Sophie Chauveau
Diderot, le génie débraillé
Web Tv Culture vous invite à plonger au coeur du XVIIIème siècle que l'on apelle aussi communément le siècle des Lumières. Et s'il est un auteur qui reste associé à cette période de l'Histoire, antichambre de la Révolution, c'est bien Denis Diderot, à la fois romancier et homme de théâtre, avec Jacques le Fataliste, La religieuse, Jacques le Fataliste ou Le neveu de Rameau.
Sophie Chauveau connaît bien, elle aussi, le monde du théâtre. De sa formation de comédienne, elle a gardé le goût de la réplique, de la scène, du texte.
Mais la vraie passion de Sophie Chauveau, c'est l'écriture.
Des essais, Débandade, Sourires aux éclats, des romans Les mémoires d'Hélène ou Les belles menteuses et puisdes biographies romancées comme celles qu'elle consacra à ces trois géants de la peinture italienne que sont Lippi, Vinci ou Boticelli. Des ouvrages qui ont largement rencontré leur public.
Mais depuis toujours, Sophie Chauveau caressait le projet d'un livre sur Denis Diderot. C'est aujourd'hui chose faite avec ce livre publié aux
éditions Télémaque. Diderot, Le génie débraillé
Et grâce à Sophie Chauveau, c'est un Diderot loin des clichés que nous découvrons, un homme bondissant, amoureux de la vie, précurseur, très loin de l'image compassé que l'on peut avoir de l'auteur de L'Encyclopédie.
Diderot, Le génie débraillé, aux éditions Télémaque, par Sophie Chauveau, à découvrir sur Web Tv Culture.
Sophie Chauveau
Diderot, le génie débraillé
Présentation 1'07Sophie Chauveau connaît bien, elle aussi, le monde du théâtre. De sa formation de comédienne, elle a gardé le goût de la réplique, de la scène, du texte.
Mais la vraie passion de Sophie Chauveau, c’est l’écriture.
Des essais, Débandade, Sourires aux éclats, des romans Les mémoires d’Hélène ou Les belles menteuses et puisdes biographies romancées comme celles qu’elle consacra à ces trois géants de la peinture italienne que sont Lippi, Vinci ou Boticelli. Des ouvrages qui ont largement rencontré leur public.
Mais depuis toujours, Sophie Chauveau caressait le projet d’un livre sur Denis Diderot. C’est aujourd’hui chose faite avec ce livre publié aux
éditions Télémaque. Diderot, Le génie débraillé
Et grâce à Sophie Chauveau, c'est un Diderot loin des clichés que nous découvrons, un homme bondissant, amoureux de la vie, précurseur, très loin de l'image compassé que l'on peut avoir de l'auteur de L'Encyclopédie.
Diderot, Le génie débraillé, aux éditions Télémaque, par Sophie Chauveau, à découvrir sur Web Tv Culture.
Sophie Chauveau connaît bien, elle aussi, le monde du théâtre. De sa formation de comédienne, elle a gardé le goût de la réplique, de la scène, du texte.
Mais la vraie passion de Sophie Chauveau, c’est l’écriture.
Des essais, Débandade, Sourires aux éclats, des romans Les mémoires d’Hélène ou Les belles menteuses et puisdes biographies romancées comme celles qu’elle consacra à ces trois géants de la peinture italienne que sont Lippi, Vinci ou Boticelli. Des ouvrages qui ont largement rencontré leur public.
Mais depuis toujours, Sophie Chauveau caressait le projet d’un livre sur Denis Diderot. C’est aujourd’hui chose faite avec ce livre publié aux
éditions Télémaque. Diderot, Le génie débraillé
Et grâce à Sophie Chauveau, c'est un Diderot loin des clichés que nous découvrons, un homme bondissant, amoureux de la vie, précurseur, très loin de l'image compassé que l'on peut avoir de l'auteur de L'Encyclopédie.
Diderot, Le génie débraillé, aux éditions Télémaque, par Sophie Chauveau, à découvrir sur Web Tv Culture.
Sophie Chauveau
Diderot, le génie débraillé
Portrait 4'16Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Bonjour Philippe Chauveau
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Je suis ravi de rencontrer mon homonyme. Vous publiez aux éditions Télémaque, Diderot Le génie débraillé. C'est votre nouveau livre. Diderot homme de lettres, homme de théâtre, un petit peu comme vous finalement puisque le théâtre compte beaucoup dans votre vie. Vous avez une formation de comédienne ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : J'ai fait comme tout le monde, j'ai commencé par le théâtre et dès que j'en suis sortie, j'ai commencé à vivre. Au théâtre, on existe que dans le regard des autres, c'est le regard des autres qui vous permet de travailler simplement. Il faut qu'un metteur en scène vous choisisse, il faut qu'on vous mette en scène, qu'on vous mette dans la lumière... à partir de ce moment là, vous faîtes votre métier. Moi j'ai commencé à exister quand j'ai travaillé dans l'ombre.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Ca veut dire que l'écriture serait synonyme de liberté à contrario ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Oui, le truchement dans l'écriture, c'est pas moi, c'est le livre. Je pense toujours, c'est très étrange la vision que j'ai de l'écriture, c'est comment on fait le vin en écrasant le raisin, avec les pieds. Bon, moi j'essaie que se soit avec les mains mais il faut pétrir, il faut écraser, la phrase, la syntaxe, les mots, la musique, la musique des mots quoi... faut y arriver. Donc c'est beaucoup d'années de travail sur la phrase pour arriver. Après l'histoire, bon bah voilà c'est comment on la raconte plutôt que quoi on raconte.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Lorsque vous écrivez, quels sont les thèmes qui vous inspirent ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Je ne sais pas ; la beauté je dirais. Si on décide que la littérature est un art, ce que je crois, comme la poésie par exemple, la poésie étant ce qui va donner toute la littérature, l'idée c'est quand même la beauté. Alors faire de la beauté, les mots, les images, les sons...
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Alors forcément on évoque les trois très beaux livres dont on a beaucoup parler : Lippi, Vinci, Botticelli ; trois grands génies de la peinture. Ce sont des biographies romancées. Qu'est-ce-qui vous a donné envie de parler de ces trois grands artistes ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Lippi d'abord, je suis tombée sur Lippi et je me suis dit « c'est pas possible d'avoir eu une vie aussi insensé quand même, picaresque, démesurée »... Pour un romancier c'est du nanan, c'est un cadeau, tout ce que je vais écrire sera en-deçà de l'énormité de sa vie. Je suis toujours extrêmement énervée quand je lis les biographies. Les gens, enfin les auteurs, prennent leur héros à l'âge où ils sont dans la lumière, où ils réussissent. Et donc je veux savoir comment on devient, Lippi, Vinci, Botticelli, Diderot, avant de devenir Diderot. Comment on le devient. Donc je ne fais pas des biographies, je ne fais pas historien, je fais des romans historiques, c'est-à-dire que je vais essayer de réinventer comment ils sont devenus eux-mêmes à travers le désir de devenir grand, de rentrer dans la lumière, de dire quelque chose au monde, de changer le monde... Comment ça pousse ces désirs là ?
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Est-ce que vos contemporains peuvent finalement aussi vous inspirer pour l'écriture ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Oui, oui, oui. Tout le monde m'inspire. Tout m'inspire, j'adore l'humanité, je suis fascinée. La semaine dernière, je suis allée au cimetière, j'ai vu une tombe absolument bouleversante, je vais écrire un livre sur la dame qui est enterrée là. Je suis boulimique, il n'y a pas de moment dans la semaine où je ne découvre quelque chose qui va m'enchanter, me bouleverser, m'interloquer, qu'il va falloir que je comprenne. Mes contemporains me passionnent.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Quelle serait votre définition de l'écriture finalement ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Ha, c'est un piège !... Je n'ai pas pensé à résoudre des énigmes pareilles… Ma définition de l’écriture ? Rimbaud « fixer des vertiges, exprimer l'inexprimable »... Na na nère, J'ai répondu...
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Ca vous rend heureuse l'écriture ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Oui très, très. Je ne sais pas s'il y a un autre endroit au monde où l'on est aussi heureux.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Sophie Chauveau, Diderot - Le génie débraillé, 1er tome, Les années bohème en attendant le second qui va bientôt paraître, c'est aux éditions Télémaque.
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Bonjour Philippe Chauveau
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Je suis ravi de rencontrer mon homonyme. Vous publiez aux éditions Télémaque, Diderot Le génie débraillé. C'est votre nouveau livre. Diderot homme de lettres, homme de théâtre, un petit peu comme vous finalement puisque le théâtre compte beaucoup dans votre vie. Vous avez une formation de comédienne ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : J'ai fait comme tout le monde, j'ai commencé par le théâtre et dès que j'en suis sortie, j'ai commencé à vivre. Au théâtre, on existe que dans le regard des autres, c'est le regard des autres qui vous permet de travailler simplement. Il faut qu'un metteur en scène vous choisisse, il faut qu'on vous mette en scène, qu'on vous mette dans la lumière... à partir de ce moment là, vous faîtes votre métier. Moi j'ai commencé à exister quand j'ai travaillé dans l'ombre.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Ca veut dire que l'écriture serait synonyme de liberté à contrario ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Oui, le truchement dans l'écriture, c'est pas moi, c'est le livre. Je pense toujours, c'est très étrange la vision que j'ai de l'écriture, c'est comment on fait le vin en écrasant le raisin, avec les pieds. Bon, moi j'essaie que se soit avec les mains mais il faut pétrir, il faut écraser, la phrase, la syntaxe, les mots, la musique, la musique des mots quoi... faut y arriver. Donc c'est beaucoup d'années de travail sur la phrase pour arriver. Après l'histoire, bon bah voilà c'est comment on la raconte plutôt que quoi on raconte.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Lorsque vous écrivez, quels sont les thèmes qui vous inspirent ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Je ne sais pas ; la beauté je dirais. Si on décide que la littérature est un art, ce que je crois, comme la poésie par exemple, la poésie étant ce qui va donner toute la littérature, l'idée c'est quand même la beauté. Alors faire de la beauté, les mots, les images, les sons...
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Alors forcément on évoque les trois très beaux livres dont on a beaucoup parler : Lippi, Vinci, Botticelli ; trois grands génies de la peinture. Ce sont des biographies romancées. Qu'est-ce-qui vous a donné envie de parler de ces trois grands artistes ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Lippi d'abord, je suis tombée sur Lippi et je me suis dit « c'est pas possible d'avoir eu une vie aussi insensé quand même, picaresque, démesurée »... Pour un romancier c'est du nanan, c'est un cadeau, tout ce que je vais écrire sera en-deçà de l'énormité de sa vie. Je suis toujours extrêmement énervée quand je lis les biographies. Les gens, enfin les auteurs, prennent leur héros à l'âge où ils sont dans la lumière, où ils réussissent. Et donc je veux savoir comment on devient, Lippi, Vinci, Botticelli, Diderot, avant de devenir Diderot. Comment on le devient. Donc je ne fais pas des biographies, je ne fais pas historien, je fais des romans historiques, c'est-à-dire que je vais essayer de réinventer comment ils sont devenus eux-mêmes à travers le désir de devenir grand, de rentrer dans la lumière, de dire quelque chose au monde, de changer le monde... Comment ça pousse ces désirs là ?
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Est-ce que vos contemporains peuvent finalement aussi vous inspirer pour l'écriture ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Oui, oui, oui. Tout le monde m'inspire. Tout m'inspire, j'adore l'humanité, je suis fascinée. La semaine dernière, je suis allée au cimetière, j'ai vu une tombe absolument bouleversante, je vais écrire un livre sur la dame qui est enterrée là. Je suis boulimique, il n'y a pas de moment dans la semaine où je ne découvre quelque chose qui va m'enchanter, me bouleverser, m'interloquer, qu'il va falloir que je comprenne. Mes contemporains me passionnent.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Quelle serait votre définition de l'écriture finalement ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Ha, c'est un piège !... Je n'ai pas pensé à résoudre des énigmes pareilles… Ma définition de l’écriture ? Rimbaud « fixer des vertiges, exprimer l'inexprimable »... Na na nère, J'ai répondu...
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Ca vous rend heureuse l'écriture ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Oui très, très. Je ne sais pas s'il y a un autre endroit au monde où l'on est aussi heureux.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Sophie Chauveau, Diderot - Le génie débraillé, 1er tome, Les années bohème en attendant le second qui va bientôt paraître, c'est aux éditions Télémaque.
Sophie Chauveau
Diderot, le génie débraillé
Le livre 3'47Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Parce que toutes celles que j'ai lues, et j'en ai lues plus de douze, me disent que de quinze à trente ans, on ne sait pas ce qu'il a fait. Je n'arrive pas à croire qu'au XVIIIème siècle, on ne puisse pas trouver ce qu'a fait Denis Diderot de quinze à trente ans. Je suis allée chercher et j'ai trouvé ce qu'il avait vécu, ce qui l'avait profondément bouleversé, ému, et ce qui permettait à Diderot de devenir Diderot à travers ces années là. Parce que Diderot débute à quarante ans. Diderot fait partie de ces génies tardifs, on pourrait dire, des gens qui cherchent. Et Diderot nous ressemble à nous, c'est-à-dire à des gens qui sont autour de l'écriture, qui savent qu'ils vont par là, d'une façon ou d'une autre, mais qui ne savent pas comment. Donc il va faire tous les jobs, tous les métiers, tous les boulots, journaliste, machin... pour identifier profondément en lui comment on passe de l'espèce de canaille, clochard céleste, ce que vous voulez, qu'est le Neveu de Rameau, au philosophe du Neveu de Rameau, c'est-à-dire à Denis Diderot. Comment on fait la bascule.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : A certaines pages il est très sympathique et alors à d'autres pages on a envie de lui mettre des claques. Vous aviez cette image là ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Vous n’avez pas ce sentiment là envers vous-même ? Est-ce que l'on n'a pas ce sentiment là envers nous mêmes ? Est-ce que l'on n'est pas dans les années de formation, dans la jeunesse, des journées, des têtes à claques, on est nul, on se déteste, on est ridicule, on a été ramenard... Voilà, il a été ça et comment le nier. C'est pas un saint ! C'est un voyou, c'est un voyou qui a du génie, dont le génie est en train de pousser du-dedans, c'est magnifique. Au contraire, on est aussi antipathique que lui à vingt ans, un jour, pas tous les jours, et on est aussi géniaux ; bah non, pas tous hélas !...
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a un cadeau que vous faîtes à la fin du tome 1, c'est Le Neveu de Rameau dans la version qui est présentée au théâtre du Ranelagh.
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Moi j'avais une passion pour Diderot à cause du Neveu de Rameau qui m'a éblouie à quatorze ans et que j'ai relu toutes les années de ma vie. J'ai une intimité avec ce texte qui me donne une connaissance sur les années de Diderot. Je ne peux pas imaginer qu'il décrive la situation d'un homme qui a faim s'il n'a pas connu la faim réellement. Leur adaptation est moderne, n'est pas engluée par des références littéraires ou mondaines de l'époque de Diderot. Donc ils ont retiré ces références, qu'on ne comprendrait plus aujourd'hui. Du coup ça coule ; c'est un dialogue à la fois philosophique et très théâtral, c'est magnifique. Donc je me suis dit, « oui, aller… ».
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Vous nous offrez finalement un roman qui est très vivant. Pétillant, est-ce que ce serait un terme qui pourrait convenir à Diderot ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Pétillant comme le vin, pétillant comme la gourmandise qu'il incarne. C'est un démesuré de la bouche. Il est dans un désir amoureux du monde, des femmes, du vin de la bouffe, du partage, de la fraternité, de l'amitié. C'est un ami formidable. Toute sa vie, il a aimé ses amis. Il s'est trompé, il se fait avoir, il se fait rouler dans la farine, mais il les a aimés.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Vous avez pris beaucoup de plaisir, j'imagine, à écrire ces deux tomes ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Oui, un plaisir… J'ai vécu avec lui, je le connais vraiment bien, c'est un ami, c'est un proche, c'est un frère. J'ai du mal à m'en séparer, je veux rester avec lui, je ne sais pas comment faire. Il faut que je trouve une solution pour continuer à travailler avec lui. J'adore.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Sophie Chauveau, Denis Diderot - Le génie débraillé, tome 1, Les années bohème et tome 2 Les encyclopédistes. C'est aux éditions Télémaque.
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Parce que toutes celles que j'ai lues, et j'en ai lues plus de douze, me disent que de quinze à trente ans, on ne sait pas ce qu'il a fait. Je n'arrive pas à croire qu'au XVIIIème siècle, on ne puisse pas trouver ce qu'a fait Denis Diderot de quinze à trente ans. Je suis allée chercher et j'ai trouvé ce qu'il avait vécu, ce qui l'avait profondément bouleversé, ému, et ce qui permettait à Diderot de devenir Diderot à travers ces années là. Parce que Diderot débute à quarante ans. Diderot fait partie de ces génies tardifs, on pourrait dire, des gens qui cherchent. Et Diderot nous ressemble à nous, c'est-à-dire à des gens qui sont autour de l'écriture, qui savent qu'ils vont par là, d'une façon ou d'une autre, mais qui ne savent pas comment. Donc il va faire tous les jobs, tous les métiers, tous les boulots, journaliste, machin... pour identifier profondément en lui comment on passe de l'espèce de canaille, clochard céleste, ce que vous voulez, qu'est le Neveu de Rameau, au philosophe du Neveu de Rameau, c'est-à-dire à Denis Diderot. Comment on fait la bascule.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : A certaines pages il est très sympathique et alors à d'autres pages on a envie de lui mettre des claques. Vous aviez cette image là ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Vous n’avez pas ce sentiment là envers vous-même ? Est-ce que l'on n'a pas ce sentiment là envers nous mêmes ? Est-ce que l'on n'est pas dans les années de formation, dans la jeunesse, des journées, des têtes à claques, on est nul, on se déteste, on est ridicule, on a été ramenard... Voilà, il a été ça et comment le nier. C'est pas un saint ! C'est un voyou, c'est un voyou qui a du génie, dont le génie est en train de pousser du-dedans, c'est magnifique. Au contraire, on est aussi antipathique que lui à vingt ans, un jour, pas tous les jours, et on est aussi géniaux ; bah non, pas tous hélas !...
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a un cadeau que vous faîtes à la fin du tome 1, c'est Le Neveu de Rameau dans la version qui est présentée au théâtre du Ranelagh.
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Moi j'avais une passion pour Diderot à cause du Neveu de Rameau qui m'a éblouie à quatorze ans et que j'ai relu toutes les années de ma vie. J'ai une intimité avec ce texte qui me donne une connaissance sur les années de Diderot. Je ne peux pas imaginer qu'il décrive la situation d'un homme qui a faim s'il n'a pas connu la faim réellement. Leur adaptation est moderne, n'est pas engluée par des références littéraires ou mondaines de l'époque de Diderot. Donc ils ont retiré ces références, qu'on ne comprendrait plus aujourd'hui. Du coup ça coule ; c'est un dialogue à la fois philosophique et très théâtral, c'est magnifique. Donc je me suis dit, « oui, aller… ».
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Vous nous offrez finalement un roman qui est très vivant. Pétillant, est-ce que ce serait un terme qui pourrait convenir à Diderot ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Pétillant comme le vin, pétillant comme la gourmandise qu'il incarne. C'est un démesuré de la bouche. Il est dans un désir amoureux du monde, des femmes, du vin de la bouffe, du partage, de la fraternité, de l'amitié. C'est un ami formidable. Toute sa vie, il a aimé ses amis. Il s'est trompé, il se fait avoir, il se fait rouler dans la farine, mais il les a aimés.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Vous avez pris beaucoup de plaisir, j'imagine, à écrire ces deux tomes ?
Sophie Chauveau (Diderot - Le génie débraillé) : Oui, un plaisir… J'ai vécu avec lui, je le connais vraiment bien, c'est un ami, c'est un proche, c'est un frère. J'ai du mal à m'en séparer, je veux rester avec lui, je ne sais pas comment faire. Il faut que je trouve une solution pour continuer à travailler avec lui. J'adore.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Sophie Chauveau, Denis Diderot - Le génie débraillé, tome 1, Les années bohème et tome 2 Les encyclopédistes. C'est aux éditions Télémaque.
Sophie Chauveau
Diderot, le génie débraillé
L'avis du libraire 1'42Tome Dom
Frédéric Lapeyre
81, rue Saint Dominique
75007 Paris
Tél : 01-47-05-97-47
Ce que j’aime surtout, c’est l’écriture de Sophie Chauveau, sa manière de mettre en vie un personnage qu’on connaît que par ses écrits, et pas par sa vie.
Ce qui est vraiment intéressant, c’est de voir le Paris de l’époque, et comment Diderot a pu s’infiltrer, rester, les bas-fonds de Paris, ce qu’on ne montre jamais, pas le coté versaillais, mais le coté peuple de l’époque.
Il y a plein de rebondissements, de l’amour, de la trahison; elle fait bien vivre son personnage, on est bien pris dedans, les drames, tout ce qui va se passer… On oublie complètement que c’est Diderot, on pense que c’est un personnage de l’époque de capes et d’épées.
Ce n’est pas du tout austère comme on pourrait le croire, ce n’est pas du tout classique. En plus, l’intérêt c’est qu’il rencontre beaucoup de personnages, il rencontre Rameau, Rousseau, on vit avec tous ces personnages et donc on s’instruit.
On peut vraiment rentrer dans l’histoire, rentrer dans la littérature française sans se prendre la tête.
C’est moins dur qu’avec Lippi, et Botticelli. L’écriture était plus sèche, les personnages beaucoup plus durs parce que ce n’était pas la même époque non plus. Et donc, on retrouve complètement Sophie Chauveau, en plus romanesque, plus doux.
Elle a pris une plume beaucoup plus ronde pour écrire Diderot, on sent qu’il y a plus d’amour peut-être, moins d’historique et plus d’amour, et ça, c’est vraiment intéressant.
Un point fort, on ne le lâche pas, on le commence, on ne peut pas le lâcher.
Un point faible ? Je n’en vois pas… Ca se lit vraiment tout seul, c’est trop court, on a envie que ça continue, on a envie d’avoir le tome 2 tout de suite, parce qu’en plus, ça s’arrête à un moment crucial de la vie de l’écrivain.
Donc c’est peut-être le point faible, c’est qu’on en voudrait plus…
Tome Dom
Frédéric Lapeyre
81, rue Saint Dominique
75007 Paris
Tél : 01-47-05-97-47
Ce que j’aime surtout, c’est l’écriture de Sophie Chauveau, sa manière de mettre en vie un personnage qu’on connaît que par ses écrits, et pas par sa vie.
Ce qui est vraiment intéressant, c’est de voir le Paris de l’époque, et comment Diderot a pu s’infiltrer, rester, les bas-fonds de Paris, ce qu’on ne montre jamais, pas le coté versaillais, mais le coté peuple de l’époque.
Il y a plein de rebondissements, de l’amour, de la trahison; elle fait bien vivre son personnage, on est bien pris dedans, les drames, tout ce qui va se passer… On oublie complètement que c’est Diderot, on pense que c’est un personnage de l’époque de capes et d’épées.
Ce n’est pas du tout austère comme on pourrait le croire, ce n’est pas du tout classique. En plus, l’intérêt c’est qu’il rencontre beaucoup de personnages, il rencontre Rameau, Rousseau, on vit avec tous ces personnages et donc on s’instruit.
On peut vraiment rentrer dans l’histoire, rentrer dans la littérature française sans se prendre la tête.
C’est moins dur qu’avec Lippi, et Botticelli. L’écriture était plus sèche, les personnages beaucoup plus durs parce que ce n’était pas la même époque non plus. Et donc, on retrouve complètement Sophie Chauveau, en plus romanesque, plus doux.
Elle a pris une plume beaucoup plus ronde pour écrire Diderot, on sent qu’il y a plus d’amour peut-être, moins d’historique et plus d’amour, et ça, c’est vraiment intéressant.
Un point fort, on ne le lâche pas, on le commence, on ne peut pas le lâcher.
Un point faible ? Je n’en vois pas… Ca se lit vraiment tout seul, c’est trop court, on a envie que ça continue, on a envie d’avoir le tome 2 tout de suite, parce qu’en plus, ça s’arrête à un moment crucial de la vie de l’écrivain.
Donc c’est peut-être le point faible, c’est qu’on en voudrait plus…