On connait Xavier Durringer en tant que cinéaste et metteur en scène. En 2011, par exemple, son film « La conquête » était présenté à Cannes. Réalisateur pour la télévision, on lui doit aussi un téléfilm avec Line Renaud « Rappelle-toi » ou encore, il y a quelques années la pièce « Oh pardon, tu dormais » dans laquelle il dirigeait Jane Birkin sur la scène de la Gaieté Montparnasse.
Aujourd'hui, donc, pour Xavier Durringer, un premier roman mais est-ce véritablement un roman ?
Car dans « Sfumato », le...
Sfumato de Xavier Durringer - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Xavier Durringer, vous êtes dans l'actualité littéraire avec ce premier roman, « Sfumato », aux éditions Le Passage. Vous êtes un homme de théâtre, de cinéma, de télévision, et justement d'où vous vient cette envie du cinéma et de la scène ?
Xavier Durringer :
Parce que j'ai envie de raconter des histoires, d'être avec des personnages, de travailler sur le cercle des personnes qui m'entourent. J'ai commencé en tant qu'acteur et dès 18 ans il y a cette relation entre le jeu et...
Sfumato de Xavier Durringer - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Xavier Durringer, ce premier roman « Sfumato », c'est un roman certes, mais vous y êtes très présent puisque le héros s'appelle Raphaël mais il aurait pu s'appeler Xavier. C'est une partie essentielle de votre existence que vous nous livrez. Lorsque l'on m'a présenté le roman, on m'a dit « tu vas voir c'est un peu rock n'roll ». Effectivement c'est rock n'roll parce qu'il y a une écriture, il y a un Paris underground bien représenté. Mais il y a deux histoires en une en quelque sorte, puisque...
Sfumato de Xavier Durringer - Livre - Suite
J'ai adoré ce roman qui est très réussi. On connaît Xavier Durringer, et son passage à la littérature est vraiment réussi. C'est une aventure parisienne certes, mais qui sort quand même de Paris avec une première partie quand le personnage découvre le théâtre et puis une partie plus spirituelle. Et c'est cet équilibre entre les deux que j'ai beaucoup aimé. Il faut aussi parler des personnages secondaires qui sont extrêmement forts.
Il y a vraiment une patte Xavier Durringer qu'on connaît en tant que metteur en scène ou...
Sfumato de Xavier Durringer - L'avis du libraire - Suite
Xavier Durringer
Sfumato
Présentation 2'13On connait Xavier Durringer en tant que cinéaste et metteur en scène. En 2011, par exemple, son film « La conquête » était présenté à Cannes. Réalisateur pour la télévision, on lui doit aussi un téléfilm avec Line Renaud « Rappelle-toi » ou encore, il y a quelques années la pièce « Oh pardon, tu dormais » dans laquelle il dirigeait Jane Birkin sur la scène de la Gaieté Montparnasse.
Aujourd'hui, donc, pour Xavier Durringer, un premier roman mais est-ce véritablement un roman ?
Car dans « Sfumato », le personnage central qui se prénomme Raphaël ressemble étrangement à Xavier Durringer, par les événements qu'il traverse et les personnages qu'il côtoie.
Raphaël est un garçon un peu paumé dans le Paris underground. Des potes peu fréquentables, des pétards pour se donner l'illusion d'exister, un univers bohème, pseudo branché artistique, dans lequel chacun a du mal à trouver sa place. Et puis, il y a la découverte du théâtre, de l'écriture et un jour, par hasard, la rencontre avec un vieil homme mystérieux qui va révéler à Raphaël un monde insoupçonné. Mais, le hasard est une loi qui voyage incognito. Et si finalement, Raphaël était né pour un destin qu'il ignore encore.
Voilà un roman à deux temps, comme deux histoires parallèles. Avec une écriture au scalpel, la peinture d'un Paris glauque et sinistre, un vocabulaire trash, des dialogues percutants, Xavier Durringer entraine volontairement son lecteur dans un univers malsain, déconnecté, loin des conventions déjanté avant de faire apparaître un tout autre monde où l'art, la peinture, l'ésotérisme, la foi, la littérature viennent tirer par le haut notre héros désabusé qui va passer des paradis artificiels à une autre sorte de plénitude. « Sfumato » ou comment une rencontre peut changer une vie.
On est à la fois dans la peinture sociale, dans le roman générationnelle, dans l'introspection sans omettre une quête initiatique inattendue qui donne tout son poids à l'intrigue.
Une belle découverte, un premier roman qui permet à Xavier Durringer d'accrocher une nouvelle corde à son arc.
« Sfumato » de Xavier Durringer est publié aux éditions Le Passage.
Xavier Durringer
Sfumato
Portrait 5'07Philippe Chauveau :
Bonjour Xavier Durringer, vous êtes dans l'actualité littéraire avec ce premier roman, « Sfumato », aux éditions Le Passage. Vous êtes un homme de théâtre, de cinéma, de télévision, et justement d'où vous vient cette envie du cinéma et de la scène ?
Xavier Durringer :
Parce que j'ai envie de raconter des histoires, d'être avec des personnages, de travailler sur le cercle des personnes qui m'entourent. J'ai commencé en tant qu'acteur et dès 18 ans il y a cette relation entre le jeu et l'écriture.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous dirigez Jane Birkin, lorsque vous dirigez Denis Podalydès dans « La conquête » ou Karine Viard dans « La nage indienne », lorsque vous dirigez Line Renaud dans un téléfilm, est-ce le même Xavier Durringer, travaillez-vous de la même façon ?
Xavier Durringer :
Non, parce qu'en fait, il y a une façon d'adapter sa direction d'acteur. On ne dirige pas tous les acteurs de la même manière même sur un plateau. Il y a des acteurs qui ont besoin de beaucoup d'attention, beaucoup d'amour, il y en a d'autres qui ont besoin de coup de pied aux fesses. Il ne faut surtout pas se tromper entre les deux. Et puis, il y a des gens qui sont instinctifs ou d'autres qui travaillent plus en amont. Il y en a qui sont bons dans les deux premières prises, d'autres qui ont besoin d'un peu plus de temps. On doit adapter son discours selon les acteurs, par exemple avec Denis Podalydès, on a presque pas besoin de lui parler, donc il faut avec chacun trouver la bonne distance.
Philippe Chauveau :
Comment vivez-vous tout cela ? Lorsque l'on a monté les marches du Festival de Cannes et qu'aujourd'hui on se retrouve dans les vitrines des librairies, c'est l'appréhension d'un enfant que vous avez, face à l'accueil réservé à ce livre ?
Xavier Durringer :
Je me rappelle que, quand j'ai monté les marches au Festival de Cannes, j'étais comme un gosse, j'étais heureux, il n'y avait même plus de stress. Là, pour le livre, je ne savais pas du tout comment sortait un roman et j'ai eu la chance de tomber sur les Éditons Le Passage qui ont fait un travail extraordinaire. Puisque c'était un accompagnement aussi bien sur le travail de relecture du livre que sur sa sortie. Et je suis à la fois pris par une angoisse, parce que je suis un peu nu face à moi-même, ce roman c'est un peu mon bébé et aujourd'hui il ne m'appartient plus. Et c'est à la fois une libération pour moi de l'avoir sorti. Donc une petite angoisse et un grand bonheur.
Philippe Chauveau :
L'accueil est très favorable de la part des libraires, c'est un titre dont on va sans doute entendre beaucoup parler. Sans rien dévoiler, on peut dire que c'est un roman qui vous touche de près, c'est votre histoire que vous racontez sous une écriture romanesque. Ce qui veut dire que le prochain roman sera dans la même veine ?
Xavier Durringer :
Alors, c'est toujours marrant parce que je vous disais que c'était comme un bébé. Le bébé vient de naître, je suis dans les couches culottes et on me dit « alors le prochain, c'est pour quand ?». Je vais attendre un petit peu, même si je travaille. Le travail, ce n'est pas seulement quand on est devant notre ordinateur, c'est aussi le rapport à la maturation, et l'écriture se fait souvent en dehors même du fait d'écrire.
Philippe Chauveau :
Que ce soit en tant que metteur en scène, en tant que réalisateur ou en tant qu'écrivain, vous avez besoin de vous prouver à vous-même que vous êtes capable de... ?
Xavier Durringer :
Non, je n'ai pas besoin de prouver quoi que ce soit, j'ai eu une histoire incroyable avec le théâtre, aujourd'hui il est traduit dans le monde entier, au cinéma j'ai travaillé avec beaucoup de grands noms, j'ai fait le tour du monde avec mes films. Aujourd'hui ce n'est pas me prouver à moi-même ou à mes proches, c'est juste d'être en accord avec moi-même et raconter mes histoires.
Philippe Chauveau :
Xavier Durringer, votre actualité c'est ce premier roman aux éditions Le Passage, « Sfumato ».
Xavier Durringer
Sfumato
Livre 5'45Philippe Chauveau :
Xavier Durringer, ce premier roman « Sfumato », c'est un roman certes, mais vous y êtes très présent puisque le héros s'appelle Raphaël mais il aurait pu s'appeler Xavier. C'est une partie essentielle de votre existence que vous nous livrez. Lorsque l'on m'a présenté le roman, on m'a dit « tu vas voir c'est un peu rock n'roll ». Effectivement c'est rock n'roll parce qu'il y a une écriture, il y a un Paris underground bien représenté. Mais il y a deux histoires en une en quelque sorte, puisque Raphaël va voir sa vie bouleversée par une rencontre. Comment e pourquoi avez-vous eu envie de raconter cette histoire ?
Xavier Durringer :
Avant tout c'était pour la notion qu'il n'y a pas de hasard sans cause, c'est souvent la rencontre qui va bouleverser nos existences. Qu'elle soit amoureuse, pour le travail, pour un lieu d'habitation. Le hasard est une loi qui voyage incognito, ce qui va faire que Raphaël, qui vient de banlieue, qui a tendance à trainer avec ses potes, va rencontrer par hasard le monde merveilleux du théâtre.
Philippe Chauveau :
Raphaël est un peu paumé, il y a cette rencontre avec le monde du théâtre et après il y a une autre rencontre déterminante. C'est celle de ce vieil homme qui se fait appeler « le président » dans le café où Raphaël va tous les matins. Et lui aussi va bouleverser la vie de Raphaël.
Xavier Durringer :
C'est une rencontre absolument extraordinaire. Cet homme lisait quatre journaux en quatre langues différentes : Haaretz, la Pravda, le New York Times et Le Monde. Et je l'entendais dire qu'il fallait arrêter de lire les papiers parce que derrière chaque papier d'un journaliste, il y a une idéologie. Et puis un jour, il y a deux vieilles femmes russes qui entrent avec lui et j'entends le mot « théâtre » en russe. Je lui demande s'il travaille dans le théâtre, il me répond que non et m'invite à prendre un café avec lui. Et tous les matins, pendant trois heures, il me racontait le monde. Et un jour devant « La Joconde » il me dit : « toi tu crois que c'est un tableau », je lui répond que oui, et il m'explique que ce n'est pas qu'un tableau mais une cartographie à l'huile. Il m'explique que derrière la technique de peinture, « le Sfumato » est l'art de Léonard de Vinci pour briser les lignes et de faire des flous par la superposition de fines couches de peintures.
Philippe Chauveau :
C'est là que votre roman bascule dans une deuxième histoire, car au début Raphaël découvre le théâtre et puis la deuxième partie du roman où ce fameux Victor va vous faire découvrir un monde complètement insoupçonné, une initiation, donc deux histoires en une. C'est votre vie finalement ?
Xavier Durringer :
Ce ne sont pas deux histoires, mais c'est une vie. Et je m'aperçois qu'au cinéma, cela a été mon obsession. Dans « J'irai au paradis car l'enfer est ici », c'est comment un petit voyou va devenir quelqu'un d'autre. Dans « Chok Dee » avec Bernard Giraudeau, c'est comment un môme des banlieues va devenir champion de boxe. Ce rapport à l'initiatique est très important pour moi et je le retrouve dans tous mes films
Philippe Chauveau :
Si vous deviez définir en quelques mots le message qu'a voulu vous transmettre Victor, que diriez-vous ?
Xavier Duringer :
Un mot qui m'avait frappé c'est « connaissance ». La connaissance, la « con-naissance », « avec la naissance ». Tout l'intérêt de la vie est de vivre des aventures singulières, de vivre et de multiplier les aventures terrestres et ces expériences sont des outils pour se trouver soi-même.
Philippe Chauveau :
Est-ce que tout cela a aussi pu changer votre regard sur une certaine foi ?
Xavier Durringer :
Oui, sur la notion très importante d'unité, c'est à dire que si on critique une religion, on se critique soi-même. Ce qui est important aujourd'hui c'est d'essayer d'avoir une forme d'unité, et respecter l'autre dans sa différence.
Philippe Chauveau :
Victor continue à vous faire grandir chaque jour ?
Xavier Durringer :
Chaque jour il est là, Victor est là, il est presque une forme de Janus !
Philippe Chauveau :
Merci pour votre sincérité Xavier Durringer, c'est votre premier roman et l'un de mes gros coups de coeur pour cette rentrée littéraire 2015, « Sfumato » aux éditions Le Passage. Merci.
Xavier Durringer
Sfumato
L'avis du libraire 1'51J'ai adoré ce roman qui est très réussi. On connaît Xavier Durringer, et son passage à la littérature est vraiment réussi. C'est une aventure parisienne certes, mais qui sort quand même de Paris avec une première partie quand le personnage découvre le théâtre et puis une partie plus spirituelle. Et c'est cet équilibre entre les deux que j'ai beaucoup aimé. Il faut aussi parler des personnages secondaires qui sont extrêmement forts.
Il y a vraiment une patte Xavier Durringer qu'on connaît en tant que metteur en scène ou réalisateur et le fait qu'il soit scénariste se sent dans le roman. On aurait presque envie de voir un film à partir de « Sfumato ». C'est un roman assez facile à recommander pour la rentrée littéraire parce qu'il va convenir à beaucoup de personnes finalement. C'est pour un public assez jeune, assez rock'n roll, parce que c'est une aventure très rythmée et je pense que ça va être un cadeau de Noel très apprécié.