Qui était-elle cette fameuse Moura Budberg, née sous les ors de la Russie impériale, muse de Gorki, maitresses de nombreux hommes de pouvoir, sans doute un peu espionne, ayant côtoyé Staline, Churchill et de Gaulle ? Cette femme au destin multiple est l’héroïne du nouveau roman d’Alexandra Lapierre « Moura, la mémoire incendiée ». Retracer des destins hors-norme, la plupart du temps féminin, sous couvert d’écriture romanesque, telle est la passion d’Alexandra Lapierre qui au fil des publications, a su entrainer...
Belle Greene d'Alexandra Lapierre - Présentation - Suite
Philippe Chauveau : Bonjour Alexandra Lapierre.Alexandra Lapierre : Bonjour. Philippe Chauveau : J'ai grand plaisir à vous accueillir, nous allons évoquer un sacré personnage, une sacrée femme, Moura, la mémoire incendiée votre actualité chez Flammarion. Revenons un petit peu en arrière, avec l’écriture, avant la littérature, il y avait une autre passion c'était le cinéma, vous avez même fait des études de cinéma. Pourquoi avez-vous changé votre fusil d'épaule ou finalement est-ce la même chose pour vous...
Belle Greene d'Alexandra Lapierre - Portrait - Suite
Philippe Chauveau : Voilà un nouveau personnage que vous sortez de l'oubli, Alexandra Lapierre. Cette fameuse Moura, dont vous nous retracé son parcours absolument incroyable. Moura c'est une femme qui est né en 1892, si mes souvenirs sont bons, morte 1974, donc on est vraiment dans notre époque contemporaine. Curieusement l'Histoire l'a un peu oublié comment l'avez vous découvert cette femme ? Alexandra Lapierre : Totalement par hasard, parce que je lisais une biographie de Romain Gary où on disait que l'éducation...
Belle Greene d'Alexandra Lapierre - Livre - Suite
Alexandra Lapierre
Moura, la mémoire incendiée
Présentation 1'58Qui était-elle cette fameuse Moura Budberg, née sous les ors de la Russie impériale, muse de Gorki, maitresses de nombreux hommes de pouvoir, sans doute un peu espionne, ayant côtoyé Staline, Churchill et de Gaulle ? Cette femme au destin multiple est l’héroïne du nouveau roman d’Alexandra Lapierre « Moura, la mémoire incendiée ». Retracer des destins hors-norme, la plupart du temps féminin, sous couvert d’écriture romanesque, telle est la passion d’Alexandra Lapierre qui au fil des publications, a su entrainer nombre de lecteurs dans son sillage. « Fanny Stevenson », « Artemisia », « Tout l’honneur des hommes » font partie de sa bibliographie, ou plus récemment « Je te vois reine des quatre parties du monde », grand succès de librairie, récompensé par plusieurs prix, racontant l’incroyable parcours de Dona Isabel Barreto qui, à la fin du XVIème siècle, devint la seule et unique femme amiral de la flotte espagnole.
L’insaisissable Moura a navigué, elle aussi, mais souvent en eaux troubles. Voilà un personnage d’exception à tous les sens du terme, qui renaît sous la plume alerte d’Alexandra Lapierre qui a sillonné les bibliothèques du monde entier pendant trois ans pour tenter de comprendre qui était cette femme. De tous ceux qu’elle côtoya, nul n’avait la même vision de cette beauté mystérieuse qui porta différents patronymes au rythme de ses pérégrinations. A la lecture de ce livre foisonnant, on déteste ou on adore cette femme, entière, qui avait réussi l’alchimie d’être à la fois loyale et menteuse. En tous cas, elle ne laisse pas indifférent et l’écriture choisie par Alexandra Lapierre, en courts chapitres rythmés, donne une légèreté à ces quelques 700 pages qui passe comme un souffle, mais un souffle épique.
« Moura, la mémoire incendiée » d’Alexandra Lapierre est publié chez Flammarion.
Alexandra Lapierre
Moura, la mémoire incendiée
Portrait 6'05Philippe Chauveau : Bonjour Alexandra Lapierre.
Alexandra Lapierre : Bonjour.
Philippe Chauveau : J'ai grand plaisir à vous accueillir, nous allons évoquer un sacré personnage, une sacrée femme, Moura, la mémoire incendiée votre actualité chez Flammarion. Revenons un petit peu en arrière, avec l’écriture, avant la littérature, il y avait une autre passion c'était le cinéma, vous avez même fait des études de cinéma. Pourquoi avez-vous changé votre fusil d'épaule ou finalement est-ce la même chose pour vous littérature et cinéma ?
Alexandra Lapierre : C'est beaucoup la même chose pour moi mais au départ c'était la littérature. Et puis mon père écrivant quand j'avais 16 ans ou 17 ans, il était impossible pour moi d'écrire. Donc j'ai fait des études de lettres, et une fois que j'ai fait mes études de lettres, j'ai dit bon maintenant je pars aux États Unis et je vais faire des études de cinéma. Et là j'ai adoré écrire mes propres scénarios, j'ai réalisé mes propres courts-métrages dans une université Américaine et au terme de ses expériences je me suis dit mais enfin j'adore écrire et donc je suis retournée à ce qui avait été ma premier intuition après avoir appris beaucoup de choses grâce à l'écriture de scénario américain.
Philippe Chauveau : Mais quand vous nous dites que littérature et scénario c'est un petit peu la même chose... En quoi ?
Alexandra Lapierre : Parce que ce que j'ai appris à faire dans le cinéma c'est à raconter une histoire, et je suis une conteuse. Mon obsession c'est vous emmener dans des pays, à la suite de personnage que vous ne connaissez pas nécessairement. Et donc vous y emmenez en apportant les couleurs, les odeurs, les sons... Bon il y a pas les odeurs au cinéma, mais cette idée que vous redonnez chair à un monde disparu, c'est une idée qui pourrait être une idée cinématographique.
Philippe Chauveau : Vous avez des auteurs qui vous ont peut être influencé, qui vous ont donné envie à votre tour, décrire ces biographies romanesques ? Quels sont vos livres de chevet ?
Alexandra Lapierre : Je pense que Stefan Zweig a beaucoup... Son Magellan, c'est exactement ça, c'est à dire que c'est aussi exact que possible mais vous êtes avec Magellan. De même son Marie- Antoinette c'est ça aussi. Donc ça c'est très proche de ce que j'essaye de faire. Sauf que pour moi ce qui est intéressant c'est de raconter les histoires des oubliés de l'Histoire. Donc c'est un autre aspect, ce qui veut dire retrouver des documents qui n'ont jamais été retrouvé puisque personne ne c'est intéressé au sujet. Donc mon travail c'est un énorme travail d’enquêtrice.
Philippe Chauveau : C'est presque de l'archéologie que vous faites.
Alexandra Lapierre : Dans le cas d'Artémisia c'était de l'archéologie, parce qu'il s'agissait par exemple de retrouver son acte de naissance en 1593 sous des milliers des milliers de documents donc en ce sens vous devez faire de la paléographie, il faut pouvoir déchiffrer ces manuscrits. Alors dans le cas de Moura c'était plus simple parce que on est au 19ème siècle, au 20ème siècle donc c'est beaucoup plus simple que les lettres du 16ème siècle. Mais oui ça requiert des techniques qui sont des techniques d'historiens.
Philippe Chauveau : Vous évoquez dans votre bibliographie Artémisia mais il y avait aussi Fanny Stevenson, plus récemment Dona Isabelle Barreto avec ce titre « Je te vois reine des quatre parties du monde ». Un livre qui a eu un énorme sucés, qui a été primé à mainte reprise. Je prends volontairement ces titres là car ce sont des personnages féminins, aujourd'hui c'est Moura. Est ce qu'il y a une part de militantisme de faire ressurgir ces personnages féminins oubliées de l'Histoire.
Alexandra Lapierre : Alors en faite, oui et non. Non parce que ce qui m’intéresse sont les personnes formidables point barre, homme ou femme. J'ai écrit plusieurs livres sur des hommes.
Philippe Chauveau : Que volontairement je n'ai pas cité car ça n'allait pas avec ma question.
Alexandra Lapierre : Mais historiquement les gens qui ont été formidables et qui ont été oubliés sont souvent des femmes pour des raisons sociologique : elles n'avaient pas d'existence légal, pour la partie italienne d'Artémisia. Légalement elle n'existe pas, elle ne peut pas signer un contrat, elle ne peut pas signer un tableau, elle ne peut pas acheter ses couleurs parce qu'elle est une femme.
Donc c'est pas du militantisme mais ça finit par le devenir parce que c'est presque une équation avec lorsque vous vous intéressé à des gens fantastiques et qui n'ont pas été reconnu par l'Histoire, c'est souvent des femmes.
Philippe Chauveau : Au délà du plaisir que vous donnez à vos lecteurs et du plaisir de la littérature et du travail, vous sentez vous aussi investi d'une mission à faire ressurgir du passé ce personnes oubliés ?
Alexandra Lapierre : C'est pas conscient parce que je choisit mes personnages vraiment comme des coups de cœur, c'est totalement émotionnelle et irrationnelle. À chaque fois il y a cette colère qui consiste à dire c'est invraisemblable. Dans le cadre de Moura, c'est une femme qui a traversé la révolution russe, elle a survécu à tout, elle a été la muse de Gorki et personne ne le sait. Il faut lui rendre son destin, et c'était à chaque fois la même chose. Pour Artémisia c'était encore plus violent,, c'était une très grande peintre, qui avait laissé une œuvre inouïe et pendant trois siècle on avait donné cette œuvre à Caravage. Il y a rien de pire pour un artiste de voir son nom perdu et de voir son œuvre donné à autrui sous prétexte que c'est trop bien dans le cas d'Artémisia, pour être peint par une femme. Oui au départ mélangé à mille autres émotions il y a certainement un coté Zoro, qui consiste à rendre au personnage ce qui lui revient.
Philippe Chauveau : Je nous vous avais jamais envisagé avec la cap et le masque de Zoro. Votre très belle actualité Alexandra Lapierre. Moura, la mémoire incendiée, ce livre est publié chez Flammarion.
Alexandra Lapierre
Moura, la mémoire incendiée
Livre 6'41Philippe Chauveau : Voilà un nouveau personnage que vous sortez de l'oubli, Alexandra Lapierre. Cette fameuse Moura, dont vous nous retracé son parcours absolument incroyable. Moura c'est une femme qui est né en 1892, si mes souvenirs sont bons, morte 1974, donc on est vraiment dans notre époque contemporaine. Curieusement l'Histoire l'a un peu oublié comment l'avez vous découvert cette femme ?
Alexandra Lapierre : Totalement par hasard, parce que je lisais une biographie de Romain Gary où on disait que l'éducation européenne avait paru en Angleterre avant de paraître en France grâce à l'incroyable baronne Budberg.
Philippe Chauveau : Pourquoi l'incroyable ?
Alexandra Lapierre : Alors oui pourquoi l'incroyable ? Alors j'ai commencé à regarder, j'étais très intrigué par la fin de sa vie. Un moment elle est une très vielle dame, elle a vécu des aventures d'une violence et d'une force incroyable, elle a traversé tout le siècle, elle a été incarcéré 5 fois par la tcheka dans des conditions épouvantable. Elle est à Londres, elle a 70 ans et pour faire monter son adrénaline, elle va dans le plus grand magasin Harrods, le plus cardé, il y a des vigiles partout, elle vole trois objets sans aucun intérêt insignifiant pour les offrir à ses amis, et quand le vigile l'arrête, pourquoi les avoir voler alors qu'elle aurait les moyens de se les offrir, elle le regarde et lui dit «chérie c'est ça l'aventure ». Et là je me suis dit mais elle est formidable cette femme, et donc ça a commencé comme ça, donc sur rien. Au départ ce sont vraiment de petites choses puis je commence à chercher, à regarder et là je m’aperçois que c'est tout le siècle. C'est ce qui m'intéresse beaucoup dans un personnage et dans le choix d'un personnage. C'est que lui soit essentiel, mais que tous les personnages secondaires soit des grands caractères.
Philippe Chauveau : Parce que là vous dites personnages secondaires mais attention, Mura va naître dans la bonne aristocratie, dans la bonne bourgeoisie russe, elle va être titré même, et puis même la révolution va passer par là. On va la retrouver en Estonie, on la retrouver en Grande-Bretagne, elle va croiser Lénine, Staline, Churchill, De Gaulle, des gens d'Hollywood, enfin c'est un personnage qui va faire des rencontres multiples, elle va même être peut être, on ne sait pas trop, mais agent secret, double, triple espionne, une sorte de nouvelle Mathari, qu'est ce qui vous a le plus séduit dans ce personnage de Mura ?
Alexandra Lapierre : Parce qu'elle est justement tellement humaine, s'il fallait résumé son parcours, c'est que c'est l'incarnation de la condition humaine, tragiquement humaine.
Philippe Chauveau : Elle va elle même brouillée, les pistes on ne sait pas grand chose de Mura, il a vraiment fallu que vous alliez chercher, 4 ans de travail un peu au 4 coins du globe, pourquoi Mura elle même a voulu faire table rase de son histoire, de son passé.
Alexandra Lapierre : Je crois que la table rase a été faite malgré elle parce que l'un des but de Lénine et des bolcheviks était d'éradiqué une classe social et tout ce qu'elle incarne, tout le passé est brulé. Ensuite, du fait de ces doubles appartenances, d'un coté elle est une grande aristocrate et elle reste une grande aristocrate, elle va épousé deux barons baltes, c'est la raison pour laquelle elle va s'appeler la baronne Budberg, mais avant elle est marié à un Benkendorf, très grand nom de l'aristocratie russe et des barons baltes d'Estonie. Elle va en même temps appartenir au monde de Gorki qui lui est le monde bolchévique puis elle va appartenir à un autre monde puisque elle va devenir la compagne de Wells, l'auteur de l'homme invisible et de la guerre des monde, qui à l'époque est le chef, pas le chef, mais l'un des auteurs les plus important de britannique. Donc à chaque fois, elle tape très haut, et elle appartient à plusieurs univers qui semblent s'exclurent les uns des autres, et la seule qui arrive à naviguer l'un à l'autre c'est elle. Mais c'est vrai aussi que c'est extrêmement compliqué à expliquer à ces trois univers, et que l'Histoire va brûler ses papiers puisqu'ils seront bombardé en Estonie et brulés en Italie. Donc c'est une ds raisons pourquoi le livre s'appelle la mémoire incendiée...
Philippe Chauveau : Justement revenant sur ce titre, la mémoire incendiée, vous nous l'expliquez puis il y a aussi cette anecdote que vous nous révélez à la fin du livre où les propres mémoires de Mura auraient disparu dans un incendies mais vous émettez un doute là dessus.
Alexandra Lapierre : Oui j'émet un doute parce que j'ai fait une enquête sur les lieux de l'incendie, aucune trace et donc le titre du livre est d'autant plus justifié que normalement il n'y a pas de trace...
Philippe Chauveau : Est-ce elle qui les aurait brulés ou les ayants droits ?
Alexandra Lapierre : Ou sont-ils vraiment brulés ?
Philippe Chauveau : Vous dites dans le livre qu'elle est l'incarnation du charme slave,, c'est ça pour vous la défénition du charme slave ?
Alexandra Lapierre : Oh je pense qu'il y en a beaucoup des définitions du charme slave mais je pense que Mura était ce charme slave. C'st àdire à la fois d'une grande poésie, un de ses amants dit une phrase formidable : « là où elle aimait, là où était son univers, et le destin l'avait rendu responsable de toutes les conséquences de ses sentiments ». Et elle a toujours ce double instinct qui est celui de la liberté et celui de l'appartenance. Et ça, c'est en effet slave. La Russie pour Mura reste en effet une obsession je dirai, elle l'a quitte parce qu'elle n'a pas le choix mais elle aime son pays avec une passion sans égal. La Russie, elle reste russe et pourtant elle reste la citoyenne du monde. Elle parle parfaitement anglais, français, italien, allemand mais elle reste russe.
Philippe Chauveau : Un personnage absolument incroyable que cette Mura Budberg, puisque c'est comme ça que l'Histoire l'a retenu. « Humaine, imparfaite, sage, drôle, et je l'aime ! », voilà ce que disait Wells de Mura. C'est votre nouveau livre Alexandra Lapierre, c'est un personnage absolument incroyable. « Mura, la mémoire incendiée » vous êtes publié chez Flammarion, merci beaucoup.