Après des études littéraires à la Sorbonne et la traduction de plusieurs ouvrages allemands et anglo-saxons, Theresa Révay a choisi d'écrire à son tour. Après deux romans contemporains, « L'ombre d'une femme » en 1988 et « L'Ouragane » en 1990, c'est finalement vers le roman historique qu'elle se tourne et avec succès. S'inspirant notamment d'Henri Troyat, l'un de ses auteurs fétiches, Theresa Révay est devenue en quelques années une spécialiste de la grande fresque historique, ou quand la petite histoire des destins...
Ce parfum rouge de Theresa Révay - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Theresa Révay. Merci de nous recevoir. Votre actualité chez Belfond « L'autre rive du Bosphore ». C'est votre nouveau titre. Le premier c'était en 1988, « L'ombre d'une femme » à la Table ronde. Lorsque vous regardez en arrière, votre parcours littéraire, comment l'analysez-vous ? Est-ce qu'il y a une évolution ?Theresa Révay :Il y a une évolution puisque j'avais commencé à écrire des romans contemporains – j'en ai écrit deux – et j'étais pas à l'aise dans notre époque, il faut...
Ce parfum rouge de Theresa Révay - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Dans ce nouveau titre Theresa Révay, « L'autre rive du Bosphore », vous nous entraînez dans une période et une contrée qui est assez peu explorée par les romanciers. Nous sommes dans la Turquie de l'immédiate après-guerre, à la fin du premier conflit mondial, lorsque les vainqueurs vont essayer de se partager le gâteau et que le nationalisme turc va surgir. Qu'est ce qui vous a donné envie de placer votre nouvelle intrigue à Istanbul en 1919 ?Theresa Révay :J'avais envie de parler de la chute de l'Empire...
Ce parfum rouge de Theresa Révay - Le livre - Suite
Theresa Révay
L'autre rive du Bosphore
Présentation 1'54Après des études littéraires à la Sorbonne et la traduction de plusieurs ouvrages allemands et anglo-saxons, Theresa Révay a choisi d'écrire à son tour. Après deux romans contemporains, « L'ombre d'une femme » en 1988 et « L'Ouragane » en 1990,
c'est finalement vers le roman historique qu'elle se tourne et avec succès. S'inspirant notamment d'Henri Troyat, l'un de ses auteurs fétiches, Theresa Révay est devenue en quelques années une spécialiste de la grande fresque historique,
ou quand la petite histoire des destins anonymes croise la grande Histoire. Outre des personnages à la psychologie fouillée, Theresa Révay met un soin tout particulier à l'étude des époques dans lesquelles elle place ses intrigues, se rendant sur place,
consultant multitude d'ouvrages pour coller au plus près de la réalité des faits. Ses lecteurs sont aujourd'hui fidèles et ses romans traduits en une dizaine de langues.
Parmi ceux-ci, « La louve blanche », « Tous les rêves du monde » et plus récemment « Dernier été à Mayfair » qui a connu un vrai succès de librairie.
Reprenant pour thème le premier conflit mondial, une époque de prédilection, Theresa Révay nous entraîne aujourd'hui en Turquie. Avec « L'autre rive du Bosphore », nous voici en 1919, à Istanbul,
quand les vainqueurs de la guerre arrivent en conquérants dans un pays qui a choisi la mauvaise alliance. Choc des cultures, traditions ancestrales en butte à un monde qui change, rivalité amoureuse, espionnage entre nations, désillusion née de la guerre,
nous voilà embarqué dans une grande fresque qui se dévore de la première à la dernière page avec un plaisir certain. Entre une époque qui se meurt et une nouvelle ère porteuse d'espoir mais aussi d'incertitude,
ce nouveau roman de Theresa Révay ravira tous les amateurs de grandes sagas historiques. Ca s'appelle « L'autre rive du Bosphore » aux éditions Belfond et Theresa Révay nous reçoit pour Web TV Culture.
Après des études littéraires à la Sorbonne et la traduction de plusieurs ouvrages allemands et anglo-saxons, Theresa Révay a choisi d'écrire à son tour. Après deux romans contemporains, « L'ombre d'une femme » en 1988 et « L'Ouragane » en 1990, c'est finalement vers le roman historique qu'elle se tourne et avec succès. S'inspirant notamment d'Henri Troyat, l'un de ses auteurs fétiches, Theresa Révay est devenue en quelques années une spécialiste de la grande fresque historique, ou quand la petite histoire des destins anonymes croise la grande Histoire.
Outre des personnages à la psychologie fouillée, Theresa Révay met un soin tout particulier à l'étude des époques dans lesquelles elle place ses intrigues, se rendant sur place, consultant multitude d'ouvrages pour coller au plus près de la réalité des faits. Ses lecteurs sont aujourd'hui fidèles et ses romans traduits en une dizaine de langues. Parmi ceux-ci, « La louve blanche », « Tous les rêves du monde » et plus récemment « Dernier été à Mayfair » qui a connu un vrai succès de librairie.
Reprenant pour thème le premier conflit mondial, une époque de prédilection, Theresa Révay nous entraîne aujourd'hui en Turquie. Avec « L'autre rive du Bosphore », nous voici en 1919, à Istanbul, quand les vainqueurs de la guerre arrivent en conquérants dans un pays qui a choisi la mauvaise alliance. Choc des cultures, traditions ancestrales en butte à un monde qui change, rivalité amoureuse, espionnage entre nations, désillusion née de la guerre, nous voilà embarqué dans une grande fresque qui se dévore de la première à la dernière page avec un plaisir certain. Entre une époque qui se meurt et une nouvelle ère porteuse d'espoir mais aussi d'incertitude, ce nouveau roman de Theresa Révay ravira tous les amateurs de grandes sagas historiques. Ca s'appelle « L'autre rive du Bosphore » aux éditions Belfond et Theresa Révay nous reçoit pour Web TV Culture.
Theresa Révay
L'autre rive du Bosphore
Portrait 4'00Bonjour Theresa Révay. Merci de nous recevoir. Votre actualité chez Belfond « L'autre rive du Bosphore ». C'est votre nouveau titre. Le premier c'était en 1988, « L'ombre d'une femme » à la Table ronde.
Lorsque vous regardez en arrière, votre parcours littéraire, comment l'analysez-vous ? Est-ce qu'il y a une évolution ?
Il y a une évolution puisque j'avais commencé à écrire des romans contemporains – j'en ai écrit deux – et j'étais pas à l'aise dans notre époque, il faut croire. Et en fait, j'ai arrêté d'écrire pendant dix ans, j'ai fait beaucoup de traduction
et j'ai été lecteur pour différentes maisons d'édition, jusqu'à trouver ce que j'appelle ma distance. A la fois les repères qui sont le 20e siècle et le roman à caractère historique qui m'intéresse.
J'ai trouvé cette distance depuis quelques années et maintenant je m'épanouis complètement dans ces romans qui brossent un peu l'époque du 20e siècle.
Il y a des auteurs qui vous ont influencé ? Des auteurs qui vous ont donné envie d'écrire et qui vous ont donné envie d'aborder le roman historique ?
Ce qui a été le plus marquant pour moi, vers l'âge de 15 ans, c'était « La lumière des Justes » d'Henri Troyat. C'était vraiment ce que je défini comme marqueur.
J'avais infiniment aimé ce livre, j'avais aimé sa manière de parler de l'histoire à travers des personnages et avec de l'émotion.
Faites vous une différence entre votre travail d'auteur et votre travail de traductrice ?
Il y a le côté du passeur chez le traducteur, donc c'est amener un auteur qu'on aime bien vers d'autres lecteurs. Il faut respecter son univers, trouver sa musique d'écriture. Donc ça se rejoint, mais ce sont deux domaines différents.
Ce qui fait votre force, c'est à la fois votre écriture romanesque, mais aussi la précision que vous mettez dans vos recherches, dans votre documentation.
On l'a vérifié dans « Dernier été à Mayfair », dans « La louve blanche » et aujourd'hui dans « L'autre rive du Bosphore ». Comment travaillez-vous pour conjuguer les deux ? Le plaisir de l'écriture et la recherche historique.
Il faut décanter et on renonce à beaucoup de choses. Je fais un an de documentation, en bibliothèque beaucoup, puis je me déplace, je fais des interviews et je ramasse une multitude de détails et d'anecdotes.
Et à partir de là, je dois décanter et ce sont mes personnages dont la vie doit apporter le détail historique pour pas que ça devienne ennuyeux ou pédant à la lecture. Il faut éviter. Je renonce à beaucoup de choses.
J'ai tellement de choses à dire dans tout ce que j'ai découvert, alors je choisi le détail qui me semble le plus juste.
Vous faites partie de ces auteurs dont le succès, en tout cas pour les premiers titres, a beaucoup fonctionné par le bouche à oreille et par le soutien des libraires.
Les libraires, c'est important pour vous, indispensable aujourd'hui ? Parce que vous les remerciez à la fin de l'ouvrage.
J'ai tenu à les remercier parce que ça fait dix ans qu'ils me défendent. Je dis toujours que l'auteur est le coeur du métier puisque nous apportons aux éditeurs l'histoire, mais les libraires sont les poumons. Sans eux on n'existe pas. Ils apportent le souffle, ils nous défendent.
Ce sont eux qui nous font découvrir. Si on a une grande couverture de média, très bien et encore, les gens aiment bien quand il y a un contact humain et le libraire est un contact humain.
J'ai des libraires qui me soutiennent depuis « Valentine », mon premier roman à caractère historique et je leur suis reconnaissante. Pour moi un auteur n'existe pas vraiment sans eux.
Si vous deviez définir votre style d'écriture, que diriez-vous ?
De l'émotion. De l'émotion avec une vérité historique. C'est surtout ça. Et ne pas avoir peur de ces émotions que la littérature française a un peu regardé de haut ces dernières années.
J'étais très contente de voir le succès du Goncourt cette année avec Pierre Lemaître qui lui-même se définit comme un écrivain populaire dans le bon sens du terme et c'est ça l'écriture.
L'écriture vous rend heureuse ?
Oui, c'est ma passion.
Votre actualité Theresa Révay, votre nouveau titre « L'autre rive du Bosphore », c'est aux éditions Belfond.
Philippe Chauveau :
Bonjour Theresa Révay. Merci de nous recevoir. Votre actualité chez Belfond « L'autre rive du Bosphore ». C'est votre nouveau titre. Le premier c'était en 1988, « L'ombre d'une femme » à la Table ronde. Lorsque vous regardez en arrière, votre parcours littéraire, comment l'analysez-vous ? Est-ce qu'il y a une évolution ?
Theresa Révay :
Il y a une évolution puisque j'avais commencé à écrire des romans contemporains – j'en ai écrit deux – et j'étais pas à l'aise dans notre époque, il faut croire. Et en fait, j'ai arrêté d'écrire pendant dix ans, j'ai fait beaucoup de traduction et j'ai été lecteur pour différentes maisons d'édition, jusqu'à trouver ce que j'appelle ma distance. A la fois les repères qui sont le 20e siècle et le roman à caractère historique qui m'intéresse. J'ai trouvé cette distance depuis quelques années et maintenant je m'épanouie complètement dans ces romans qui brossent un peu l'époque du 20e siècle.
Philippe Chauveau :
Il y a des auteurs qui vous ont influencé ? Des auteurs qui vous ont donné envie d'écrire et qui vous ont donné envie d'aborder le roman historique ?
Theresa Révay :
Ce qui a été le plus marquant pour moi, vers l'âge de 15 ans, c'était « La lumière des Justes » d'Henri Troyat. C'était vraiment ce que je défini comme marqueur. J'avais infiniment aimé ce livre, j'avais aimé sa manière de parler de l'histoire à travers des personnages et avec de l'émotion.
Philippe Chauveau :
Faites vous une différence entre votre travail d'auteur et votre travail de traductrice ?
Theresa Révay :
Il y a le côté du passeur chez le traducteur, donc c'est amener un auteur qu'on aime bien vers d'autres lecteurs. Il faut respecter son univers, sa musique d'écriture. Donc ça se rejoint, mais ce sont deux domaines différents.
Philippe Chauveau :
Ce qui fait votre force, c'est à la fois votre écriture romanesque, mais aussi la précision que vous mettez dans vos recherches, dans votre documentation. On l'a vérifié dans « Dernier été à Mayfair », dans « La louve blanche » et aujourd'hui dans « L'autre rive du Bosphore ». Comment travaillez-vous pour conjuguer les deux ? Le plaisir de l'écriture et la recherche historique.
Theresa Révay :
Il faut décanter et on renonce à beaucoup de choses. Je fais un an de documentation, en bibliothèque beaucoup, puis je me déplace, je fais des interviews et je ramasse une multitude de détails et d'anecdotes. Et à partir de là, je dois décanter et ce sont mes personnages dont la vie doit apporter le détail historique pour pas que ça devienne ennuyeux ou pédant à la lecture. Il faut éviter. Je renonce à beaucoup de choses. J'ai tellement de choses à dire dans tout ce que j'ai découvert, alors je choisi le détail qui me semble le plus juste.
Philippe Chauveau :
Vous faites partie de ces auteurs dont le succès, en tout cas pour les premiers titres, a beaucoup fonctionné par le bouche à oreille et par le soutien des libraires. Les libraires, c'est important pour vous, indispensable aujourd'hui ? Parce que vous les remerciez à la fin de l'ouvrage.
Theresa Révay :
J'ai tenu à les remercier parce que ça fait dix ans qu'ils me défendent. Je dis toujours que l'auteur est le coeur du métier puisque nous apportons aux éditeurs l'histoire, mais les libraires sont les poumons. Sans eux on n'existe pas. Ils apportent le souffle, ils nous défendent. Ce sont eux qui nous font découvrir. Si on a une grande couverture de média, très bien et encore, les gens aiment bien quand il y a un contact humain et le libraire est un contact humain. J'ai des libraires qui me soutiennent depuis « Valentine », mon premier roman à caractère historique et je leur suis reconnaissante. Pour moi un auteur n'existe pas vraiment sans eux.
Philippe Chauveau :
Si vous deviez définir votre style d'écriture, que diriez-vous ?
Theresa Révay :
De l'émotion. De l'émotion avec une vérité historique. C'est surtout ça. Et ne pas avoir peur de ces émotions que la littérature française a un peu regardé de haut ces dernières années. J'étais très contente de voir le succès du Goncourt cette année avec Pierre Lemaître qui lui-même se définit comme un écrivain populaire dans le bon sens du terme et c'est ça l'écriture.
Philippe Chauveau :
L'écriture vous rend heureuse ?
Theresa Révay :
Oui, c'est ma passion.
Philippe Chauveau :
Votre actualité Theresa Révay, votre nouveau titre « L'autre rive du Bosphore », c'est aux éditions Belfond.
Theresa Révay
L'autre rive du Bosphore
Le livre 3'57Dans ce nouveau titre Theresa Révay, « L'autre rive du Bosphore », vous nous entraînez dans une période et une contrée qui est assez peu explorée par les romanciers.
Nous sommes dans la Turquie de l'immédiate après-guerre, à la fin du premier conflit mondial, lorsque les vainqueurs vont essayer de se partager le gâteau et que le nationalisme turc va surgir. Qu'est ce qui vous a donné envie de placer votre nouvelle intrigue à Istanbul en 1919 ?
J'avais envie de parler de la chute de l'Empire ottoman puisque ce qui m'intéresse, ce sont la chute des empires. L'Empire ottoman me menait forcément à Istanbul et j'ai découvert que la ville avait été occupée par les alliés, comme Berlin l'avait été en 1945,
toujours par les mêmes alliés, mais dans des circonstances différentes et j'ai trouvé qu'il y avait une unité de lieu, de temps et d'action, j'ai trouvé ça absolument formidable et il y a un échiquier qui est magique dans cette ville universelle qu'est Constantinople.
C'est une grande page d'histoire que l'on connaît assez peu. On a tendance à se dire que la première guerre mondiale s'est terminée le 11 novembre 1918 et on oublie les conséquences de cette fin de conflit sur les autres territoires.
Les conséquences dévastatrices de la fin de la première guerre avec les traités de « paix », dit-on, et qui ont en fait morcelés l'Europe entière
et pour l'Empire ottoman il s'agissait du traité de Sèvres – pour l'Allemagne le traité de Versailles, pour l'Autriche-Hongrie Trianon et St-Germain – mais Sèvres aurait été une destruction absolue de l'Empire ottoman.
Il ne restait rien de la Turquie. Et un homme providentiel qu'est Mustafa Kemal, a, du néant, tiré un pays qu'est celui que nous connaissons aujourd'hui.
Dans ce roman, de 1919 à 1922, vous allez retracer le conflit entre la Turquie et la Grèce. Ce sera le décors de votre roman et puis les personnages qui vont s'imposer à nous.
Nous sommes dans une bonne famille de la société d'Istanbul avec Leïla et son époux qui est secrétaire du sultan. Il y a la belle-mère qui est une ancienne esclave affranchie qui règne un peu en despote sur cette famille.
Et à la suite du conflit la famille va être obligée d'accueillir un militaire français et son épouse et leu enfants. C'est véridique tout ça. Vos personnages sont imaginés, mais ce sont des situations qui ont existées.
Ils incarnent une réalité. Toujours. Les psychologies et les faits sont véridiques. Certaines maisons d'Istanbul avaient été réquisitionnées.
D'autres famille stambouliotes avaient été chassées de chez elle en 48 heures pour donner place aux Anglais et aux Français qui ont vraiment occupés la ville.
C'était là encore magique pour une romancière de créer ce tourbillon entre les Turcs qui entraient dans le 20e siècle et puis nos Occidentaux.
Il y a une scène qui est bouleversante dans le roman, c'est l'incendie de Smyrne, avec tous ces Chrétiens qui vont être pris au piège, qui vont mourir dans des conditions atroces.
On est vraiment au coeur du drame avec ce personnage de Rose que nous allons suivre. Comment arrivez-vous à retransmettre cette émotion là ?
C'est se mettre dans la peau du personnage. C'est s'imaginer comme un acteur à la place du personnage, dans les rues qui sont en train de brûler. Elle cherche sa fille. L'incendie de Smyrne a été un des grands désastres de cette époque.
Il faut vivre l'événement qu'on découvre dans les livres d'histoire en empathie avec son personnage. Qu'est-ce qu'elle voit ? Qu'est-ce qu'elle sent ? Qu'est-ce qu'elle entend ? Quelle est sa réaction, sa peur, son angoisse ?
C'est d'essayer de donner ça avec tous les détails historiques. Où sont placées les troupes ? Qui a fait quoi ? Ca c'est l'arrière-plan et puis après c'est vraiment l'émotion du personnage.
Merci Theresa Révay pour ce beau roman qui nous entraîne dans la Turquie de l'immédiate après-guerre. Ca s'appelle « L'autre rive du Bosphore », c'est votre nouveau roman et c'est aux éditions Belfond.
Philippe Chauveau :
Dans ce nouveau titre Theresa Révay, « L'autre rive du Bosphore », vous nous entraînez dans une période et une contrée qui est assez peu explorée par les romanciers. Nous sommes dans la Turquie de l'immédiate après-guerre, à la fin du premier conflit mondial, lorsque les vainqueurs vont essayer de se partager le gâteau et que le nationalisme turc va surgir. Qu'est ce qui vous a donné envie de placer votre nouvelle intrigue à Istanbul en 1919 ?
Theresa Révay :
J'avais envie de parler de la chute de l'Empire ottoman puisque ce qui m'intéresse, ce sont la chute des empires. L'Empire ottoman me menait forcément à Istanbul et j'ai découvert que la ville avait été occupée par les alliés, comme Berlin l'avait été en 1945, toujours par les mêmes alliés, mais dans des circonstances différentes et j'ai trouvé qu'il y avait une unité de lieu, de temps et d'action, j'ai trouvé ça absolument formidable et il y a un échiquier qui est magique dans cette ville universelle qu'est Constantinople.
Philippe Chauveau :
C'est une grande page d'histoire que l'on connaît assez peu. On a tendance à se dire que la première guerre mondiale s'est terminée le 11 novembre 1918 et on oublie les conséquences de cette fin de conflit sur les autres territoires.
Theresa Révay :
Les conséquences dévastatrices de la fin de la première guerre avec les traités de « paix », dit-on, et qui ont en fait morcelés l'Europe entière et pour l'empire ottoman il s'agissait du traité de Sèvres – pour l'Allemagne le traité de Versailles, pour l'Autriche-Hongrie Trianon et St-Germain – mais Sèvres aurait été une destruction absolue de l'Empire ottoman. Il ne restait rien de la Turquie. Et un homme providentiel qu'est Mustafa Kemal, a, du néant, tiré un pays qu'est celui que nous connaissons aujourd'hui.
Philippe Chauveau :
Dans ce roman, de 1919 à 1922, vous allez retracer le conflit entre la Turquie et la Grèce. Ce sera le décors de votre roman et puis les personnages qui vont s'imposer à nous. Nous sommes dans une bonne famille de la société d'Istanbul avec Leïla et son époux qui est secrétaire du sultan. Il y a la belle-mère qui est une ancienne esclave affranchie qui règne un peu en despote sur cette famille. Et à la suite du conflit la famille va être obligée d'accueillir un militaire français et son épouse et leu enfants. C'est véridique tout ça. Vos personnages sont imaginés, mais ce sont des situations qui ont existées.
Theresa Révay :
Ils incarnent une réalité. Toujours. La psychologie et les faits sont véridiques. Certaines maisons d'Istanbul avaient été réquisitionnées. D'autres famille stambouliotes avaient été chassées de chez elle en 48 heures pour donner place aux Anglais et aux Français qui ont vraiment occupés la ville. C'était là encore magique pour une romancière de créer ce tourbillon entre les Turcs qui entraient dans le 20e siècle et puis nos Occidentaux.
Philippe Chauveau :
Il y a une scène qui est bouleversante dans le roman, c'est l'incendie de Smyrne, avec tous ces Chrétiens qui vont être pris au piège, qui vont mourir dans des conditions atroces. On est vraiment au coeur du drame avec ce personnage de Rose que nous allons suivre. Comment arrivez-vous à retransmettre cette émotion là ?
Theresa Révay :
C'est se mettre dans la peau du personnage. C'est s'imaginer comme un acteur à la place du personnage, dans les rues qui sont en train de brûler. Elle cherche sa fille. L'incendie de Smyrne a été un des grands désastres de cette époque. Il faut vivre l'événement qu'on découvre dans les livres d'histoire en empathie avec son personnage. Qu'est-ce qu'elle voit ? Qu'est-ce qu'elle sent ? Qu'est-ce qu'elle entend ? Quelle est sa réaction, sa peur, son angoisse ? C'est d'essayer de donner ça avec tous les détails historiques. Où sont placées les troupes ? Qui a fait quoi ? Ca c'est l'arrière-plan et puis après c'est vraiment l'émotion du personnage.
Philippe Chauveau :
Merci Theresa Révay pour ce beau roman qui nous entraîne dans la Turquie de l'immédiate après-guerre. Ca s'appelle « L'autre rive du Bosphore », c'est votre nouveau roman et c'est aux éditions Belfond.
Theresa Révay
L'autre rive du Bosphore
L'avis du libraire 1'32Le dernier livre de Thérésa Révay, comme tous ses livres, nous les conseillons à tout le monde, il n'y a pas de sexe. Thérésa Révay est une femme passionnée. Cette fois-ci, elle a décidé d'aller sur les rives du Bosphore, de nous emmener à Istambul à la fin de la 1ère guerre mondiale.
Et à travers son héroïne, Leyla, nous allons pouvoir découvrir comment s'est passé cet énorme drame du partage de la Turquie. Bien sûr, Thérésa, en plus de la casquette de romancière est une historienne.
Donc c'est ça l'intérêt, c'est qu'à chaque fois, nous apprenons des choses. Et à travers cette passion, à travers cette femme, Leyla, qui va essayer avec Mustafa Kemal, de réunifier la Turquie, on va apprendre tout ce qui s'est passé au lendemain de la 1ère guerre mondiale.
Par rapport aux autres oeuvres de Thérésa Révay, je dirais que c'est toujours à chaque fois un peu plus abouti. Elle garde toujours l'histoire du 20ème siècle à travers l'Europe, donc là c'est la Turquie, avant c'est l'Angleterre,ça a été la Russie.
Mais il y a cette plume qui s'affine, il y a sa passion qui est là et surtout, il y a ce côté historique qui devient de plus en plus précis, et ça c'est un vrai bonheur pour moi.
J'ai cru comprendre qu'elle mettait trois ans à chaque fois pour écrire un livre et ça se sent, non pas parce qu'il y a des dates, mais parce que tout est exact, tout est juste et on sent vraiment les personnages vivre.
Thérsa Révay, pour un libraire, c'est vraiment une manne parce que, à chaque fois, tous les client sont contents, donc j'ai envie de dire : Thérésa Révay, écrivez plus souvent, faites-nous plus de livres !