Jean Félix de La Ville Baugé
Dieu regardait ailleurs
Vladimir Wladimirovitch croupit dans un sanatorium suisse. Avant la Révolution de 1917, il était l'un des proches parents du Tsar Nicolas II. Avec ses mots à lui, il se raconte. Entre l'assassinat de Raspoutine, l'arrivée des bolcheviks, la fuite en France, ses rencontres avec les plus belles femmes. Une vie qui s'enfuit. Mais qu'en a-t-il fait ? Un destin broyé car sans doute, Dieu regardait-il ailleurs?
Avec ce personnage imaginaire, Jean-Félix de La Ville Baugé retrace un monde englouti. Après « Entre deux cils » et « Votre fils », le nouveau roman de Jean-Félix de La Ville Baugé « Dieu regardait ailleurs » aux éditions Plon.
Jean-Félix de La Ville Baugé est sur WTC
Jean Félix de La Ville Baugé
Dieu regardait ailleurs
Présentation 1'18Aujourd'hui installé à Moscou où il dirige « Le courrier de Russie », journal franco-russe, Jean-Félix de La Ville Baugé a auparavant suivi des études de droit et d'économie avant de sillonner le monde pour des associations humanitaires.
Après « Entre deux cils » en 2002 et « Votre fils » en 2004, il publie aux éditions Plon son troisième roman « Dieu regardait ailleurs ». Dans les années 30, un ancien grand-duc de Russie, réfugié dans un sanatorium suisse raconte sa vie. Et elle n'est pas belle…
Une enfance abandonnée, le carcan de l'éducation sous les ors de la cour de Nicolas II, l'assassinat de Raspoutine, une couronne sur la tête pour quelques heures, la guerre, l'exil, l'amour déçu et les amitiés trahies…
Telle est la vie de Vladimir Wladimirovitch. Une vie ratée, comme si à chaque moment de l'existence de ce grand duc, Dieu regardait ailleurs.
Un roman écrit sous forme de récit, avec un style fluide mais parfaitement maîtrisé, une histoire étonnante à travers le regard de ce personnage imaginaire qui nous raconte le destin d'un homme au costume trop grand pour lui et la fin d'un monde à jamais englouti.
« Dieu regardait ailleurs » par Jean-Félix de La Ville Baugé aux éditions Plon. Jean-Félix de La Ville Baugé est sur Web TV Culture.
Aujourd'hui installé à Moscou où il dirige « Le courrier de Russie », journal franco-russe, Jean-Félix de La Ville Baugé a auparavant suivi des études de droit et d'économie avant de sillonner le monde pour des associations humanitaires. Après « Entre deux cils » en 2002 et « Votre fils » en 2004, il publie aux éditions Plon son troisième roman « Dieu regardait ailleurs ». Dans les années 30, un ancien grand-duc de Russie, réfugié dans un sanatorium suisse raconte sa vie. Et elle n'est pas belle… Une enfance abandonnée, le carcan de l'éducation sous les ors de la cour de Nicolas II, l'assassinat de Raspoutine, une couronne sur la tête pour quelques heures, la guerre, l'exil, l'amour déçu et les amitiés trahies… Telle est la vie de Vladimir Wladimirovitch. Une vie ratée, comme si à chaque moment de l'existence de ce grand duc, Dieu regardait ailleurs.
Un roman écrit sous forme de récit, avec un style fluide mais parfaitement maîtrisé, une histoire étonnante à travers le regard de ce personnage imaginaire qui nous raconte le destin d'un homme au costume trop grand pour lui et la fin d'un monde à jamais englouti.
« Dieu regardait ailleurs » par Jean-Félix de La Ville Baugé aux éditions Plon. Jean-Félix de La Ville Baugé est sur WTC.
Jean Félix de La Ville Baugé
Dieu regardait ailleurs
Portrait 3'44Bonjour Jean-Félix de La Ville Baugé. Vous publiez aux éditions Plon votre nouveau titre, c'est déjà votre troisième roman, « Dieu regardait ailleurs ». Il y avait eu précédemment « Entre deux cils » et « Votre fils ».
Mais votre vie est aussi au-delà de l'écriture puisque vous êtes installé en Russie, à Moscou. Vous êtes directeur de publication d'un journal. Vous avez fait des études de Droit, d'Économie, vous avez travaillé pour des associations humanitaires.
Si vous deviez vous définir, vous êtes quoi ? Vous êtes un touche-à-tout, un curieux, un aventurier ?
Je ne crois pas que je sois un aventurier, par contre ma curiosité m'a poussée dans certaines aventures.
Pourquoi l'envie de travailler pour des associations humanitaires, au Rwanda ou dans différents pays, en Tchétchénie notamment ?
Il y a quelqu'un dernièrement qui à propos de ce livre m'a dit « mais au fond, vous avez fait en sorte d'approcher tous les génocides, les génocides qui se sont passés pendant votre vie. Il y a la volonté d'approcher du mal.
Jamais la beauté n'a joué aussi près de la souffrance. Quand il y a des souffrances énormes, il y a des beautés extraordinaires. Au Rwanda, où je suis arrivé quelques semaines après la fin du génocide, j'ai vu, je pense, les plus belles femmes au monde.
Et c'était des survivantes. Et pourtant, on a massacré dix pour cent de la population. Il y a cet espèce de jeu permanent entre le mal absolu et la beauté absolue.
Aujourd'hui c'est Moscou, la Russie, ce journal dont vous êtes responsable de la publication. C'est un prolongement de ce que vous aviez fait précédemment ou c'est une page qui s'est tournée ? Est-ce que c'est un autre Jean-Félix de La Ville Baugé ?
A la fois c'est un autre et à la fois c'est le même. Il y a en Russie ce mouvement permanent entre la beauté, l'horreur.
C'est une banalité, mais les Russes sont très extrêmes et dans cet extrémité je retrouve des choses que j'ai pu connaître sur des terrains humanitaires, donc c'est ce qui me fait rester en Russie.
Dans cette vie bien remplie, pourquoi l'écriture ? C'est venu combler un manque ?
Je ne sais pas pourquoi on écrit. Je ne sais pas pourquoi les gens écrivent et je ne sais absolument pas pourquoi j'écris. La chose que je vois, c'est que dans tout ce que j'ai fait, j'ai toujours écrit. Quand j'étais étudiant j'écrivais et des choses très mauvaises d'ailleurs.
J'ai écrit un premier roman qui serait honteux aujourd'hui. Quand j'étais avocat j'écrivais beaucoup. Quand j'étais humanitaire j'ai toujours écrit. Et j'ai écrit beaucoup de choses que je n'ai pas publié, j'avais écrit beaucoup de projets de livre sur le Darfour
et j'ai jamais estimé qu'il y avait quelque chose de valable. Et évidemment à Moscou en dirigeant ce journal, j'écris aussi. Ensuite il y a cette phrase de Baltus sur la peinture qui dit « peindre c'est un acte de fois ».
J'ai toujours trouvé stupide et puis finalement je crois que c'est très intelligent. C'est-à-dire que c'est parce que vous croyez à quelque chose qui vous dépasse, que vous écrivez.
Quand on vous voit Jean-Félix de La Ville Baugé, vous donnez l'impression de quelqu'un de bien dans sa peau, un peu dandy et puis quand on vous lit, on sent beaucoup de fragilité. Est-ce qu'il y a une faille finalement ?
Je fais un peu de citation, mais il y en a une de Paul Morand qui disait « les gens heureux n'écrivent pas », donc j'imagine que si on écrit, c'est qu'on n'est pas parfaitement heureux.
C'est parce qu'il y a une faille, j'ai envie de dire parce qu'il y en a plusieurs. Je ne sais pas l'image que je renvoie, mais je sais que les destins brisés m'appellent.
Jean-Félix de La Ville Baugé, c'est votre troisième roman, c'est aux éditions Plon et ça s'appelle « Dieu regardait ailleurs ».
Philippe Chauveau :
Bonjour Jean-Félix de La Ville Baugé. Vous publiez aux éditions Plon votre nouveau titre, c'est déjà votre troisième roman, « Dieu regardait ailleurs ». Il y avait eu précédemment « Entre deux cils » et « Votre fils ». Mais votre vie est aussi au-delà de l'écriture puisque vous êtes installé en Russie, à Moscou. Vous êtes directeur de publication d'un journal. Vous avez fait des études de Droit, d'Économie, vous avez travaillé pour des associations humanitaires. Si vous deviez vous définir, vous êtes quoi ? Vous êtes un touche-à-tout, un curieux, un aventurier ?
Jean-Félix de La Ville Baugé :
Je ne crois pas que je sois un aventurier, par contre ma curiosité m'a poussée dans certaines aventures.
Philippe Chauveau :
Pourquoi l'envie de travailler pour des associations humanitaires, au Rwanda ou dans différents pays, en Tchétchénie notamment ?
Jean-Félix de La Ville Baugé :
Il y a quelqu'un dernièrement qui à propos de ce livre m'a dit « mais au fond, vous avez fait en sorte d'approcher tous les génocides, les génocides qui se sont passés pendant votre vie. Il y a la volonté d'approcher du mal. Jamais la beauté n'a joué aussi près de la souffrance. Quand il y a des souffrances énormes, il y a des beautés extraordinaires. Au Rwanda, où je suis arrivé quelques semaines après la fin du génocide, j'ai vu, je pense, les plus belles femmes au monde. Et c'était des survivantes. Et pourtant, on a massacré dix pour cent de la population. Il y a cet espèce de jeu permanent entre le mal absolu et la beauté absolue.
Philippe Chauveau :
Aujourd'hui c'est Moscou, la Russie, ce journal dont vous êtes responsable de la publication. C'est un prolongement de ce que vous aviez fait précédemment ou c'est une page qui s'est tournée ? Est-ce que c'est un autre Jean-Félix de La Ville Baugé ?
Jean-Félix de La Ville Baugé :
A la fois c'est un autre et à la fois c'est le même. Il y a en Russie ce mouvement permanent entre la beauté, l'horreur. C'est une banalité, mais les Russes sont très extrêmes et dans cet extrémité je retrouve des choses que j'ai pu connaître sur des terrains humanitaires, donc c'est ce qui me fait rester en Russie.
Philippe Chauveau :
Dans cette vie bien remplie, pourquoi l'écriture ? C'est venu combler un manque ?
Jean-Félix de La Ville Baugé :
Je ne sais pas pourquoi on écrit. Je ne sais pas pourquoi les gens écrivent et je ne sais absolument pas pourquoi j'écris. La chose que je vois, c'est que dans tout ce que j'ai fait, j'ai toujours écrit. Quand j'étais étudiant j'écrivais et des choses très mauvaises d'ailleurs. J'ai écrit un premier roman qui serait honteux aujourd'hui. Quand j'étais avocat j'écrivais beaucoup. Quand j'étais humanitaire j'ai toujours écrit. Et j'ai écrit beaucoup de choses que je n'ai pas publié, j'avais écrit beaucoup de projets de livre sur le Darfour et j'ai jamais estimé qu'il y avait quelque chose de valable. Et évidemment à Moscou en dirigeant ce journal, j'écris aussi. Ensuite il y a cette phrase de Baltus sur la peinture qui dit « peindre c'est un acte de fois ». J'ai toujours trouvé stupide et puis finalement je crois que c'est très intelligent. C'est-à-dire que c'est parce que vous croyez à quelque chose qui vous dépasse, que vous écrivez.
Philippe Chauveau :
Quand on vous voit Jean-Félix de La Ville Baugé, vous donnez l'impression de quelqu'un de bien dans sa peau, un peu dandy et puis quand on vous lit, on sent beaucoup de fragilité. Est-ce qu'il y a une faille finalement ?
Jean-Félix de La Ville Baugé :
Je fais un peu de citation, mais il y en a une de Paul Morand qui disait « les gens heureux n'écrivent pas », donc j'imagine que si on écrit, c'est qu'on n'est pas parfaitement heureux. C'est parce qu'il y a une faille, j'ai envie de dire parce qu'il y en a plusieurs. Je ne sais pas l'image que je renvoie, mais je sais que les destins brisés m'appellent.
Philippe Chauveau :
Jean-Félix de La Ville Baugé, c'est votre troisième roman, c'est aux éditions Plon et ça s'appelle « Dieu regardait ailleurs ».
Jean Félix de La Ville Baugé
Dieu regardait ailleurs
Le livre 3'57« Dieu regardait ailleurs », Jean-Félix de La Ville Baugé, c'est votre nouveau titre aux éditions Plon. Dieu regardait ailleurs, mais que faisait-il justement quand il ne regardait pas Vladimir Wladimirovitch qui nous raconte son histoire.
Nous sommes dans un sanatorium en Suisse dans les années 30 et celui qui a été Grand Duc, qui a même été tsar pendant quelques heures, raconte son destin absolument broyé.
Alors précisons tout de suite, ce n'est pas un roman historique parce que ce Vladimir dont vous parlez est un personnage fictif, mais finalement c'est un peu ce que l'on pourrait appeler un « looser » ce Vladimir Wladimirovitch.
Il vit sous les ordres de la cour de Russie, mais le costume est un peu trop grand pour lui.
Que le costume soit trop grand pour lui, c'est une phrase que vous pouvez utiliser pour la quasi-totalité de la tête du pays à cet instant. Le costume était un petit peu trop grand à priori pour Nicolas II.
Donc il y a un certain nombre de gens qui à priori ont des costumes trop grands. Ce qui m'a intéressé c'est que comme un certain nombre d'entre-eux ont des costumes trop grands, ça s'écroule avec une facilité déconcertante.
C'est un personnage créé, mais en même temps il me semble très symbolique de cet empire dont on a dit qu'il s'est écroulé en trois jours et il tombe.
Avec ce personnage on va donc traverser toute la révolution de 1917, on va aller jusqu'aux prémices du nazisme. Ce personnage va donc se retrouver tsar de façon surprenante pendant quelques heures, mais il ne maîtrise jamais son destin.
Jamais. Et on me l'a fait remarquer et je ne sais pas pourquoi. Il ne réagit jamais. Mon éditrice m'a dit il est perpétuellement à côté de sa vie et il regarde. On l'accable beaucoup. J'ai entendu ça.
J'aimerais bien voir comment réagiraient ces critiques si on violait leur soeur dans un puit pendant des mois et on l'a finissait à coups de pierre, si on terminait dans un autre puit leur père et leur frère. Il a tout perdu.
Il était très haut – alors il n'a pas fait grand chose pour être très haut – en tout cas il était très haut. Les événements se déroulent et effectivement pendant quelques heures j'imagine qu'il est tsar.
Il y a eu une période d'incertitude quand Nicolas II a abdiqué, on ne savait pas très bien qui. Il y a d'ailleurs une histoire très drôle, c'est qu'on a proposé à son frère, Michel, d'être tsar, qui était à l'époque à l'intérieur de la douma,
et la seule question qu'il a posé, qui est déconcertante d'ailleurs, c'est « est-ce que vous avez les moyens de me protéger ? » Et les gens ont dit « pas du tout ! » Il a dit « ah bah non alors, je refuse ! » On montre que la chose s'écroule comme ça.
Ce pays, la Russie, vous le connaissez bien puisque vous y vivez. C'est vrai que c'est un pays qui aujourd'hui encore fascine. C'était ça votre envie, c'était de raconter cette Russie là qui n'existe plus ?
Le monde dont on parle s'était disons le tsarisme, qui s'est englouti. La Russie, elle, elle est toujours là. Je crois qu'on arrive assez bien à décrire la France, personne n'arrive à décrire la Russie.
C'est un mystère. J'ai toujours dit s'il y a quelque chose à faire dans ce pays, c'est de s'approcher du mystère. Et on peut s'y approcher pour moi que par un moyen. On ne peut pas y approcher par les livres.
Par les romans oui, pas par les livres, il y a des essais qui disent tout et son contraire etc... On peut l'approcher par les gens. Et à un moment à la fin il y a une sorte de poème à la Russie comme ça où au fond il regrette, il ne regrette pas le régime,
il regrette d'avoir perdu sa Russie. Il y a une phrase qui est superbe c'est « autocrate de toutes les Russies ». On n'a jamais dit « Roi de toutes les Frances », on estime qu'il y en a qu'une.
Mais le titre exact du tsar et c'est le titre aujourd'hui exact du patriarche, le patriarche il est « patriarche de Moscou et de toutes les Russies ».
J'ai toujours trouvé ça superbe parce que je me suis dit elle est tellement mystérieuse qu'elle a des milliers de faces et on ne dit pas qu'il est tsar de Russie, mais tsar de toutes les Russies.
Merci Jean-Félix de La Ville Baugé. « Dieu regardait ailleurs », c'est votre actualité, c'est aux éditions Plon. On va suivre ce grand duc dont vous nous avez parlé, Vladimir Wladimirovitch.
Puis ne manquez surtout pas les toutes dernières pages, l'épilogue parce qu'il y a un suspense et la fin est tout-à-fait étonnante. C'est aux éditions Plon.
Philippe Chauveau :
« Dieu regardait ailleurs », Jean-Félix de La Ville Baugé, c'est votre nouveau titre aux éditions Plon. Dieu regardait ailleurs, mais que faisait-il justement quand il ne regardait pas Vladimir Wladimirovitch qui nous raconte son histoire. Nous sommes dans un sanatorium en Suisse dans les années 30 et celui qui a été Grand Duc, qui a même été tsar pendant quelques heures, raconte son destin absolument broyé. Alors précisons tout de suite, ce n'est pas un roman historique parce que ce Vladimir dont vous parlez est un personnage fictif, mais finalement c'est un peu ce que l'on pourrait appeler un « looser » ce Vladimir Wladimirovitch. Il vit sous les ordres de la cour de Russie, mais le costume est un peu trop grand pour lui.
Jean-Félix de La Ville Baugé :
Que le costume soit trop grand pour lui, c'est une phrase que vous pouvez utiliser pour la quasi-totalité de la tête du pays à cet instant. Le costume était un petit peu trop grand à priori pour Nicolas II. Donc il y a un certain nombre de gens qui à priori ont des costumes trop grands. Ce qui m'a intéressé c'est que comme un certain nombre d'entre-eux ont des costumes trop grands, ça s'écroule avec une facilité déconcertante. C'est un personnage créé, mais en même temps il me semble très symbolique de cet empire dont on a dit qu'il s'est écroulé en trois jours et il tombe.
Philippe Chauveau :
Avec ce personnage on va donc traverser toute la révolution de 1917, on va aller jusqu'aux prémices du nazisme. Ce personnage va donc se retrouver tsar de façon surprenante pendant quelques heures, mais il ne maîtrise jamais son destin.
Jean-Félix de La Ville Baugé :
Jamais. Et on me l'a fait remarquer et je ne sais pas pourquoi. Il ne réagit jamais. Mon éditrice m'a dit il est perpétuellement à côté de sa vie et il regarde. On l'accable beaucoup. J'ai entendu ça. J'aimerais bien voir comment réagiraient ces critiques si on violait leur soeur dans un puit pendant des mois et on l'a finissait à coups de pierre, si on terminait dans un autre puit leur père et leur frère. Il a tout perdu. Il était très haut – alors il n'a pas fait grand chose pour être très haut – en tout cas il était très haut. Les événements se déroulent et effectivement pendant quelques heures j'imagine qu'il est tsar. Il y a eu une période d'incertitude quand Nicolas II a abdiqué, on ne savait pas très bien qui. Il y a d'ailleurs une histoire très drôle, c'est qu'on a proposé à son frère, Michel, d'être tsar, qui était à l'époque à l'intérieur de la douma, et la seule question qu'il a posé, qui est déconcertante d'ailleurs, c'est « est-ce que vous avez les moyens de me protéger ? » Et les gens ont dit « pas du tout ! » Il a dit « ah bah non alors, je refuse ! » On montre que la chose s'écroule comme ça.
Philippe Chauveau :
Ce pays, la Russie, vous le connaissez bien puisque vous y vivez. C'est vrai que c'est un pays qui aujourd'hui encore fascine. C'était ça votre envie, c'était de raconter cette Russie là qui n'existe plus ?
Jean-Félix de La Ville Baugé :
Le monde dont on parle s'était disons le tsarisme, qui s'est englouti. La Russie, elle, elle est toujours là. Je crois qu'on arrive assez bien à décrire la France, personne n'arrive à décrire la Russie. C'est un mystère. J'ai toujours dit s'il y a quelque chose à faire dans ce pays, c'est de s'approcher du mystère. Et on peut s'y approcher pour moi que par un moyen. On ne peut pas y approcher par les livres. Par les romans oui, pas par les livres, il y a des essais qui disent tout et son contraire etc... On peut l'approcher par les gens. Et à un moment à la fin il y a une sorte de poème à la Russie comme ça où au fond il regrette, il ne regrette pas le régime, il regrette d'avoir perdu sa Russie. Il y a une phrase qui est superbe c'est « autocrate de toutes les Russies ». On n'a jamais dit « Roi de toutes les Frances », on estime qu'il y en a qu'une. Mais le titre exact du tsar et c'est le titre aujourd'hui exact du patriarche, le patriarche il est « patriarche de Moscou et de toutes les Russies ». J'ai toujours trouvé ça superbe parce que je me suis dit elle est tellement mystérieuse qu'elle a des milliers de faces et on ne dit pas qu'il est tsar de Russie, mais tsar de toutes les Russies.
Philippe Chauveau :
Merci Jean-Félix de La Ville Baugé. « Dieu regardait ailleurs », c'est votre actualité, c'est aux éditions Plon. On va suivre ce grand duc dont vous nous avez parlé, Vladimir Wladimirovitch. Puis ne manquez surtout pas les toutes dernières pages, l'épilogue parce qu'il y a un suspense et la fin est tout-à-fait étonnante. C'est aux éditions Plon.