et puis, il y a aussi l'ambiance que vous nous raconter puisque vous vous arrêtez sur la météo, sur le temps, sur les décors, sur ces géraniums ou sur cette pelouse, ou ces haies qu'il faut peut-être tailler. Tout a tout importance. Tout ce que nous croisons dans la vie et qu'on ne voit pas est là dans le livre tout prend de l'importance.
Philippe Besson :
Parce que je crois que l'essentiel est dans les détails, toujours. Tous mes livres, d'ailleurs, sont autour de cette idée-là. Je me méfie toujours des déclamations, des déclarations, de l'ostentation. Je préfère toujours le non-dit, les murmures, les sous textes, les choses qu'on ne dit pas vraiment, mais qui se révèlent dans des gestes maladroits parfois ou dans des routines de gestes ordinaires. J'aime bien cette idée. J'aurais pu dire elle aime son fils, et je dis elle lui prépare le petit déjeuner et c'est le dernier qu'elle lui prépare. Je trouve que c'est beaucoup plus terrible et tragique de dire que ce jour-là ce matin-là, c'est le dernier petit déjeuner qu'elle prépare. Plutôt que de dire elle l'aime et il s'en va. Je préfère ça aux grands discours et à l'ostentation. Ça m'agace beaucoup. Je préfère être un peu en dessous de la main.
Philippe Chauveau :
Revenons sur cette photo qui illustre la couverture. C'est une douce nostalgie, ce livre ?
Philippe Besson :
Oui, c'est ça. Mais la photo, ça dit ça aussi : l'enfant que j'ai été, la mère qu'elle a été, ma mère. Notre bord de mer à nous, c'était l'île de Ré. On y allait tous les étés. Il me semble, même si la photo n'est pas moi évidemment, mais ce me rappelle que j'ai été cet enfant et qu'elle a été cette femme, que nous marchions sur la plage les étés en revenant du camping ou en y allant. Oui, il y a forcément de la nostalgie et forcément un peu de mélancolie, l'idée que pour moi aussi, le temps a passé très vite.
Philippe Chauveau :
" Et parfois, il faut se détacher de ses parents pour s'apercevoir à quel point on tient à eux-mêmes si on le n'irez, y compris sous la torture." Voilà un livre à se passer dans les familles et qui peut être l'occasion de beaux échanges. Philippe Besson, c'est votre actualité, ça s'appelle Le dernier enfant. Vous êtes publié chez Julliard. Merci beaucoup.
Philippe Besson :
Merci.