Agnès Michaux a deux visages. On connaît la chroniqueuse télé, qui a fait les beaux soirs de Canal Plus, avec charme et humour. Agnès Michaux, c'est aussi une personnalité plus énigmatique, réservée, presque timide, qui dans l'écriture montre une certaine fragilité mais surtout un réel talent.
Elle a 24 ans lorsqu'elle publie son premier livre Le dictionnaire misogyne. Suivront d'autres titres, souvent salués par la critique comme Le roman de Venise, en 1996, anthologie littéraire de la Sérénissime, ville qu'elle...
La fabrication des chiens d'Agnès Michaux - Présentation - Suite
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Bonjour Agnès Michaux, Le Témoin, c'est votre nouveau roman, c'est aux éditions Flammarion, on y reviendra évidemment. Le grand public vous connaît aussi par la télévision, vous avez été un des visages souriant de Canal Plus, Comment ça s'est passé cette aventure de la télévision?
Agnès Michaux – Le témoin : Ca c'est passé en fait grâce aux livres. Je sortais à l'époque mon premier livre qui s'appelait Le dictionnaire misogyne et j'avais été invité à Nulle Part Ailleurs, et...
La fabrication des chiens d'Agnès Michaux - Portrait - Suite
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Agnès Michaux, Le Témoin, c'est votre nouveau roman aux éditions Flammarion. C'est l'histoire d'Ivan, un jeune garde qui est chargé d'escorter la famille du dernier tsar vers Iekaterinbourg, la maison Ipatiev, pour leur tragique destin. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire sur cette tragique période, et sur cette famille Romanov ?
Agnès Michaux – Le témoin : Enfant les contes de Pouchkine, de Gogol, c'était quelque chose de très familier pour moi, la Russie en général. Comme...
La fabrication des chiens d'Agnès Michaux - Le livre - Suite
Agnès Michaux
Le témoin
Présentation 1'14Elle a 24 ans lorsqu'elle publie son premier livre Le dictionnaire misogyne. Suivront d'autres titres, souvent salués par la critique comme Le roman de Venise, en 1996, anthologie littéraire de la Sérénissime, ville qu'elle affectionne particulièrement.
En 1999, elle est en lice pour le prix Interallié avec Je les chasserai jusqu'au bout du monde jusqu'à ce qu'ils en crèvent, roman mettant en scène le cinéaste Fritz Lang face à la montée du nazisme. Et d'ailleurs, l'Histoire, avec un H majuscule est souvent source d'inspiration pour Agnès Michaux comme elle le prouva également en 1998 avec sa biographie romancée de Sissi, l'impératrice Elisabeth d'Autriche.
Aujourd'hui, c'est la Révolution russe qui sert de décor à son nouveau livre Le Témoin, publié chez Flammarion.
Le Témoin, c'est Ivan, jeune garde rouge, chargé d‘escorter la famille Romanov jusqu'à sa tragique destinée. Un roman qui met en parallèle le dernier tsar, sa famille et ce jeune russe partagé entre sa soif de renouveau, et sa compassion face à ces prisonniers hors du commun.
Le Témoin, un livre poignant, émouvant, dans lequel flotte toute l'âme de la Russie éternelle. Une vision pleine d'humanité de cette page d'Histoire que la Russie contemporaine a encore du mal à tourner.
Le Témoin, c'est le nouveau livre d'Agnès Michaux. Agnès Michaux qui nous reçoit pour Web TV Culture
Elle a 24 ans lorsqu'elle publie son premier livre Le dictionnaire misogyne. Suivront d'autres titres, souvent salués par la critique comme Le roman de Venise, en 1996, anthologie littéraire de la Sérénissime, ville qu'elle affectionne particulièrement.
En 1999, elle est en lice pour le prix Interallié avec Je les chasserai jusqu'au bout du monde jusqu'à ce qu'ils en crèvent, roman mettant en scène le cinéaste Fritz Lang face à la montée du nazisme. Et d'ailleurs, l'Histoire, avec un H majuscule est souvent source d'inspiration pour Agnès Michaux comme elle le prouva également en 1998 avec sa biographie romancée de Sissi, l'impératrice Elisabeth d'Autriche.
Aujourd'hui, c'est la Révolution russe qui sert de décor à son nouveau livre Le Témoin, publié chez Flammarion.
Le Témoin, c'est Ivan, jeune garde rouge, chargé d‘escorter la famille Romanov jusqu'à sa tragique destinée. Un roman qui met en parallèle le dernier tsar, sa famille et ce jeune russe partagé entre sa soif de renouveau, et sa compassion face à ces prisonniers hors du commun.
Le Témoin, un livre poignant, émouvant, dans lequel flotte toute l'âme de la Russie éternelle. Une vision pleine d'humanité de cette page d'Histoire que la Russie contemporaine a encore du mal à tourner.
Le Témoin, c'est le nouveau livre d'Agnès Michaux. Agnès Michaux qui nous reçoit pour Web TV Culture
Agnès Michaux
Le témoin
Portrait 5'06Agnès Michaux – Le témoin : Ca c'est passé en fait grâce aux livres. Je sortais à l'époque mon premier livre qui s'appelait Le dictionnaire misogyne et j'avais été invité à Nulle Part Ailleurs, et puis en fait on m'a dit que j'avais plus ou moins été « testée » à l'antenne pendant que j'étais invitée et, une semaine, quinze jours plus après, j'étais dans le bureau d'Alain de Greef avec Antoine de Caunes, Gildas...
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Tout en étant à Canal, l'écriture à continué, il y a eu - entre autres - Le roman de Venise. Vous avez vécu quelque temps à Venise. Vous avez une fascination pour cette ville?
Agnès Michaux – Le témoin : C'est un amour de jeunesse voilà. La première fois que je suis arrivée, je suis arrivée en train, tôt le matin, je crois qu'on arrivait à huit heures du matin, j'avais mes deux petites valises et je suis sortie de la gare - qui est quand même le quartier le plus pourri de la ville - , j'ai posé mes valises, j'ai regardé et j'ai pleuré, j'ai pleuré, je ne pouvais plus m'arrêter.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture): Il y a eu d'autres villes qui ont jalonné votre parcours notamment Philadelphie où la aussi vous avez posé vos valises.
Agnès Michaux – Le témoin : Oui j'étais jeune fille au pair, à Philadelphie. J'étais sensée aller à l'université et à l'époque je comptais faire un mémoire sur Henry James, qui est vraiment un des écrivains que je respecte, qui est un très grand écrivain. Finalement, j'ai changé d'avis en cours de route, je n'ai pas fait un mémoire sur James, j'ai fait un mémoire sur John Ruskin, qui a beaucoup écrit sur Venise et beaucoup vécu à Venise.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture): Si l'on évoque Venise, si l'on évoque la côte Est des Etats-Unis ou encore aujourd'hui Saint Germain des Près, le quartier dans lequel vous vivez, ce sont des univers très littéraires. Vos grandes inspirations en matière de littérature, qui peut-être vous ont donné vous-même envie de prendre la plume. C'est quoi?
Agnès Michaux – Le témoin : Moi j'ai eu un rapport très violent, totalement, passionné à Victor Hugo entre dix et douze ans. J'étais folle furieuse, j'avais des petits bouts de papier partout dans mes poches, j'écrivais des citations , des poèmes, j'en avais partout pour les lire tout le temps comme ça. Et après j'ai eu une sorte de passion amoureuse au vrai sens du terme, quelque chose de terrible pour Arthur Rimbaud. Vraiment quelque chose de dévastateur.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a eu un roman dans lequel vous nous entraîniez dans le Berlin des années 1930, il y a eu une biographie romancée d'Elisabeth d'Autriche. Aujourd'hui votre nouveau roman, nous sommes dans la Russie de 1917. l'histoire pour vous c'est un décor permanent pour l'écriture de romans, c'est quelque chose qui vous inspire?
Agnès Michaux – Le témoin: C'est le décor de la vie des hommes, l'histoire. Donc évidemment le livre sur Fritz Lang, je racontais la dernière journée de Fritz Lang en Allemagne en 1933. Tout d'un coup, vous vous levez le matin et vous savez que les vingt-quatre heures qui vont suivre vont décider de tout le reste de votre vie. J'ai l'impression que là on est juste à l'exact endroit d'être un homme.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Lorsque vous écrivez, que ressentez vous?
Agnès Michaux – Le témoin : C'est aller au bout de quelque chose. Quel que soit le prix. Moi il y a des moments, j'ai écrit en pleurant. Vous écrivez et vous revivez. Mais vraiment. Ce n'est pas abstrait d'écrire, c'est la vie. Il y a quelque chose de plus artisanale certains jours, on a absolument besoin de savoir si dans telle rue, à tel endroit il y avait tel magasin. Voilà.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Agnès Michaux à la télévision pétillante, pétulante, drôle. Agnès Michaux dans l'écriture plus fragile.
Agnès Michaux – Le témoin: Fragile, non. Il y a un moment pour tout dans la vie. Il y a un moment pour rire et parfois il y à un moment où il ne faut pas rire. J'adorerais écrire des livres très drôles par exemple. Je vais peut-être essayer. Je connais pas beaucoup de gens qui n'ont pas rigolé dans leur vie, j'aime pas les gens qui jouent les sérieux tout le temps, en croyant que ça leur donne de la profondeur ou je ne sais quoi. Les gens très très profonds savent très bien s'amuser.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Agnès Michaux pour votre sincérité. Le Témoin c'est votre nouveau roman et c'est aux éditions Flammarion.
Agnès Michaux – Le témoin : Ca c'est passé en fait grâce aux livres. Je sortais à l'époque mon premier livre qui s'appelait Le dictionnaire misogyne et j'avais été invité à Nulle Part Ailleurs, et puis en fait on m'a dit que j'avais plus ou moins été « testée » à l'antenne pendant que j'étais invitée et, une semaine, quinze jours plus après, j'étais dans le bureau d'Alain de Greef avec Antoine de Caunes, Gildas...
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Tout en étant à Canal, l'écriture à continué, il y a eu - entre autres - Le roman de Venise. Vous avez vécu quelque temps à Venise. Vous avez une fascination pour cette ville?
Agnès Michaux – Le témoin : C'est un amour de jeunesse voilà. La première fois que je suis arrivée, je suis arrivée en train, tôt le matin, je crois qu'on arrivait à huit heures du matin, j'avais mes deux petites valises et je suis sortie de la gare - qui est quand même le quartier le plus pourri de la ville - , j'ai posé mes valises, j'ai regardé et j'ai pleuré, j'ai pleuré, je ne pouvais plus m'arrêter.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture): Il y a eu d'autres villes qui ont jalonné votre parcours notamment Philadelphie où la aussi vous avez posé vos valises.
Agnès Michaux – Le témoin : Oui j'étais jeune fille au pair, à Philadelphie. J'étais sensée aller à l'université et à l'époque je comptais faire un mémoire sur Henry James, qui est vraiment un des écrivains que je respecte, qui est un très grand écrivain. Finalement, j'ai changé d'avis en cours de route, je n'ai pas fait un mémoire sur James, j'ai fait un mémoire sur John Ruskin, qui a beaucoup écrit sur Venise et beaucoup vécu à Venise.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture): Si l'on évoque Venise, si l'on évoque la côte Est des Etats-Unis ou encore aujourd'hui Saint Germain des Près, le quartier dans lequel vous vivez, ce sont des univers très littéraires. Vos grandes inspirations en matière de littérature, qui peut-être vous ont donné vous-même envie de prendre la plume. C'est quoi?
Agnès Michaux – Le témoin : Moi j'ai eu un rapport très violent, totalement, passionné à Victor Hugo entre dix et douze ans. J'étais folle furieuse, j'avais des petits bouts de papier partout dans mes poches, j'écrivais des citations , des poèmes, j'en avais partout pour les lire tout le temps comme ça. Et après j'ai eu une sorte de passion amoureuse au vrai sens du terme, quelque chose de terrible pour Arthur Rimbaud. Vraiment quelque chose de dévastateur.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Il y a eu un roman dans lequel vous nous entraîniez dans le Berlin des années 1930, il y a eu une biographie romancée d'Elisabeth d'Autriche. Aujourd'hui votre nouveau roman, nous sommes dans la Russie de 1917. l'histoire pour vous c'est un décor permanent pour l'écriture de romans, c'est quelque chose qui vous inspire?
Agnès Michaux – Le témoin: C'est le décor de la vie des hommes, l'histoire. Donc évidemment le livre sur Fritz Lang, je racontais la dernière journée de Fritz Lang en Allemagne en 1933. Tout d'un coup, vous vous levez le matin et vous savez que les vingt-quatre heures qui vont suivre vont décider de tout le reste de votre vie. J'ai l'impression que là on est juste à l'exact endroit d'être un homme.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Lorsque vous écrivez, que ressentez vous?
Agnès Michaux – Le témoin : C'est aller au bout de quelque chose. Quel que soit le prix. Moi il y a des moments, j'ai écrit en pleurant. Vous écrivez et vous revivez. Mais vraiment. Ce n'est pas abstrait d'écrire, c'est la vie. Il y a quelque chose de plus artisanale certains jours, on a absolument besoin de savoir si dans telle rue, à tel endroit il y avait tel magasin. Voilà.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Agnès Michaux à la télévision pétillante, pétulante, drôle. Agnès Michaux dans l'écriture plus fragile.
Agnès Michaux – Le témoin: Fragile, non. Il y a un moment pour tout dans la vie. Il y a un moment pour rire et parfois il y à un moment où il ne faut pas rire. J'adorerais écrire des livres très drôles par exemple. Je vais peut-être essayer. Je connais pas beaucoup de gens qui n'ont pas rigolé dans leur vie, j'aime pas les gens qui jouent les sérieux tout le temps, en croyant que ça leur donne de la profondeur ou je ne sais quoi. Les gens très très profonds savent très bien s'amuser.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Agnès Michaux pour votre sincérité. Le Témoin c'est votre nouveau roman et c'est aux éditions Flammarion.
Agnès Michaux
Le témoin
Le livre 4'57Agnès Michaux – Le témoin : Enfant les contes de Pouchkine, de Gogol, c'était quelque chose de très familier pour moi, la Russie en général. Comme plein de petites filles je faisais de la danse et de la gymnastique, donc vous imaginez bien que la Russie c'était le modèle surtout dans ma jeunesse, donc c'est cet espèce d'énorme pays très fascinant, très étrange qui m'a toujours un peu suivi.
Anna Karenine, ça reste pour moi toujours quelque chose. J'ai lu Anna Karénine à un moment où je me séparais d'un homme. C'était pas une bonne idée. Mais si, peut être que c'était une bonne idée. Je n''ai pas encore fini Guerre et Paix, mais après tout il a mis 10 ans à l'écrire , je peux bien mettre du temps à le lire. Donc c'est tout ça à la fois, un jour ça m'est sans doute apparu comme une évidence. Voilà pareil que tout d'un coup, il y a quand même le plus grand pays du monde, une énorme population avait été confrontée, un peu comme ce que j'avais raconté pour Fritz Lang, un moment de choix, si le choix n'a pas été fait, de basculement absolument violent.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : On retrace les faits, Ivan accompagne donc le tsar et la tsarine...
Agnès Michaux – Le témoin : Mais c'est très cinématographique...
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Ils partent jusqu'à Iekaterinbourg, il est partagé entre son enthousiasme pour la Révolution,et puis sa compassion pour cette famille dont il voit la déchéance chaque jour davantage.
Agnès Michaux – Le témoin: Moi ça m'a emporté dès le début parce qu'on a les récits très très précis de ce transfert. Parce que la tsarine écrivait son journal, parce que Nicolas écrivait son journal... Et donc ils partent, on est en Sibérie, c'est la fin de l'hiver, le printemps n'est pas là, c'est cette période absolument catastrophique en Sibérie de la débâcle que connaissent tous les pays avec ce genre de climat. On est entre la neige et l'inondation. Et ils partent au lever du soleil sur les routes. Ils ne savent pas où ils vont . On ne leur dit pas où ils vont, et ils sont longtemps persuadés qu'on les ramène à Moscou, parce qu'on leur a promis qu'il y aurait un procès. Donc il y a une tension dramatique terrible, la route est difficile, compliquée, l'armée blanche peut surgir à tout instant, donc voilà ce voyage c'est un vrai film pour moi, c'est une sorte de western sibérien.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Une des forces de votre roman, c'est que l'on connaît la fin, forcément, et en même temps à chaque page on se demande ce qu'il va se passer. Vous arrivez à rendre cette tension très palpable.
Agnès Michaux – Le témoin : Moi quand j'écrivais, je me le posais comme un problème. On connaît la fin,donc il n'y a pas d'enjeu à lire un livre dont on connaît la fin. Sauf si, comme au cinéma, on se demande où on met sa caméra. C'est quoi l'angle? D'où on regarde ? Alors dans le livre, on regarde du côté d'Ivan. C'est Ivan qui veut se venger, c'est Ivan qui assiste à des scènes d'humiliations et qui n'a rien contre le fait qu'on emprisonne le tsar, mais lui est un homme honorable, un militaire, et il y a des choses qui ne se font pas .
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Et finalement, ce voyage marquera toute sa vie.
Agnès Michaux – Le témoin : Oui parce que c'est un homme amoureux et qu'il quitte son amoureuse pour effectuer sa mission, et dans le roman il y a l'histoire d'Ivan. En fait c'est la vie d'Ivan. J'allais dire c'est un livre sur les Romanov mais c'est plus un livre sur la vie d'Ivan d'une certaine façon.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : On sent beaucoup d'attachement au personnage d'Ivan de votre part, et dans le livre on sent aussi beaucoup d'affection pour cette famille Romanov.
Agnès Michaux – Le témoin : Alors vous pouvez cracher sur le fait que ces gens vivaient dans un luxe horrible pendant que les moujiks crevaient de faim. C'est pas le problème. Ils ont vécu ça et tout d'un coup, ils crèvent de faim. Le chemin parcouru entre ces deux éléments, il est tragique et à priori ,en tout cas pour les enfants Romanov ça me touchait beaucoup parce qu'ils n'ont pas les armes, ils ne savant pas ce que c'est. C'est toujours un éveil à la conscience de sa vie et évidemment que ça me touche parce que la tragédie c'est que la conscience, la lucidité de certaines choses leur vient avec la mort.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Agnès Michaux. Le Témoin, c'est votre nouveau roman et c'est aux éditions Flammarion.
Agnès Michaux – Le témoin : Enfant les contes de Pouchkine, de Gogol, c'était quelque chose de très familier pour moi, la Russie en général. Comme plein de petites filles je faisais de la danse et de la gymnastique, donc vous imaginez bien que la Russie c'était le modèle surtout dans ma jeunesse, donc c'est cet espèce d'énorme pays très fascinant, très étrange qui m'a toujours un peu suivi.
Anna Karenine, ça reste pour moi toujours quelque chose. J'ai lu Anna Karénine à un moment où je me séparais d'un homme. C'était pas une bonne idée. Mais si, peut être que c'était une bonne idée. Je n''ai pas encore fini Guerre et Paix, mais après tout il a mis 10 ans à l'écrire , je peux bien mettre du temps à le lire. Donc c'est tout ça à la fois, un jour ça m'est sans doute apparu comme une évidence. Voilà pareil que tout d'un coup, il y a quand même le plus grand pays du monde, une énorme population avait été confrontée, un peu comme ce que j'avais raconté pour Fritz Lang, un moment de choix, si le choix n'a pas été fait, de basculement absolument violent.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : On retrace les faits, Ivan accompagne donc le tsar et la tsarine...
Agnès Michaux – Le témoin : Mais c'est très cinématographique...
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Ils partent jusqu'à Iekaterinbourg, il est partagé entre son enthousiasme pour la Révolution,et puis sa compassion pour cette famille dont il voit la déchéance chaque jour davantage.
Agnès Michaux – Le témoin: Moi ça m'a emporté dès le début parce qu'on a les récits très très précis de ce transfert. Parce que la tsarine écrivait son journal, parce que Nicolas écrivait son journal... Et donc ils partent, on est en Sibérie, c'est la fin de l'hiver, le printemps n'est pas là, c'est cette période absolument catastrophique en Sibérie de la débâcle que connaissent tous les pays avec ce genre de climat. On est entre la neige et l'inondation. Et ils partent au lever du soleil sur les routes. Ils ne savent pas où ils vont . On ne leur dit pas où ils vont, et ils sont longtemps persuadés qu'on les ramène à Moscou, parce qu'on leur a promis qu'il y aurait un procès. Donc il y a une tension dramatique terrible, la route est difficile, compliquée, l'armée blanche peut surgir à tout instant, donc voilà ce voyage c'est un vrai film pour moi, c'est une sorte de western sibérien.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Une des forces de votre roman, c'est que l'on connaît la fin, forcément, et en même temps à chaque page on se demande ce qu'il va se passer. Vous arrivez à rendre cette tension très palpable.
Agnès Michaux – Le témoin : Moi quand j'écrivais, je me le posais comme un problème. On connaît la fin,donc il n'y a pas d'enjeu à lire un livre dont on connaît la fin. Sauf si, comme au cinéma, on se demande où on met sa caméra. C'est quoi l'angle? D'où on regarde ? Alors dans le livre, on regarde du côté d'Ivan. C'est Ivan qui veut se venger, c'est Ivan qui assiste à des scènes d'humiliations et qui n'a rien contre le fait qu'on emprisonne le tsar, mais lui est un homme honorable, un militaire, et il y a des choses qui ne se font pas .
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Et finalement, ce voyage marquera toute sa vie.
Agnès Michaux – Le témoin : Oui parce que c'est un homme amoureux et qu'il quitte son amoureuse pour effectuer sa mission, et dans le roman il y a l'histoire d'Ivan. En fait c'est la vie d'Ivan. J'allais dire c'est un livre sur les Romanov mais c'est plus un livre sur la vie d'Ivan d'une certaine façon.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : On sent beaucoup d'attachement au personnage d'Ivan de votre part, et dans le livre on sent aussi beaucoup d'affection pour cette famille Romanov.
Agnès Michaux – Le témoin : Alors vous pouvez cracher sur le fait que ces gens vivaient dans un luxe horrible pendant que les moujiks crevaient de faim. C'est pas le problème. Ils ont vécu ça et tout d'un coup, ils crèvent de faim. Le chemin parcouru entre ces deux éléments, il est tragique et à priori ,en tout cas pour les enfants Romanov ça me touchait beaucoup parce qu'ils n'ont pas les armes, ils ne savant pas ce que c'est. C'est toujours un éveil à la conscience de sa vie et évidemment que ça me touche parce que la tragédie c'est que la conscience, la lucidité de certaines choses leur vient avec la mort.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Agnès Michaux. Le Témoin, c'est votre nouveau roman et c'est aux éditions Flammarion.