Nicolas d'Estienne d'Orves

Nicolas d'Estienne d'Orves

Ce que l'on sait de Max Toppard

Livre 00'08'10"

Philippe Chauveau

Une belle couverture rouge qui attire l'œil. Ce que l'on sait de Max Toppard, c'est votre actualité, Nicolas d'Estienne d'Orves. Mais qui est-il le fameux Max Toppard ? C'est celui que nous allons découvrir. Un grand personnage du cinéma et finalement, personne ne le connaît. Oh si ! Dans le milieu du cinéma, on le connaît, mais le grand public ne le connaît pas. Réalité ou pas, on va le savoir, on va le découvrir. Max Toppard, comment naît cette histoire ? Vous qui êtes un grand passionné de cinéma, pourquoi maintenant, dans votre parcours littéraire ?

Nicolas d'Estienne d'Orves

Il y avait quelque chose d'assez technique. Pour moi, c'est un cycle de romans chez Albin Michel. J’avais commencé par La fidélité successive, roman qui se passe dans les années 40 dans l'univers de la presse essentiellement, et des arts. La gloire des maudits années 50 dans l'univers de l'édition et là, années 60 dans l'univers du cinéma. C'est comme ça que j'avais pensé les choses au départ et je voulais faire ça dans les années 60. Mais comme point de départ et ensuite remonter pour que, toujours au centre de la structure romanesque, il y ait les quatre années d'occupation qui est le fil conducteur, le fil rouge comme le livre entre ces trois romans Donc, j'ai lu beaucoup de choses sur le cinéma pendant l’occupation, la Nouvelle Vague et l'origine du cinéma. Et je me suis dit « Mais je voudrais qu'il y ait quelqu'un qui soit caché entre les entre les gouttes, de ce réel cinématographique, de cette histoire. Quelqu'un à qui on aurait tout volé et qui aurait totalement disparu des mémoires et des consciences. » Et donc, comme cela est venu le personnage de Max Toppard. J'ai du mal à dire qu'il n'existe pas parce que je suis persuadé qu'il existe. Parfois, je me dis « est-ce que je n'ai pas lu son nom quelque part à un moment, et il serait resté dans un coin de ma mémoire ». Et je me force à m'habituer à cette ambiguïté. Maintenant, je suis persuadé qu'il a existé.

Philippe Chauveau

Ce qui est très fort, c'est que vous en faites un référent de l'histoire du cinéma à qui on aurait tout volé, qui n'existerait plus dans la mémoire collective et qui pourtant, serait un pivot essentiel de l'histoire du cinéma. Le roman est construit sous deux formes parce qu'il y a effectivement Max Toppard dont on va découvrir le parcours. Et puis il y a cette jeune femme, Caroline, dans les années 60, qui va partir justement à la recherche d'infos sur ce personnage. Pourquoi avoir eu envie de faire ce roman sur deux époques ?

Nicolas d'Estienne d'Orves

Au départ, ça se passait vraiment dans les années 60, parce que je voulais écrire sur les années 60. Et donc je voulais mettre en scène un peu le Paris de la réélection de De Gaulle,

on assiste aussi à la première Du vent dans les branches de sassafras de René de Obaldia, qui vient de nous quitter. J'aime bien travailler de façon très, très précise sur le réel d'une époque. Je travaille avec des chronologies historiques, que la géographie soit la bonne que les gens boivent ce qui buvait à l'époque. C'est le côté très documentaire. Et puis, même dans mon plan initial, parce que je fais des plans très précis, l'histoire de Max Toppard faisait 40-45 pages. Et quand j'ai commencé à rédiger le livre, Max Toppard est né, est né de lui-même, sous mes doigts et en fait, au bout du compte, j'avais 300 pages avec les aventures de Max Toppard et je me suis dit « Mais il n'y a rien à couper, tout fonctionne, tout est juste puisque Max Toppard a existé » et ça a refondu toute la structure du livre. Et en fait, Max Toppard qui n'était pas le personnage principal à l'origine, est devenu le héros du livre.

Philippe Chauveau

Ce qui est vraiment génial dans votre livre, c'est que même ceux qui ne sont pas de grands cinéphiles, qui ne connaissent pas très bien l'histoire du cinéma vont forcément être intéressés par le portrait de Max Toppard. Et puis, il y a aussi les ambiances que vous avez su recréer. Ce Paris des années 60, et puis ensuite aussi tout ce monde du cinéma que vous faites évoluer sur plusieurs décennies. Vous le disiez, vous avez pas mal creusé dans la bibliographie sur le cinéma. Quels ont été vos outils ?

Nicolas d'Estienne d'Orves

Le cinéma est ma toute première passion depuis toujours et avec un goût particulier pour le grand cinéma traditionnel français, avec les fameux seconds rôles, ces personnages qu'on voit dix minutes dans le film et qui sont généralement les seuls dont on se souvient, tous les Julien Carette, Marcel Dalio, Jean Tissier, tous ces grands excentriques du cinéma français. C'est une tradition qui a totalement disparu aujourd'hui où il y a des premiers rôles, puis

ensuite des figurants, puis rien d'autre. Là, je pars, mais j'ai lu beaucoup, beaucoup de livres d'histoire du cinéma et de témoignages de l'époque aussi. Et surtout, l'arrivée du cinéma en France. La façon dont ça a été reçu. Ca a été un coup de tonnerre quand le cinéma, la jeunesse a découvert le cinéma dans les années 20, surtout dans les années 20, quand le cinéma est devenu un art. Et donc ça, c'était… Il faut s'imaginer ce que ça a dû être pour ces jeunes gens qui découvraient, qui voyaient un art se former sous leurs yeux, c'est-à-dire ex-nihilo, tout à coup, le cinéma se créait devant eux. Et j'ai voulu mettre en scène cet enthousiasme et cette énergie, cette folie créatrice qui a été celle de tous ces gens qui forgeaient de toutes pièces ce qui allait devenir le septième art.

Philippe Chauveau

Alors la force de votre roman, c'est aussi cette intrigue que vous avez imaginée avec Caroline, qui mène son enquête pour savoir qui était Max Toppard. Et puis, c'était l'occasion aussi pour le romancier que vous êtes de faire apparaître des personnages authentiques, des vrais grands noms du cinéma. Parce qu'on l'a dit Max Toppard, existe-t-il ou n’existe-t-il pas ? En tout cas, tous les grands noms du cinéma l'ont côtoyé à un moment ou à un autre. Et puis, il y a peut-être un cinéma où on peut se retrouver à certains moments, c'était du plaisir. C'est assez jouissif pour le lecteur. Mais j'imagine que pour vous aussi, ça a dû être plaisant de faire intervenir ces personnages.

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J'avais fait ça dans mes deux romans précédents. Dans Les fidélités et La gloire des maudits, où je prends des héros imaginaires ou en tout cas vraisemblables, entourés de seconds rôles réels. Ça, c'est très, très amusant de faire côtoyer, un peu dans le principe de Forrest Gump où tout à coup un personnage imaginaire rencontre comme ça, par hasard, les uns et les autres. Ça, c'était une façon aussi de faire des clins d'œil et c'est très, très, très jouissif d'imaginer ça. Mais voilà, donc, il y a toujours un degré de lecture, un deuxième, un troisième, pour que toute sorte de lecteur, soit le lecteur qui aime le grand roman traditionnel puisse s'amuser, le lecteur cinéphile puisse s'amuser aussi et le lecteur passionné de tel type de roman ou qui saura lire entre les lignes pour voir tous les clins d'œil que j'ai pu faire.

Philippe Chauveau

Nous sommes en 1965. On sent que nous passons un cap dans l'histoire du cinéma. C'est la nouvelle vague qui va arriver pour le cinéma français. Est-ce qu'il y a une sorte de mélancolie ou en tout cas de nostalgie dans l'écriture de ce roman ?

Nicolas d'Estienne d'Orves

Il y a de la nostalgie dans tous mes livres. Je carbure à ça depuis toujours. Je vis dans le passé, je m'habille comme dans le passé. Aujourd'hui, ça va. Je vis dans une ambiance délicieusement surannée, poussiéreuse, dans laquelle je suis très heureux et dans laquelle je me meus très agréablement avec tous les bonheurs du monde moderne. La technologie, tout ça. Tout ça est très agréable, mais tout simplement, c'est une période, les années 60, -huit-dix ans avant ma naissance, donc pour moi, c'est un passé assez immédiat mais déjà révolu. En fait, c'est les années d'enfance de mes parents. C'est une sorte de nostalgie par génération interposée, et j'aime bien recréer le passé parce que le rapport au temps n'était pas le même. On vit dans une époque de frénésie permanente et là, les gens prenaient le temps de lire, d'aller au cinéma, de se déplacer, d'attendre pour se parler. On n'était pas à guetter le moindre texto. Les choses se faisait moins vite et donc peut être creuser un peu plus. Mais bon, ça, c'est une vision fantasmée de ce passé que je n'ai pas vécu. De toute façon, c'est comme dans ce film de Woody Allen, Midnight in Paris, chaque personne a la nostalgie de la personne de la période d'avant. Le c'était mieux avant et la nostalgie de l'âge d'or, c’est vieux comme le monde.

Philippe Chauveau

Plongez-vous dans une histoire décalée de l'histoire du cinéma avec Nicolas d'Estienne d'Orves. C'est votre actualité, Ce que l'on sait de Max Toppard, Alors qui est-il, Max Toppard ? Vous allez voir. C'est un livre avec une écriture très maîtrisée. On a envie de tourner les pages. Ça, c'est un vrai page turner, même si le terme n'est pas très beau. En tout cas, c'est une vraie réussite. Vous allez suivre Caroline dans ce Paris des années 60. Ce que l'on sait de Max Toppard, c'est aux éditions Albin Michel. Merci beaucoup, Nicolas.

Nicolas d'Estienne d'Orves

Merci.

Ce que l'on sait de Max Toppard Ed. Albin Michel
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  • Il se considère lui-même comme un couteau suisse, un touche-à-tout qui aime brouiller les pistes, allant vers tous les univers qui l’intéresse. Depuis vingt ans qu’il sévit en librairie, bien malin qui pourra dire sur quelle étagère ranger Nicolas d’Estienne d’Orves. Et c’est tant mieux car il nous surprend à chaque fois. Des nouvelles et des chroniques, des essais liés à la musique et à son amour pour l’opéra ou à son attachement à Paris, des clins d’œil à l’épicurisme ou des biographies comme celle...Arletty, un coeur libre de Nicolas d'Estienne d'Orves - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau Bonjour Nicolas d'Estienne d'Orves.   Nicolas d'Estienne d'Orves Bonjour.   Philippe Chauveau Vus êtes dans l'actualité avec ce roman qui sort chez Albin Michel, Ce que l'on sait de Max Toppard. C'est presque un anniversaire, ça fait 20 ans, on va dire ça, ça fait 20 ans aujourd'hui que vous êtes présent en librairie. Des romans, des essais, des dictionnaires amoureux. Vous êtes une sorte de touche à tout.   Nicolas d'Estienne d'Orves Je suis une sorte de couteau suisse. C'est mon côté rouge. Oui, en fait,...Arletty, un coeur libre de Nicolas d'Estienne d'Orves - Portrait - Suite
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