Agnès Michaux

Agnès Michaux

Le témoin

Le livre 4'57
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Agnès Michaux, Le Témoin, c'est votre nouveau roman aux éditions Flammarion. C'est l'histoire d'Ivan, un jeune garde qui est chargé d'escorter la famille du dernier tsar vers Iekaterinbourg, la maison Ipatiev, pour leur tragique destin. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire sur cette tragique période, et sur cette famille Romanov ?

Agnès Michaux – Le témoin : Enfant les contes de Pouchkine, de Gogol, c'était quelque chose de très familier pour moi, la Russie en général. Comme plein de petites filles je faisais de la danse et de la gymnastique, donc vous imaginez bien que la Russie c'était le modèle surtout dans ma jeunesse, donc c'est cet espèce d'énorme pays très fascinant, très étrange qui m'a toujours un peu suivi.
Anna Karenine, ça reste pour moi toujours quelque chose. J'ai lu Anna Karénine à un moment où je me séparais d'un homme. C'était pas une bonne idée. Mais si, peut être que c'était une bonne idée. Je n''ai pas encore fini Guerre et Paix, mais après tout il a mis 10 ans à l'écrire , je peux bien mettre du temps à le lire. Donc c'est tout ça à la fois, un jour ça m'est sans doute apparu comme une évidence. Voilà pareil que tout d'un coup, il y a quand même le plus grand pays du monde, une énorme population avait été confrontée, un peu comme ce que j'avais raconté pour Fritz Lang, un moment de choix, si le choix n'a pas été fait, de basculement absolument violent.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : On retrace les faits, Ivan accompagne donc le tsar et la tsarine...

Agnès Michaux – Le témoin : Mais c'est très cinématographique...

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Ils partent jusqu'à Iekaterinbourg, il est partagé entre son enthousiasme pour la Révolution,et puis sa compassion pour cette famille dont il voit la déchéance chaque jour davantage.

Agnès Michaux – Le témoin: Moi ça m'a emporté dès le début parce qu'on a les récits très très précis de ce transfert. Parce que la tsarine écrivait son journal, parce que Nicolas écrivait son journal... Et donc ils partent, on est en Sibérie, c'est la fin de l'hiver, le printemps n'est pas là, c'est cette période absolument catastrophique en Sibérie de la débâcle que connaissent tous les pays avec ce genre de climat. On est entre la neige et l'inondation. Et ils partent au lever du soleil sur les routes. Ils ne savent pas où ils vont . On ne leur dit pas où ils vont, et ils sont longtemps persuadés qu'on les ramène à Moscou, parce qu'on leur a promis qu'il y aurait un procès. Donc il y a une tension dramatique terrible, la route est difficile, compliquée, l'armée blanche peut surgir à tout instant, donc voilà ce voyage c'est un vrai film pour moi, c'est une sorte de western sibérien.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Une des forces de votre roman, c'est que l'on connaît la fin, forcément, et en même temps à chaque page on se demande ce qu'il va se passer. Vous arrivez à rendre cette tension très palpable.

Agnès Michaux – Le témoin : Moi quand j'écrivais, je me le posais comme un problème. On connaît la fin,donc il n'y a pas d'enjeu à lire un livre dont on connaît la fin. Sauf si, comme au cinéma, on se demande où on met sa caméra. C'est quoi l'angle? D'où on regarde ? Alors dans le livre, on regarde du côté d'Ivan. C'est Ivan qui veut se venger, c'est Ivan qui assiste à des scènes d'humiliations et qui n'a rien contre le fait qu'on emprisonne le tsar, mais lui est un homme honorable, un militaire, et il y a des choses qui ne se font pas .

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Et finalement, ce voyage marquera toute sa vie.

Agnès Michaux – Le témoin : Oui parce que c'est un homme amoureux et qu'il quitte son amoureuse pour effectuer sa mission, et dans le roman il y a l'histoire d'Ivan. En fait c'est la vie d'Ivan. J'allais dire c'est un livre sur les Romanov mais c'est plus un livre sur la vie d'Ivan d'une certaine façon.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : On sent beaucoup d'attachement au personnage d'Ivan de votre part, et dans le livre on sent aussi beaucoup d'affection pour cette famille Romanov.

Agnès Michaux – Le témoin : Alors vous pouvez cracher sur le fait que ces gens vivaient dans un luxe horrible pendant que les moujiks crevaient de faim. C'est pas le problème. Ils ont vécu ça et tout d'un coup, ils crèvent de faim. Le chemin parcouru entre ces deux éléments, il est tragique et à priori ,en tout cas pour les enfants Romanov ça me touchait beaucoup parce qu'ils n'ont pas les armes, ils ne savant pas ce que c'est. C'est toujours un éveil à la conscience de sa vie et évidemment que ça me touche parce que la tragédie c'est que la conscience, la lucidité de certaines choses leur vient avec la mort.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Agnès Michaux. Le Témoin, c'est votre nouveau roman et c'est aux éditions Flammarion.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Agnès Michaux, Le Témoin, c'est votre nouveau roman aux éditions Flammarion. C'est l'histoire d'Ivan, un jeune garde qui est chargé d'escorter la famille du dernier tsar vers Iekaterinbourg, la maison Ipatiev, pour leur tragique destin. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire sur cette tragique période, et sur cette famille Romanov ?

Agnès Michaux – Le témoin : Enfant les contes de Pouchkine, de Gogol, c'était quelque chose de très familier pour moi, la Russie en général. Comme plein de petites filles je faisais de la danse et de la gymnastique, donc vous imaginez bien que la Russie c'était le modèle surtout dans ma jeunesse, donc c'est cet espèce d'énorme pays très fascinant, très étrange qui m'a toujours un peu suivi.
Anna Karenine, ça reste pour moi toujours quelque chose. J'ai lu Anna Karénine à un moment où je me séparais d'un homme. C'était pas une bonne idée. Mais si, peut être que c'était une bonne idée. Je n''ai pas encore fini Guerre et Paix, mais après tout il a mis 10 ans à l'écrire , je peux bien mettre du temps à le lire. Donc c'est tout ça à la fois, un jour ça m'est sans doute apparu comme une évidence. Voilà pareil que tout d'un coup, il y a quand même le plus grand pays du monde, une énorme population avait été confrontée, un peu comme ce que j'avais raconté pour Fritz Lang, un moment de choix, si le choix n'a pas été fait, de basculement absolument violent.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : On retrace les faits, Ivan accompagne donc le tsar et la tsarine...

Agnès Michaux – Le témoin : Mais c'est très cinématographique...

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Ils partent jusqu'à Iekaterinbourg, il est partagé entre son enthousiasme pour la Révolution,et puis sa compassion pour cette famille dont il voit la déchéance chaque jour davantage.

Agnès Michaux – Le témoin: Moi ça m'a emporté dès le début parce qu'on a les récits très très précis de ce transfert. Parce que la tsarine écrivait son journal, parce que Nicolas écrivait son journal... Et donc ils partent, on est en Sibérie, c'est la fin de l'hiver, le printemps n'est pas là, c'est cette période absolument catastrophique en Sibérie de la débâcle que connaissent tous les pays avec ce genre de climat. On est entre la neige et l'inondation. Et ils partent au lever du soleil sur les routes. Ils ne savent pas où ils vont . On ne leur dit pas où ils vont, et ils sont longtemps persuadés qu'on les ramène à Moscou, parce qu'on leur a promis qu'il y aurait un procès. Donc il y a une tension dramatique terrible, la route est difficile, compliquée, l'armée blanche peut surgir à tout instant, donc voilà ce voyage c'est un vrai film pour moi, c'est une sorte de western sibérien.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Une des forces de votre roman, c'est que l'on connaît la fin, forcément, et en même temps à chaque page on se demande ce qu'il va se passer. Vous arrivez à rendre cette tension très palpable.

Agnès Michaux – Le témoin : Moi quand j'écrivais, je me le posais comme un problème. On connaît la fin,donc il n'y a pas d'enjeu à lire un livre dont on connaît la fin. Sauf si, comme au cinéma, on se demande où on met sa caméra. C'est quoi l'angle? D'où on regarde ? Alors dans le livre, on regarde du côté d'Ivan. C'est Ivan qui veut se venger, c'est Ivan qui assiste à des scènes d'humiliations et qui n'a rien contre le fait qu'on emprisonne le tsar, mais lui est un homme honorable, un militaire, et il y a des choses qui ne se font pas .

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Et finalement, ce voyage marquera toute sa vie.

Agnès Michaux – Le témoin : Oui parce que c'est un homme amoureux et qu'il quitte son amoureuse pour effectuer sa mission, et dans le roman il y a l'histoire d'Ivan. En fait c'est la vie d'Ivan. J'allais dire c'est un livre sur les Romanov mais c'est plus un livre sur la vie d'Ivan d'une certaine façon.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : On sent beaucoup d'attachement au personnage d'Ivan de votre part, et dans le livre on sent aussi beaucoup d'affection pour cette famille Romanov.

Agnès Michaux – Le témoin : Alors vous pouvez cracher sur le fait que ces gens vivaient dans un luxe horrible pendant que les moujiks crevaient de faim. C'est pas le problème. Ils ont vécu ça et tout d'un coup, ils crèvent de faim. Le chemin parcouru entre ces deux éléments, il est tragique et à priori ,en tout cas pour les enfants Romanov ça me touchait beaucoup parce qu'ils n'ont pas les armes, ils ne savant pas ce que c'est. C'est toujours un éveil à la conscience de sa vie et évidemment que ça me touche parce que la tragédie c'est que la conscience, la lucidité de certaines choses leur vient avec la mort.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Agnès Michaux. Le Témoin, c'est votre nouveau roman et c'est aux éditions Flammarion.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • Agnès Michaux a deux visages. On connaît la chroniqueuse télé, qui a fait les beaux soirs de Canal Plus, avec charme et humour. Agnès Michaux, c'est aussi une personnalité plus énigmatique, réservée, presque timide, qui dans l'écriture montre une certaine fragilité mais surtout un réel talent. Elle a 24 ans lorsqu'elle publie son premier livre Le dictionnaire misogyne. Suivront d'autres titres, souvent salués par la critique comme Le roman de Venise, en 1996, anthologie littéraire de la Sérénissime, ville qu'elle...La fabrication des chiens d'Agnès Michaux - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Bonjour Agnès Michaux, Le Témoin, c'est votre nouveau roman, c'est aux éditions Flammarion, on y reviendra évidemment. Le grand public vous connaît aussi par la télévision, vous avez été un des visages souriant de Canal Plus, Comment ça s'est passé cette aventure de la télévision? Agnès Michaux – Le témoin : Ca c'est passé en fait grâce aux livres. Je sortais à l'époque mon premier livre qui s'appelait Le dictionnaire misogyne et j'avais été invité à Nulle Part Ailleurs, et...La fabrication des chiens d'Agnès Michaux - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Agnès Michaux, Le Témoin, c'est votre nouveau roman aux éditions Flammarion. C'est l'histoire d'Ivan, un jeune garde qui est chargé d'escorter la famille du dernier tsar vers Iekaterinbourg, la maison Ipatiev, pour leur tragique destin. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire sur cette tragique période, et sur cette famille Romanov ? Agnès Michaux – Le témoin : Enfant les contes de Pouchkine, de Gogol, c'était quelque chose de très familier pour moi, la Russie en général. Comme...La fabrication des chiens d'Agnès Michaux - Le livre - Suite