Après un premier roman en 2016, « La concordance des temps » en 2016, Vladimir de Gmeline récidive avec ce nouveau titre "La mer en face". Et confirme un réel talent d’écrivain. Journaliste à Marianne, grand reporter, Vladimir de Gmeline a mis beaucoup de lui-même dans ce nouveau roman.
D’ailleurs, son personnage central, Philippe, qui nous raconte son histoire, a une cinquantaine d’années et, comme Vladimir de Gmeline, est journaliste. Après avoir parcouru le monde, il a posé ses valises. Après avoir fait éclater sa...
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Philippe Chauveau : Bonjour Vladimir de Gmeline.
Vladimir de Gmeline : Bonjour.
Philippe Chauveau : Vous êtes au cœur de cette rentrée littéraire avec votre deuxième roman, « La mer en face » aux éditions du Rocher. Vous êtes parallèlement journaliste. Etes-vous êtes davantage journaliste ou romancier ?
Vladimir de Gmeline : Mon métier c'est journaliste, je suis grand reporter à Marianne mais j'ai toujours voulu écrire et j'ai toujours écrit depuis que je suis petit, même avant l'adolescence. Je me suis tourné...
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Philippe Chauveau : Dans ce qui est votre deuxième roman Vladimir de Gmeline, « La mer en face », nous allons faire connaissance avec un homme d'aujourd'hui. Il s'appelle Philippe, il a une cinquantaine d'années et sa vie est un peu chaotique. Il a eu une première vie avec Claire, ils ont eu deux enfants, Yvan et Sacha et un jour, il décide de repartir sur d'autres bases avec la jeune Léa. Ils ont une petite fille qui s'appelle Charlotte. Tout pourrait bien se passer mais ce n'est pas aussi simple que cela. Qui est-il ce fameux...
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Vladimir de Gmeline
La mer en face
Présentation 2'03Après un premier roman en 2016, « La concordance des temps » en 2016, Vladimir de Gmeline récidive avec ce nouveau titre "La mer en face". Et confirme un réel talent d’écrivain. Journaliste à Marianne, grand reporter, Vladimir de Gmeline a mis beaucoup de lui-même dans ce nouveau roman.
D’ailleurs, son personnage central, Philippe, qui nous raconte son histoire, a une cinquantaine d’années et, comme Vladimir de Gmeline, est journaliste. Après avoir parcouru le monde, il a posé ses valises. Après avoir fait éclater sa famille pour une femme plus jeune, le voici avec la jolie Léa qui semble lui cacher bien des choses jusqu’à ce que des hommes inconnus de Philippe viennent la menacer dans leur maison de campagne. Que cache Léa.
Parallèlement, le narrateur éprouve le besoin de partir quelques jours en Allemagne sur les traces de son oncle décédé, ancien Waffen SS. Qui était-il, un simple soldat ayant fait son devoir ou au contraire, une machine à tuer, conscient des atrocités qu’on lui faisait commettre, notamment le massacre des juifs d’Europe de l’Est, abattus par centaine sur une plage de la mer Baltique. Enfin, quand Philippe réalise que son fils Ivan, joueur professionnel d hockey sur glace au Québec est en danger, quelle position adoptera-t-il, lui qui n’a jamais su jouer son rôle de père.
Voilà un formidable roman, porté par une écriture magistrale, toute en finesse et en simplicité. On se laisse embarquer dans le sillage de Philippe, héros malgré lui d’une histoire qui le dépasse. Roman sur la culpabilité, sur la rédemption, sur les racines familiales, Vladimir de Gmeline nous parle des répercussions de la grande Histoire sur nos petites vies et de notre propension à savoir tendre la main… ou pas. Un coup de cœur « La mer en face » de Vladimir de Gmeline ets publié aux éditions du Rocher.
Vladimir de Gmeline
La mer en face
Portrait 6'26Philippe Chauveau : Bonjour Vladimir de Gmeline.
Vladimir de Gmeline : Bonjour.
Philippe Chauveau : Vous êtes au cœur de cette rentrée littéraire avec votre deuxième roman, « La mer en face » aux éditions du Rocher. Vous êtes parallèlement journaliste. Etes-vous êtes davantage journaliste ou romancier ?
Vladimir de Gmeline : Mon métier c'est journaliste, je suis grand reporter à Marianne mais j'ai toujours voulu écrire et j'ai toujours écrit depuis que je suis petit, même avant l'adolescence. Je me suis tourné vers le journalisme parce que ce métier me permettait d'écrire et de voyager, de vivre les aventures que j'avais envie de vivre.
Philippe Chauveau : Quelle différence faîtes vous entre les deux écritures ? Etes-vous dans le même état d'esprit lorsque vous écrivez un papier que lorsque vous êtes sur un roman ?
Vladimir de Gmeline : Non, je pense que dans le roman, on va forcément toucher à des choses beaucoup plus intimes alors que dans un article, on est obligé à une certaine forme de distance même si on s'implique dans les sujets que l'on traite. Je ne suis pas un grand fan de l'objectivité mais on est obligé de la pratiquer et puis ce n'est pas de la fiction. On évite la fiction quand on fait du journalisme !
Philippe Chauveau : L'écriture romanesque est-elle pour vous une sorte de respiration par rapport à l'actualité que vous traitez au quotidien ? Même si vos sujet sont lourds, durs, cruels parfois...
Vladimir de Gmeline : C'est essentiel. Je ne pourrais pas me contenter d'écriture journalistique. Je pourrais ne faire que du journalisme écrit, faire des grands récits, cela m'ennuierait. C'est le roman qui m'intéresse et j'ai encore beaucoup à apprendre en fiction.
Philippe Chauveau : Avez-vous une idée des auteurs ou des textes qui vous ont donné le goût de l'écriture ?
Vladimir de Gmeline : Ceux qui m'ont donné le goût de l'écriture, je ne les lis plus tellement parce que j'ai commencé par les séris « Clan des sept », « Club des cinq » et « Signe de piste » et beaucoup de littérature d'aventure comme les souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol... Il y a un écrivain que je cite au début de mon livre qui est Thomas Wolfe, un écrivain américain qui n'est certes pas le plus connu, il est passé un peu à la trappe, pas de son temps mais aujourd'hui. Lui, c'est mon écrivain fétiche avec son grand livre « L'ange exilé » ensuite « Le temps et le fleuve » et j'ai appris par la suite qu'il avait influencé la plupart des grands écrivains qui lui ont succédé comme Kerouac ou Philip Roth. Ils ont tous cherché faire du Wolfe.
Philippe Chauveau : Qu'avez-vous essayé de transmettre dans ce premier roman qu'était « La concordance des temps » ? Y a-t-il un fil rouge avec celui-ci et qu'aimeriez vous construire comme œuvre romanesque ?
Vladimir de Gmeline : « La concordance des temps » c'est l'histoire d'une expédition spéléologique à Bornéo qui va mal tourner à cause de la montée des eaux qui met en danger cette équipe et en parallèle il y a une histoire d'adultère dans la communauté des expatriés. Mais ce que je voulais faire, c'était un roman à la troisième personne avec une multiplicité de personnages qui me soient extérieurs. Je voulais éviter le roman autobiographique, que je n'ai peut-être pas évité pour le deuxième...
Philippe Chauveau : Alors justement, il y a quelques points communs. Comme dans le premier roman, il y a deux histoires qui se télescopent, il y a là encore une complexité, une multitude de personnages. Il y a un fil rouge entre ces deux romans ?
Vladimir de Gmeline : Quand je commence un roman, je pense à l'histoire, je ne pense pas à ce que je veux écrire ou transmettre. Je pense que c'est un écueil que de trop réfléchir à la thématique, c'est mon point de vue et je ne suis pas le seul à l'avoir. J'ai été très influencé entre les deux romans par la lecture d'un petit traité qui s'appelle « Ecriture mémoire d'un métier » de Stephen King qui parle de cet aspect-là : attention à ne pas trop penser au thème, on le découvre après. Donc, je pense d'abord à l'histoire. Mais chez moi le fil rouge, c'est la question de la violence, la manière dont elle nous habite, dont elle habite certains d'entre nous, dont elle m'habite et comment, à certains moments, elle peut se déclencher.
Philippe Chauveau : Pensez-vous écrire pour les lecteurs ou pour vous-même ?
Vladimir de Gmeline : J'écris pour moi même parce que je n'arrive pas à me figurer de lecteur idéal. Je crois que j'écris le livre que j'ai envie d'écrire, que j'ai envie de lire et pour moi, c'est le meilleur moyen de ne pas me tromper et de réussir à communiquer quelque chose.
Philippe Chauveau : Le livre vient de sortir, dans quel état d'esprit-êtes-vous ? Il y a de l'appréhension, de l'excitation ?
Vladimir de Gmeline : Une forme d'appréhension pour celui-là parce qu'il me semble que je me suis plus dévoilé. Il y a une forme d'impudeur qui me gêne un peu aujourd'hui, maintenant qu'il est sorti.
Philippe Chauveau : C'est votre actualité Vladimir de Gméline, « La mer en face » aux éditions du Rocher.
Vladimir de Gmeline
La mer en face
Livre 7'46Philippe Chauveau : Dans ce qui est votre deuxième roman Vladimir de Gmeline, « La mer en face », nous allons faire connaissance avec un homme d'aujourd'hui. Il s'appelle Philippe, il a une cinquantaine d'années et sa vie est un peu chaotique. Il a eu une première vie avec Claire, ils ont eu deux enfants, Yvan et Sacha et un jour, il décide de repartir sur d'autres bases avec la jeune Léa. Ils ont une petite fille qui s'appelle Charlotte. Tout pourrait bien se passer mais ce n'est pas aussi simple que cela. Qui est-il ce fameux Philippe qui vacille sur ses bases ?
Vladimir de Gmeline : Philippe est un type qui a été journaliste, il a arrêté le journalisme parce qu'il en avait marre, il avait envie de vivre d'autres choses. Depuis, il est scénariste et il a eu une histoire avec cette jeune Léa. Il a arrêté le journalisme et il est parti en Amérique du sud vivre quelques aventures qui se sont très bien passées, il a vécu des choses palpitantes et il a retrouvé Léa et finalement il s'est remis en couple avec elle, ils ont eu une fille mais...
Philippe Chauveau : Mais il y a un grain de sable dans ce couple ?
Vladimir de Gmeline : Oui Philippe Chauveau : Il y a un grain de sable qui prend quand même de l'importance puisque le roman s'ouvre dans leur maison, à la campagne, où il y a une scène assez violente lorsque cette jeune femme, Léa, reçoit soi-disant des amis de son père mais on sent qu'il y a quelque chose qui cloche. C'est le point de départ de votre roman. Très vite, Philippe va avoir envie d'aller en Allemagne, là où il a des souvenirs d'enfance. Il part avec son ami Guillaume sur les traces de son oncle, parce qu'il a le sentiment de culpabilité. Philippe a envie de savoir qui était réellement cet oncle, faisait-il partie de l'armée nazie ? Qu'est-ce qui vous taraude dans cette histoire ?
Vladimir de Gmeline : Cette histoire de la quête en Allemagne commence au deuxième chapitre quand Guillaume, le meilleur ami de Philippe, l'appelle et ils décide de partir ensemble en Allemagne. C'est la culpabilité mais c'est aussi chercher à savoir de quelle histoire est-on l’héritier ? Qu'est-ce qu'on en fait ? Ce personnage, Philippe, avait un oncle éloigné chez lequel il a passé deux étés dans son adolescence, il sait seulement qu'il était dans la Waffen SS. Dans les années 1980, il y avait encore cette idée que la Waffen SS était composé de jeunes gens qui étaient juste des combattants, ils n'avaient pas participé à la Shoah. Portant, quand Philippe adolescent voyait son oncle, il savait que c'était un ancien nazi qui ne regrettait pas grand-chose. Philippe Chauveau : Il était trop jeune pour se poser des questions à ce moment-là ?
Vladimir de Gmeline : Il était trop jeune, il avait 14ans. Et maintenant, avec toute cette histoire qu'on a découverte depuis, Philippe se demande quel rôle a réellement eu mon oncle ? Il a vu des films, il a lu des livres, il a eu des enfants lui-même et il est obsédé par certaines images de jeunes adolescents qui vont être exécutés, qui sont regroupés. Et Philippe se dit : « Je n'ai rien pu faire pour eux ». Evidemment, c'était avant sa naissance mais pourtant il vit avec cette culpabilité parce que c'est son oncle, c'est sa famille, c'est son nom et il est héritier de cette histoire-là. Il y a chez lui une propension à la violence, le culte du corps, du sport. Il ne sait pas d'où ça vient, il se dit : « J'ai fait quelque chose de mal », même si lui-même n'a rien fait. Il veut trouver un moyen, pas de résoudre, mais d'aller voir, de comprendre.
Philippe Chauveau : C'est une sorte de voyage expiatoire qu'entreprend Philippe avec son ami Guillaume en allant en Allemagne. Toute la force de votre roman, c'est que ce sont deux histoires qui vont se télescoper. Il y a donc Philippe qui part sur les traces de son enfance pour savoir qui était réellement cet oncle, quel a été son rôle dans l'armée nazie et puis parallèlement. Et il y a Philippe qui est père de famille et dans sa famille, on l’a dit, ça ne va pas très bien. Son fils Yvan est joueur professionnel de hockey sur glace à Montréal et, curieusement, vous faites partir votre personnage Philippe au Québec pour un autre voyage, peut-être lui aussi expiatoire, où il va falloir qu'il devienne enfin un vrai père de famille.
Vladimir de Gmeline : Pour moi, et ce n'est pas forcément apparent pour tout le monde, ces deux histoires sont intimement liées. Il part en Allemagne, il fait son voyage expiatoire mais il ne peut rien faire. Aussi, quand il va avoir l'occasion, comme tout père le ferait, quand il va devoir aider son fils qui est pris dans une affaire de produit dopant à l'échelle internationale, là, il va faire ce qu'il a à faire, il va sauver son fils.
Philippe Chauveau : Lorsque vous parlez de Claire et de Philippe, c'est un couple qui a explosé en vol parce qu'ils n'avaient peut-être pas les mêmes attentes, les mêmes envies, en tout cas ils n'avaient pas le même passé. Vous écrives : « Claire savait qu'il y avait des vies, de son côté. A l'est, au nord. Des projets, des enfants, des amis, des amours, des rêves et des trahisons, le goût du pain et du lait, des rires, de la tristesse, les cheveux d'un enfant, l'eau, le sucre et le poisson, les reflets d'un bocal posé sur une étagère, les plaines derrière lesquelles on devinait la mer, l'agitation des villes. Mais elle ne pouvait pas les attraper. Il n'y avait plus de traces. Je ne comprenais pas que son plus grand rêve soit d'avoir une maison. Je voulais voyager. Ne pas avoir d'attaches. C'était facile, puisque moi j'en avais. » C'est un roman sur la culpabilité, sur la rédemption, c'est aussi un roman sur les racines et sur la famille.
Vladimir de Gmeline : Oui…
Philippe Chauveau : Pourquoi ? Vladimir de Gmeline : Parce qu'on vit avec et on n’a pas les mêmes racines. Quelquefois, on se rend compte trop tard que l'on n’a pas compris certaines choses mais je me suis rendu compte de ce déséquilibre. Cette question de « je ne comprenais pas pourquoi elle avait besoin d'avoir des attaches », c'est très facile de se dire : « Je veux vivre sans attache, courir le monde, je ne suis attaché à rien », c'est assez simple quand on est solidement ancré quelque part. Philippe Chauveau : Vous avez fait le choix d'un récit à la première personne, là encore, pourquoi ?
Vladimir de Gmeline : Parce que j'avais évité l'écueil du premier roman une première fois et je pouvais peut-être me lâcher plus !
Philippe Chauveau : C'est un roman puissant, fort, porté par une belle écriture et non dénué d'une intrigue qui tient le lecteur en haleine. C'est votre actualité Vladimir de Gmeline « La mer en face ». Vous êtes publié aux éditions du Rocher, merci beaucoup.
Vladimir de Gmeline : Merci.