Homme de communication, François d’Epenoux a d’abord été journaliste avant de rejoindre une célèbre agence de publicité où il a officié pendant plus de dix ans. Mais c’est finalement par l’écriture qu’il se fait connaitre du grand public, avec un premier roman en 1995, « Gégé » sélectionné pour le Goncourt des lycéens. En 1998, avec « Danemark esperanto », il s’inspire librement de son histoire pour raconter sa grand-mère danoise et les liens d’affection tissés malgré la barrière linguistique. De...
Rediffusion - Dimanche 21 avril de François D'Epenoux - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour François d'Epenoux.
François d'Epenoux :
Bonjour Philippe Chauveau.
Philippe Chauveau :
Voila votre douzième titre, Les Désossées, aux éditions Anne Carrière. On va reparler de ce roman. On aussi remonter la machine du temps. Votre premier roman, Gégé, c'était en 1995. Vous aviez été dans la sélection du Goncourt du premier roman. Mais il y a un autre François d'Epenoux, c'est celui qui est fan de publicité, puisque c'est votre activité. La publicité, c'est quoi pour vous?
François...
Rediffusion - Dimanche 21 avril de François D'Epenoux - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Voici donc votre nouveau titre, François d'Epenoux, Les désossés. Je le dis en préambule, attention, âmes sensibles s'abstenir. Dans vos précédents romans, vous le dites vous même volontiers, il y avait une sorte de bienveillance. Là, on va oublier tout ce que vous nous aviez proposé précédemment. Voilà un huis clos. Nous sommes dans un chalet, très luxueux, très moderne, très contemporain, très high-tech, assez loin de la station la plus proche. Et puis, il y a cette neige qui tombe en abondance. Je...
Rediffusion - Dimanche 21 avril de François D'Epenoux - Livre - Suite
François d'Epenoux
Les désossés
Présentation 00'03'59"Homme de communication, François d’Epenoux a d’abord été journaliste avant de rejoindre une célèbre agence de publicité où il a officié pendant plus de dix ans. Mais c’est finalement par l’écriture qu’il se fait connaitre du grand public, avec un premier roman en 1995, « Gégé » sélectionné pour le Goncourt des lycéens. En 1998, avec « Danemark esperanto », il s’inspire librement de son histoire pour raconter sa grand-mère danoise et les liens d’affection tissés malgré la barrière linguistique. De François d’Epenoux, on retient aussi « Les papas du dimanche » ou « Deux jours à tuer », deux titres adaptés au cinéma avec succès. Enfin, en 2014, il reçoit le prix Maisons de la Presse pour son roman « Le réveil du cœur » que l’on pourrait sous-titrer « le vieil homme et l’enfant ». Ainsi donc, François d’Epenoux s’est révélé avec une écriture sensible dans des histoires faisant la part belle aux sentiments, aux liens familiaux, à ce que l’humain a de plus généreux.
En 2018, avec « Le presque », un virage était déjà amorcé avec le portrait d’un homme mal dans sa peau et dans son époque, en prise avec ses démons.
Et François d’Epenoux de poursuivre sa mue avec ce nouveau titre, « Les désossés ». Et attention, ça saigne !
Nous voilà dans un chalet luxueux et moderne, à l’écart de la station la plus proche, loin de toutes habitations. La région est en proie à de violentes chutes de neige. Dans ce chalet à la déco chic et contemporaine, la famille Saillard. Il y a le père, Marc, homme d’affaires redouté qui a fait fortune, son épouse, Liz, dont il a été réellement amoureux mais qui, depuis, se prélasse dans ses fourrures en vidant la cave, leur fille Juliette, joliment snob et insignifiante et leur futur gendre, Eric, qui, en mettant le grappin sur la fille de la famille a surtout trouvé une sécurité financière et professionnelle. Pour parfaire ce Cluedo des montagnes, une domestique dévouée et discrète, la délicate Rose, et Slavko, l’homme à tout faire dont le passé en ex-Yousgolavie en effraierait plus d’un. Le décor est planté. Si dans les premières pages, chacun regarde tomber la neige avec insouciance, s’accompagnant de champagne et de mets fins, bientôt la situation dégénère. Les journées passent sans accalmie, le chalet est de plus en plus isolé, l’angoisse s’installe, la chaudière ne fonctionne plus et le réfrigérateur se vide…
Avec une écriture efficace empruntant aux codes du thriller, François d’Epenoux nous entraine dans une implacable histoire de famille où chacun règle ses comptes, où les zones d’ombre éclatent au grand jour, où le vernis social craque. Livrés à eux-mêmes, aux portes de la folie, nos protagonistes vont être confrontés au plus terrible des tabous humains, l’anthropophagie. L’instinct de survie fait place à la sauvagerie. Quand le huis clos prendra fin, le feu aura retrouvé sa vocation originelle, et les fourrures d’apparat leur simple rôle de peaux de bêtes.
Comme à l’aube de l’humanité. Une humanité à réinventer.
Mise en abîme de notre société, de notre époque avec ses excès et ses contradictions, le nouveau roman de François d’Epenoux est une vraie réussite qui fait frissonner au propre comme au figuré, mettant le lecteur face à sa propre réalité. Un suspense haletant teinté d’une bonne dose d’ironie et à chaque page, une question, qui va tuer qui ou plus exactement qui va manger qui ? Un conseil, si vous allez bientôt à la montagne, glissez donc ce livre dans vos bagages mais prévoyez surtout vos provisions ! Attention âmes sensibles s’abstenir car s’il est… savoureux, le nouveau roman de François d’Epenoux est aussi sanglant et carnassier.
« Les désossés » de François d’Epenoux est publié aux éditions Anne Carrière
François d'Epenoux
Les désossés
Portrait 00'07'14"Philippe Chauveau :
Bonjour François d'Epenoux.
François d'Epenoux :
Bonjour Philippe Chauveau.
Philippe Chauveau :
Voila votre douzième titre, Les Désossées, aux éditions Anne Carrière. On va reparler de ce roman. On aussi remonter la machine du temps. Votre premier roman, Gégé, c'était en 1995. Vous aviez été dans la sélection du Goncourt du premier roman. Mais il y a un autre François d'Epenoux, c'est celui qui est fan de publicité, puisque c'est votre activité. La publicité, c'est quoi pour vous?
François d'Epenoux :
C'est avant tout un gagne pain, si je puis dire. J'ai toujours trouvé que c'était une bonne idée d'avoir une écriture d'un côté romanesque, la fiction, la liberté absolue, et puis, de l'autre côté, une écriture plus codée, presque ludique, qui se met au service de certaines choses, parfois des produits et parfois des belles causes. En ce moment, je travaille pour Perce-Neige, la fondation de Lino Ventura. C'est une bonne façon de diviser ma vie. Il y a l'alimentaire amusant et l'écriture fictionnelle amusante ou pas, ça dépend.
Philippe Chauveau :
La publicité a-t-elle beaucoup évolué? On se souvient de cette génération, fils de pub des années 80-90. On a l'impression aujourd'hui que la publicité est un peu plus timorée, moins inventive. Est-ce vrai?
François d'Epenoux :
C'est vrai. D'abord parce qu'il y a quand même moins d'argent qu'avant, sauf pour les très gros comptes, type voitures et autres. Et puis maintenant, la publicité répond à des codes tellement marquetés, presque objectif, de tels outils de mesure d'impact qu'en fait, les clients font très attention. On fait attention à ce qu'on fait. Et puis maintenant, il y a aussi une autre chose, c'est que des gros investissements sur le digital qui nous laissent parfois un peu de liberté parfois pas. Mais c'est vrai que tout est très codé, très cadré. A mon avis, un peu moins fou qu'avant.
Philippe Chauveau :
Votre bibliographie commence à être conséquente. Vous tracez votre sillon avec un public fidèle. Alors, je le rappelais avec Gégé, sélectionné pour le prix du Goncourt du premier roman. C'était un sacré beau début. On peut citer aussi Danemark Espéranto, Le réveil du cœur, pour lequel vous avez vu le prix des Maisons de la presse. Deux livres qui ont été adaptés au cinéma, Les papas du dimanche et Deux jours à tuer. Et puis, peut-être qu'il y a eu un virage avec Le presque. C'est à dire que dans les premiers romans, on était dans l'exploration de notre société avec ses failles. Mais il y avait toujours la place pour les sentiments. Avec Le presque il y a une sorte de virage, un esprit beaucoup plus sombre, avec un homme en mal de repères qui voyait sa vie voler en éclats. Les désossées, c’est encore un autre virage. Vous avez l'impression que vous changez de plume?
François d'Epenoux :
En fait, j'ai toujours exploré l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus bienveillant et doux, et parfois ce qu'elle a de plus dur. Ensuite, c'est une question de curseur. Selon les livres, j'enfonce le stylet et la lame plus ou moins profond. Et c'est vrai que le Presque a été un tournant, c'est à dire que j'avais exploré des choses. Avec deux jours à tuer j'étais allé assez loin, mais il avait une sorte d'alibi, il y avait une caution c'était que le personnage était condamné. En fait, il pouvait presque tout se permettre. On lui pardonne tout. Le presque est un homme qui, a priori, va bien et qui n'a pas lieu de se plaindre, qui ne ferait pleurer personne. Il a une famille, il a des enfants, il vit plutôt bien, il est dans l'immobilier, il est Parisiens, rien d'extraordinaire. Mais il casse ses jouets.
Philippe Chauveau :
Il casse ses jouets et ce personnage nous sortait de cet aspect bienveillant que vous évoquiez, qui était peut être présent dans vos précédents titres. Et pour parler du livre Les désossées, avant d'entrer dans l'intrigue, il est question aussi d'un tabou vraiment important. Et vous n'avez pas peur, là aussi, de casser un peu les codes, de troubler vos lecteurs avec l'histoire que vous évoquez dans Les désossée?
François d'Epenoux :
Mes lecteurs, au fil de mes livres, ont senti qu'il y avait quelque chose derrière mon côté, un peu gendre idéal et bonne famille. Mais c'est vrai que dans Deux jours à tuer, les gens me disaient que j'étais complètement cinglé. C'est dire qu'il y a une espèce de violence, on peut dire que c'est juste un roman mais quand même il faut l'écrire. Je les ai préparées par petites doses homéopathiques, à une forme de violence. Et là, ça atteint une forme de paroxysme dans Les désossées qui peut désarçonner, mais les gens qui ont pu lire les précédents, je pense, pouvaient se dire qu'un jour ou l'autre, j'en arriverais la.
Philippe Chauveau :
On l'a dit, deux de vos titres ont été adaptés au cinéma. On se souvient évidemment de Deux jours à tuer. Il y avait aussi Les papas du dimanche. Pour Les désossée, il y avait un projet théâtre initialement, ça veut dire que vous aimez aussi toucher un peu à d'autres supports, d'autres écritures.
François d'Epenoux :
Oui, ça s'est trouvé comme ça. Moi, j'aime beaucoup. J'avais travaillé avec un ami, un one man show, un seul en scène, qui était passé à la Gaîté Montparnasse. J'ai pris beaucoup de goût au spectacle vivant et là, le sujet que j'ai traité dans Les désossées au départ se prêtait pas mal au théâtre. C'est à dire que comme un huis clos, ça se prêtait bien à une pièce de théâtre. Ça pourrait très bien se prêter aussi à un film. Je pense que ça pourrait faire un assez bon film, avis aux amateurs.
Philippe Chauveau :
On va suivre ça de près. On évoquait la publicité. On l'a dit, vous êtes dans deux écritures : l'écriture pour la publicité et l'écriture littéraire. Je vais vous provoquer un peu, est-ce qu'il y aurait le futile et l'utile?
François d'Epenoux :
Il y a un peu de ça. C'est à dire que je cherche dans la pub le moment où ce que je vais faire, le talent qu'on veut bien me reconnaître, serve à quelque chose. Je suis content quand je travaille pour les Restos du cœur, puisque j'ai travaillé pour le recueil récemment ou pour Perce-Neige. Parfois, j'ai travaillé pour le ministère de l'Environnement, le ministère de l'Industrie. Il y a des choses qui vous portent quand même. C'est vrai quand c'est pour un yaourt même si je n'ai rien contre eux, mais on est moins porté par une cause. On se dit c'est un yaourt de plus ou de moins. Mais oui, il y a quelque chose d'un peu futile. Heureusement qu'il y a l'écriture romanesque quand même pour remettre les choses dans le bon sens et que je me sente quand même utile à mon prochain.
Philippe Chauveau :
Et l'écriture romanesque est elle une façon de laisser davantage une trace qu'un message publicitaire?
François d'Epenoux :
Oui, je suis quand même un peu hanté par la mort, j'ai toujours ça dans les yeux. Pour moi, on glisse, mais on laisse quelques marques d'ongles dans la roche. C'est toujours très gai, les métaphores, mais c'est à dire qu'en fait, j'ai le sentiment qu'évidemment, il y a un mouvement inéluctable. Mais il y a quelque chose d'assez beau dans le fait de laisser une marque, même si ce sont des toutes petites traces de rien du tout. Si j'ai pu dans ma vie, distraire, faire réfléchir, rêver ou rire ou pleurer quelques milliers de personnes, c'est déjà pas mal, je trouve. C'est la théorie du colibri. J'aurais fait ma part.
Philippe Chauveau :
Votre actualité, François d'Epenoux, aux éditions Anne Carrière. Ça s'appelle Les désossée.
François d'Epenoux
Les désossés
Livre 00'06'43"Philippe Chauveau :
Voici donc votre nouveau titre, François d'Epenoux, Les désossés. Je le dis en préambule, attention, âmes sensibles s'abstenir. Dans vos précédents romans, vous le dites vous même volontiers, il y avait une sorte de bienveillance. Là, on va oublier tout ce que vous nous aviez proposé précédemment. Voilà un huis clos. Nous sommes dans un chalet, très luxueux, très moderne, très contemporain, très high-tech, assez loin de la station la plus proche. Et puis, il y a cette neige qui tombe en abondance. Je plante le décor, si vous me permettez. Dans ce chalet, il y a toute une famille. Ce sont les Saillard. Il y a Marc, un businessman qui a très bien réussi. Il ne vaut peut être mieux pas trop savoir comment. Il y a son épouse Liz, qui se prélasse dans ses fourrures en vidant la cave du chalet. Il y a leur fille Juliette, qui est une ravissante jeune fille assez insignifiante, qui utilise l'argent de papa. Elle va bientôt se marier avec Eric et lui a compris qu'en épousant la fille, il épousait aussi la fortune paternelle. Il y a Rose, la domestique. Et enfin, il y a l'homme à tout faire. On a l'impression d'être un peu dans une partie de Cluedo dans ce chalet. Il va y avoir forcément un drame. Comment née cette histoire? Qu'avez-vous eu envie de nous raconter?
François d'Epenoux :
L'histoire est née d'un séjour à Venise pendant lequel j'avais vu l'eau monter, le fameux phénomène de l'aqua alta et tout à coup ça m'est venu. Je me suis dit tiens, de riches aristocrates enfermés dans leur palais alors que l'eau monte, qu'est-ce qu’il pourrait se passer? Tout à coup l'eau s'infiltre, il y a des problèmes de faim, d'alimentation ou d'hygiène, d'eau, d'électricité? Que deviendraient ces gens? À quel moment le vernis va se craquer et à quel moment les vraies natures vont se révéler? Et puis, connaissant bien la montagne, je me suis dit qu'en fait, l'intrigue pourrait très bien être transféré en montagne. Je trouve qu'avec la neige, il y a quelque chose de très doux, de très inoffensif qui peut devenir très inquiétant. Il y a un côté conte de Noël dans la neige, c'est doux et velouté. Et puis, tout à coup, quand il y en a énormément, ça devient quand même effrayant.
Philippe Chauveau :
Et le sang est beaucoup plus visible sur la neige.
François d'Epenoux :
Le rouge sur le blanc il y a vraiment quelque chose de choquant là dedans. Donc, je me suis dit : on va partir dans cette aventure là. J'ai voulu écrire une sorte de conte sur le fait que ce chalet représentait presque notre planète aujourd'hui. Je me suis dit il y a une sorte d'allégorie de la planète telle qu'elle est : insouciance, une certaine forme d'abondance, le manque arrive. À la fin, on peut revenir véritablement à l'état sauvage.
Philippe Chauveau :
Je ne vais pas trahir l'intrigue parce que vous l'écrivez vraiment comme un "thriller". C'est un petit peu qui va tuer qui? Parce qu'on sait que forcément, il va y avoir des drames. Mais vous le dites, le vernis craque parce que cette neige tombe pendant des jours et des jours. Ce qui était très joli à regarder par la grande baie vitrée devient très oppressant au fil du temps. L'électricité va être coupée, le chauffage ne fonctionne plus. Il n'y a plus de bois pour alimenter la cheminée. Et puis, surtout, les réfrigérateurs se vident à vitesse grand V. Et si, au début du roman, on boit du champagne et on mange des petits fours, au fil du temps, il n'y a plus grand chose dans les placards. Et c'est là que le roman va atteindre son paroxysme. Parce que vous allez confronter vos personnages à la folie pure et surtout à un tabou de notre société.
François d'Epenoux :
C'est un tabou qui m'intéresse parce que je me demande quand on voit cette société et quand les choses arrivent, qui restent humains et qui devient un animal ? Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'on le voit dans des situations de grandes catastrophes, où il y a des gens qui restent debout, il y a des gens qui sont héroïques. Et puis des gens qui sont d'une lâcheté et capables d'écraser les autres pour pouvoir s'enfuir plus vite. Donc ça, c'est ce qui m'intéressait, cette part de sauvagerie ou de violence qu'il peut y avoir derrière l'animal humain, l'animal social. Même si on est entouré de Matisse et de Pissarro, on peut devenir une tête féroce. C'est assez rapide.
Philippe Chauveau :
Le drame avance, les personnages sont aux portes de la folie. Vous avez quand même souhaité qu'il y ait une sorte de respiration pour le lecteur avec certains passages où il y a presque un peu d'ironie, d'humour grinçant, de façon à ne pas être dans l'insupportable, dans l'odieux au fil de la lecture.
François d'Epenoux :
Oui, j'ai voulu forcer le trait comme un peu comme dans une comédie. Au départ, ça commence presque comme une comédie, c'est à dire que pour Liz, son drame, c'est qu'il y a plus de chips à la truffe. Vous voyez le niveau du problème. Je pose ces personnages. Ils sont tous un peu caricaturaux. J'ai un peu forcé le trait. Il y a le patriarche, ou Eric un sale môme. Il y a cette très belle Rose qui passe comme ça, une belle femme qui passe toujours derrière, très noble. Et je me dis si on est dans une unité de lieu comme ça, qu'est ce qui va se passer? Et c'est ça qui m'intéressait d'aller voir à quel moment les uns vont bien se tenir et les autres devenir dingues.
Philippe Chauveau :
Il y a deux lectures. On peut lire ce roman comme un "thriller", simplement pour les amateurs de romans noirs. Et puis, il y a aussi cette vision de notre époque, de notre monde. Vous le disiez ce chalet, c'est un peu notre monde, avec le dérèglement climatique, la surconsommation alimentaire, les différences de classes sociales. Tout est là. Tout est dans cette histoire de la famille Saillard.
François d'Epenoux :
En fait, ce chalet est vraiment l'allégorie de la planète. C'est exactement ça. Je vous dis l'abondance, l'insouciance, les carences qui arrivent et qu'est ce qu'on fait après? C'est exactement ce qui est en train de se passer. Et le tout ponctué, vous avez raison de le souligner, de passages presque drôles, presque burlesques. J'ai voulu que ce ne soit pas trop lourd non plus. Il y a des moments où on rit ou on est interloqué, un peu choqué. Et puis, d'autres moments, on rêve aussi. Effectivement, le temps avance. Ce dérèglement climatique fait que la neige prend des proportions complètement dingue et on arrive au drame absolu et au retour à une sorte d'état primale.
Philippe Chauveau :
Voila un livre qui ne laisse pas indifférent. Si vous avez envie de frissonner, si vous avez envie d'avoir peur, ne manquez pas le nouveau livre de François d'Epenoux, Les désossés. En revanche, j'ai un conseil si vous devez partir quelques jours à la montagne, emportez vos provisions. Les désossés François d'Epenoux, c'est aux Editions Anne Carrière. Merci beaucoup.
François d'Epenoux :
Merci beaucoup.