En juin 2010, Estelle Nollet a reçu le prix Emmanuel Roblès qui récompense un premier roman francophone pour son livre On ne boit pas les rats-kangourous publié chez Albin Michel. Précisons que ce prix Roblès est décerné par des lecteurs et non par des professionnels de l’édition ce qui forcément change la donne et accorde au livre encore plus de valeur. Au-delà du titre déroutant se cache une histoire surréaliste, abstraite et envoûtante. Willie a vingt-cinq ans, il vit dans un nulle part, aride, on ne sait où, entouré...
On ne boit pas les rats-kangourous d'Estelle Nollet - Présentation - Suite
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Bonjour, Estelle Nollet.
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Bonjour.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Nous sommes ensemble. Vous publiez chez Albin Michel votre premier roman, On ne boit pas les rats-kangourous. J’imagine que pour vous c’est une belle aventure puisque le livre, le roman vit bien. Vous avez obtenu le prix Roblès, le prix Emmanuel Roblès du premier roman. Quel est votre parcours pour en arriver à un premier roman alors que vous êtes encore toute jeune....
On ne boit pas les rats-kangourous d'Estelle Nollet - Portrait - Suite
Philippe Chauveau (WebTVCulture) : Estelle Nollet, nous sommes ensemble pour votre premier roman publié chez Albin Michel, On ne boit pas les rats-kangourous. Précisons que pour ce livre, vous avez reçu le Prix Emmanuel Roblès qui est décerné par des lecteurs pour un auteur de premier roman francophone. Le titre tout d’abord, c’est un titre surprenant, déroutant. Le titre a été quelque chose qui est venu instinctivement ou il est venu plus tard ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) : Il est venu...
On ne boit pas les rats-kangourous d'Estelle Nollet - Le livre - Suite
Estelle Nollet
On ne boit pas les rats-kangourous
Présentation 0'58Estelle Nollet
On ne boit pas les rats-kangourous
Portrait 4'29Bonjour, Estelle Nollet.
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Bonjour.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Nous sommes ensemble. Vous publiez chez Albin Michel votre premier roman, On ne boit pas les rats-kangourous. J’imagine que pour vous c’est une belle aventure puisque le livre, le roman vit bien. Vous avez obtenu le prix Roblès, le prix Emmanuel Roblès du premier roman. Quel est votre parcours pour en arriver à un premier roman alors que vous êtes encore toute jeune. Quel a été votre cheminement ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Alors moi j’ai commencé dans la publicité, pendant huit ans. J’étais créative donc conceptrice rédactrice. C’était plutôt les mots et les concepts mon domaine de prédilection. Et puis au bout de huit ans à voyager et à aussi faire de la publicité en Nouvelle-Zélande et en Australie, j’ai décidé de changer complètement mon fusil d’épaule et de devenir guide de plongée sous-marine, ce qui m’a permis de me plonger dans l’écriture d’un long puisque j’écrivais plutôt des nouvelles de court format. Et là j’avais un peu plus de temps pour explorer la longueur et faire un roman.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
L’écriture et la littérature, comment est-ce arrivé dans votre vie ? Quelles ont été les grandes rencontres littéraires, les auteurs qui vous ont marquée, adolescente ou jeune adulte ? Le livre, c’est quoi votre relation ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
La lecture fait vraiment partie intégrante de ma vie et je ne pourrais vraiment pas m’en passer. Et puis j’ai fait de belles rencontres littéraires au travers des livres. De Steinbeck, à McCarthy beaucoup plus récemment, en passant par Brautigan qui m’a vraiment subjuguée, Colum MacCann ou même Caldwell etc… Et finalement, on se rend compte qu’à un moment, on est un petit peu plus mature pour, peut-être, avoir le courage d’apporter sa voix à cette substance de création qu’est la littérature.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Dans votre parcours, vous nous l’avez dit, vous avez pas mal voyagé, vous avez un peu sillonné le monde. C’est une soif d’autres cultures, de découvertes, qu’est-ce qui vous attire sur les autres continents ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Le changement, ouvrir ses yeux différemment. Bien sûr, allez à la rencontre de l’autre, mais lors d’un voyage de six mois, on ne peut pas dire qu’on peut appréhender une culture. Par contre, il y a une case dans notre cerveau qui va s’ouvrir et qui restera ouverte jusqu’à temps qu’on retourne dans ce pays-là, que l’on apporte d’autres images à ça. Et je pense que ça nourrit énormément l’imaginaire.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Alors, un autre type de voyage, c’est la plongée sous-marine qui fait largement partie de votre vie. C’est quoi le ressenti lorsque vous plongez ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
C’est un voyage mais dans un autre sens parce que l’on va à la rencontre d’êtres qui se fichent complètement de nous, contrairement à une découverte plus personnelle d’un peuple où il y a des échanges. En fait, on est là pour ne pas les déranger. Et physiologiquement, on est vraiment tellement zen en ressortant, tout le stress a été évacué. Et comme nous-mêmes n’existons plus, ça laisse plus de place aux idées.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
L’écriture, c’est ça aussi ? Est-ce que ça pourrait se comparer à la plongée sous-marine quelque part ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Moi j’écris pour oublier le tic-tac de la pendule à côté, pour oublier mes angoisses temporelles, de la mort par exemple. Effectivement, on est plongé dans un autre monde qui nous fait oublier le temps. Donc en cela, oui, c’est très proche de ce qu’on peut éprouver en dessous.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
On ne boit pas les rats-kangourous, c’est donc votre premier roman et vous avez reçu le Prix Roblès qui est décerné par des lecteurs. À votre avis, qu’est-ce qui peut séduire le lecteur dans votre écriture ? Pourquoi la rencontre s’est-elle faite ? Pourquoi y a-t-il eu alchimie ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Le propos que je tiens dans mon livre peut toucher tout le monde puisque ça parle de dépression, de désillusion, d’alcoolisme, de culpabilité. C’est cette vérité-là qui touche le lecteur.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Quels sont les projets pour demain, maintenant que le premier roman est là, qu’il vit bien, déjà des projets en cours ? Est-ce qu’il y a une certaine appréhension à se dire : « Oulala, le deuxième, il ne faut pas que je me loupe ! » ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Oui, le deuxième est commencé, il a été commencé très tôt. À partir du moment où Albin Michel m’a dit oui, en fait, j’avais déjà l’idée du deuxième donc il a été commencé très tôt. Et après quand il y a eu la publication, là effectivement, on se rend compte qu’on est attendu au tournant. Mais c’est une angoisse qui part dès qu’on commence à mettre des mots sur le clavier, sur la page Word.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
On va suivre avec attention votre parcours. Merci beaucoup Estelle Nollet. On ne boit pas les rats-kangourous, c’est votre premier roman et c’est chez Albin Michel.
Bonjour, Estelle Nollet.
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Bonjour.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Nous sommes ensemble. Vous publiez chez Albin Michel votre premier roman, On ne boit pas les rats-kangourous. J’imagine que pour vous c’est une belle aventure puisque le livre, le roman vit bien. Vous avez obtenu le prix Roblès, le prix Emmanuel Roblès du premier roman. Quel est votre parcours pour en arriver à un premier roman alors que vous êtes encore toute jeune. Quel a été votre cheminement ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Alors moi j’ai commencé dans la publicité, pendant huit ans. J’étais créative donc conceptrice rédactrice. C’était plutôt les mots et les concepts mon domaine de prédilection. Et puis au bout de huit ans à voyager et à aussi faire de la publicité en Nouvelle-Zélande et en Australie, j’ai décidé de changer complètement mon fusil d’épaule et de devenir guide de plongée sous-marine, ce qui m’a permis de me plonger dans l’écriture d’un long puisque j’écrivais plutôt des nouvelles de court format. Et là j’avais un peu plus de temps pour explorer la longueur et faire un roman.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
L’écriture et la littérature, comment est-ce arrivé dans votre vie ? Quelles ont été les grandes rencontres littéraires, les auteurs qui vous ont marquée, adolescente ou jeune adulte ? Le livre, c’est quoi votre relation ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
La lecture fait vraiment partie intégrante de ma vie et je ne pourrais vraiment pas m’en passer. Et puis j’ai fait de belles rencontres littéraires au travers des livres. De Steinbeck, à McCarthy beaucoup plus récemment, en passant par Brautigan qui m’a vraiment subjuguée, Colum MacCann ou même Caldwell etc… Et finalement, on se rend compte qu’à un moment, on est un petit peu plus mature pour, peut-être, avoir le courage d’apporter sa voix à cette substance de création qu’est la littérature.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Dans votre parcours, vous nous l’avez dit, vous avez pas mal voyagé, vous avez un peu sillonné le monde. C’est une soif d’autres cultures, de découvertes, qu’est-ce qui vous attire sur les autres continents ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Le changement, ouvrir ses yeux différemment. Bien sûr, allez à la rencontre de l’autre, mais lors d’un voyage de six mois, on ne peut pas dire qu’on peut appréhender une culture. Par contre, il y a une case dans notre cerveau qui va s’ouvrir et qui restera ouverte jusqu’à temps qu’on retourne dans ce pays-là, que l’on apporte d’autres images à ça. Et je pense que ça nourrit énormément l’imaginaire.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Alors, un autre type de voyage, c’est la plongée sous-marine qui fait largement partie de votre vie. C’est quoi le ressenti lorsque vous plongez ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
C’est un voyage mais dans un autre sens parce que l’on va à la rencontre d’êtres qui se fichent complètement de nous, contrairement à une découverte plus personnelle d’un peuple où il y a des échanges. En fait, on est là pour ne pas les déranger. Et physiologiquement, on est vraiment tellement zen en ressortant, tout le stress a été évacué. Et comme nous-mêmes n’existons plus, ça laisse plus de place aux idées.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
L’écriture, c’est ça aussi ? Est-ce que ça pourrait se comparer à la plongée sous-marine quelque part ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Moi j’écris pour oublier le tic-tac de la pendule à côté, pour oublier mes angoisses temporelles, de la mort par exemple. Effectivement, on est plongé dans un autre monde qui nous fait oublier le temps. Donc en cela, oui, c’est très proche de ce qu’on peut éprouver en dessous.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
On ne boit pas les rats-kangourous, c’est donc votre premier roman et vous avez reçu le Prix Roblès qui est décerné par des lecteurs. À votre avis, qu’est-ce qui peut séduire le lecteur dans votre écriture ? Pourquoi la rencontre s’est-elle faite ? Pourquoi y a-t-il eu alchimie ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Le propos que je tiens dans mon livre peut toucher tout le monde puisque ça parle de dépression, de désillusion, d’alcoolisme, de culpabilité. C’est cette vérité-là qui touche le lecteur.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Quels sont les projets pour demain, maintenant que le premier roman est là, qu’il vit bien, déjà des projets en cours ? Est-ce qu’il y a une certaine appréhension à se dire : « Oulala, le deuxième, il ne faut pas que je me loupe ! » ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Oui, le deuxième est commencé, il a été commencé très tôt. À partir du moment où Albin Michel m’a dit oui, en fait, j’avais déjà l’idée du deuxième donc il a été commencé très tôt. Et après quand il y a eu la publication, là effectivement, on se rend compte qu’on est attendu au tournant. Mais c’est une angoisse qui part dès qu’on commence à mettre des mots sur le clavier, sur la page Word.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
On va suivre avec attention votre parcours. Merci beaucoup Estelle Nollet. On ne boit pas les rats-kangourous, c’est votre premier roman et c’est chez Albin Michel.
Estelle Nollet
On ne boit pas les rats-kangourous
Le livre 4'45Estelle Nollet, nous sommes ensemble pour votre premier roman publié chez Albin Michel, On ne boit pas les rats-kangourous. Précisons que pour ce livre, vous avez reçu le Prix Emmanuel Roblès qui est décerné par des lecteurs pour un auteur de premier roman francophone. Le titre tout d’abord, c’est un titre surprenant, déroutant. Le titre a été quelque chose qui est venu instinctivement ou il est venu plus tard ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Il est venu instinctivement. J’étais surprise qu’on le garde d’ailleurs. Ce que j’aimais, c’était le côté absurde de ce titre qui ramène à l’absurdité du début du roman puisqu’il y a une absurdité géographique qui empêche les gens de sortir mais qui n’est pas vraiment matérielle. Et puis les rats-kangourous, qui sont des animaux qui existent, ont une place prépondérante finalement dans ce livre puisqu’ils sont, à un moment, les premiers êtres à aider le narrateur à sauver la première personne.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est un nulle part, avec Willie. Willie a une vingtaine d’année, 25ans, et il vit entouré d’une communauté avec des personnages qui sont là, que l’on va découvrir petit à petit, on va découvrir leur parcours. Et Willie va essayer de comprendre pourquoi ils sont tous arrivés dans ce nulle part. Pourquoi avez-vous eut envie de raconter cette histoire ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Bien, après avoir commencé, je me suis souvenue d’un bar d’aborigènes quand je vivais en Australie où les aborigènes commençaient à être ivre à 10h du matin. C’était très triste. Je crois que c’est quelque chose qui m’a énormément marquée, ce conflit-là me touche beaucoup. Donc sans vouloir parler d’eux, c’est sans doute ce qui a généré ma réflexion puisque le début du livre a été commencé en Australie justement, après avoir vu ça.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est un livre sur l’enfermement, sur la dépendance, sur la relation aux autres. Il y a des allégories, une parabole, il y a plusieurs lectures possibles. C’était une volonté ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Oui mais parce qu’à la base, on recrée une fable, un genre de conte. Vous disiez tout à l’heure : « C’est un nulle part.». Effectivement, c’est une zone aride que j’ai recréé moi-même en piochant à droite à gauche, des éléments du désert australien, du désert du Nevada, de l’Arizona, du Mexique, un petit peu du Sahara, pour justement que cela ait une portée universelle. Il y a tous les problèmes contemporains que nous pouvons connaître. Effectivement, c’est surtout l’enfermement, la culpabilité et comment réagir à cette culpabilité, en l’occurrence par l’alcoolisme et par le déni de soi, que va essayer de combattre le narrateur qui, lui, ne veut pas s’oublier, ne veut pas se perdre.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est une sorte de condensé de la société que vous avez essayée de faire ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Oui, c’est un condensé, puisque effectivement, il y a les méchants entre guillemets, les gentils entre guillemets et aussi une belle dose d’amour. Donc il y a le côté négatif et le côté positif de la société. Maintenant, reste aux personnages à trouver en eux et dans les autres, les ressorts qui vont leur permettre de s’échapper de cette société où finalement ils peuvent vivoter, survivre, mais qui ne leur apporte pas de vie, ni de choix, ni d’espoir, ni de rien.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Le titre, on l’a dit, est déroutant. Les cinquante-soixante premières pages peuvent paraître aussi déroutantes. Vous n’avez pas eu peur que certains lecteurs se disent : « Oulala , ce livre n’est pas pour moi. ».
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Je voulais en fait plonger le lecteur dans ce marasme et que le lecteur s’embourbe aussi, s’embourbe pour lui aussi, qu’il est ce besoin vital de s’en sortir tout en évidemment se gardant de manichéisme, et en rajoutant des nuances un petit peu partout.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Est-ce que ce portrait de Willie, c’est un personnage que vous avez construit sur la durée ou, c’est pareil, vous l’avez construit assez facilement ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Il a été construit assez facilement mais il est exactement comme vous le dites, il a besoin des autres. Il a besoin des autres pour grandir parce que justement, même s’il a 25ans, comme il n’a jamais rien vu d’autre, c’est encore un enfant finalement. La mort de ses parents l’a plongé dans l’âge adulte un peu trop vite et donc il a besoin de mains tendues et je crois que s’il n’en avait pas eu besoin, il n’aurait pas eu besoin de sortir non plus. Ce sont ces mains tendues qui vont l’aider, lui de son côté, à tendre la main aux autres pour les amener là où il a envie qu’ils aillent.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est un livre qui ne vous a pas fait souffrir ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Je n’ai pas eu de souffrance. Bien sûr, il y a des passages que je trouve, moi, émouvant parce que ce que j’ai essayé de faire passer, c’est justement de l’émotion. Il m’est arrivé d’être très émue, voire d’avoir les larmes aux yeux en écrivant certains passages, mais je ne trouve pas que ce soit plus dur qu’autre chose. Les mots étaient presque un baume sur ma pensée. Donc, tout ça finalement était très serein et très calme.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Merci beaucoup Estelle Nollet, talent à découvrir. On ne boit pas les rats-kangourous, c’est votre premier roman et c’est chez Albin Michel.
Estelle Nollet, nous sommes ensemble pour votre premier roman publié chez Albin Michel, On ne boit pas les rats-kangourous. Précisons que pour ce livre, vous avez reçu le Prix Emmanuel Roblès qui est décerné par des lecteurs pour un auteur de premier roman francophone. Le titre tout d’abord, c’est un titre surprenant, déroutant. Le titre a été quelque chose qui est venu instinctivement ou il est venu plus tard ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Il est venu instinctivement. J’étais surprise qu’on le garde d’ailleurs. Ce que j’aimais, c’était le côté absurde de ce titre qui ramène à l’absurdité du début du roman puisqu’il y a une absurdité géographique qui empêche les gens de sortir mais qui n’est pas vraiment matérielle. Et puis les rats-kangourous, qui sont des animaux qui existent, ont une place prépondérante finalement dans ce livre puisqu’ils sont, à un moment, les premiers êtres à aider le narrateur à sauver la première personne.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est un nulle part, avec Willie. Willie a une vingtaine d’année, 25ans, et il vit entouré d’une communauté avec des personnages qui sont là, que l’on va découvrir petit à petit, on va découvrir leur parcours. Et Willie va essayer de comprendre pourquoi ils sont tous arrivés dans ce nulle part. Pourquoi avez-vous eut envie de raconter cette histoire ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Bien, après avoir commencé, je me suis souvenue d’un bar d’aborigènes quand je vivais en Australie où les aborigènes commençaient à être ivre à 10h du matin. C’était très triste. Je crois que c’est quelque chose qui m’a énormément marquée, ce conflit-là me touche beaucoup. Donc sans vouloir parler d’eux, c’est sans doute ce qui a généré ma réflexion puisque le début du livre a été commencé en Australie justement, après avoir vu ça.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est un livre sur l’enfermement, sur la dépendance, sur la relation aux autres. Il y a des allégories, une parabole, il y a plusieurs lectures possibles. C’était une volonté ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Oui mais parce qu’à la base, on recrée une fable, un genre de conte. Vous disiez tout à l’heure : « C’est un nulle part.». Effectivement, c’est une zone aride que j’ai recréé moi-même en piochant à droite à gauche, des éléments du désert australien, du désert du Nevada, de l’Arizona, du Mexique, un petit peu du Sahara, pour justement que cela ait une portée universelle. Il y a tous les problèmes contemporains que nous pouvons connaître. Effectivement, c’est surtout l’enfermement, la culpabilité et comment réagir à cette culpabilité, en l’occurrence par l’alcoolisme et par le déni de soi, que va essayer de combattre le narrateur qui, lui, ne veut pas s’oublier, ne veut pas se perdre.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est une sorte de condensé de la société que vous avez essayée de faire ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Oui, c’est un condensé, puisque effectivement, il y a les méchants entre guillemets, les gentils entre guillemets et aussi une belle dose d’amour. Donc il y a le côté négatif et le côté positif de la société. Maintenant, reste aux personnages à trouver en eux et dans les autres, les ressorts qui vont leur permettre de s’échapper de cette société où finalement ils peuvent vivoter, survivre, mais qui ne leur apporte pas de vie, ni de choix, ni d’espoir, ni de rien.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Le titre, on l’a dit, est déroutant. Les cinquante-soixante premières pages peuvent paraître aussi déroutantes. Vous n’avez pas eu peur que certains lecteurs se disent : « Oulala , ce livre n’est pas pour moi. ».
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Je voulais en fait plonger le lecteur dans ce marasme et que le lecteur s’embourbe aussi, s’embourbe pour lui aussi, qu’il est ce besoin vital de s’en sortir tout en évidemment se gardant de manichéisme, et en rajoutant des nuances un petit peu partout.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Est-ce que ce portrait de Willie, c’est un personnage que vous avez construit sur la durée ou, c’est pareil, vous l’avez construit assez facilement ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Il a été construit assez facilement mais il est exactement comme vous le dites, il a besoin des autres. Il a besoin des autres pour grandir parce que justement, même s’il a 25ans, comme il n’a jamais rien vu d’autre, c’est encore un enfant finalement. La mort de ses parents l’a plongé dans l’âge adulte un peu trop vite et donc il a besoin de mains tendues et je crois que s’il n’en avait pas eu besoin, il n’aurait pas eu besoin de sortir non plus. Ce sont ces mains tendues qui vont l’aider, lui de son côté, à tendre la main aux autres pour les amener là où il a envie qu’ils aillent.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
C’est un livre qui ne vous a pas fait souffrir ?
Estelle Nollet (On ne boit pas les rats-kangourous) :
Je n’ai pas eu de souffrance. Bien sûr, il y a des passages que je trouve, moi, émouvant parce que ce que j’ai essayé de faire passer, c’est justement de l’émotion. Il m’est arrivé d’être très émue, voire d’avoir les larmes aux yeux en écrivant certains passages, mais je ne trouve pas que ce soit plus dur qu’autre chose. Les mots étaient presque un baume sur ma pensée. Donc, tout ça finalement était très serein et très calme.
Philippe Chauveau (WebTVCulture) :
Merci beaucoup Estelle Nollet, talent à découvrir. On ne boit pas les rats-kangourous, c’est votre premier roman et c’est chez Albin Michel.