De ses racines bretonnes, Irène Frain a gardé le goût des voyages, de l'aventure, des grands espaces.
En 1982, en retraçant l'histoire d'un jeune mousse devenu nabab en Inde, elle obtient son premier succès. Dès lors chacun de ses livres sera attendu avec impatience par un public toujours plus nombreux. Attentive aussi bien à la condition féminine qu'au sort des plus défavorisés au fil de l'histoire, on lui doit Modern Style, Devi, ou encore Au Royaume des Femmes.
Si l'écriture d'Irène Frain sait être flamboyante,...
Ecrire est un roman d'Irène Frain - Présentation - Suite
Philippe Chauveau
Bonjour Irène Frain, merci de nous recevoir pour Web TV Culture. Votre actualité, c'est les Naufragés de l'île Tromelin chez Michel Lafon, un bateau qui va part de Bretagne et qui va s'échouer dans l'océan Indien. La Bretagne, justement, ce sont vos racines, ce sont vos origines, la Bretagne qui est toujours très présente dans votre vie.
Irène Frain
Oui, elle est inscrite dans mon nom de jeune fille. Je m'appelle "Le Pohon", c'est un nom du centre Bretagne mais il contient la mer en lui puisque c'est un oiseau...
Ecrire est un roman d'Irène Frain - Portrait - Suite
Philippe Chauveau
Irène Frain, Les Naufragés de l'île Tromelin, c'est chez Michel Lafon. Que s'est-il donc passé cette fameuse nuit du 1er août 1761 ?
Irène Frain
Donc un vaisseau de la Compagnie des Indes, L'Utile, qui est allé faire du ravitaillement pour l'île de France, c'est-à-dire l'île Maurice, dans l'océan Indien, il est allé à Madagascar a embarqué, clandestinement, cent soixante esclaves. Arrive ce qui devait arriver, à 22H20, on le sait par l'écrivain de bord qui avait une véritable pendule dans le ventre, il...
Ecrire est un roman d'Irène Frain - Le livre - Suite
Marie-Adélaïde Dumont
Librairie DOUCET
66 avenue du Général de Gaulle
72000 LE MANS
Tél. : 02 43 24 43 20
contact@librairiedoucet.fr
Irène Frain est romancière, historienne, journaliste. Elle a beaucoup écrit, elle est née en Bretagne et je pense que ça n’est pas anodin dans ce livre puisqu’elle va nous conter la fureur des éléments et la vie difficile sur cette île. On est entraîné dans ce livre avec une écriture haletante, très courte, très précise. On va vraiment partager le sort de ces naufragés qui se...
Ecrire est un roman d'Irène Frain - L'avis du libraire - Suite
Irène Frain
Les naufragés de l'île Tromelin
Présentation 1'19Si l'écriture d'Irène Frain sait être flamboyante, imaginative, avec des personnes hauts en couleur, elle peut être aussi concise et particulièrement documentée, comme elle le prouve régulièrement en presse magazine avec ses articles et ses chroniques.
Dans son nouveau titre, Les Naufragés de l'île Tromelin, Irène Frain démontre encore toute l'étendue de son talent en racontant minutieusement le naufrage de l'Utile, une goélette au large de Madagascar en 1771. Une aventure extraordinaire où se dévoile toute la noirceur de l'âme humaine, puisqu'une centaine d'esclaves noirs seront abandonnés sur cette île déserte. Avec Les Naufragés de l'îe Tromelin, publié chez Michel Lafon, Irène Frain a obtenu le grand prix 2009 du roman historique. C'est un livre bouleversant et une aventure unique, que nous retrace Irène Frain sur Web TV Culture.
Si l'écriture d'Irène Frain sait être flamboyante, imaginative, avec des personnes hauts en couleur, elle peut être aussi concise et particulièrement documentée, comme elle le prouve régulièrement en presse magazine avec ses articles et ses chroniques.
Dans son nouveau titre, Les Naufragés de l'île Tromelin, Irène Frain démontre encore toute l'étendue de son talent en racontant minutieusement le naufrage de l'Utile, une goélette au large de Madagascar en 1771. Une aventure extraordinaire où se dévoile toute la noirceur de l'âme humaine, puisqu'une centaine d'esclaves noirs seront abandonnés sur cette île déserte. Avec Les Naufragés de l'îe Tromelin, publié chez Michel Lafon, Irène Frain a obtenu le grand prix 2009 du roman historique. C'est un livre bouleversant et une aventure unique, que nous retrace Irène Frain sur Web TV Culture.
Irène Frain
Les naufragés de l'île Tromelin
Portrait 4'02Bonjour Irène Frain, merci de nous recevoir pour Web TV Culture. Votre actualité, c'est les Naufragés de l'île Tromelin chez Michel Lafon, un bateau qui va part de Bretagne et qui va s'échouer dans l'océan Indien. La Bretagne, justement, ce sont vos racines, ce sont vos origines, la Bretagne qui est toujours très présente dans votre vie.
Irène Frain
Oui, elle est inscrite dans mon nom de jeune fille. Je m'appelle "Le Pohon", c'est un nom du centre Bretagne mais il contient la mer en lui puisque c'est un oiseau de mer que signifie "Le Pohon", le macareux. Donc vraisemblablement les ancêtres du côté paternel venaient d'Irlande et certainement d'un lieu tout à fait maritime. Et du côté de ma mère, qui elle était de la côte de la Bretagne sud, le nom est "Martelot", "martelode" en breton, et "martelode" veut dire "matelot". Donc moi j'ai vécu toute mon enfance dans ce port de la Compagnie des Indes qu'est Lorient, qui contient peut-être lui-même une prédestination en lui puisque la véritable orthographe de Lorient c'est "L'Orient".
Philippe Chauveau
Les Bretons, donc grands voyageurs s'il en est, et ce goût du voyage, de l'aventure, on le retrouve dans toute votre écriture, dans tous vos livres, vous êtes une âme voyageuse ?
Irène Frain
Oui, parce que quand j'étais petite la ville était détruite par la guerre. Justement il ne restait plus que le Quai des Indes et les bâtiments de la Compagnie des Indes et puis La Tour de la Découverte qui était une vigie qui avait été construite pour attendre les bateaux. Et puis vous savez, moi je voyais la marée tous les jours dans l'estuaire, et je me suis construit un imaginaire du départ, de la partance, d'aller voir ce qu'il y avait au-delà du soleil couchant. Mais je pense que j'ai une écriture navigatrice. Je crois que les Bretons conçoivent les parcours artistiques et esthétiques comme des quêtes initiatiques et quand je regarde les grands écrivains bretons, comme Chateaubriand, par exemple, c'était aussi un parcours initiatique, ou des peintres comme Tanguy, par exemple, surréaliste, ou André Breton, Julien Gracq qui finalement est breton dans l'âme. C'est des parcours initiatiques. C'est toujours les Chevaliers de la Table Ronde.
Philippe Chauveau
Dans vos livres, il y a une constante, c'est que vous vous attachez beaucoup aux personnages. Et même si les personnages sont sombres, il y a toujours une part d'humanité. C'est parce que vous vous intéressez aux autres que vous aimez faire les chroniques, notamment en presse magazine, comme Paris Match ?
Irène Frain
Absolument. Là, depuis quelque temps, je fais beaucoup de portraits. Et justement le portrait n'est pas nécessairement gentil. C'est pas nécessairement du miel, mais jamais avec moi ça va être du fiel. L'idée, dans ces portraits, c'est d'attraper la ressemblance, exactement comme dans un roman, comme vous l'avez dit si bien, de créer des personnages.
Philippe Chauveau
Et justement, vous personnellement, en tant que lectrice, quels sont les auteurs, qu'ils soient classiques ou contemporains, qui vous ont bouleversée ? A qui auriez-vous aimé témoigner votre reconnaissance ?
Irène Frain
Je l'ai témoignée à Julien Gracq. Je suis allée le voir. Il m'a reçue pendant une après-midi, ça a été une très belle rencontre. J'aurais aimé rencontrer Homère, ce navigateur.
Philippe Chauveau
Et l'attachement du public, finalement, est-ce que c'est aussi ça la récompense de l'auteur ?
Irène Frain
Oui, et puis son élargissement. C'est-à-dire que surtout avec le dernier livre, j'ai conquis, on peut dire ça, sans le savoir, un public d'hommes. Le public ne m'a jamais lâchée. En dépit de la diversité de mes sujets, le public m'a suivie, c'est-à-dire que le pari que j'ai fait que le public était curieux de tout, et pas seulement d'un système, qu'il avait envie d'être surpris, et bien ce pari a fonctionné.
Philippe Chauveau
Merci Irène Frain pour ce témoignage plein de franchise. Votre actualité, Les Naufragés de l'île Tromelin, c'est chez Michel Lafon.
Bonjour Irène Frain, merci de nous recevoir pour Web TV Culture. Votre actualité, c'est les Naufragés de l'île Tromelin chez Michel Lafon, un bateau qui va part de Bretagne et qui va s'échouer dans l'océan Indien. La Bretagne, justement, ce sont vos racines, ce sont vos origines, la Bretagne qui est toujours très présente dans votre vie.
Irène Frain
Oui, elle est inscrite dans mon nom de jeune fille. Je m'appelle "Le Pohon", c'est un nom du centre Bretagne mais il contient la mer en lui puisque c'est un oiseau de mer que signifie "Le Pohon", le macareux. Donc vraisemblablement les ancêtres du côté paternel venaient d'Irlande et certainement d'un lieu tout à fait maritime. Et du côté de ma mère, qui elle était de la côte de la Bretagne sud, le nom est "Martelot", "martelode" en breton, et "martelode" veut dire "matelot". Donc moi j'ai vécu toute mon enfance dans ce port de la Compagnie des Indes qu'est Lorient, qui contient peut-être lui-même une prédestination en lui puisque la véritable orthographe de Lorient c'est "L'Orient".
Philippe Chauveau
Les Bretons, donc grands voyageurs s'il en est, et ce goût du voyage, de l'aventure, on le retrouve dans toute votre écriture, dans tous vos livres, vous êtes une âme voyageuse ?
Irène Frain
Oui, parce que quand j'étais petite la ville était détruite par la guerre. Justement il ne restait plus que le Quai des Indes et les bâtiments de la Compagnie des Indes et puis La Tour de la Découverte qui était une vigie qui avait été construite pour attendre les bateaux. Et puis vous savez, moi je voyais la marée tous les jours dans l'estuaire, et je me suis construit un imaginaire du départ, de la partance, d'aller voir ce qu'il y avait au-delà du soleil couchant. Mais je pense que j'ai une écriture navigatrice. Je crois que les Bretons conçoivent les parcours artistiques et esthétiques comme des quêtes initiatiques et quand je regarde les grands écrivains bretons, comme Chateaubriand, par exemple, c'était aussi un parcours initiatique, ou des peintres comme Tanguy, par exemple, surréaliste, ou André Breton, Julien Gracq qui finalement est breton dans l'âme. C'est des parcours initiatiques. C'est toujours les Chevaliers de la Table Ronde.
Philippe Chauveau
Dans vos livres, il y a une constante, c'est que vous vous attachez beaucoup aux personnages. Et même si les personnages sont sombres, il y a toujours une part d'humanité. C'est parce que vous vous intéressez aux autres que vous aimez faire les chroniques, notamment en presse magazine, comme Paris Match ?
Irène Frain
Absolument. Là, depuis quelque temps, je fais beaucoup de portraits. Et justement le portrait n'est pas nécessairement gentil. C'est pas nécessairement du miel, mais jamais avec moi ça va être du fiel. L'idée, dans ces portraits, c'est d'attraper la ressemblance, exactement comme dans un roman, comme vous l'avez dit si bien, de créer des personnages.
Philippe Chauveau
Et justement, vous personnellement, en tant que lectrice, quels sont les auteurs, qu'ils soient classiques ou contemporains, qui vous ont bouleversée ? A qui auriez-vous aimé témoigner votre reconnaissance ?
Irène Frain
Je l'ai témoignée à Julien Gracq. Je suis allée le voir. Il m'a reçue pendant une après-midi, ça a été une très belle rencontre. J'aurais aimé rencontrer Homère, ce navigateur.
Philippe Chauveau
Et l'attachement du public, finalement, est-ce que c'est aussi ça la récompense de l'auteur ?
Irène Frain
Oui, et puis son élargissement. C'est-à-dire que surtout avec le dernier livre, j'ai conquis, on peut dire ça, sans le savoir, un public d'hommes. Le public ne m'a jamais lâchée. En dépit de la diversité de mes sujets, le public m'a suivie, c'est-à-dire que le pari que j'ai fait que le public était curieux de tout, et pas seulement d'un système, qu'il avait envie d'être surpris, et bien ce pari a fonctionné.
Philippe Chauveau
Merci Irène Frain pour ce témoignage plein de franchise. Votre actualité, Les Naufragés de l'île Tromelin, c'est chez Michel Lafon.
Irène Frain
Les naufragés de l'île Tromelin
Le livre 3'58Irène Frain, Les Naufragés de l'île Tromelin, c'est chez Michel Lafon. Que s'est-il donc passé cette fameuse nuit du 1er août 1761 ?
Irène Frain
Donc un vaisseau de la Compagnie des Indes, L'Utile, qui est allé faire du ravitaillement pour l'île de France, c'est-à-dire l'île Maurice, dans l'océan Indien, il est allé à Madagascar a embarqué, clandestinement, cent soixante esclaves. Arrive ce qui devait arriver, à 22H20, on le sait par l'écrivain de bord qui avait une véritable pendule dans le ventre, il talonne un platier de corail. Cette île, qu'il talonne, qui a été attestée de façon certaine que cinquante ans plus tôt, et portée sur les cartes sous le nom d'"île des sables" ou "île du danger", cette île-là, en effet, elle est particulièrement dangereuse en effet. Et donc va s'ensuivre un naufrage que j'ai pu reconstituer heure par heure et parfois minute par minute grâce au témoignage de deux survivants, deux survivants sur les cent vingt-deux survivants ; d'une part l'écrivain de bord, Kéraudic, et puis l'autre, qui est sans doute un double témoignage du chirurgien de bord et du premier lieutenant, Castellan qui lui est un témoignage imprimé qui a circulé, un peu comme un libelle accusatoire. Et le problème, c'est que les cent soixante Noirs qui sont non pas dans l'entrepont, parce que c'est pas un navire négrier, c'est un navire commerçant, mais dans les soutes, n'étaient pas attachés puisque c'étaient des esclaves de fraude. Et donc quatre-vingt-huit d'entre eux ont pu s'en sortir et finalement ils se sont retrouvés avec les Blancs rescapés, cent vingt-deux, à survivre conjointement cinquante-sept jours, sur un îlot coralien de un kilomètre carré.
Philippe Chauveau
Comment avez-vous découvert cette histoire ?
Irène Frain
Il y avait un fouilleur, qui avait le mérite, le très grand mérite d'avoir rassemblé avec d'autres des archives sur cette histoire et qui cherchait un écrivain. Il m'a confié ses archives, et je les ai étudiées, et je les ai interprétées. Mon récit est le récit de la naissance, de l'éclair de conscience qui aboutit à cette idée toute simple : nous sommes tous des homo sapiens sapiens. Et ça c'est des idées qui traversent l'esprit quand on est dans la survie. Et ce qui m'a frappée quand je suis allée sur l'île, vous n'avez pas de végétation, à part les veloutiers, et vous êtes toujours plus grand que tout à Tromelin. Pour le reste, c'est un désert de pierres très âpre, de corail, le sable il est blanc éblouissant, certes, mais c'est grenu. Et vous avez l'impression d'une force supérieure qui vous maudit.
Philippe Chauveau
Les Blancs restent une soixantaine de jours, les Noirs restent quinze ans, c'est un concentré finalement de l'humanité de l'époque, mais de l'humanité d'aujourd'hui, aussi avec des bons et des méchants ?
Irène Frain
Regardez e qui se passe actuellement pour les Africains qui fuient vers l'Italie. On leur a promis l'asile en Italie, ils arrivent ils sont refoulés, ils sont envoyés en Libye, ils se retrouvent dans un camp de concentration en Libye. C'est l'histoire des Naufragés de l'île Tromelin.
Philippe Chauveau
Finalement le drame vécu par ces esclaves sur l'île Tromelin, ça n'a pas été en vain ?
Irène Frain
C'est jamais en vain, à partir du moment où des voix s'élèvent, et où on écrit. C'est un acte de foi, aussi, en l'écrit, parce que sans ces gens qui ont écrit, je ne serais pas là pour vous en parler. Donc il faut laisser des traces, et c'est aussi un acte de foi dans la littérature, moi je suis heureuse qu'on commence à étudier mon livre dans les écoles.
Philippe Chauveau
Merci beaucoup Irène Frain pour ce récit, ce témoignage unique, Les Naufragés de l'île Tromelin, c'est chez Michel Lafon.
Irène Frain, Les Naufragés de l'île Tromelin, c'est chez Michel Lafon. Que s'est-il donc passé cette fameuse nuit du 1er août 1761 ?
Irène Frain
Donc un vaisseau de la Compagnie des Indes, L'Utile, qui est allé faire du ravitaillement pour l'île de France, c'est-à-dire l'île Maurice, dans l'océan Indien, il est allé à Madagascar a embarqué, clandestinement, cent soixante esclaves. Arrive ce qui devait arriver, à 22H20, on le sait par l'écrivain de bord qui avait une véritable pendule dans le ventre, il talonne un platier de corail. Cette île, qu'il talonne, qui a été attestée de façon certaine que cinquante ans plus tôt, et portée sur les cartes sous le nom d'"île des sables" ou "île du danger", cette île-là, en effet, elle est particulièrement dangereuse en effet. Et donc va s'ensuivre un naufrage que j'ai pu reconstituer heure par heure et parfois minute par minute grâce au témoignage de deux survivants, deux survivants sur les cent vingt-deux survivants ; d'une part l'écrivain de bord, Kéraudic, et puis l'autre, qui est sans doute un double témoignage du chirurgien de bord et du premier lieutenant, Castellan qui lui est un témoignage imprimé qui a circulé, un peu comme un libelle accusatoire. Et le problème, c'est que les cent soixante Noirs qui sont non pas dans l'entrepont, parce que c'est pas un navire négrier, c'est un navire commerçant, mais dans les soutes, n'étaient pas attachés puisque c'étaient des esclaves de fraude. Et donc quatre-vingt-huit d'entre eux ont pu s'en sortir et finalement ils se sont retrouvés avec les Blancs rescapés, cent vingt-deux, à survivre conjointement cinquante-sept jours, sur un îlot coralien de un kilomètre carré.
Philippe Chauveau
Comment avez-vous découvert cette histoire ?
Irène Frain
Il y avait un fouilleur, qui avait le mérite, le très grand mérite d'avoir rassemblé avec d'autres des archives sur cette histoire et qui cherchait un écrivain. Il m'a confié ses archives, et je les ai étudiées, et je les ai interprétées. Mon récit est le récit de la naissance, de l'éclair de conscience qui aboutit à cette idée toute simple : nous sommes tous des homo sapiens sapiens. Et ça c'est des idées qui traversent l'esprit quand on est dans la survie. Et ce qui m'a frappée quand je suis allée sur l'île, vous n'avez pas de végétation, à part les veloutiers, et vous êtes toujours plus grand que tout à Tromelin. Pour le reste, c'est un désert de pierres très âpre, de corail, le sable il est blanc éblouissant, certes, mais c'est grenu. Et vous avez l'impression d'une force supérieure qui vous maudit.
Philippe Chauveau
Les Blancs restent une soixantaine de jours, les Noirs restent quinze ans, c'est un concentré finalement de l'humanité de l'époque, mais de l'humanité d'aujourd'hui, aussi avec des bons et des méchants ?
Irène Frain
Regardez e qui se passe actuellement pour les Africains qui fuient vers l'Italie. On leur a promis l'asile en Italie, ils arrivent ils sont refoulés, ils sont envoyés en Libye, ils se retrouvent dans un camp de concentration en Libye. C'est l'histoire des Naufragés de l'île Tromelin.
Philippe Chauveau
Finalement le drame vécu par ces esclaves sur l'île Tromelin, ça n'a pas été en vain ?
Irène Frain
C'est jamais en vain, à partir du moment où des voix s'élèvent, et où on écrit. C'est un acte de foi, aussi, en l'écrit, parce que sans ces gens qui ont écrit, je ne serais pas là pour vous en parler. Donc il faut laisser des traces, et c'est aussi un acte de foi dans la littérature, moi je suis heureuse qu'on commence à étudier mon livre dans les écoles.
Philippe Chauveau
Merci beaucoup Irène Frain pour ce récit, ce témoignage unique, Les Naufragés de l'île Tromelin, c'est chez Michel Lafon.
Irène Frain
Les naufragés de l'île Tromelin
L'avis du libraire 1'48Marie-Adélaïde Dumont
Librairie DOUCET
66 avenue du Général de Gaulle
72000 LE MANS
Tél. : 02 43 24 43 20
contact@librairiedoucet.fr
Irène Frain est romancière, historienne, journaliste. Elle a beaucoup écrit, elle est née en Bretagne et je pense que ça n’est pas anodin dans ce livre puisqu’elle va nous conter la fureur des éléments et la vie difficile sur cette île. On est entraîné dans ce livre avec une écriture haletante, très courte, très précise. On va vraiment partager le sort de ces naufragés qui se retrouvent sur cette île. On voit très bien qu’il y a déjà une différence de vie entre les noirs et les blancs. Et puis la décision du capitaine de dire : « On ne peut pas s’en sortir, on ne peut pas rester, personne ne passe dans les parages, il faut construire un bateau pour fuir ». Et là, à la grande surprise du capitaine, ce ne sont pas les blancs qui vont l’aider à construire le bateau, ce sont les noirs. Et les noirs vont vite se rendre compte qu’ils construisent ce bateau, mais qu’il n’y aura pas de place pour eux. Donc Castellan va réussir à sauver ses membres d’équipage et tous les officiers, en abandonnant sur l’île tous les noirs. Cette île totalement inhospitalière, ils vont vivre dessus une quinzaine d’années. Au bout de quinze ans, à force d’écrire un peu à tout le monde… des hommes vont repartir sur l’île et là on y trouvera sept femmes et un bébé. C’est une histoire très forte, très prenante et qui aura beaucoup servi justement au moment de la Révolution à l’abolition de l’esclavage. Condorcet va s’en préoccuper, tous les courriers, toutes les lettres, tous les documents qui ont été rédigés à l’époque vont permettre justement d’œuvrer dans le sens de l’abolition de l’esclavage. Et nous, on a, grâce à Irène Frain, un roman historique, très poignant, très fort dans lequel homme ou femme vont s’intéresser à ce fait d’histoire, à ces rapports humain difficiles et à cette vie terrible de naufragés dans l’Océan indien.
Marie-Adélaïde Dumont
Librairie DOUCET
66 avenue du Général de Gaulle
72000 LE MANS
Tél. : 02 43 24 43 20
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Irène Frain est romancière, historienne, journaliste. Elle a beaucoup écrit, elle est née en Bretagne et je pense que ça n’est pas anodin dans ce livre puisqu’elle va nous conter la fureur des éléments et la vie difficile sur cette île. On est entraîné dans ce livre avec une écriture haletante, très courte, très précise. On va vraiment partager le sort de ces naufragés qui se retrouvent sur cette île. On voit très bien qu’il y a déjà une différence de vie entre les noirs et les blancs. Et puis la décision du capitaine de dire : « On ne peut pas s’en sortir, on ne peut pas rester, personne ne passe dans les parages, il faut construire un bateau pour fuir ». Et là, à la grande surprise du capitaine, ce ne sont pas les blancs qui vont l’aider à construire le bateau, ce sont les noirs. Et les noirs vont vite se rendre compte qu’ils construisent ce bateau, mais qu’il n’y aura pas de place pour eux. Donc Castellan va réussir à sauver ses membres d’équipage et tous les officiers, en abandonnant sur l’île tous les noirs. Cette île totalement inhospitalière, ils vont vivre dessus une quinzaine d’années. Au bout de quinze ans, à force d’écrire un peu à tout le monde… des hommes vont repartir sur l’île et là on y trouvera sept femmes et un bébé. C’est une histoire très forte, très prenante et qui aura beaucoup servi justement au moment de la Révolution à l’abolition de l’esclavage. Condorcet va s’en préoccuper, tous les courriers, toutes les lettres, tous les documents qui ont été rédigés à l’époque vont permettre justement d’œuvrer dans le sens de l’abolition de l’esclavage. Et nous, on a, grâce à Irène Frain, un roman historique, très poignant, très fort dans lequel homme ou femme vont s’intéresser à ce fait d’histoire, à ces rapports humain difficiles et à cette vie terrible de naufragés dans l’Océan indien.