Avec Françoise Bourdin, c’est un peu comme si on retrouvait une amie, un membre de la famille. Chaque année, elle nous revient et nous raconte une histoire. Lire Françoise Bourdin, c’est comme passer un moment avec un proche autour d’une tasse de café et l’écouter évoquer des personnages de notre quotidien, de notre entourage. De son enfance dans les coulisses des théâtres où évoluaient ses parents, artistes lyriques, Françoise Dorin a conservé le goût de l’aventure, des destins brisés, de ce grain de sable qui...
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Philippe Chauveau : Bonjour Françoise Bourdin.
Françoise Bourdin : Bonjour.
Philippe Chauveau : Votre actualité chez Belfond, « Gran Paradiso ». J'ai envie que l'on remonte le fil du temps. On vous connait depuis pas mal d'années, mais si vous n'aviez pas été romancière, quel autre métier auriez-vous aimé faire ? Françoise Bourdin : Si j'avais eu une très bonne vue, j'aurais aimé être pilote
Philippe Chauveau : Pilote de ligne ? Pilote de chasse ?
Françoise Bourdin : Pilote de chasse à mon époque, les...
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Philippe Chauveau : Avec ce nouveau titre, « Gran Paradiso », nous allons faire connaissance avec Lorenzo, le héros de cette nouvelle histoire. Beaucoup d'autres personnages vont graviter autour de lui, c'est un jeune homme qui a perdu son père très tôt, son père était italien, marié avec une femme française. Il a rêvé d'être vétérinaire et de monter un parc animalier. Qui est-il et pourquoi avez6vous eu envie de nous présenter cet enfant franco-italien ?
Françoise Bourdin : J'avais envie de raconter à quel point...
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Françoise Bourdin
Gran Paradiso
Présentation 1'53Avec Françoise Bourdin, c’est un peu comme si on retrouvait une amie, un membre de la famille. Chaque année, elle nous revient et nous raconte une histoire. Lire Françoise Bourdin, c’est comme passer un moment avec un proche autour d’une tasse de café et l’écouter évoquer des personnages de notre quotidien, de notre entourage. De son enfance dans les coulisses des théâtres où évoluaient ses parents, artistes lyriques, Françoise Dorin a conservé le goût de l’aventure, des destins brisés, de ce grain de sable qui fait changer de direction, de ses rencontres amoureuses qui peuvent bouleverser une vie. Et l’on retrouve tout cela dans ses romans, ce qui fait de Françoise Bourdin l’un des auteurs les plus réputés du roman populaire à la française. Avec « Gran Paradiso », voici Lorenzo, une trentaine d’années. Malmené depuis son enfance par un beau-père un peu jaloux de la vie que son épouse a pu avoir avec son premier mari décédé, Lorenzo s’est construit tout seul et a réalisé son rêve. Ouvrir un parc animalier. Mais son amour des animaux n’est pas au goût de tous et sa vision des choses bien loin d’un zoo classique où la rentabilité financière reste primordiale. Lorenzo parviendra a rendre viable son projet de parc ? Parallèlement, que fera t-il de sa vie ? Saura t’il trouver une femme sensible à sa passion ? Jusqu’à quand courbera t’il le dos face à son beau-père pour préserver le reste de la famille ? François Bourdin nous interpelle sur la difficulté de faire sa place, en famille, dans la société, dans sa vie professionnelle. L’autre grand thème du roman est lié aux animaux, au respect qu’on leur doit, à la légitimité de les enfermer ou non, et sous quelle forme ? Tout cela porté par une plume vive et agréable dans ce nouveau roman rythmé, avec des personnages attachants et proches de nous. « Gran paradiso », de Françoise Bourdin est publié chez Belfond.
Françoise Bourdin
Gran Paradiso
Portrait 6'36Philippe Chauveau : Bonjour Françoise Bourdin.
Françoise Bourdin : Bonjour.
Philippe Chauveau : Votre actualité chez Belfond, « Gran Paradiso ». J'ai envie que l'on remonte le fil du temps. On vous connait depuis pas mal d'années, mais si vous n'aviez pas été romancière, quel autre métier auriez-vous aimé faire ? Françoise Bourdin : Si j'avais eu une très bonne vue, j'aurais aimé être pilote
Philippe Chauveau : Pilote de ligne ? Pilote de chasse ?
Françoise Bourdin : Pilote de chasse à mon époque, les femmes, non ! C'est un peu plus tard que l'on a accepté les femmes pilotes de chasse, on disait qu'elles ne supporteraient pas l'accélération folle, en fait elles la supportent très bien. J'aurais aimé conduire quelque chose qui va très vite !
Philippe Chauveau : 1972, avec la complicité de Marcel Julian, c'est votre premier titre, « Les Soleils mouillés ». Vous faites une pause assez longue pour mener votre vie de femme, d'épouse, de mère, et vous revenez dans les années 80 notamment avec « Mano a mano », et maintenant il y a pratiquement un titre par an avec une grande fidélité au lecteur. Comment pourriez-vous identifier cette relation que vous avez avec votre lectorat ? Ce sont des amis, des membres de la famille ?
Françoise Bourdin : Ce sont des gens anonymes, puisque du fond de mon petit bureau je ne connais pas le lecteur, ils sont multiples. Quand je les rencontre dans les salons, il y a beaucoup de chaleur ; je crois qu'ils aiment les histoires que j'écris, mais surtout avoir un moment d'évasion et une fin heureuse. Quand il m'est arrivé de faire une fin très triste, comme dans « Comme un frère », j'ai senti que mon lectorat était un peu déstabilisé et un peu triste. Il y a un lecteur qui m'a dit « je me suis dit, qu'est ce qu'elle a ? ». Ils participent de loin. Ce qui a permis une certaine proximité c'est Internet, les sites d'auteur que l'on peut avoir où les gens peuvent laisser un commentaire. Je n’ai pas toujours le temps mais j'aime bien répondre, c'est un échange rapide et plus facile.
Philippe Chauveau : Vous nourrissez vous parfois des confidences que vos lecteurs peuvent vous faire ?
Françoise Bourdin : On a jamais le temps… Avec le succès, le lectorat ayant beaucoup grandi, dans un salon quand je vois qu'il y a une 40aine de personnes qui attendent, je n'ai pas le temps d'échanger, ça va très vite, ils n'ont pas trop l'occasion de me parler. En revanche, parfois, ils m'envoient des courriers, chez l'éditeur, avec des coupures de presse, « il est arrivé ça a mon grand-père, vous devriez vous inspirer de l'histoire de ma vie » etc...
Philippe Chauveau : Et ça vous l'enregistrez ?
Françoise Bourdin : Non parce que cela pourrait être très mal vécu. Si vous prenez le risque de raconter son histoire, la personne risque d'être très mécontente de la manière dont vous l'avez traitée. Je crois que le lecteur ne fait pas bien la différence entre la réalité et la fiction. Moi, auteur, je sais où est la fiction.
Philippe Chauveau : Un petit peu comme une amie, vous revenez tous les ans avec un livre pour nous raconter une histoire. Finalement, avez-vous cette sensation de faire partie de la famille ?
Françoise Bourdin : Oui, c'est très drôle, il n'y a pas très longtemps, un lecteur qui accompagnait sa femme me dit d'un air résigné : « je passe toutes mes nuits avec vous » ! J'ai compris qu'il voyait le dos du livre avec ma photo parce que sa femme devait lire une bonne partie de la nuit. Oui, on est dans le quotidien des gens, c'est bien.
Philippe Chauveau : Je me permets de rappeler que vos parents étaient artistes lyriques et souvent, vous les accompagniez. La femme que vous êtes devenue par rapport à cette gamine qui était admirative dans le monde fascinant du théâtre et de l'opéra, avez-vous beaucoup changé ou êtes-vous restée la même.
Françoise Bourdin : Je pense que je suis restée très midinette, capable d'admirer les superbes histoires que vous racontent un opéra par exemple. Quand je voyais mes parents sur scène se déchirer dans des duos extraordinaires, cela m'a donné envie d'écrire, ça a ouvert mon imagination. Je suis toujours capable de cette admiration, devant un film à grand spectacle dans une salle obscure, je retrouve ces sensations.
Philippe Chauveau : Vous nous disiez au début de cet entretien que vous auriez rêvé être pilote d'avion donc la vitesse, les sensations, les frissons. Aujourd'hui, vous êtes toute seule dans votre petit bureau à la campagne, quel est le parallèle entre ces deux univers ?
Françoise Bourdin : La nature ! Toutes ces sensations que j'ai pu avoir à cheval sur les pistes de Maison-Lafitte. J'ai autour de ma maison une nature extraordinaire, j'ai besoin de ce calme pour écrire, et puis dans une maison à la campagne, on peut avoir des animaux, j'ai deux chiens, et on peut avoir une très grande bibliothèque. Toutes les années où j'ai vécu à Paris, les livres avaient du mal à trouver leur place, on en mettait un peu partout. Dans ma maison j'ai pu faire une vraie bibliothèque et ça c'est formidable. A la campagne, il y a plus d'espace, c'est important pour un auteur. Mon bureau est tout petit, mais il suffit que je lève la tête et que je regarde par la fenêtre et là, j'ai toute cette nature, c'est formidable et ça aide mon inspiration.
Philippe Chauveau : Et lorsque vous êtes à la campagne et que vous voyez passer les avions, vous vous dites « tiens ça pourrait être moi qui pilote » ?
Françoise Bourdin : Dans une prochaine vie…
Philippe Chauveau : Votre actualité Françoise Bourdin, « Gran Paradiso », vous êtes publiée chez Belfond.
Françoise Bourdin
Gran Paradiso
Livre 7'20Philippe Chauveau : Avec ce nouveau titre, « Gran Paradiso », nous allons faire connaissance avec Lorenzo, le héros de cette nouvelle histoire. Beaucoup d'autres personnages vont graviter autour de lui, c'est un jeune homme qui a perdu son père très tôt, son père était italien, marié avec une femme française. Il a rêvé d'être vétérinaire et de monter un parc animalier. Qui est-il et pourquoi avez6vous eu envie de nous présenter cet enfant franco-italien ?
Françoise Bourdin : J'avais envie de raconter à quel point c'est compliqué, quand on a perdu son père très tôt, quand sa mère s'est remariée, c'est compliqué de s'intégrer. Pour Lorenzo ça ne se passe pas très bien puisque son beau-père a du mal avec lui, d'ailleurs il ne l'appelle plus Lorenzo, il l'appelle Laurent, il le prive de son identité. Lorenzo voyait son grand-père une fois par an, c'est tout ce qui lui restait de ses racines italiennes. Quand le grand-père est décédé, il a laissé en héritage à son petit-fils des terres en friches qu'il avait acheté en croyant faire un très bon placement immobilier, en se disant qu'il y aurait une station de sports d'hiver, mais non, les terres ne valent rien, elles sont restées en friches depuis des années. Mais Lorenzo, qui a accompli ses études de vétérinaire et qui a enfin son diplôme, se dit « je sais exactement ce que je vais faire de ces terres, je vais en faire un parc animalier à mon idée ».
Philippe Chauveau : C'est le point de départ de votre roman. On va revenir sur la famille parce que Maud, la mère de Lorenzo, s'est remariée avec Xavier qui est pharmacien, ils ont eu des enfants ensemble. Lorenzo s'entend très bien avec ses demi-frères et demi-soeurs, c'est vraiment avec le père que ça coince. Vous abordez le thème de la famille recomposée car la difficulté entre Xavier et Lorenzo se poursuit au fil du temps, même lorsque Lorenzo devient adulte...
Françoise Bourdin : Cela reste une épine dans son pied. Quand il était petit, Lorenzo lui rappelait sans cesse que sa femme avait eu un autre mari avant lui et un autre enfant. C'était quelque chose qui le gênait, les années passant, Lorenzo a très bien réussi. Même si ses enfants à lui réussissent pas mal, Lorenzo reste l'élément phare de la famille, le beau-père a du mal à digérer ça.
Philippe Chauveau : Vous évoquez une famille recomposée suite à un deuil mais ce peut être un divorce bien sûr. Vous qui écrivez depuis pas mal d'années sur le thème de la famille, avez-vous l'impression que les choses évoluent, en bien ou en mal, comment se porte la famille en France ?
Françoise Bourdin : La famille en France ne se porte pas mal, c'est vrai qu'elle est beaucoup plus diverse aujourd'hui, les mœurs ont évolué, beaucoup de choses sont tolérables qui ne l'étaient pas il y a 20 ans. Mais les années passant, on est rentré dans une morale, une sorte de bien-pensance, il faut que tout soit réussi, que tout se passe bien. On nous explique toujours comment vivre et ces familles courent après un modèle qui n'existe pas vraiment, dans toutes les familles il y a des problèmes. Il y a beaucoup de familles recomposées, pour les enfants de ces familles de gens qui ont divorcé, ce n'est plus un problème à l'école alors qu'il y a 30 ou 40 ans, c'était difficile pour un gamin de dire « maman est parti » ou « papa est parti », aujourd'hui cela fait partie de la vie.
Philippe Chauveau : Je ne vais pas rentrer trop dans l'intrigue du roman, il se passe beaucoup de choses, Lorenzo est entouré de sa famille, il y a des femmes aussi qui gravitent, mais il y a un autre point très important dans votre histoire, c'est le regard sur les animaux, sujet d'actualité, et là, au-delà du plaisir de lecture, vous interpelez le lecteur sur cette question fondamentale, le respect des animaux, les droits des animaux, comment sont ils traités dans les cirques, dans les parcs animaliers etc... Pourquoi vouloir traiter cette thématique ?
Françoise Bourdin : J'adore les animaux, et les animaux sauvages me fascinaient. Je me disais que je ne terminerai pas ma vie sans aller au Kenya pour regarder des lions dans la savane, dans leur habitat naturel. Petit à petit, avec les années, on a commencé à parler des disparitions de certaines d'espèces, chaque année, nous perdons des dizaines d'espèces et on nous annonce qu'assez vite il n'y aura plus d'éléphants, il n'y aura plus de tigres ni de lions... Cette planète c'est aussi la leur ! Nous habitons la même maison les animaux et nous, il n'est pas possible que personne ne s'érige en juge en disant « on n'a pas le droit de tout massacrer ». Il va falloir les préserver, ce que font les parcs animaliers.
Philippe Chauveau : Dans les prises de positions, dans les choix que prend Lorenzo pour diriger son parc, il prend des décisions très tranchées, on imagine que ce sont aussi vos propres vues que vous laissez transparaître derrière le personnage de Lorenzo, notamment lorsqu'il ne veut pas faire de spectacle avec ses animaux, on voit tout a fait ce que vous cherchez à dénoncer. Il y a des animaux très attachants comme cette panthère. Vous -même, vous êtes-vous baladée dans les parcs animaliers ?
Françoise Bourdin : Bien sûr, l'idée de « Gran Paradiso » est née d'une balade à Thoiry avec l’une de mes filles, et je me suis dit que c'était le cadre idéal pour un roman. Je me suis beaucoup documenté pour réussir à être au plus juste dans la description de la vie des soigneurs, ce n'est pas un métier facile... Pour le lecteur ce sera un voyage un peu insolite et j'espère intéressant.
Philippe Chauveau : Tous ces personnages, où sont-ils maintenant ?
Françoise Bourdin : Ils sont restés dans un coin de ma tête, je me demande si je ne vais pas poursuivre leurs aventures parce qu'ils sont encore très présents.
Philippe Chauveau : Votre actualité : « Gran Paradiso », on retrouve avec plaisir cette plume du grand beau roman populaire, une belle saga. Vous êtes publiée chez Belfond. Merci
Françoise Bourdin : Merci.