Françoise Bourdin est ce qu'on appelle un «phénomène littéraire » ! Depuis plus de 25 ans, sans tambour ni trompette, sans médiatisation outrancière, sans soutien de l'élite culturelle parisienne, Françoise Bourdin reste un auteur incontournable cher au cœur des lecteurs. Avec plus de 9 millions de livres vendus, traduits en une quinzaine de langues, elle est ce que l'on appelle un auteur populaire, au sens noble du terme. Chaque année, on la retrouve dans le classement des dix meilleures ventes de livres en France. La recette...
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Philippe Chauveau :Bonjour Françoise Bourdin, « Face à la mer » c'est votre actualité chez Belfond. Je vais me permettre de résumer, dans les années 70, il y a deux premiers titres qui marchent très bien : « De vagues herbes jaunes » et « Les soleils mouillés », puis pendant une vingtaine d'années, on ne vous voit plus en librairie, jusqu'à ce que vous fassiez votre réapparition au début des années 90 et depuis le succès ne s'est jamais démenti. Comment analysez-vous votre parcours d'auteurs ? Françoise Bourdin :Je...
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Philippe Chauveau :Dans « Face à la mer », nous faisons la connaissance d'un homme qui finalement à plutôt bien réussi sa vie. Il habite au Havre, il dirige une belle librairie, c'était son choix même si sa famille ne l'a pas forcément aidé, mais il a réussi avec toute sa volonté à monter cette librairie. Et un beau jour, c'est le burn out, il tombe en dépression. D'où vient-il ce personnage de Mathieu et pourquoi en avoir fait un libraire ? Françoise Bourdin :En fait je n'ai jamais vu de libraire dans un roman, c'est...
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Françoise Bourdin
Face à la mer
Présentation 2'01Françoise Bourdin est ce qu'on appelle un «phénomène littéraire » ! Depuis plus de 25 ans, sans tambour ni trompette, sans médiatisation outrancière, sans soutien de l'élite culturelle parisienne, Françoise Bourdin reste un auteur incontournable cher au cœur des lecteurs. Avec plus de 9 millions de livres vendus, traduits en une quinzaine de langues, elle est ce que l'on appelle un auteur populaire, au sens noble du terme. Chaque année, on la retrouve dans le classement des dix meilleures ventes de livres en France. La recette de ce succès ? Une écriture riche, limpide et rythmée, un style efficace et accessible sans pour autant verser dans la facilité et surtout des histoires qui nous parlent et nous ressemblent. Des secrets de famille, des confrontations, des amours déçus, des rires et des larmes dans des décors qui ressemblent à ceux de notre quotidien. Voilà ce qui fait le succès de Françoise Bourdin. Ajoutez à cela une femme sincère, agréable, généreuse avec son public et vous comprendrez pourquoi ses livres sont attendus avec impatience.
« Face à la mer », c'est l'histoire de Mathieu. Sans pourtant être encouragé par sa famille, il a réussi sa vie professionnelle. Mathieu tient une belle librairie au Hevre. Mais après des années de courage et de pugnacité, c'est la fameux burn-out. Mathieu a envie de tout envoyer valser et ne trouve plus aucun ressort, ni auprès de sa compagne, ni auprès de sa fille, ni auprès de ses amis, encore moins auprès de sa mère et ses frères avec qui les relations sont plutôt tendues. Comment pourra t'il reprendre goût à la vie, quels secrets enfouis sont responsables de cette dépression qui le ronge ? Et finalement, qu'est-ce que réussir sa vie ?
On se laisse aisément embarquer dans cette histoire de notre temps, avec ces personnages qui nous semblent tellement proches. Et nous, lecteur, où en sommes-nous dans notre vie professionnelle, affective, amoureuse, familiale ? Et si demain, l'histoire de Mathieu, quelle serait notre réaction.
« Face à la mer » le nouveau best-seller de Françoise Bourdin est publié chez Belfond.
Françoise Bourdin
Face à la mer
Portrait 6'25Philippe Chauveau :
Bonjour Françoise Bourdin, « Face à la mer » c'est votre actualité chez Belfond. Je vais me permettre de résumer, dans les années 70, il y a deux premiers titres qui marchent très bien : « De vagues herbes jaunes » et « Les soleils mouillés », puis pendant une vingtaine d'années, on ne vous voit plus en librairie, jusqu'à ce que vous fassiez votre réapparition au début des années 90 et depuis le succès ne s'est jamais démenti. Comment analysez-vous votre parcours d'auteurs ?
Françoise Bourdin :
Je pense que le succès est arrivé vite, avoir un éditeur à 18 ans, c'est peu commun. Le deuxième roman, on en fait un téléfilm, pour l'ORTF à l'époque, et Laurent Terzieff accepte le rôle principal. Tout cela est arrivé dans ma vie de jeune fille de 20 ans avec une facilité déconcertante et je me suis dit que je pouvais passer à autre chose. Je me suis mariée, j'ai eu des enfants et j'ai fait plein de choses. Puis, le jour où j'ai voulu publier à nouveau, je me suis rendu compte que personne ne m'avait attendue et qu'il n'était pas facile d'être publié.
Philippe Chauveau :
Comme vous le dites, on ne vous attendait pas, c'était un sacré défi de revenir, et pourtant le succès fut de nouveau au rendez-vous. Comme si les lecteurs, eux, vous avaient attendue.
Françoise Bourdin :
Oui et c'est très valorisant de se dire ça, qu'après 20 ans, j'ai pu retrouver un public et que oui, sans doute, j'étais faite pour écrire des histoires.
Philippe Chauveau :
Vous avez près d'une quarantaine de titres à votre actif et vous savez à chaque fois vous renouveler, d'où vient cette imagination débordante ?
Françoise Bourdin :
Je crois que j'ai une imagination très fertile, sans doute par nature, et puis aussi parce que j'ai vécu dans une famille très atypique, une famille d'artistes, de chanteurs. Mon enfance n'est pas celle de mademoiselle tout le monde. Chez moi c'était papa et maman déguisés en permanence, à jouer la comédie. J'ai vu ma mère mourir de toutes les manières, et ça marque.
Philippe Chauveau :
Y a t-il un titre ou un auteur qui vous a particulièrement marquée ?
Françoise Bourdin :
Il y a deux auteurs dont je me souviens vraiment très bien. Il y a Mauriac et ses histoires de famille. C'était justement ce que nous n'étions pas à la maison, un monde bourgeois, assez sclérosé alors que nous, nous étions une famille d'artistes. Donc, cet univers que je connaissais mal me fascinait. Puis il y a eu Giono. Ce fut mon grand coup de cœur, moi qui était une citadine. Tout à coup le monde de la nature m'est apparu.
Philippe Chauveau :
On sait que vous parlez très souvent de la famille, des rapports entre les générations. Vous qui écrivez depuis les années 70, avez-vous vu une évolution dans nos comportements, et ces évolutions ont-elles modifié votre écriture ?
Françoise Bourdin :
Je pense que cela a entrainé une évolution dans les thèmes choisis, parce qu'aujourd'hui la famille a changé, elle est éclatée, recomposée, alors qu'à l'époque de Mauriac dont j'ai parlé, le divorce ou la séparation étaient mal vus.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous êtes en contact avec vos lecteurs, qu'est-ce qui revient régulièrement ?
Françoise Bourdin :
La première chose que me disent mes lecteurs, c'est qu'ils sont heureux. Ils sont heureux parce que je n'écris pas de drames qui finissent dans des bains de sangs et qu'ils ont besoin de ça, d'être dans un monde d'évasion, tout en étant crédible.
Philippe Chauveau :
Votre actualité Françoise Bourdin, vous publiez chez Belfond « Face à la mer ».
Françoise Bourdin
Face à la mer
Livre 6'53Philippe Chauveau :
Dans « Face à la mer », nous faisons la connaissance d'un homme qui finalement à plutôt bien réussi sa vie. Il habite au Havre, il dirige une belle librairie, c'était son choix même si sa famille ne l'a pas forcément aidé, mais il a réussi avec toute sa volonté à monter cette librairie. Et un beau jour, c'est le burn out, il tombe en dépression. D'où vient-il ce personnage de Mathieu et pourquoi en avoir fait un libraire ?
Françoise Bourdin :
En fait je n'ai jamais vu de libraire dans un roman, c'est pourtant un très beau métier, mais un métier pas facile aujourd'hui. Donc, je me disais, voilà un thème intéressant à traiter avec toutes ces difficultés. Beaucoup de librairies ferment, comment on fait quand on veut vraiment que cela marche, comment on ouvre la librairie sur le livre, mais aussi tout ce qu'il y a à côté du livre, comme la papeterie. Je voulais que Mathieu soit ce libraire moderne, très engagé, qui a une belle réussite, qui a travaillé pendant quinze heures par jour pendant des années, et qui est arrivé là où il voulait. Mais ça ne l'a pas préservé du burn out.
Philippe Chauveau :
Vous le dites, il a travaillé 15 heures par jour, peut être au détriment de sa propre famille. Son épouse a préféré partir, il y a sa fille Angélique avec qui cela se passe bien, mais il y a quand même une fêlure dans la famille. Mathieu se retrouve un petit peu seul avec sa compagne Tess, dont il est amoureux mais ne sait pas comment lui montrer. Et il se retrouve dans la maison de César, un ami à qui il a acheté sa maison en viager. Finalement il aurait tout pour être heureux, redémarrer une nouvelle vie mais il n'y arrive pas.
Françoise Bourdin :
Non, il n'y arrive pas ! Il y a un matin où c'est fini, il n'a plus l'énergie et je pense que ce doit être quelque chose de terrible quand cela vous arrive. Moi, j'ai observé cela dans mon entourage et il ne suffit pas de dire aux gens « Allez ! Reprends toi ! ». Non, on a vraiment à faire à quelqu'un qui n'en peut plus. C'est ce qui arrive à Mathieu, au fond de cette maison, il regarde la mer en se demandant si il va pas aller se suicider. Et ce qui m'intéressait, moi auteur, c'était de voir la raison du burn out, qui n'est pas qu'un excès de travail, et comment il allait s'en sortir.
Philippe Chauveau :
On sent que le terme burn out ne vous convient pas forcément ? Pour vous c'est une façon de cacher le mot « dépression ».
Françoise Bourdin :
Exactement ! Ce sont toujours ces phénomènes de mode, on utilise aujourd'hui le mot burn out, mais peut-être qu'on ne l'utilisera plus dans quelques années et quand on prend un vocabulaire à la mode, on est très vite démodé.
Philippe Chauveau :
C'est peut être parce que « dépression » serait un mot tabou.
Françoise Bourdin :
Oui, d'abord ce n'est pas une maladie d'homme la dépression et puis ce n'est pas très flatteur. Mais ce qui arrive à Mathieu n'est pas très flatteur.
Philippe Chauveau :
Finalement, on va découvrir que Mathieu à des failles bien plus profondes qu'on ne croit et vos romans ne sont jamais gratuits, c'est ce qui fait la richesse de votre écriture. Le lecteur n'est pas là en simple spectateur, il peut s'identifier aux personnages, il peut s'identifier au désordre qui apparait au fil des pages et c'est ce que vous aimez faire.
Françoise Bourdin :
Tout à fait ! J'aime bien que mon lecteur se dise « ah oui, ça pourrait m'arriver », j'aime l'idée que le lecteur pense que ce sont des histoires vraies, même si ce sont des fictions.
Philippe Chauveau :
Vous avez choisi de situer votre action dans la ville du Havre et on sent que vous vous êtes imprégnées des lieux et au fil des pages, on sent aussi une sorte de déclaration d'amour à cette ville du Havre un peu mal-aimée.
Françoise Bourdin :
Tout à fait, mais il faut aller voir le Havre ! Même les porte-conteneurs, ces bateaux gigantesques, ont du charme. Et puis, cette architecture d'après guerre est beaucoup plus douce qu'on ne l'imagine. J'aime beaucoup Auguste Perret, l'église Saint-Joseph qu'il a construite est une réalisation en béton qui laisse pantois tellement c'est beau.
Philippe Chauveau :
Et cette succession de tempêtes et de ciel bleu que l'on trouve au Havre, propice au caractère de Mathieu…Vous avez choisi un libraire, un personnage d'homme pour vous confronter à la dépression. C'est le plaisir de la romancière de se confronter à un personnage masculin ?
Françoise Bourdin :
Tout à fait ! Essayer de se mettre dans la tête d'un personnage masculin est intéressant. Beaucoup de mes confrères et consoeurs le font, moi je le fais toujours avec un peu de dérision en me disant « est-ce qu'un homme pense comme ça ? ». et quand j'ai trop de doutes je vais demander à quelqu'un.
Philippe Chauveau :
En tout cas, voilà encore un livre réussi, un livre que l'on dévore de la première à la dernière page, c'est votre actualité Françoise Bourdin. « Face à la mer » est publié aux éditions Belfond.