Adrien Goetz

Adrien Goetz

La nouvelle vie d'Arsène Lupin

Le livre 4'46"

Adrien Goetz, quelle envie de reprendre le personnage d'Arsène Lupin ? Il fallait être un petit peu fou, il fallait oser s'emparer de ce personnage mythique de la littérature ?
Sans doute, c'était audacieux. Mais en même temps, il n'était pas mort. Conan Doyle racontait la mort de Sherlock Holmes et tous ses lecteurs lui écrivaient des lettres pour qu'il le ressuscite.
Jamais Maurice Leblanc ne nous a dit qu'Arsène Lupin était mort. Je suis quand même allé voir la petite fille de Maurice Leblanc,
Florence Leblanc, très sympathique, à qui j'ai exposé mon projet en lui disant, « est-ce que vous pensez que je pourrais utiliser à nouveau les personnages qui ont été utilisés par votre grand-père ? »
Et elle m'a beaucoup encouragé. Elle m'a dit : « le faire revivre aujourd'hui, c'est une très belle idée, faites-le absolument. »
Alors ce que vous aviez envie de faire, ce qui est intéressant, c'est que vous positionnez Arsène Lupin dans notre époque contemporaine, même dans un futur assez proche.
Ce qui veut dire que ce n'est plus l'homme avec son haut-de-forme et son frac.
Il a gardé dans une poche le monocle. Une signature.
En revanche c'est un homme d'aujourd'hui.
Il a encore ses cartes de visite, parce que vous avez observé, Philippe, que tout a changé dans le monde depuis 1910, sauf les cartes de visite, qui continuent à exister et que l'on s'échange.
Pourquoi le mettre en parallèle de notre société ?
Parce que le Lupin de Leblanc était déjà comme ça. Il avait installé le téléphone dans l'aiguille creuse à Etretat.
Il était en liaison avec le monde entier. Il le raconte. Il suit les marchés mondiaux. Il s'évade en sous-marin. Il aime être lancé sur les petites routes,
quand il va retrouver cette fausse piste, le château de l'Aiguille dans la Creuse, il part à toute allure dans son automobile.
Il hérite aussi un peu d'autres romans que l'on lit à douze ou treize ans. Il hérite de Jules Verne. Il y a cet imaginaire scientifique et poétique qui le caractérise aussi. `
Alors Lupin ne revient pas seul parce qu'il y a Beautrelet mais il y a aussi notre policier anglais Herlock Sholmes qui va faire son retour.
Herlock Sholmes arrive trop tard, toujours.
Egalement la comtesse de Cagliostro qui est toujours aussi belle.
On ne peut pas ne pas penser à Kristin Scott Thomas qui l'avait incarnée dans le dernier film inspiré par les aventures d'Arsène Lupin.
Le film de Salomé, oui.
Elle était formidable. Et donc, imaginez-la. En 1910, c'était une femme fatale qui pour Lupin était à la fois une séductrice et une femme qui avait juré sa perte.
Il était tentant de la faire revenir, bien sûr.
Oui, mais elle a changé. Elle est devenue une femme d'affaire. Elle est chef d'entreprise. Elle dirige un laboratoire pharmaceutique.
Donc elle va faire travailler Beautrelet. Elle est féministe. Elle dit à Lupin qu'il est ringard. Et puis après tout, c'est une femme cougar aussi, parce que, quand elle voit le jeune Beautrelet, chercheur en biologie, elle le séduit,
elle l'emmène et elle vit une aventure secrète avec lui. Donc mon Paul Beautrelet, c'est l'arrière-petit fils d'Isidor Beautrelet, le vrai rival du gentleman cambrioleur
Et là, il y a son arrière-petit fils qui a peut-être trouvé quelque chose qui pourrait devenir le fameux élixir de longue vie,
celui de Joseph Balsamo et celui qu'utilise peut-être Arsène Lupin pour être toujours présent parmi nous.
Il remporte, c'est le premier chapitre du roman, une compétition qui existe réellement, qui s'appelle ma thèse en 180 secondes.
Et là, devant la façade de la cathédrale de Strasbourg, qui fête son millénaire, il y a, ô horreur, une bâche publicitaire pour une machine à laver de marque allemande qui finance la restauration.
Et la bâche va disparaître.
Et là, manifestation d'anti-pubs alter-mondialistes qui déchirent la bâche qui tombe. C'est le lever de rideau du roman.
Quelqu'un, et ça ne peut être que Lupin, a volé la façade de la cathédrale de Strasbourg, et Beautrelet voit apparaître celui qui était le héros de ses lectures de jeunesse. Il n'en revient pas et se dit, « serait-ce lui ? »
Lorsque vous avez entamé cette nouvelle vie d'Arsène Lupin, avez-vous eu peur du chantier dans lequel vous vous engagiez ?
Non, je l'ai fait par plaisir. J'invente de nouvelles aventures à Arsène Lupin, parce que je ne pouvais pas me résigner à ce que ce soit fini.
J'ai voulu un Lupin qui escamote Facebook, qui cambriole des banques de données, qui soit très à l'aise dans le monde virtuel, qui s'intéresse aux scénarios des séries télévisées.
J'avais l'impression qu'il pouvait rester gentleman cambrioleur tel que Leblanc l'avait inventé, à la fois dandy et voyou, et faire des forfaits et en même temps,
avec panache et générosités qui sont ceux de notre époque.
La nouvelle vie d'Arsène Lupin, c'est votre actualité Adrien Goetz. Et vous êtes publié chez Grasset. Merci.
Merci.

Philippe Chauveau :
Adrien Goetz, quelle envie de reprendre le personnage d'Arsène Lupin ? Il fallait être un petit peu fou, il fallait oser s'emparer de ce personnage mythique de la littérature ?

Adrien Goetz :
Sans doute, c'était audacieux. Mais en même temps, il n'était pas mort. Conan Doyle racontait la mort de Sherlock Holmes et tous ses lecteurs lui écrivaient des lettres pour qu'il le ressuscite. Jamais Maurice Leblanc ne nous a dit qu'Arsène Lupin était mort. Je suis quand même allé voir la petite fille de Maurice Leblanc, Florence Leblanc, très sympathique, à qui j'ai exposé mon projet en lui disant, « est-ce que vous pensez que je pourrais utiliser à nouveau les personnages qui ont été utilisés par votre grand-père ? » Et elle m'a beaucoup encouragé. Elle m'a dit : « le faire revivre aujourd'hui, c'est une très belle idée, faites-le absolument. »

Philippe Chauveau :
Alors ce que vous aviez envie de faire, ce qui est intéressant, c'est que vous positionnez Arsène Lupin dans notre époque contemporaine, même dans un futur assez proche. Ce qui veut dire que ce n'est plus l'homme avec son haut-de-forme et son frac.

Adrien Goetz :
Il a gardé dans une poche le monocle. Une signature.

Philippe Chauveau :
En revanche c'est un homme d'aujourd'hui.

Adrien Goetz :
Il a encore ses cartes de visite, parce que vous avez observé, Philippe, que tout a changé dans le monde depuis 1910, sauf les cartes de visite, qui continuent à exister et que l'on s'échange.

Philippe Chauveau :
Pourquoi le mettre en parallèle de notre société ?

Adrien Goetz :
Parce que le Lupin de Leblanc était déjà comme ça. Il avait installé le téléphone dans l'aiguille creuse à Etretat. Il était en liaison avec le monde entier. Il le raconte. Il suit les marchés mondiaux. Il s'évade en sous-marin. Il aime être lancé sur les petites routes, quand il va retrouver cette fausse piste, le château de l'Aiguille dans la Creuse, il part à toute allure dans son automobile. Il hérite aussi un peu d'autres romans que l'on lit à douze ou treize ans. Il hérite de Jules Verne. Il y a cet imaginaire scientifique et poétique qui le caractérise aussi. `

Philippe Chauveau :
Alors Lupin ne revient pas seul parce qu'il y a Beautrelet mais il y a aussi notre policier anglais Herlock Sholmes qui va faire son retour.

Adrien Goetz :
Sherlock Sholmes arrive trop tard, toujours.

Philippe Chauveau :
Egalement la comtesse de Cagliostro qui est toujours aussi belle.

Adrien Goetz :
On ne peut pas ne pas penser à Kristin Scott Thomas qui l'avait incarnée dans le dernier film inspiré par les aventures d'Arsène Lupin.

Philippe Chauveau :
Le film de Salomé, oui.

Adrien Goetz :
Elle était formidable. Et donc, imaginez-la. En 1910, c'était une femme fatale qui pour Lupin était à la fois une séductrice et une femme qui avait juré sa perte.

Philippe Chauveau :
Il était tentant de la faire revenir, bien sûr.

Adrien Goetz :
Oui, mais elle a changé. Elle est devenue une femme d'affaire. Elle est chef d'entreprise. Elle dirige un laboratoire pharmaceutique. Donc elle va faire travailler Beautrelet. Elle est féministe. Elle dit à Lupin qu'il est ringard. Et puis après tout, c'est une femme cougar aussi, parce que, quand elle voit le jeune Beautrelet, chercheur en biologie, elle le séduit, elle l'emmène et elle vit une aventure secrète avec lui. Donc mon Paul Beautrelet, c'est l'arrière-petit fils d'Isidor Beautrelet, le vrai rival du gentleman cambrioleur. Et là, il y a son arrière-petit fils qui a peut-être trouvé quelque chose qui pourrait devenir le fameux élixir de longue vie, celui de Joseph Balsamo et celui qu'utilise peut-être Arsène Lupin pour être toujours présent parmi nous. Il remporte, c'est le premier chapitre du roman, une compétition qui existe réellement, qui s'appelle ma thèse en 180 secondes. Et là, devant la façade de la cathédrale de Strasbourg, qui fête son millénaire, il y a, ô horreur, une bâche publicitaire pour une machine à laver de marque allemande qui finance la restauration.

Philippe Chauveau :
Et la bâche va disparaître.

Adrien Goetz :
Et là, manifestation d'anti-pubs alter-mondialistes qui déchirent la bâche qui tombe. C'est le lever de rideau du roman. Quelqu'un, et ça ne peut être que Lupin, a volé la façade de la cathédrale de Strasbourg, et Beautrelet voit apparaître celui qui était le héros de ses lectures de jeunesse. Il n'en revient pas et se dit, « serait-ce lui ? »

Philippe Chauveau :
Lorsque vous avez entamé cette nouvelle vie d'Arsène Lupin, avez-vous eu peur du chantier dans lequel vous vous engagiez ?

Adrien Goetz :
Non, je l'ai fait par plaisir. J'invente de nouvelles aventures à Arsène Lupin, parce que je ne pouvais pas me résigner à ce que ce soit fini. J'ai voulu un Lupin qui escamote Facebook, qui cambriole des banques de données, qui soit très à l'aise dans le monde virtuel, qui s'intéresse aux scénarios des séries télévisées. J'avais l'impression qu'il pouvait rester gentleman cambrioleur tel que Leblanc l'avait inventé, à la fois dandy et voyou, et faire des forfaits et en même temps, avec panache et générosités qui sont ceux de notre époque.

Philippe Chauveau :
La nouvelle vie d'Arsène Lupin, c'est votre actualité Adrien Goetz. Et vous êtes publié chez Grasset. Merci.

Adrien Goetz :
Merci.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LE LIVRE
  • C'est le plus grand des voleurs, oui mais c'est un gentleman... Cela vous rappelle quelqu'un ? Bien sûr, Arsène Lupin, le héros imaginé par Maurice Leblanc qui, après la littérature  fit aussi les belles heures de la télévision avec Georges Descrières ou celles du cinéma avec Romain Duris.Arsène Lupin est de retour, sous la plume d'Adrien Goetz, avec la bénédiction de la famille Leblanc.Adrien Goetz est universitaire, il enseigne l'histoire de l'Art à la Sorbonne, il est aussi journaliste, notamment pour le Figaro où ses...Souvenirs d'auteurs... d'Adrien Goetz - Présentation - Suite
    Philippe Chauveau :Bonjour Adrien Goetz. Adrien Goetz :Bonjour Philippe Chauveau. Philippe Chauveau : La nouvelle vie d'Arsène Lupin, c'est votre actualité chez Grasset. Mais finalement, j'ai envie de dire que, entre votre présence en librairie, votre présence à la Sorbonne, votre présence dans les journaux avec par exemple votre chronique du Figaro, vous êtes un peu touche-à-tout. Adrien Goetz :Non, pas du tout. Il y a une vraie cohérence dans tout ça. Mes chroniques du jeudi dans le Figaro concernent des expositions, donc...Souvenirs d'auteurs... d'Adrien Goetz - Portrait - Suite
    Philippe Chauveau : Adrien Goetz, quelle envie de reprendre le personnage d'Arsène Lupin ? Il fallait être un petit peu fou, il fallait oser s'emparer de ce personnage mythique de la littérature ? Adrien Goetz : Sans doute, c'était audacieux. Mais en même temps, il n'était pas mort. Conan Doyle racontait la mort de Sherlock Holmes et tous ses lecteurs lui écrivaient des lettres pour qu'il le ressuscite. Jamais Maurice Leblanc ne nous a dit qu'Arsène Lupin était mort. Je suis quand même allé voir la petite fille de Maurice...Souvenirs d'auteurs... d'Adrien Goetz - Le livre - Suite