Il se rêvait champion de tennis, le voilà romancier. Mais pas que ! Puisque Mathias Malzieu est aussi musicien et réalisateur.C’est la scène qui le révèle, au milieu des années 90, avec le succès du groupe Dyonisos, dont il est le chanteur.Mais c’est bien par l’écriture qu’il arrive à la musique. Quand pour passer le temps lors d’une convalescence et pour séduire une fille, il attrape une guitare qui traine et un bout de papier pour griffonner quelques mots qui deviennent poésie.Depuis, Mathias Malzieu fait le choix...
Le guerrier de porcelaine de Mathias Malzieu - Présentation - Suite
Philippe ChauveauBonjour Mathias Malzieu,
Mathias MalzieuBonjour.
Philippe ChauveauVotre actualité, c'est ce nouveau livre, ce nouveau roman, "Le Guerrier de porcelaine" chez Albin Michel, où vous nous faites partager un peu des souvenirs de famille, des souvenirs d'enfance et en tout cas des souvenirs d'enfance de votre père. On en parle dans un instant. Et l'écriture, l'écriture romanesque, l'écriture musicale, c'est votre univers ? Est ce que ça a toujours été une évidence ?Est ce que déjà, lorsque vous étiez gamin, vous...
Le guerrier de porcelaine de Mathias Malzieu - Portrait - Suite
Philippe Chauveau"Le Guerrier de porcelaine", c'est votre nouveau livre Matthias Malzieu. Vous ne parlez pas de vous et indirectement si puisqu'en fait vous allez nous parler de votre père, ce gamin qui va être chez sa grand mère suite au décès de sa mère ? Nous sommes dans la fin de la guerre, 44, nous sommes en Lorraine, dans cette partie de la France qui n'est plus tout à fait la France. Qui était il, votre père lorsqu'il était gamin ?
Mathias MalzieuC'était un... Je l'appelais guerrier de porcelaine justement, parce que...
Le guerrier de porcelaine de Mathias Malzieu - Livre - Suite
Mathias Malzieu
Le guerrier de porcelaine
Présentation 00'03'09"Il se rêvait champion de tennis, le voilà romancier. Mais pas que ! Puisque Mathias Malzieu est aussi musicien et réalisateur.
C’est la scène qui le révèle, au milieu des années 90, avec le succès du groupe Dyonisos, dont il est le chanteur.
Mais c’est bien par l’écriture qu’il arrive à la musique. Quand pour passer le temps lors d’une convalescence et pour séduire une fille, il attrape une guitare qui traine et un bout de papier pour griffonner quelques mots qui deviennent poésie.
Depuis, Mathias Malzieu fait le choix de s’exprimer dans ces différents univers mais avec une démarche commune. Parler au cœur, provoquer des sensations, interpeller, faire voyager dans un ailleurs, que ce soit dans l’âpreté assumée du rock ou dans la poésie de la plume romanesque. Fan de cinéma ayant eu E.T. pour modèle, il ne rechigne pas non plus à mettre ses créations en images comme il l’a fait pour «La mécanique du cœur » ou «Une sirène à Paris ». Il se nourrit aussi de ses propres expériences de vie, tel son « Journal d’un vampire en pyjama » écrit pendant sa convalescence après une greffe de moelle osseuse qui lui inspire à la fois un livre et un album.
De ces mois passés en hôpital, Mathias Malzieu garde aussi une image, celle de son père à son chevet. Et sans doute à ce moment-là nait l’idée de ce nouveau roman, dans lequel il fait le choix de raconter son père, son guerrier de porcelaine.
Il s’appelle Germain mais tout le monde l’appelle Mainou. Sa mère Lisette vient de mourir en couches et son père appartient à un réseau de Résistance. Nous sommes en 1944. Mainou doit rejoindre la ferme de sa grand-mère, en Lorraine, à quelques kilomètres de l’Allemagne. Là, découvrant une ruralité qu’il ne connaissait pas puisque venant de Montpellier, le gamin va vivre la grande aventure. Il y a les bombes, la peur des soldats allemands qui se fournissent à la ferme mais il y a surtout la découverte d’un quotidien tellement différent avec une grand-mère gentiment sévère, un oncle fantasque, une tatie bigotte et une jeune femme cachée au grenier qui rappelle tant à Mainou sa propre mère disparue à qui il se confie pourtant au jour le jour, lui racontant ses joies et ses peines.
Puisant dans le récit de son père qui fut ce gamin réfugié en Lorraine, Mathias Malzieu écrit un joli roman sur le lien filial, sur les souvenirs d’enfance, sur cette soif de vivre malgré tout, sur ces valises pleines de fantômes que chacun trimballe. En racontant son père, Mathias Malzieu s’adresse à chacun d’entre nous avec nos propres souvenirs, nos propres nostalgies. Le roman est doux, tendre, joliment poétique, drôle parfois même s’il ne cache rien de la fragilité d’une vie et des violences qui la jalonnent. Et à l’heure où la guerre faire rage non loin de chez nous, où des gamins voient leur enfance basculer et connaissent l’exil et la peur, le livre de Mathias Malzieu prend une résonnance qui touche au cœur.
« Le guerrier de porcelaine » de Mathias Malzieu est publié chez Albin Michel.
Mathias Malzieu
Le guerrier de porcelaine
Portrait 00'07'08"Philippe Chauveau
Bonjour Mathias Malzieu,
Mathias Malzieu
Bonjour.
Philippe Chauveau
Votre actualité, c'est ce nouveau livre, ce nouveau roman, "Le Guerrier de porcelaine" chez Albin Michel, où vous nous faites partager un peu des souvenirs de famille, des souvenirs d'enfance et en tout cas des souvenirs d'enfance de votre père. On en parle dans un instant. Et l'écriture, l'écriture romanesque, l'écriture musicale, c'est votre univers ? Est ce que ça a toujours été une évidence ?
Est ce que déjà, lorsque vous étiez gamin, vous vous êtes dit Le livre, ce sera ma vie ? Est ce qu'il y avait une appétence pour l'écriture ?
Mathias Malzieu
Pas du tout. Mais il y avait une appétence pour les histoires. Je me suis toujours raconté énormément d'histoires et j'adorais qu'on m'en raconte. Voir E.T. à huit ans m'a changé la vie. C'est-à-dire que j'ai l'empathie que j'ai ressentie pour le personnage et la vibration fantastique m'a complètement transporté. C'est devenu une espèce d'obsession. Et après ? Moi, j'étais avant tout sportif, c'est à dire que je faisais du foot, du tennis, du ski, hyperactif, etc. Je n'avais pas vraiment de ni de musicien, ni d'écrivain, ni de cinéaste dans la famille. Mon père peignait un peu, c'est tout.
Philippe Chauveau
Alors comment se fait le déclic ? Comment découvrez vous cette cet univers à la fois musical et littéraire ?
Mathias Malzieu
Le déclic il se fait à l'adolescence. En gros, dans un moment ou je commence à... même si je n'ai pas beaucoup grandi, je me suis beaucoup blessé pour des problèmes de croissance entre le dos, les genoux, etc. Au tennis et au foot. Puis je grandi pas trop justement, donc au foot, je commence à me prendre un peu des taquets comme on dit, par des plus costauds. Et donc je me blesse beaucoup et me blessant et tombant amoureux, commençant à tomber amoureux un petit peu, je récupère la guitare abandonnée de ma sœur dans sa chambre et je demande à mon voisin qui fait de la guitare de m'apprendre des accords. Et en fait, c'est vraiment ces blessures à répétition où je commence vraiment à écrire un peu, puis des nouvelles jusqu'à ce que je fonde le groupe Dionysos avec Mike, le guitariste, un copain du tennis, à l'âge de 19 ans.
Philippe Chauveau
Lorsque vous écrivez pour Dionysos, que ressentez vous ? Éprouvez vous lorsque vous jouez, lorsque vous êtes sur scène ?
Mathias Malzieu
En fait, c'est un. C'est un excès. C'est une exacerbation de ce que je suis ; être sur scène avec ce groupe. C'est à dire que c'est comme si on prenait la partie la plus coléreuse, la plus joyeuse, la plus sensible et qu'en fait, tout le reste ne comptait plus. Toute la modération ne compte plus. Alors c'est plus que un objet brut. Il n'y a plus de filtre entre le cœur et le cerveau. C'est brut et en même temps, donc, c'est pour ça que j'ai appelé ça Dionysos, parce que c'était plus dionysiaque qu'apollinien, même si cet équilibre de ce livre qui m'a passionné de Nietzsche, "La naissance de la tragédie", est inévitable. Parce que la nuance permet à l'art d'être le plus le plus profond. Mais la pulsion dionysiaque, le côté brut, c'est vraiment ce qui me traverse sur scène.
Philippe Chauveau
Lorsque vous écrivez Le Journal d'un vampire en pyjama, lorsque vous écrivez une sirène à Paris, il y a toujours une adaptation vers la musique, une adaptation vers vers l'image, vers vers le cinéma. Vous ne savez pas l'un sans l'autre.
Mathias Malzieu
Ce n'est pas que je conçois, pas l'un sans l'autre. Je le conçois très bien l'un sans l'autre, mais c'est du désir en fait. Ce n'est pas conceptuel chez moi. Je ne me dis pas bon, j'ai fait un livre quand même. Il faudrait que je fasse l'adaptation des chansons. Ça ne s'est jamais passé comme ça. Par exemple, pour La Mécanique du cœur que vous vous citiez. J'ai commencé quand, à partir du moment ou j'ai eu l'idée. Ça vient de l'idée à l'origine. Je ne sais pas si c'est un livre, un film ou un disque, me dit un personnage qui va naître le jour le plus froid du monde. Et on va lui remplacer son cœur par une horloge. Mais du coup, cette horloge sera fragile. Elle ne permettra pas d'avoir de sentiment amoureux, au risque que son cœur explose. J'ai eu envie de faire une chanson, une chanson au début, avec un rythme samplé, où je samplerai des éléments d'une horloge pour faire des rythmiques. J'en ai fait une. Ça m'a plu. Après, du coup, comme c'est rythmique avec les horloges, il y avait des carillons, j'ai samplé des carillons, donc des carillons, ça m'a amené vers la musique mécanique; les boîtes à musique, le côté conte qui allait bien avec le truc du coup, je l'ai mis à Edimbourg parce que j'avais trouvé ces atmosphères là. Au début il était pas à Edimbour. Et à Edimbourg; il y avait un côté conte gothique, mais avec de l'amour dedans, donc des choses, des thérémines. J'ai eu envie de faire d'autres chansons, en même temps que j'écrivais le livre et je trouvais ça super cinématographique. Je me suis dit ; ce conte, cette atmosphère, ça pourrait être un film d'animation. Donc au début, j'ai fait l'album, puis j'ai écrit le livre, puis on a fait un clip en animation et après j'ai eu la chance de pouvoir, grâce à Luc Besson, le développer en film. Mais je ne suis pas concepté tout sur la ligne de départ. Et même les projets qui sont venus ensuite eh bien, par exemple, dont vous parliez aussi de "Journal d'un vampire en pyjama". Bon, j'avais écrit, j'avais commencé "Le guerrier de porcelaine", justement, mais je n'arrivais plus à écrire autre chose que ce qui m'arrivait comme un journaliste pour le coup, qui écrivait in situ sur ce qui lui arrivait. Donc j'ai écrit ça.
Philippe Chauveau
Je précise que ce livre là est associé à un moment de votre vie où la maladie vous avait attrapée.
Mathias Malzieu
J'ai été greffé de la moelle osseuse. Onze semaines dans une chambre stérile deux ans à assigner à la résidence en gros.
Philippe Chauveau
Et donc ce livre est un petit peu vous raconter un petit peu...
Mathias Malzieu
C'est un journal de bord et ce serait complètement d'une prétention folle que dire : "Je me suis sauvé en écrivant". Ce qui m'a sauvé, c'est la chance parce que j'aurais envie de dire les soignants, mais quand je dis ça aux soignants, ils disent non, parce que si c'est nous qui vous avions sauver en soignant, on sauverait tous nos patients. Donc il y a une part de chance, une part de notre travail. Et vous qui nous avait permis de vous soigner, notamment en écrivant ce livre, parce que vous n'êtes pas devenu un malade, vous êtes resté un écrivain ou un chanteur ? En tout cas, par rapport à ce qu'on disait, vous êtes resté vous même. Vous avez continué à devenir vous même, malgré l'immobilisation et le doute. Donc, eh bien, je me suis accroché à mes armes d'être moi-même. Et mais, alors je risquais pas de pouvoir faire un film, ducoup, j'ai fait un livre, un disque c'est toujours comme ça.
Philippe Chauveau
Matthias Malzieu, le raconteur d'histoires. Votre actualité, c'est chez Albin Michel, ce nouveau livre, "Le Guerrier de porcelaine".
Mathias Malzieu
Le guerrier de porcelaine
Livre 00'07'48"Philippe Chauveau
"Le Guerrier de porcelaine", c'est votre nouveau livre Matthias Malzieu. Vous ne parlez pas de vous et indirectement si puisqu'en fait vous allez nous parler de votre père, ce gamin qui va être chez sa grand mère suite au décès de sa mère ? Nous sommes dans la fin de la guerre, 44, nous sommes en Lorraine, dans cette partie de la France qui n'est plus tout à fait la France. Qui était il, votre père lorsqu'il était gamin ?
Mathias Malzieu
C'était un... Je l'appelais guerrier de porcelaine justement, parce que c'était à la fois un combattant de la résilience, il savait pas du tout ce que ça pouvait dire, ce que ça pouvait vouloir dire ce mot là à l'époque. Mais en tout cas, moi, j'ai eu envie d'écrire ce livre parce que il perd sa mère. Dans le livre, je lui fais avoir neuf ans mais ça, c'est un petit a petit choix de romancier pour qu'il puisse écrire à la première personne. Je voulais qu'il parle directement de le faire parler à la première personne. Le côté "il" et le côté "je me souviens" me plaisait pas sur ce livre.
Philippe Chauveau
Là vous faites le choix, il parle à la première personne sous forme d'un journal, comme si il écrivait à sa mère.
Mathias Malzieu
Voilà, comme s'il écrivait à sa mère une lettre, une longue lettre à sa mère qui n'est pas une lettre mystique, comme si elle était là. Mais ce besoin de continuer à lui parler.
Philippe Chauveau
De lui raconter son quotidien.
Mathias Malzieu
Et je raconte son quotidien, mais dans la vraie vie, pour répondre à votre question, il a quatre ans. Il vient de perdre sa mère et sa possible sœur en couches. Il ne sait pas s'il reverra son père et il doit partir traverser la ligne de démarcation cachée dans une charrette de foin, au risque de sa vie et de la cousine qui a un terrain des deux côtés de cette ligne de démarcation qui va prendre le risque de le faire passer sans laisser passer, donc de manière clandestine. Et moi, quand je rencontre ce papa et que je commence à comprendre qu'il est donc vers l'âge de... il commence à vraiment comprendre qu'il est vers... au collège, qu'il me raconte cette histoire, entre autres histoires ; il n'y a pas une once de victimisation. Je n'ai jamais de victimisation, c'est à dire que il est devenu lui même, comme on disait tout à l'heure par rapport à... et il m'a beaucoup aidé dans cet exemple là, quand moi j'ai été malade. Malgré il n'est pas devenu un survivant ou un orphelin ou un quelqu'un qui a été, qui a perdu sa mère. Tout ça en fait, ça lui est arrivé, mais il continue à dire je, il ne dit pas nous. Donc il n'y a aucun communautarisme de la souffrance.
Philippe Chauveau
Ce qui est intéressant dans le livre, c'est que certes, ce sont les souvenirs de votre père que vous traduisez sous forme romanesque. Mais chacun peut aussi s'approprier l'histoire parce qu'on a tous des souvenirs de famille, de ce que l'on nous a raconté ou au contraire, de ce que l'on nous a tu et de ce qu'on a voulu s'inventer. Alors je replante le décor. Ce qui est intéressant, c'est que ce petit Germain qu'on va appeler Menou, lui, il passe la ligne de démarcation dans l'autre sens puisqu'effectivement sa mère, vous l'avez dit, est morte en couches, son père qui doit sans doute aller travailler avec la résistante.
Mathias Malzieu
Tout à fait, qui est revenu avec la croix de guerre, la Légion d'honneur.
Philippe Chauveau
Mais il faut qu'il confie l'enfant à sa grand mère qui, elle, habite de l'autre côté, en Lorraine.
Mathias Malzieu
Dans la gueule du loup.
Philippe Chauveau
Et là, il va découvrir une autre façon de vivre. On est à la campagne, on est à la ferme qui fait aussi épicerie. Il y a la tante Louise, il y a Emile, il y a la grand mère, toujours très à la fois sévère et tendre. C'est tout un nouvel univers qui s'offre, qui s'offre à lui. Puis il y a surtout les bombes qui tombent assez régulièrement. Cet enfant, comment l'avez vous dépeint dans votre roman ? Est ce qu'il est très fidèle à ce que vous a raconté votre père ? Ou reste t-il quand même un personnage de roman ?
Mathias Malzieu
C'est un mélange, c'est un mix encore une fois. C'est un mix, c'est à dire que si vraiment j'avais seulement documenté le souvenir de mon père, qui est en plus émouvant, il est émouvant, mais il est mouvant aussi, c'est à dire qu'il raconte pas toujours exactement la même histoire. Parce qu'il y a des fois il y a des souvenirs qui sont lointains, il a 83 ans déjà maintenant. Et puis il y a des souvenirs de souvenirs. Il y a des choses qu'on lui a racontées sur sa propre, sur sa propre enfance. Donc c'est mouvant. Mais ce qui m'a donné pour moi en tout cas, la note juste, peut être pas la note vraie, mais la note juste c'est qu'il nous racontait ça et ça, ça va avec ce que je vous ai dit juste avant ; sans se victimiser et comme un western presque. C'était épique, c'était homérique la manière de nous raconter qu'il avait envie d'éternuer dans la charrette, que la tante Louise, elle, passait tout le temps ses journées avec elle avait toujours son livre, comme si elle était mordue par son livre de prières tout le temps. Et l'oncle Emile qui était costaud et qui rêvait de se marier avec la voisine. Il y avait un côté à la fois tendre et très simple, et en même temps, c'était un western. C'était vraiment, c'était épique. Il y avait des bombes, il fallait courir à la gare.
Philippe Chauveau
Il faut se cacher à la cave.
Mathias Malzieu
Il y avait le trou d'obus dans le jardin.
Philippe Chauveau
Y a le grenier ou il ne faut pas aller.
Mathias Malzieu
Interdit d'aller au grenier parce que c'est l'endroit qui pourrait être décapité le plus facilement par une bombe. Il y a le trou d'obus dans le pré avec alors quand il a plu, il peut faire comme un mini lac. Tout ça, mais si j'avais documenté seulement la vérité, comme un récit, je pense que je faisais un livre de 20 pages. Je faisais une nouvelle.
Philippe Chauveau
Il y aussi beaucoup de poésie dans ce que vous écrivez alors il y a des personnages que vous évoquez là la tante bigote, la grand mère, etc Et puis il y a aussi cette campagne environnante. Il y a les petits détails, que ce soit la pendule, qui fait tic tac, que ce soit les animaux, la cigogne à qui on donne un joli joli nom de Marlène Dietrich. Enfin il y a plein de petits détails. Il y a une écriture très poétique. Vous vouliez aussi que ce livre raconte ça, que ce soit un peu le monde de l'enfance ?
Mathias Malzieu
Oui, parce que j'aime les contrastes et j'ai adoré par exemple, des livres comme "L'Attrape cœurs" sur des voix d'enfants qui par leur énergie, fabriquent de la poésie pas forcément en essayant de faire poète mais dans le frottement de quelque chose qui se passe mal et une énergie de combat qui retourne tout. Il y a ça chez Romain Gary aussi, enfin Emile Ajar mais c'est une chose dans "La vie devant soi". Il y a ça chez Jonathan Safran Foer, dans son livre "Extrêmement près et incroyablement fort" où un enfant perd son père dans les tours du 11 septembre et il va rechercher un "Monsieur Black" parce qu'il passe du temps avec les vêtements de son père et que dans les vêtements de son père, il trouve une lettre d'un certain "Monsieur Black". Et donc il y a une voix d'enfant qui est cherchée et ce combat là, pour moi, c'est vraiment c'est la pulsion de vie.
Philippe Chauveau
Il y a beaucoup de choses en tout cas dans ce livre qui est un condensé des souvenirs de votre père, écrit de façon romanesque. Ça s'appelle "Le Guerrier de porcelaine" avec une écriture très poétique. Et puis ce livre nous dit aussi que malgré les aléas de la vie, on peut toujours revenir à la joie. "Le Guerrier de porcelaine", Mathias Malzieu, c'est aux éditions Albin Michel. Merci beaucoup.
Mathias Malzieu
Merci beaucoup à vous.