Françoise Xenakis
J'aurais dû épouser Marcel
Françoise Xenakis publie son 1er roman en 1963, Le petit caillou. Ce premier succès suivi de nombreux autres titres permet à Françoise Xenakis d'acquérir une notoriété qu'elle saura mettre au service de ses pairs en devenant chroniqueuse littéraire pour la télévision et la presse écrite.
Epouse du compositeur grec Iannis Xenakis, elle joue avec les mots comme un musicien avec les notes. Prônant une certaine irrévérence, ses livres abordent des sujets de société de façon très drôles. On se souvient de Zut, on a encore oublié Mme Freud, par lequel Françoise Xenakis s'est mise à dos tous les psychanalystes de France. Parmi ses autres titres, Mouche toi Cléopâtre, Regarde, nos chemins se sont fermés, ou plus récemment une biographie de Danielle Mitterrand.
Aujourd'hui, c'est dans ses souvenirs d'enfance que Françoise Xenakis trouve le sujet de son nouveau livre, J'aurais dû épouser Marcel. Dans cette Sologne des années 40, le destin de ces femmes de l'Assistance, ces fameuses « veuves blanches », dont le seul salut passait par un mariage, mais c'était compter sans la guerre.
De ce sujet délicat, Françoise Xenakis a composé une série de nouvelles, des portraits pleins d'humour et de tendresse, dans lesquels on retrouve la plume légère et précise de l'auteur.
J'aurais dû épouser Marcel, aux éditions Anne Carrière, c'est le nouveau livre de Françoise Xenakis.
Françoise Xenakis qui nous reçoit pour Web TV Culture.
Françoise Xenakis
J'aurais dû épouser Marcel
Présentation 1'25Epouse du compositeur grec Iannis Xenakis, elle joue avec les mots comme un musicien avec les notes. Prônant une certaine irrévérence, ses livres abordent des sujets de société de façon très drôles. On se souvient de Zut, on a encore oublié Mme Freud, par lequel Françoise Xenakis s’est mise à dos tous les psychanalystes de France. Parmi ses autres titres, Mouche toi Cléopâtre, Regarde, nos chemins se sont fermés, ou plus récemment une biographie de Danielle Mitterrand.
Aujourd’hui, c’est dans ses souvenirs d’enfance que Françoise Xenakis trouve le sujet de son nouveau livre, J’aurais dû épouser Marcel. Dans cette Sologne des années 40, le destin de ces femmes de l’Assistance, ces fameuses « veuves blanches », dont le seul salut passait par un mariage, mais c’était compter sans la guerre.
De ce sujet délicat, Françoise Xenakis a composé une série de nouvelles, des portraits pleins d’humour et de tendresse, dans lesquels on retrouve la plume légère et précise de l’auteur.
J’aurais dû épouser Marcel, aux éditions Anne Carrière, c’est le nouveau livre de Françoise Xenakis.
Françoise Xenakis qui nous reçoit pour Web TV Culture.
Epouse du compositeur grec Iannis Xenakis, elle joue avec les mots comme un musicien avec les notes. Prônant une certaine irrévérence, ses livres abordent des sujets de société de façon très drôles. On se souvient de Zut, on a encore oublié Mme Freud, par lequel Françoise Xenakis s’est mise à dos tous les psychanalystes de France. Parmi ses autres titres, Mouche toi Cléopâtre, Regarde, nos chemins se sont fermés, ou plus récemment une biographie de Danielle Mitterrand.
Aujourd’hui, c’est dans ses souvenirs d’enfance que Françoise Xenakis trouve le sujet de son nouveau livre, J’aurais dû épouser Marcel. Dans cette Sologne des années 40, le destin de ces femmes de l’Assistance, ces fameuses « veuves blanches », dont le seul salut passait par un mariage, mais c’était compter sans la guerre.
De ce sujet délicat, Françoise Xenakis a composé une série de nouvelles, des portraits pleins d’humour et de tendresse, dans lesquels on retrouve la plume légère et précise de l’auteur.
J’aurais dû épouser Marcel, aux éditions Anne Carrière, c’est le nouveau livre de Françoise Xenakis.
Françoise Xenakis qui nous reçoit pour Web TV Culture.
Françoise Xenakis
J'aurais dû épouser Marcel
Portrait 4'45Bonjour Françoise Xenakis. Merci de nous recevoir. J’aurais dû épouser Marcel, c’est votre nouveau livre, le 23ème aux éditions Anne Carrière . On va en reparler bien sûr. On vous connaît en tant qu’écrivain, en tant que chroniqueuse littéraire ; le livre finalement a toujours fait partie de votre vie. Vous avez tout de suite su que c’était ça votre vie ?
Françoise Xenakis :
Oui, à 9ans, je savais que je serais écrivain. Ma mère avait une bibliothèque, surtout les livres qui étaient cachés par la première rangée, absolument remarquables. Donc je partais chaque midi avec 2 ou 3 livres que je piquais et que je rangeais le soir.
Philippe Chauveau :
C’était une façon d’oublier le quotidien dans lequel vous viviez ?
Françoise Xenakis :
Oui, je n’aimais pas mon quotidien. Donc ça, c’était mon monde. J’ai commencé vers 12 ou 13 ans à écrire des cahiers.
Philippe Chauveau :
Ensuite vous écrivez et vous trouvez un éditeur. Vos livres sont publiés, ils ont un certain succès. Vous l’avez vécue comment, cette entrée dans le milieu de la littérature ?
Françoise Xenakis :
Je ne suis jamais entrée dans aucun milieu. Je vis les choses, et ce qui m’a sauvé, c’est que j’ai épousé un homme qui était pareil. On a jamais compris qu’on avait un peu réussi ; lui il a énormément bien réussi, et moi pas mal. Et on n’en a jamais pris conscience. Vous savez, c’est miraculeux, parce que entre dire je serai écrivain, et se coller à l’écriture, il y a 100 ans !
Philippe Chauveau :
Il y a eu des rencontres déterminantes qui vous ont permis d’avancer ?
Françoise Xenakis :
Non, c’est Xenakis qui m’a forcée. La première fois, il m’a dit : « Qu’est ce que vous aimeriez faire dans la vie mademoiselle? ». Et j’ai dit : « J’aimerais écrire ». Alors il m’a dit : « Il faut prendre un cahier, un crayon, et il faut commencer ».
Il m’avait acheté une petite machine à écrire d’occasion, sur laquelle il n’y avait pas le u ni le s. Cela faisait à chaque fois des trous, et je faisais « brrrrrr ». On vivait rue Clauzel. J’étais sur une petite table, et lui, il était sur une autre. Et puis il me disait : « Où tu vas ? ». Je lui disais : « Je vais faire pipi, tu permets », « non, tu y a déjà été il y a 10minutes » me répondait-il. « Enfin je peux faire pipi ! », « non, ne bouge pas. Ecris. ». Et je faisais « grrrrr ».
Il me disait : « Tu avances ? », « oui j’avance ». Je me couchais très tôt, je m’endormais avant lui, et il regardait en douce mes feuilles. Il voyait bien que je n’écrivais rien, et il se disait : « Si je lui dis, elle arrête », elle dit : « Tu vois bien je suis nulle ». Et un jour je me suis dit : « Il va me demander de le lire, et il n’aura plus aucun respect pour moi. Il va se dire « cette fille est nulle, je me suis trompé » ». Et je me suis mis à l’écrire en un mois et demi. Je savais ce que je voulais écrire, mais je n’arrivais pas à passer à l’acte. C’est le premier le Petit caillou, qui ressemble beaucoup au dernier.
Philippe Chauveau :
Quels sont aussi les auteurs classiques ou contemporains qui vous ont aidée à avancer, qui vous ont donné envie d’avancer en littérature ?
Françoise Xenakis :
C’est Dostoïevski, Tchekhov, beaucoup de Tchekhov. J’adorais son théâtre. J’ai le bruit de ses bouleaux, et quand j’écoute des bouleaux, c’est Tchekhov. Pour moi, le plus grand auteur, elle est morte maintenant, mais c’est Elsa Morante, c’est La Storia. C’est l’un des plus beaux livres. J’ai encore des frissons en vous en parlant. C’est un livre où vous mettez les mains sur les pages, parce que les mots vous tapent dans la gueule
Philippe Chauveau :
Dans votre vie les deux plus belles rencontres c’est celle avec Xenakis et celle avec la littérature ?
Françoise Xenakis :
Oui
Philippe Chauveau :
Est ce que vous avez puisé parfois l’inspiration au contact de son travail, de son art ?
Françoise Xenakis :
La violence de sa musique m’a permis d’aller plus loin dans ma sauvagerie d’écriture.
Philippe Chauveau :
Quels sont les souvenirs qui reviennent le plus, par rapport à votre métier d’écrivain ?
Françoise Xenakis :
Le « ouf » que je fais quand c’est fini. Il y a une espèce de volupté dans les dernières pages. J’ai le cœur qui bat la chamade quand je finis. D’abord, je suis contente d’avoir fini
Philippe Chauveau :
Mais curieusement vous reprenez la plume pour en écrire un autre ?
Françoise Xenakis :
Et bien, je m’arrange pour avoir déjà une idée de celui que je ferai. Qu’est ce que je vais faire si je n’ai plus l’idée d’écrire ? Je n’aime que ça. Ce n’est pas que j’aime ça, c’est que je ne sais faire que ça !
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Françoise Xenakis. J’aurais dû épouser Marcel, c’est votre nouveau livre publié aux éditions Anne Carrière
Bonjour Françoise Xenakis. Merci de nous recevoir. J’aurais dû épouser Marcel, c’est votre nouveau livre, le 23ème aux éditions Anne Carrière . On va en reparler bien sûr. On vous connaît en tant qu’écrivain, en tant que chroniqueuse littéraire ; le livre finalement a toujours fait partie de votre vie. Vous avez tout de suite su que c’était ça votre vie ?
Françoise Xenakis :
Oui, à 9ans, je savais que je serais écrivain. Ma mère avait une bibliothèque, surtout les livres qui étaient cachés par la première rangée, absolument remarquables. Donc je partais chaque midi avec 2 ou 3 livres que je piquais et que je rangeais le soir.
Philippe Chauveau :
C’était une façon d’oublier le quotidien dans lequel vous viviez ?
Françoise Xenakis :
Oui, je n’aimais pas mon quotidien. Donc ça, c’était mon monde. J’ai commencé vers 12 ou 13 ans à écrire des cahiers.
Philippe Chauveau :
Ensuite vous écrivez et vous trouvez un éditeur. Vos livres sont publiés, ils ont un certain succès. Vous l’avez vécue comment, cette entrée dans le milieu de la littérature ?
Françoise Xenakis :
Je ne suis jamais entrée dans aucun milieu. Je vis les choses, et ce qui m’a sauvé, c’est que j’ai épousé un homme qui était pareil. On a jamais compris qu’on avait un peu réussi ; lui il a énormément bien réussi, et moi pas mal. Et on n’en a jamais pris conscience. Vous savez, c’est miraculeux, parce que entre dire je serai écrivain, et se coller à l’écriture, il y a 100 ans !
Philippe Chauveau :
Il y a eu des rencontres déterminantes qui vous ont permis d’avancer ?
Françoise Xenakis :
Non, c’est Xenakis qui m’a forcée. La première fois, il m’a dit : « Qu’est ce que vous aimeriez faire dans la vie mademoiselle? ». Et j’ai dit : « J’aimerais écrire ». Alors il m’a dit : « Il faut prendre un cahier, un crayon, et il faut commencer ».
Il m’avait acheté une petite machine à écrire d’occasion, sur laquelle il n’y avait pas le u ni le s. Cela faisait à chaque fois des trous, et je faisais « brrrrrr ». On vivait rue Clauzel. J’étais sur une petite table, et lui, il était sur une autre. Et puis il me disait : « Où tu vas ? ». Je lui disais : « Je vais faire pipi, tu permets », « non, tu y a déjà été il y a 10minutes » me répondait-il. « Enfin je peux faire pipi ! », « non, ne bouge pas. Ecris. ». Et je faisais « grrrrr ».
Il me disait : « Tu avances ? », « oui j’avance ». Je me couchais très tôt, je m’endormais avant lui, et il regardait en douce mes feuilles. Il voyait bien que je n’écrivais rien, et il se disait : « Si je lui dis, elle arrête », elle dit : « Tu vois bien je suis nulle ». Et un jour je me suis dit : « Il va me demander de le lire, et il n’aura plus aucun respect pour moi. Il va se dire « cette fille est nulle, je me suis trompé » ». Et je me suis mis à l’écrire en un mois et demi. Je savais ce que je voulais écrire, mais je n’arrivais pas à passer à l’acte. C’est le premier le Petit caillou, qui ressemble beaucoup au dernier.
Philippe Chauveau :
Quels sont aussi les auteurs classiques ou contemporains qui vous ont aidée à avancer, qui vous ont donné envie d’avancer en littérature ?
Françoise Xenakis :
C’est Dostoïevski, Tchekhov, beaucoup de Tchekhov. J’adorais son théâtre. J’ai le bruit de ses bouleaux, et quand j’écoute des bouleaux, c’est Tchekhov. Pour moi, le plus grand auteur, elle est morte maintenant, mais c’est Elsa Morante, c’est La Storia. C’est l’un des plus beaux livres. J’ai encore des frissons en vous en parlant. C’est un livre où vous mettez les mains sur les pages, parce que les mots vous tapent dans la gueule
Philippe Chauveau :
Dans votre vie les deux plus belles rencontres c’est celle avec Xenakis et celle avec la littérature ?
Françoise Xenakis :
Oui
Philippe Chauveau :
Est ce que vous avez puisé parfois l’inspiration au contact de son travail, de son art ?
Françoise Xenakis :
La violence de sa musique m’a permis d’aller plus loin dans ma sauvagerie d’écriture.
Philippe Chauveau :
Quels sont les souvenirs qui reviennent le plus, par rapport à votre métier d’écrivain ?
Françoise Xenakis :
Le « ouf » que je fais quand c’est fini. Il y a une espèce de volupté dans les dernières pages. J’ai le cœur qui bat la chamade quand je finis. D’abord, je suis contente d’avoir fini
Philippe Chauveau :
Mais curieusement vous reprenez la plume pour en écrire un autre ?
Françoise Xenakis :
Et bien, je m’arrange pour avoir déjà une idée de celui que je ferai. Qu’est ce que je vais faire si je n’ai plus l’idée d’écrire ? Je n’aime que ça. Ce n’est pas que j’aime ça, c’est que je ne sais faire que ça !
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Françoise Xenakis. J’aurais dû épouser Marcel, c’est votre nouveau livre publié aux éditions Anne Carrière
Françoise Xenakis
J'aurais dû épouser Marcel
Le livre 4'22Françoise Xenakis vous publiez aux éditions Anne Carrière J’aurais dû épouser Marcel. C’est votre 23e ouvrage, et c’est un livre dans lequel vous êtes finalement très présente. Ce sont ces « veuves blanches » dans cette Sologne des années 30. Pourquoi ce livre ?
Françoise Xenakis :
Ce livre à vrai dire, fait partie d’un autre livre qui sera mon dernier, qui est toute mon enfance en Sologne. Ce pourquoi je suis devenue écrivain. Et puis surtout je me suis rendue compte qu’en 1930, quand je suis née à la clinique de Blois, mais je suis revenue au bout de 8 jours dans mon petit village, c’était le Moyen Age.
Philippe Chauveau :
Nous sommes en Sologne dans les années 30. Ce sont des nouvelles, avec différents personnages
Françoise Xenakis :
Que j’ai prélevées d’un livre où il y aura un tout. Et ça c’est mes petites vachères, mais devenue grandes.
Philippe Chauveau :
Ce sont ces femmes que l’on appelait les « veuves blanches »
Françoise Xenakis :
C’est ça. Parce que mes petites vachères elles venaient pratiquement toutes de l’assistance publique. Il y avait un car, deux fois par an, qui déversait des gosses qui sentaient le fauve, vers minuit, devant la mairie. Avec une loupiotte, on allait les chercher, ils avaient leur petit sac avec des sabots, une petite capuche bleue. Et les filles devenaient vachères, avec obligation de venir à l’école quand un œil leur tombait. Moi, je les ai connues à 6 ou 7 ans, mais elles, elles étaient des jeunes filles ; donc elles se mettaient presque toutes, on disait « mise à la colle » au village les vieilles, avec un garçon de l’assistance publique, en général celui qui vivait dans la ferme où elle vivait. Ils n’allaient pas chercher loin leurs amours les gens de campagne. Donc ils sont partis à la guerre, beaucoup ne sont pas revenus, parce que les orphelins de l’assistance publique, ils étaient au premier rang à toutes les guerres.
Philippe Chauveau :
Et donc ces femmes…
Françoise Xenakis :
Elles se sont retrouvées sans rien. Elles n’étaient même pas mariées avec eux, donc pas de petite pension, pas d’enfant parce qu’ils étaient très jeunes. L’avortement était un sport national dans les campagnes solognotes.
Philippe Chauveau :
C’était aussi une façon de rendre hommage à votre région ?
Françoise Xenakis :
Oui, à ceux qui sont morts pour rien, à ceux dont on ne connaissait même pas le nom, des petits gosses de l’assistance publique. Personne ne se demandait qui avait été leur mère, personne ne leur parlait.
Philippe Chauveau :
Il y a des passages qui sont très drôles, et d’autres très douloureux…
Françoise Xenakis :
Atroces ! C’est une terre de misère, une terre de sorcier. La vie n’est pas douce en Sologne. Maintenant ils ont tous des jolies petites villas, ils ont 3 ou 4 voitures devant, ils s’en vont quand ils veulent. Ce ne sont plus des solognots !
Philippe Chauveau :
C’est un livre pour lequel vous avez, hormis le fait que ce soit le dernier en date, une certaine affection parce que c’est votre enfance ?
Françoise Xenakis :
Oui, et puis avec mes airs de tout dire je suis quelqu’un d’assez pudique. Je trouve que j’en dis déjà beaucoup, et dans le prochain alors n’en parlons pas…
Philippe Chauveau :
Un mot aussi sur cette couverture. Elle est assez plaisante, on la doit à Hélène Crochemore pour l’illustration. Pourquoi ce titre J’aurais dû épouser Marcel ?
Françoise Xenakis :
C’est une blague, avec ma fille, mon gendre et mes petits-enfants, et avant avec Xenakis. On va en Corse tout l’été. Et là-bas, il y a un mec à tout faire, mais qui est un mec à rien faire, parce qu’il viendra toujours tondre votre herbe, il viendra toujours élaguer vos arbres, mais il ne vient jamais. Donc c’était devenu une formule à la maison quand Xenakis faisait mal quelque chose, parce que je lui demandais toujours de mettre des grillages autour de mes deux petits géraniums blancs, ou un petit lys blanc ; j’aime les fleurs blanches. Et lui aimait beaucoup les vaches et les chèvres qui venaient. Donc je me faisais quand même bouffer mon géranium blanc. Et à chaque fois je lui disais : « Si j’avais épousé Marcel, j’aurais eu mon grillage », que je n’aurais d’ailleurs pas plus eu qu’avec lui.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Françoise Xenakis, J’aurais dû épouser Marcel, votre nouveau livre, aux éditions Anne Carrière.
Françoise Xenakis vous publiez aux éditions Anne Carrière J’aurais dû épouser Marcel. C’est votre 23e ouvrage, et c’est un livre dans lequel vous êtes finalement très présente. Ce sont ces « veuves blanches » dans cette Sologne des années 30. Pourquoi ce livre ?
Françoise Xenakis :
Ce livre à vrai dire, fait partie d’un autre livre qui sera mon dernier, qui est toute mon enfance en Sologne. Ce pourquoi je suis devenue écrivain. Et puis surtout je me suis rendue compte qu’en 1930, quand je suis née à la clinique de Blois, mais je suis revenue au bout de 8 jours dans mon petit village, c’était le Moyen Age.
Philippe Chauveau :
Nous sommes en Sologne dans les années 30. Ce sont des nouvelles, avec différents personnages
Françoise Xenakis :
Que j’ai prélevées d’un livre où il y aura un tout. Et ça c’est mes petites vachères, mais devenue grandes.
Philippe Chauveau :
Ce sont ces femmes que l’on appelait les « veuves blanches »
Françoise Xenakis :
C’est ça. Parce que mes petites vachères elles venaient pratiquement toutes de l’assistance publique. Il y avait un car, deux fois par an, qui déversait des gosses qui sentaient le fauve, vers minuit, devant la mairie. Avec une loupiotte, on allait les chercher, ils avaient leur petit sac avec des sabots, une petite capuche bleue. Et les filles devenaient vachères, avec obligation de venir à l’école quand un œil leur tombait. Moi, je les ai connues à 6 ou 7 ans, mais elles, elles étaient des jeunes filles ; donc elles se mettaient presque toutes, on disait « mise à la colle » au village les vieilles, avec un garçon de l’assistance publique, en général celui qui vivait dans la ferme où elle vivait. Ils n’allaient pas chercher loin leurs amours les gens de campagne. Donc ils sont partis à la guerre, beaucoup ne sont pas revenus, parce que les orphelins de l’assistance publique, ils étaient au premier rang à toutes les guerres.
Philippe Chauveau :
Et donc ces femmes…
Françoise Xenakis :
Elles se sont retrouvées sans rien. Elles n’étaient même pas mariées avec eux, donc pas de petite pension, pas d’enfant parce qu’ils étaient très jeunes. L’avortement était un sport national dans les campagnes solognotes.
Philippe Chauveau :
C’était aussi une façon de rendre hommage à votre région ?
Françoise Xenakis :
Oui, à ceux qui sont morts pour rien, à ceux dont on ne connaissait même pas le nom, des petits gosses de l’assistance publique. Personne ne se demandait qui avait été leur mère, personne ne leur parlait.
Philippe Chauveau :
Il y a des passages qui sont très drôles, et d’autres très douloureux…
Françoise Xenakis :
Atroces ! C’est une terre de misère, une terre de sorcier. La vie n’est pas douce en Sologne. Maintenant ils ont tous des jolies petites villas, ils ont 3 ou 4 voitures devant, ils s’en vont quand ils veulent. Ce ne sont plus des solognots !
Philippe Chauveau :
C’est un livre pour lequel vous avez, hormis le fait que ce soit le dernier en date, une certaine affection parce que c’est votre enfance ?
Françoise Xenakis :
Oui, et puis avec mes airs de tout dire je suis quelqu’un d’assez pudique. Je trouve que j’en dis déjà beaucoup, et dans le prochain alors n’en parlons pas…
Philippe Chauveau :
Un mot aussi sur cette couverture. Elle est assez plaisante, on la doit à Hélène Crochemore pour l’illustration. Pourquoi ce titre J’aurais dû épouser Marcel ?
Françoise Xenakis :
C’est une blague, avec ma fille, mon gendre et mes petits-enfants, et avant avec Xenakis. On va en Corse tout l’été. Et là-bas, il y a un mec à tout faire, mais qui est un mec à rien faire, parce qu’il viendra toujours tondre votre herbe, il viendra toujours élaguer vos arbres, mais il ne vient jamais. Donc c’était devenu une formule à la maison quand Xenakis faisait mal quelque chose, parce que je lui demandais toujours de mettre des grillages autour de mes deux petits géraniums blancs, ou un petit lys blanc ; j’aime les fleurs blanches. Et lui aimait beaucoup les vaches et les chèvres qui venaient. Donc je me faisais quand même bouffer mon géranium blanc. Et à chaque fois je lui disais : « Si j’avais épousé Marcel, j’aurais eu mon grillage », que je n’aurais d’ailleurs pas plus eu qu’avec lui.
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Françoise Xenakis, J’aurais dû épouser Marcel, votre nouveau livre, aux éditions Anne Carrière.
Françoise Xenakis
J'aurais dû épouser Marcel
L'avis du libraire 1'19La Terrasse de Gutenberg
9 rue Emilio Castelar 75012 Pais
01 43 07 42 15
D'abord j'ai lu tous les livres de Françoise Xenakis donc ça me paraît important de le remémorer, donc lorsque « J'aurais dû épouser Marcel » est paru, j'étais très contente qu'il y ait un nouveau livre de Françoise Xenakis.
Elle raconte la Sologne à partir de la Guerre de 14, de petites filles de l'assistance publique qui - en fait -devaient épouser de jeunes hommes de villages de Sologne ; mais ils sont en fait partis à la Guerre, et morts.
Donc elles deviennent des veuves blanches. Les histoires sont, à la fois , bouleversantes d'émotion, drôles, quelquefois on rigole vraiment en lisant, il y a une empathie évidemment formidable.
On sent la femme-sœur quoi, elle est très très proche, et je trouve que c'est un sujet magnifique, moi je ne connaissais pas l'histoire en Sologne de ces femmes-là. C'est un régal à lire, je me suis régalée, j'ai eu un plaisir à le lire jusqu'au bout, je ne l'ai pas lâché, j'y ai pris énormément de plaisir, à la fois avec le texte et à la fois avec le contenu. Fond et forme, un ensemble.
La Terrasse de Gutenberg
9 rue Emilio Castelar 75012 Pais
01 43 07 42 15
D'abord j'ai lu tous les livres de Françoise Xenakis donc ça me paraît important de le remémorer, donc lorsque « J'aurais dû épouser Marcel » est paru, j'étais très contente qu'il y ait un nouveau livre de Françoise Xenakis.
Elle raconte la Sologne à partir de la Guerre de 14, de petites filles de l'assistance publique qui - en fait -devaient épouser de jeunes hommes de villages de Sologne ; mais ils sont en fait partis à la Guerre, et morts.
Donc elles deviennent des veuves blanches. Les histoires sont, à la fois , bouleversantes d'émotion, drôles, quelquefois on rigole vraiment en lisant, il y a une empathie évidemment formidable.
On sent la femme-sœur quoi, elle est très très proche, et je trouve que c'est un sujet magnifique, moi je ne connaissais pas l'histoire en Sologne de ces femmes-là. C'est un régal à lire, je me suis régalée, j'ai eu un plaisir à le lire jusqu'au bout, je ne l'ai pas lâché, j'y ai pris énormément de plaisir, à la fois avec le texte et à la fois avec le contenu. Fond et forme, un ensemble.