Adrien Goetz est un passionné d’Histoire et d’histoire de l’Art. Enseignant à la Sorbonne, il collabore également à différentes publications artistiques.
En 2003, Adrien Goetz se lance dans l’écriture avec un premier roman Webcam, où le héros est un artiste contemporain imaginaire dans lequel on peut retrouver quelques traits de la figure du génial artiste Balthus. D’autres titres suivront, toujours inspirés par l’Art, La dormeuse de Naples, Une petite légende dorée, ou encore A bas la nuit.
En 2007, avec Intrigue à l’anglaise, Adrien Goetz nous entraîne à Bayeux ou Pénélope, une jeune conservatrice de musée est amenée à enquêter sur la fameuse tapisserie de la Reine Mathilde. Avec une écriture enlevée, un style alerte, une documentation très précise et un humour corrosif, Adrien Goetz a su trouver son public.
Avec Intrigue à Versailles, publié chez Grasset, on retrouve donc Pénélope, notre Sherlock Holmes en jupon, toujours flanquée de son éternel amoureux transi, Wandrille. Et dès les premières pages, on est embarqué dans une aventure où le palais de Louis XIV devient un lieu de mystères et d’énigmes.
Adrien Goetz est notre invité sur WTC.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Bonjour Adrien Goetz.

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : Bonjour Philippe Chauveau.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci d’être avec nous sur Web Tv Culture. Intrigue à Versailles, c’est votre nouveau livre sur lequel on reviendra dans un instant. Mais qui êtes-vous ? Je sais que vous êtes passionné d’Histoire, passionné d’histoire de l’Art. Comment est né, justement, cet amour pour l’art et l’Histoire en général ?

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : Alors moi j’enseigne l’histoire de l’Art, c’est mon métier, je suis maître de conférence à la Sorbonne, à Paris IV. Le soir, quand j’ai fini de corriger les copies de mes étudiants et de préparer mes cours, j’invente des histoires et j’écris des romans qui partent de cette passion pour l’Histoire et pour l’histoire de l’Art, et peut-être, aussi, à chaque fois, de souvenirs d’enfance. C’est-à-dire que les premières visites du Château de Versailles sont des choses, pour moi, inoubliables ou bien pour mon roman précédent, Intrigue à l’anglaise, c’était la découverte de la tapisserie de Bayeux ; je crois que j’avais sept ou huit ans, je ne l’ai jamais oubliée. Donc à travers le roman, j’essaie de prolonger ces enthousiasmes d’enfance.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Est-ce que l’Art pour vous c’est une façon pour l’humanité, pour l’homme en général de laisser une trace, de marquer un territoire. C’est quoi l’Art ?

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : Ça, c’est une énorme question ! En réalité, je pense que ce qui m’intéresse c’est que l’on a, à chaque fois, plusieurs regards possibles sur une œuvre d’art. Et la démarche de l’historien de l’Art, c’est aussi celle de l’enquêteur, c’est-à-dire qu’entre l’historien de l’Art qui réunit des preuves, des indices, qui va chercher des documents et l’enquêteur qui est le protagoniste d’une intrigue de type policière, il n’y a pas une grande différence. Et ça, c’est ce qui m’a intéressé, ce qui me pousse à écrire des romans dans ce domaine, avec toujours à l’arrière-plan les musées, les monuments, les chefs d’œuvre, les conservateurs, les commissaires-priseurs… Tout ce monde de l’Art est en réalité très proche de l’univers de l’enquête.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Aujourd’hui vous écrivez des romans, mais on retrouve aussi votre plume en presse magazine, une presse spécialisée dans l’Art ; vous êtes aussi dans Le Figaro. C’est une envie aussi de pouvoir avoir plusieurs supports d’écriture ?

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : Oui et puis c’est aussi le prolongement de mes cours pour des étudiants de première ou deuxième année. C’est-à-dire que j’aime bien essayer d’expliquer les choses et de les faire passer à un public large et ouvert, donc chaque Lundi dans Le Figaro ou bien dans Grande galerie, le journal du Louvre qui existe depuis maintenant plus de deux ans et dont je suis le rédacteur en chef et qui est toute l’actualité du Louvre chaque saison, chaque trimestre.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Et l’envie d’écrire des romans alors, d’où vient-elle ?

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : L’idée d’écrire des romans se rattachant à l’histoire de l’Art ou à des mystères artistiques, c’est venu de la lecture de ce qui serait mes grands modèles : Maurice Leblanc, les aventures d’Arsène Lupin ou bien la série des Rouletabille. Voilà ce que je lisais quand j’avais quinze ans et effectivement je crois qu’il y a une tradition qu’il faut poursuivre.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Adrien Goetz, c’est un mélange de Sherlock Holmes, d’Agatha Christie, de Maurice Leblanc, vous nous le disiez. Vous essayez de puiser un peu dans toutes ces inspirations ou c’est vraiment Adrien Goetz qui écrit?

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : Il y a une part de jeux et de parodie évidemment, bien sûr. Et puis, ce sont des modèles qui sont très significatifs pour moi. En même temps si vous me dites que vous retrouvez quelque chose qui n’appartient qu’à moi, je suis un auteur comblé bien sûr !

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Vos projets pour demain ? On va retrouver Pénélope dans d’autres aventures ou vous avez envie d’écrire autre chose ?

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : Oui, on retrouvera Pénélope. J’ai en tête les trois prochains hauts lieux historiques où elle mènera de nouvelles enquêtes, de nouvelles intrigues. Mais le roman que je publierai l’année prochaine, je crois, n’aura rien à voir avec cette série et sera beaucoup plus proche d’un roman que j’avais publié, il y a quelques années, qui s’intitulait La dormeuse de Naples. Ça sera un roman qui se passera au XIXe siècle, dans une atmosphère tout à fait différente d’Intrigue à Versailles.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Adrien Goetz. Intrigue à Versailles, c’est votre nouveau roman publié chez Grasset.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Adrien Goetz, Intrigue à Versailles, c’est aux éditions Grasset. On retrouve avec plaisir Pénélope. Alors Pénélope, nous l’avions découverte grâce à vous, du côté de Bayeux, où elle était conservatrice.

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : C’était son premier poste.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Comment est-il né ce personnage ?

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : J’ai beaucoup d’amis qui sont des conservatrices, de jeunes conservateurs du patrimoine et qui me racontent tout ce qui leur arrive, comment ils découvrent les lieux dans lesquels ils sont affectés, les premiers postes, les deuxièmes postes, les débuts de carrière au milieu des œuvres d’art qui sont leur passion et avec aussi des éléments très intriguants. Et puis de grandes déceptions…enfin j’ai eu envie de raconter tout ça. Donc Pénélope est accompagnée de Wandrille, ils vivent ensemble depuis plusieurs années, en n’arrivant jamais à habiter sous le même toit. Quand l’un était à Paris l’autre était à Bayeux, à Versailles, ils se rapprochent, mais ne sont jamais vraiment tout le temps ensemble. Wandrille est un jeune journaliste, un peu touche-à-tout, un peu superficiel en apparence, mais qui souvent voit juste. C’est-à-dire que Pénélope, trop plongée dans ses livres, trop historienne, ne voit pas souvent des choses qui crèvent les yeux et qui sont là. Donc ils se complètent très bien et forment un duo que j’espère retrouver dans d’autres épisodes. Il y a 2 volumes, mais il y aura sans doute d’autres enquêtes de Pénélope et Wandrille.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Pénélope est donc mutée au château de Versailles, elle y débarque en Décembre 1999 ; la date n’est pas anodine.

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : On sait que l’on va vers le cataclysme. C’est-à-dire que je voulais commencer un roman policier dont le lecteur puisse pressentir la fin. C’est à dire une sorte de goût du paradoxe ; je ne voulais pas du tout qu’il devine la clé de l’énigme, mais qu’il sente dès le début qu’on allait vers le déluge et que la grande tempête de 1999 était à l’horizon. Et ça, je voulais qu’on le sente comme un compte à rebours. Le livre commence fin novembre, on a la date au début de chaque chapitre et on sait que la tornade va se déchaîner sur Versailles à l’horizon de la fin du livre.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : On retrouve une chinoise morte dans le Grand canal, on retrouve un doigt coupé dans une commode, il y a des messes noires au fond du parc… Mais Versailles, c’est un Cluedo géant ?

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : Ah mais Versailles c’est ça ! L’architecture appelle ce type d’intrigue. Quand vous visitez Versailles, vous vous rendez compte tout de suite qu’il y a des doubles-fonds, que c’est une grande machinerie à faire apparaître, disparaître des objets ou des fantômes. On m’a laissé, à Versailles, tout regarder, tout voir, écrire beaucoup sur place. J’ai été très frappé par ça. Je n’ai pas vu de cadavre, mais j’ai vu des choses très étranges que j’ai essayé de raconter dans ce livre.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Le livre est destiné au plaisir du lecteur parce que c’est un livre assez jubilatoire. Il y a vraiment du plaisir, mais derrière il y a beaucoup de travail j’imagine. Que ce soit sur l’architecture de Versailles, que ce soit sur l’histoire des jansénistes notamment. Vous avez travaillé comment ce roman ?

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : Oui, enfin, j’aimerais que le travail ne se sente pas en réalité. Je ne sais pas si j’y suis arrivé. Mais j’ai beaucoup lu. J’ai, à la fin, dix pages où le lecteur qui est soucieux de mêler le vrai du faux, peut essayer de voir quelles sont mes sources et de comprendre qu’il y a beaucoup de choses qui paraissent totalement invraisemblables et qui évidemment sont authentiques. Donc j’ai réservé pour la fin cette partie « bibliographique ». Mais en réalité, quand j’écris un roman de ce type, je referme tous les livres, j’essaie de les oublier et de faire vraiment une histoire, de faire une intrigue et de lancer ma petite Pénélope à la recherche de l’assassin, de celui qui a tué cette jeune femme et qui a jeté son cadavre dans le bassin.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Votre regard sur Versailles a t-il changé depuis que vous y avez fait évoluer Pénélope ?

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : Oui bien sûr parce que, pendant un an, j’ai pris des notes à Versailles, on m’a laissé m’y promener, tout regarder et je connais aujourd’hui, je crois, assez bien Versailles. J’espère que cette passion, je peux la communiquer à travers ce livre.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Merci beaucoup Adrien Goetz.

Adrien Goetz (Intrigue à Versailles) : Merci Philippe Chauveau.

Philippe Chauveau (Web Tv Culture) : Intrigue à Versailles, c’est donc votre nouveau roman et c’est aux éditions Grasset.

Les Cahiers de Colette
23/25, rue Rambuteau
75004 PARIS
tél : 01 42 72 95 06


Adrien Goetz est un auteur que j’ai connu finalement avec son premier roman, qui était La dormeuse de Naples. C’est un historien d’art très très brillant. Tout de suite j’ai reconnu le talent, l’élégance de cet auteur, avec l’élégance d’écriture, cette érudition mais qui reste légère dans on écriture. Et je me suis dit : « C’est un écrivain, il a son univers ».
Et en plus, l’homme est absolument super. Je pense que ce que j’aime aussi chez lui, c’est qu’il est à la fois un passeur de son érudition de façon très légère mais en fait dans tous ses romans, qu’ils soient en littérature blanche ou en noire, il fait vraiment passer son érudition artistique. Je pense que ça va être une série avec son personnage récurrent Pénélope. On retrouve toutes ces qualités, plus celle de l’intrigue parce que l’on est vraiment pris par l’intrigue policière. Déjà dans le précédent, dans Intrigue à l’anglaise.
C’est le genre de littérature noire que j’adore. Il a un public très large et aussi transgénérationnel, pas uniquement du tout sa génération. Il a un public de gens plus âgés et aussi de gens plus jeunes, et ça, quand un écrivain arrive à toucher des tranches d’âges différentes, c’est vraiment très très bien. Ça veut dire qu’il se vendra longtemps. Ce que je sais aussi, c’est qu’Adrien Goetz est promis à un brillant avenir littéraire, ça c’est évident.