Croiser Baptiste Beaulieu, c’est rencontrer un Pierrot lunaire, un être à part qui vous donne l’impression d’être unique, que vous êtes le seul qui comptez à ces yeux pendant quelques instants.
Ce regard sur l’autre, cette attention permanente à ceux qui l’entourent, ce désir d’être utile, voilà sans doute les éléments qui, inconsciemment, ont poussé Baptiste Beaulieu vers la médecine.
Mais ce sont aussi, sans aucun doute, ces mêmes éléments qui l’on mené à l’écriture.
Médecin généraliste à Toulouse,...
Rediffusion - Samedi 20 avril de Baptiste Beaulieu - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Baptiste Beaulieu.
Baptiste Beaulieu :
Bonjour Philippe.
Philippe Chauveau :
Merci d'être avec nous, Celle qu'il attendait, c'est votre nouveau titre aux éditions Fayard. Je crois que c'est votre cinquième livre et quatrième roman puisqu'il y a eu ce premier titre dont on reparlera. Si je fais une présentation rapide, on vous connaît aussi bien en librairie que dans le milieu hospitalier puisque vous êtes médecin généraliste à Toulouse. Et puis, en parallèle, donc, effectivement, vous...
Rediffusion - Samedi 20 avril de Baptiste Beaulieu - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Voici votre nouveau titre, Baptiste Beaulieu. Celle qu'il attendait. Au départ, on ne sait pas vraiment à quelle époque nous sommes. Nous sommes dans notre époque contemporaine, certes, mais quand précisément, on ne le sait pas. Mais en tout cas, on va faire connaissance avec deux personnages, deux personnages qui vont nous accompagner bien après le point final. Il y a Eugénie, Eugénie D. et puis, il y a Joséphin. Deux personnages cabossés par la vie qui vont se rencontrer alors qu'ils n'auraient jamais dû...
Rediffusion - Samedi 20 avril de Baptiste Beaulieu - Livre - Suite
Baptiste Beaulieu
Celle qu'il attendait
Présentation 00'02'10"Croiser Baptiste Beaulieu, c’est rencontrer un Pierrot lunaire, un être à part qui vous donne l’impression d’être unique, que vous êtes le seul qui comptez à ces yeux pendant quelques instants.
Ce regard sur l’autre, cette attention permanente à ceux qui l’entourent, ce désir d’être utile, voilà sans doute les éléments qui, inconsciemment, ont poussé Baptiste Beaulieu vers la médecine.
Mais ce sont aussi, sans aucun doute, ces mêmes éléments qui l’on mené à l’écriture.
Médecin généraliste à Toulouse, en lien avec le milieu hospitalier, il crée un blog dans les années 2010 « Alors voilà », dans lequel il raconte son quotidien de médecin. Le succès du blog entraine la publication d’un livre à succès, « Alors voilà, les 1001 vies des urgences ».
Puis viennent les premiers romans, « Alors vous ne serez plus jamais triste », « La ballade de l’enfant gris » puis « Toutes les histoires d’amour du monde ».
Au gré de ses publications, Baptiste Beaulieu a créé un lectorat fidèle, attaché à la générosité de l’auteur, la sensibilité de son écriture et à l’originalité de ses histoires ».
Ce talent, il le prouve une fois encore dans son nouveau titre, « Celle qu’il attendait » publié chez Fayard.
A notre époque contemporaine, deux cabossés de la vie, Eugénie et Joséphin se croisent sur le quai d’une gare. Ils vont mettre du temps à s’apprivoiser, étant eux-mêmes mal à l’aise avec leur corps, leur passé, leur histoire construite sur les larmes et le sang.
Mais le destin s’emmène : l’intemporalité du travail de la terre, la complicité d’un chat, l’indiscrétion d’une fenêtre éclairée feront le reste.
Un récit bouleversant et beau, où la timidité et la gaucherie des personnages nous émeuvent autant qu’elles nous amusent, porté par une écriture pleine de finesse et de poésie.
Racontée comme une fable, voilà une histoire d’amour qui ne dit pas son nom, dons tous les fils étaient tissés bien avant que nos deux anti-héros se rencontrent.
« Anticiper le bonheur, c’est le vivre deux fois », voilà une jolie phrase à garder en mémoire.
« Celle qu’il attendait » de Baptiste Beaulieu est publié chez fayard.
Baptiste Beaulieu
Celle qu'il attendait
Portrait 00'05'54"Philippe Chauveau :
Bonjour Baptiste Beaulieu.
Baptiste Beaulieu :
Bonjour Philippe.
Philippe Chauveau :
Merci d'être avec nous, Celle qu'il attendait, c'est votre nouveau titre aux éditions Fayard. Je crois que c'est votre cinquième livre et quatrième roman puisqu'il y a eu ce premier titre dont on reparlera. Si je fais une présentation rapide, on vous connaît aussi bien en librairie que dans le milieu hospitalier puisque vous êtes médecin généraliste à Toulouse. Et puis, en parallèle, donc, effectivement, vous publiez régulièrement des livres qui parfois ont trait d'ailleurs au milieu médical. Si vous deviez vous définir, qui êtes-vous, Batiste Beaulieu ? Vous, avez 2 minutes 15...
Baptiste Beaulieu :
Si je devais le définir, je dirais avant tout romancier. Parce que c'est la part la plus constitutive de mon être, je crois. Si je n'écris pas, je suis mal à l'aise et j'ai besoin d'écrire. Après, je suis médecin. Mais c'est certain que je ne pourrais pas être romancier si ce n'était pas médecin. Parce que j'ai besoin d'avoir les mains dans le terreau humain, d'être dans la réalité pour pouvoir sortir un peu la tête de tout ça. Regarder les étoiles, avoir envie de rêver et donc de faire rêver les lecteurs et les lectrices. Mais je ne pourrais pas être romancier si je n'avais pas les mains dans ce terreau humain.
Philippe Chauveau :
Alors, ce qui veut dire que lorsque vous étiez gamin, quand certains se rêvent footballeur ou astronaute, vous, vous hésitez entre la médecine et l’écriture ?
Baptiste Beaulieu :
Exactement. Là, ce que vous voyez, c'est un petit garçon de 5 ans qui a réussi ses deux rêves.
Philippe Chauveau :
Pourquoi ce goût pour l’écriture ? Est-ce que c'est lié à une bibliothèque familiale ou un instituteur, un livre qu'on vous a lu lorsque vous étiez enfant ?
Baptiste Beaulieu :
Ma mère, a toujours aimé lire, elle n'aimait pas trop la télévision et elle préférait me raconter la mythologie grecque avec force. J'ai grandi avec ces récits qui sont parfois très violents, mais qui sont mythologiques. Et puis, je pense que cela a forgé en moi un goût pour les histoires et les histoires fortes. Parce qu'il y a tout dans la mythologie grecque. Toutes les histoires ont déjà été écrites finalement. En grandissant, j'avais cet imaginaire là et j'avais envie de le partager avec les gens, de les faire rêver, de les sortir un tout petit peu de leur quotidien et, à travers mes livres, leur permettre de rêver aussi.
Philippe Chauveau :
Néanmoins, vous suivez des études de médecine et vous devenez médecin, médecin urgentiste. Quelle est la passerelle ? Alors je vais faire un jeu de mots assez facile, mais vous soignez les mots par les mots avec le livre ?
Baptiste Beaulieu :
C'est une bonne question. Et ce qui est certain, c'est que quand on est médecin, on a en face de soi 10 ou 20 personnes qui viennent tous les jours et ce sont 10, 20 histoires différentes à chaque fois. Et je pense qu'en tant que romancier c'est une manne, parce qu'on a tous besoin d'un matériau. On est des machines à transformer le réel. J'ai le roman qui est le réel transformé, mais j'ai besoin du réel. Et le réel est apporté par ma capacité à accueillir les gens, à écouter leurs histoires et à être dans cette vraie vie là. Je ne crois pas du tout au romancier qui est en haut d'une tour d'ivoire et qui arrive à raconter des histoires qu'il rattraperait dans le néant. J'ai besoin de ça.
Philippe Chauveau :
Un mot sur votre activité de médecin urgentiste et plus largement, sur les professions de santé qui ont été tellement malmenées ces derniers mois. Comment avez-vous vécu toute cette période ? Parce que vous n'êtes pas un médecin ordinaire, vous ne restez pas les deux pieds dans le même sabot. Il y a une part de militantisme aussi dans votre travail de professionnel de santé. Avec le recul, cette année et demie que nous venons de passer.
Baptiste Beaulieu :
Ça a été une année particulièrement éprouvante et pas tellement à cause du virus. Plutôt à cause de la gestion de ce virus par les institutions. Ça a été particulièrement violent envers les soignants et les soignantes. Et notamment, ce que j'ai beaucoup reproché à ce gouvernement, c'est d'avoir héroïser comme ça le personnel soignant en utilisant des mots issus du champ lexical de la guerre. "On est au front, c'est la guerre", ce mot a même été prononcé par le président Macron et je me méfie toujours de l'héroïsation. L'héroïsation, c'est un piège à cons. Un héros ne se plaint pas d'être seul, il ne se plaint pas de ne pas avoir de beaux masques, de ne pas avoir de bonnes blouses, il ne se plaint pas d'être mal payé et d'être en sous-effectif. Quelque part, en nous héroïsant, ils nous ont silencé, c'est à dire qu'ils nous ont empêché de nous plaindre et de pouvoir expliquer aux gens qu'on soigne, depuis des années maintenant, dans de mauvaises conditions en France.
Philippe Chauveau :
Vous avez l'impression que c'était de la poudre aux yeux ? Ou alors que c'était mal à propos, mal interprétés ?
Baptiste Beaulieu :
Je pense que c'était une opération de propagande et de communication et que, peut-être, les gens avaient besoin de ça pour se rassurer en se disant c'est la guerre, mais c'est faux. C'est un virus. Vous savez, un virus ne veut pas de mal, il ne veut pas de bien. C'est juste un virus, quoi. C'est juste un virus.
Ce métier, vous l'aimez, vous avez envie de le faire partager. C'est un petit peu comme ça qu'était né le blog "Alors voilà". Et puis ensuite, il y a eu le livre en 2013 Alors voilà, les mille et une vie des urgences. Vous faisiez partager un petit peu le quotidien de ce métier avec ses bons et ses mauvais côtés. Pourquoi était-ce important de mettre ça d'abord sur un blog et puis ensuite de transformer en livre ?
Baptiste Beaulieu :
Parce que, comme on dit, un grand pouvoir donne de grandes responsabilités et il y a mille et une raisons pour lesquelles on peut être fâché avec le corps médical. Quand je vois 20 patients par jour, le soir quand je rentre, 20-25 visages vont se confondre dans ma tête, je ne saurais pas vous dire exactement. Je vais en retenir un ou deux, mais les patients, eux, ils ont vu un soignant. Ça veut dire que si ça s'est mal passé avec eux, si j'ai fait preuve de brutalité ou de maltraitance envers eux, ils s'en souviendront toute leur vie. Et on a cette responsabilité là. Donc, il y a des tas de raisons d'être fâché avec le corps médical. Moi, mon but, c'était d'essayer de tendre un point comme ça entre les soignants et les soignés. Et de raconter ce qui peut se passer aussi sous la blouse, les émotions qui peuvent nous traverser, pour essayer de créer un lien humain et une reconnaissance mutuelle en l'humanité.
Philippe Chauveau :
Votre actualité, baptiste Beaulieu, aux éditions Fayard, Celle qu'il attendait.
Baptiste Beaulieu
Celle qu'il attendait
Livre 00'07'32"Philippe Chauveau :
Voici votre nouveau titre, Baptiste Beaulieu. Celle qu'il attendait. Au départ, on ne sait pas vraiment à quelle époque nous sommes. Nous sommes dans notre époque contemporaine, certes, mais quand précisément, on ne le sait pas. Mais en tout cas, on va faire connaissance avec deux personnages, deux personnages qui vont nous accompagner bien après le point final. Il y a Eugénie, Eugénie D. et puis, il y a Joséphin. Deux personnages cabossés par la vie qui vont se rencontrer alors qu'ils n'auraient jamais dû se croiser. Qui sont-ils, ces deux personnages qui se croisent sur un quai de gare ?
Baptiste Beaulieu :
Ce sont deux êtres un peu lunaires. On a Eugénie qui a un rapport à son corps qui est très compliqué. Il y a Joséphin qui a aussi un rapport compliqué à son corps et un rapport compliqué aux autres aux interactions sociales. Ils vont se croiser sur ce quai de gare et j'avais très, très envie de partir sur un postulat qu'on a vu et revu un millier de fois qui est cet amour au premier regard. C'est ce coup de foudre qu'on on a déjà eu un millier de fois dans la littérature. Et, partant de ce postulat qu'on a déjà vu un millier de fois, raconter une histoire d'amour telle que, à titre personnel, je pense que les lecteurs n'en auraient jamais lu. C'est à dire, déjouer depuis ce postulat, tous les attendus, tous les stéréotypes, tous les préjugés qu'on peut avoir sur ce genre d'histoires. Et que les lecteurs se disent "je connais cette histoire" et puis qu'au fur à mesure de la lecture, ces lecteurs et lectrices se disent "Ah non, ce qui se passe n'est pas du tout ce que j'attendais" et j'avais vraiment envie de ce petit challenge là.
Philippe Chauveau :
Alors, vous faites le choix d'un narrateur, un narrateur qui nous raconte l'histoire et qui vient dire au lecteur "Oui, oui, OK, on a l'impression que c'est une histoire que tu as déjà lu et relu, mais écoute-moi, je vais expliquer pourquoi ce n’est pas une histoire comme les autres". Pourquoi avez-vous besoin de ce narrateur ?
Baptiste Beaulieu :
Vous allez me prendre pour un fou... Quand je suis médecin, je suis seul. Je suis seul avec mes patients. Ce ne sont pas mes collègues, je ne suis pas là pour rire avec eux. Quand j'écris, je suis seul, et du coup, j'ai brisé, comme on dit, le quatrième mur. Je me suis adressé aux lecteurs. Ce n'est pas pour eux que je l'ai fait. C'est parce que j'avais besoin de parler aux gens, de parler aux gens, mais pas comme je parle avec mes patients. D'être une sorte de griot africain sous un arbre qui dit aux gens "Venez, approchez-vous et je vais vous raconter une histoire". On est tous ensemble et on va dans cette histoire, et on y va tous ensemble.
Philippe Chauveau :
Je marche un petit peu sur des œufs parce que je ne veux pas dévoiler trop l'intrigue. Et puis surtout, il y a des informations que le narrateur, en tous les cas, nous donne au fil, au fil des pages. Vous l'avez dit en préambule, tous les deux, Joséphin et Eugénie ont un problème avec la société, avec le regard des autres, pour moultes raisons. Mais finalement, ce problème est-il plus large ? Est-ce que Joséphin et Eugénie ne nous ressemblent-ils pas ?
Baptiste Beaulieu :
Si, le but c'était vraiment, à travers la poésie, parce que c'est un récit très poétique comme ça, très fantaisiste, d'incorporer des éléments de réalité qui choquent un peu les lecteurs et lectrices. C'est à dire qu'en lisant les lecteurs et lectrices se disent "j'ai déjà vécu cette situation, je me reconnais dans cette situation", et la poésie soit un prétexte finalement pour donner des petits uppercuts comme ça aux lecteurs et lectrices et lui permettent de s'identifier à cette histoire.
Philippe Chauveau :
Vous le dites vous-même, chacun peut s'identifier à cette histoire entre Joséphin et Eugénie. Vous écrivez "Réinventer les moments importants de nos vies est une pente naturelle pour l'être humain chez qui l'exile, l'absence ou la séparation n'ont pas été choisies. Le réenchantement semble l'unique moteur capable de remettre en action l'amour pour la vie. La fable personnelle ou l'effondrement, peu d'alternatives." C'est quoi le réenchantement ?
Baptiste Beaulieu :
Le réenchantement ça passe par, et il n'y a rien de péjoratif dans ce terme, par le mensonge qu'on se fait à soi-même régulièrement. Et il n'y a rien de méchant à le faire, mais on le fait tous. Je pense que 90% de nos souvenirs tombent dans des trous. Si je vous demande ce que vous faisiez le 24 mars 1994, vous ne saurez pas. Pareil pour les jours d'avant et les jours d'après. Et donc, 90% de nos vies sont perdus pour toujours. Et donc la violence de ce fait là, nous oblige, je pense, parfois, à embellir certains souvenirs, réenchanter certains souvenirs en se disant "ce n'était pas si terrible ce que j'ai vécu à l'époque où ça ne m'a pas fait si mal que ça", alors que si, bien sûr, ça nous a fait mal, ça nous a blessé. Mais on s'en est sorti. La souffrance d'hier, c'est de l'expérience dont on a tiré pour pouvoir avancer aujourd'hui.
Philippe Chauveau :
Vous faites le choix de la poésie dans votre roman. Vous faites le choix de la fable. Le choix du conte. Alors Joséphin, il fait un métier somme toute basique et n'a rien de péjoratif. Il est chauffeur de taxi, il conduit les gens dans Paris. Eugénie a un autre métier un peu plus surprenant, elle est inventrice.
Baptiste Beaulieu :
Oui, là c'était vraiment ma touche personnelle. J'avais envie de m'éclater. En tant que romancier, j'avais envie de laisser libre cours à mon imaginaire. Et quoi de mieux qu'un personnage qui est un inventeur pour laisser libre cours à son imaginaire ?
Philippe Chauveau :
Vous abordez beaucoup de thèmes grâce à ces deux personnages de Joséphin et d'Eugénie. Les personnes qui ne sont pas comme il faudrait, pas dans la norme, ces personnes qui ont du mal à s'intégrer. C'est un livre plein de poésie, c'est un livre violent aussi, et les dernières pages que nous n'allons pas dévoiler, bien sûr, mais nous ramènent à une triste réalité. Néanmoins, vous avez voulu écrire une histoire très solaire.
Baptiste Beaulieu :
Oui.
Philippe Chauveau :
Et il y a toutes ces images autour de la terre, autour de la glaise, autour de la poterie. Pourquoi avoir ajouté cette connotation à la terre, élément premier.
Baptiste Beaulieu :
Effectivement, je voulais aborder ce thème de la céramique et de la poterie pour différentes raisons. D'abord, c'est parce que c'est un art qui est vraiment au carrefour de l'art brut et de la physique, c'est à dire qu'on travaille avec la terre, évidemment, on travaille aussi avec l'eau. On ne peut pas tourner sans avoir de l'eau. On travaille évidemment avec l'air, parce que l'air est tellement important pour nous permettre de retirer l'eau de la pièce et de la faire sécher. Évidemment, on travaille avec le feu après pour pouvoir faire cuire la pièce. Et donc c'étaient tout autant d'allégories pour raconter un peu le parcours de ces personnages qui vont, à travers cet art qu'est la céramique qui est un art éminemment spirituel, se réparer avec la terre, avec l'eau, avec le feu....
Philippe Chauveau :
Vous êtes déjà sur l'écriture d'un autre titre où après avoir terminé un roman, vous avez besoin d'un petit moment de respiration ? Comment travaillez-vous là-dessus ?
Baptiste Beaulieu :
Avant d'écrire, je riais toujours un peu les romanciers dire "Ça s'est imposé à moi. Cette histoire est arrivée comme ça. Je n'ai pas choisi." Je trouvais ça toujours un peu cliché, et en fait malheureusement, c'est comme ça que ça arrive. Je pensais me reposer après l'écriture de celui-ci. Et puis on est la terrasse d'un café, on ne pense absolument pas à écrire un prochain livre et puis, voilà que les personnages arrivent dans notre tête et qui vont devenir une obsession. C'est à dire que tant que je n'aurai pas écrit leur histoire, ils ne me quitteront plus. Et je me servirai de tout ce que je lis, tout ce que je vois, tout ce que j'entends pour aller piocher dans mon quotidien comme ça et raconter leur histoire.
Philippe Chauveau :
Continuez. Continuez encore longtemps. En tout cas, voilà deux personnages qui vont vous rester en mémoire, deux personnages qui vont vous porter aussi, et tout cela avec une écriture pleine de sensibilité, de poésie. C'est le parcours de Joséphin et d'Eugénie. C'est le nouveau livre de Baptiste Beaulieu, Celle qu'il attendait. Anticiper le bonheur, c'est le vivre deux fois. Ça, c'est une phrase qu'il faut garder en mémoire. Vous êtes publié aux éditions Fayard. Merci beaucoup.
Baptiste Beaulieu :
Merci beaucoup, Philippe.