Franck Thilliez est un drôle de personnage. Sous ces airs de garçon sympathique se cache en fait le diable. Plus concrètement, quand on connait la gentillesse, la simplicité, l’humilité de l’auteur de « Gataca » ou « L’anneau de Moebius », on s’interroge toujours sur la façon dont peuvent naître les incroyables et sinistres intrigues que nous propose Franck Thilliez dans ses différents romans. Et que de chemin parcouru. Depuis « La chambre des morts » en 2004, son premier succès, il est devenu l’un des...
Rediffusion - Samedi 20 avril de Franck Thilliez - Présentation - Suite
Philippe Chauveau
Bonjour Franck Thilliez.
Franck Thilliez
Bonjour
Philippe Chauveau
Votre actualité chez Fleuve Noir c'est Rêver. Que de chemin parcouru depuis 2002... 2002, c'était Conscience animale. 2004, il y a eu Train d'enfer pour ange rouge et puis après La chambre des morts et le succès que l'on sait. Quand vous regardez en arrière, comment analysez-vous tout cela ?
Franck Thilliez
Déjà ça passe très très vite. Je me rends compte que ça fait 15 ans que j'écris. 15 romans, donc le temps file. Je le vois bien...
Rediffusion - Samedi 20 avril de Franck Thilliez - Portrait - Suite
Philippe Chauveau
Dans ce nouveau titre, Franck Thilliez, nous découvrons Abigaël. Abigaël a une petite fille qui s'appelle Léa, elle est psychologue et elle travaille très régulièrement avec la police, elle aide les policiers dans leur enquête, et là il y a une enquête avec une disparition d'enfants, plusieurs enfants qui ont disparu à 3 mois d'intervalle. Abigaël, est une psychologue, mais elle a surtout un problème médical. Elle est victime de narcolepsie. Elle peut être prise par le sommeil n'importe où, n'importe...
Rediffusion - Samedi 20 avril de Franck Thilliez - Le livre - Suite
Rêver
Franck Thilliez
Présentation 2'05Franck Thilliez est un drôle de personnage. Sous ces airs de garçon sympathique se cache en fait le diable. Plus concrètement, quand on connait la gentillesse, la simplicité, l’humilité de l’auteur de « Gataca » ou « L’anneau de Moebius », on s’interroge toujours sur la façon dont peuvent naître les incroyables et sinistres intrigues que nous propose Franck Thilliez dans ses différents romans. Et que de chemin parcouru. Depuis « La chambre des morts » en 2004, son premier succès, il est devenu l’un des auteurs de thrillers les plus réputés et les plus vendeurs, ses livres étant traduits un peu partout dans le monde mais aussi l’un des romanciers dont la plume est recherchée puisqu’il participe à l’élaboration de scenarii. Enfin, consécration, une exposition a récemment été présentée au Palais de Tokyo à Paris dans laquelle les artistes étaient invités à travailler sur une thématique inspirée par Franck Thilliez.
Dans ce nouveau roman « Rêver », délaissant les personnage de Franck Sharko et Lucie Hennebelle, ce couple policiers que nous avons suivi dans de précédentes intrigues, Franck Thilliez nous emmène cette fois-ci sur les pas d’Abigaël, mère d’une petite Léa. Abigaël est une psychologue réputée qui travaille régulièrement avec la police. Une nouvelle affaire l’entraine à enquêter sur la disparition de quatre enfants. Mais Abigaël est atteinte de narcolepsie, un trouble du sommeil handicapant qui peut la prendre n’importe où et n’importe quand. Abigaël a besoin de repos. Son père décide de l’emmener pour un week-end salvateur. Mais sur la route, c’est l’accident. Abigaël est la seule survivante. Son père qui conduisait et sa petite Léa sont morts. Que s’est-il passé ? Abigaël n’a rien vu, elle s’était endormie dès les premiers kilomètres. Forcément, vous avez envie d’en savoir plus. Plongez dans le nouveau roman de Franck Thilliez. Mais attention, c’est un cauchemar éveillé que vous allez vivre. Je vous l’ai dit, Franck Thilliez est le diable ! Vous allez frissonner, vous allez voir peur et vous allez adorer ça.
« Rêver » de Franck Thilliez est publié aux éditions Fleuve Noir
Rêver
Franck Thilliez
Portrait 5'58Philippe Chauveau
Bonjour Franck Thilliez.
Franck Thilliez
Bonjour
Philippe Chauveau
Votre actualité chez Fleuve Noir c'est Rêver. Que de chemin parcouru depuis 2002... 2002, c'était Conscience animale. 2004, il y a eu Train d'enfer pour ange rouge et puis après La chambre des morts et le succès que l'on sait. Quand vous regardez en arrière, comment analysez-vous tout cela ?
Franck Thilliez
Déjà ça passe très très vite. Je me rends compte que ça fait 15 ans que j'écris. 15 romans, donc le temps file. Je le vois bien par rapport à La chambre des morts qui a été vraiment le gros succès qui m'a lancé qui a aujourd'hui 11 ans. Donc vraiment le temps passe vite. Je suis très heureux d'en être où j'en suis aujourd'hui, d'avoir vraiment des lecteurs qui me suivent et qui m'ont suivi depuis le tout début.
Philippe Chauveau
Des lecteurs fidèles et puis des lecteurs aussi un peu partout dans le monde puisque vous êtes traduit, vos livres sont connus maintenant dans le monde entier. Ca vous a permis aussi depuis la Chambre des morts d'arrêter votre travail. Vous étiez dans l'informatique mais aujourd'hui c'est l'écriture. Ca a changé quoi finalement le fait de vous consacrer entièrement à l'écriture. Est-ce que parfois vous avez eu peur peut-être de vous couper de la vraie vie ?
Franck Thilliez
Oui, alors c'est important de justement de garder les pieds sur terre, de ne pas trop s'isoler. C'est vrai que l'écriture est un travail très très solitaire. Moi je suis passé du milieu de l'entreprise, donc des réunions, des rencontres le matin, le petit café du matin etc... à quelque chose qui est très solitaire. Moi, dans mon bureau, face à mon ordinateur, et finalement, seul maître à bord, seul maître de ma destinée, donc je dirais que ce passage-là est assez complexe au départ, je pense qu'il faut avoir une bonne discipline, se dire qu'aujourd'hui, l'écriture est devenue le métier, l'activité, et se plier vraiment à cette démarche de s'y mettre un peu tous les jours, comme si finalement, j'allais au bureau, même si l'écriture est beaucoup plus agréable. Mais ce sont des romans, le roman policier ou le thriller, qui demandent beaucoup d'organisation et de travail et de sérieux.
Philippe Chauveau
Et de contacts aussi puisque je sais que pour préparer vos romans, vous êtes très vigilant à la véracité de vos popos, donc vous travaillez notamment avec des personnes que vous connaissez dans la police, dans les milieux médicaux, donc vous avez quand même des contacts.
Franck Thilliez
Oui, alors les contacts se sont développés, se sont agrandis au fur et à mesure de l'écriture. C'est à dire qu'à chaque fois que j'allais à une séance de dédicaces, à la rencontre des lecteurs, parmi eux il y avait des médecins, des policiers, des chercheurs qui venaient me voir et qui me proposaient leur aide en me laissant leur carte. Donc finalement, ce petit réseau du départ a grandi et c'est vrai qu'à chaque roman, j'aime beaucoup aller à la rencontre de ces personnes-là, de leur métier, pour finalement donner vraiment de la véracité scientifique et policière à mes histoires et aussi pour épaissir mes personnages, pour les rendre très crédibles.
Philippe Chauveau
En une dizaine d'années, vous êtes donc devenu, n'ayons pas peur des mots, le maître du thriller à la française. Vous publiez pratiquement un livre par an. Parfois vous vous faites peur devant votre ordinateur lorsque vous imaginez toutes ces histoires, toutes plus terrifiantes les unes que les autres.
Franck Thilliez
Ca m'arrive, c'est-à-dire que c'est vrai que j'aborde des sujets qui sont très très sombres, qui sont toujours des dysfonctionnements, c c'est-à-dire je vais creuser la matière la plus noire de notre société pour essayer d'en extraire des histoires donc, c'est vrai que je suis confronté à ces éléments-là. Après, j'arrive à quand même garder cette vraie distance entre la personne que je suis et les histoires que je raconte, un peu comme un médecin où un médecin légiste qui pratique des actes toute la journée sur des cadavres mais finalement, c'est son métier, il est là pour aider la police, une fois qu'il a quitté son institut médico légal, il laisse un peu ses morts de côté, il retrouve sa vie normale. Donc j'arrive à avoir cette distance qui m'aide à mener une vie on va dire normale et équilibrée, et non, je ne suis pas un psychopathe, je peux le dire officiellement.
Philippe Chauveau
Ca nous rassure. Ce qui est très révélateur de votre réputation de votre renommée aujourd'hui, c'est que vous êtes aussi sollicité pour le cinéma, la télévision. Vous collaborez à l'écriture de certains scenari. Et puis il y a eu cette aventure au Palais de Tokyo où là c'est carrément une exposition dont vous avez été le centre puisque des artistes ont travaillé à partir d'une thématique que vous avez proposée. Comment vivez vous tout cela ? Vous vous dites, Franck Thilliez, ça devient presque une marque quelque part ?
Franck Thilliez
Oui... Alors c'est vrai que j'ai été ravi de cette expérience qui était unique du Palais de Tokyo. J'ai été sollicité pour écrire une nouvelle policière à partir de rien, c'est-à-dire d'imaginer une situation à partir de laquelle il allait y avoir une exposition d'art contemporain. C'est-à-dire que ce que je racontais avec des mots dans ma nouvelle allait se transformer en ambiance, en décor, et en œuvre d''art donc c'était quelque chose de vraiment unique. C'était finalement une adaptation très très particulière, et j'ai vraiment profité à 100% de cette expérience qui a beaucoup plu aussi à la fois aux amateurs d'art contemporain mais aussi aux personnes qui n'y connaissaient rien et qui sont allées se promener dans cette exposition.
Philippe Chauveau
Vous qui aimez terroriser vos lecteurs, vous passez de bonnes nuits, vous faites des cauchemars parfois, ça vous arrive ?
Franck Thilliez
J'en ai fait beaucoup quand j'étais adolescent, parce que justement, j'emmagasinais comme une éponge toutes ces images de films, et de lectures. Et c'est vrai que depuis que je me suis mis à écrire, tout ça est sorti. Aujourd'hui, j'ai vraiment un bon sommeil. Je crois que c'est nécessaire aussi. En ayant travaillé sans sommeil pour Rêver, je me rends compte que le sommeil est très très important, et on travaille aussi quand on dort, donc j'ai essayé de le mettre à profit pour les histoires
Philippe Chauveau
Donc vous aussi, vous allez perdre le sommeil, non seulement parce que vous n'allez pas pouvoir poser le livre mais aussi parce que vous allez être terrifié. C'est le nouveau Franck Thilliez, c'est Rêver chez Fleuve Noir.
Rêver
Franck Thilliez
Le livre 5'53Philippe Chauveau
Dans ce nouveau titre, Franck Thilliez, nous découvrons Abigaël. Abigaël a une petite fille qui s'appelle Léa, elle est psychologue et elle travaille très régulièrement avec la police, elle aide les policiers dans leur enquête, et là il y a une enquête avec une disparition d'enfants, plusieurs enfants qui ont disparu à 3 mois d'intervalle. Abigaël, est une psychologue, mais elle a surtout un problème médical. Elle est victime de narcolepsie. Elle peut être prise par le sommeil n'importe où, n'importe comment. D'où vient-il ce personnage, pourquoi avoir eu envie de traiter le sujet du sommeil, d'où le titre Rêver ?
Franck Thilliez
Le sujet du sommeil fait partie des grands sujets que j'aime et que j'ai envie de traiter dans mes livres. Je m'intéresse beaucoup à des sujets qui nous concernent et qui nous constituent en tant qu'être humains. J'ai écrit des romans sur la mémoire, sur la psychiatrie, sur l'ADN, sur le cerveau. Et voilà... le sommeil, c'est un des grands pans de notre vie à chacun. On passe un tiers de notre vie à dormir. Donc j'ai voulu le traiter. Après, il faut toujours trouver le moyen de traiter le thème dans une histoire policière, ou en tous cas une histoire à suspense. Les personnages sont toujours des bons moyens pour véhiculer le thème, donc il faut un personnage qui porte ce thème en lui, qui permet de le voir et très vite, je me suis orienté vers les maladies du sommeil, et j'ai découvert cette maladie, dont j'avais déjà entendu parler, qui est la narcolepsie, et elle était très intéressante dramatiquement parlant puisque, effectivement, ces personnages là sont des personnes fragiles, qui s'endorment un peu n'importe où et n'importe quand, mais surtout, elles confondent les rêves et la réalité, et ça c'était très intéressant quand on écrit comme moi des histoires où on essaye justement de perdre ses lecteurs entre fiction et réalité, donc c'était le personnage idéal.
Philippe Chauveau
Donc ce qui est passionnant, c'est que là, l'action se situe sur 6-7 mois à peu près, et d'un chapitre sur l'autre, on ne sait pas si l'on est dans la réalité, on en sait pas si l'on est dans un des rêves ou des cauchemars d'Abigaël. Vous nous faites jouer aussi avec des aller-retours, puisqu'à certains moment il y a d'ailleurs le moyen de se repérer en début de chaque chapitre, mais on fait des aller-retours dans l'histoire. Vous aviez envie un peu de brouiller les pistes pour votre lecteur. Vous êtes le diable.
Franck Thilliez
Le diable incarné ! Non, mais j'aime ça. Je considère le thriller comme un jeu avec le lecteur, c'est-à-dire que vous êtes le romancier, vous essayez de jeter les pièces de puzzle et c'est au lecteur de le reconstruire. J'aime vraiment faire réfléchir mon lecteur, le faire rendre la lecture ludique finalement, et puis c'est cohérent avec l'univers du rêve, puisque quand on rêve, les rêves sont très flous, on ne sait jamais quand ça débute, quand ça se termine, parfois c'est complètement mélangé, et j'ai voulu construire le roman à l'image finalement d'un rêve, y compris jusque dans le titre, puisque rêver, c'est ce que l'on appelle un palindrome, c'est un mot qu'on peut lire aussi bien à l'envers qu'à l'endroit. Celui là on peut même le lire dans un miroir. Et c'est important parce que quand on passe de l'éveil au sommeil, on traverse finalement le miroir qui est celui entre la réalité et l'imaginaire. Il y a toute la symbolique qui est présente dans le livre, y compris dans sa construction.
Philippe Chauveau
Alors on ne va pas trop rentrer dans l'intrigue parce qu'il ne faut pas déflorer l'histoire. Simplement, Abigaël est victime de cette narcolepsie, il y a cette enquête qui est difficile sur cette disparition d'enfant. Son père revient vers elle en lui disant, « écoute tu es fatiguée, on va partir tous les 3 passer quelques jours de vacances avec ta fille ». Ils montent en voiture, là c'est le drame, il y a un accident, Abigaël est la seule survivante, son père et sa fille meurent dans l'accident, sauf que forcément, elle ne se souvient de rien puisqu'elle s'était endormie dès les premiers kilomètres. Ca veut dire aussi que non seulement, il y a la police qui intervient, mais Abigaël est psychologue, il y a les problèmes relationnels avec son père, il y a les difficultés parfois de relation entre Abigaël et sa propre fille Léa. Elle a vraiment une consistance très importante Abigaël. Vous avez beaucoup travaillé à la personnalité de ce personnage. Vous faites le choix d'un personnage féminin pour l'héroïne, pourquoi ?
Franck Thilliez
C'est vrai que j'ai souvent des personnages féminins en héros, en moteur de mes romans. Pour celui là, c'est important. J'aime confronter mes personnages, donc un personnage féminin qui est confronté au milieu des hommes, c'est intéressant. La gendarmerie, c'est quand même un domaine très très masculin. Donc il y a de la matière dramatique quand on prend une femme et qu'on la confronte à ce milieu. C'est intéressant pour un romancier. Et puis une femme, parce que je trouve que les femme sont le fameux instinct maternel qui est extrêmement puissant. Il y a cette relation entre Abigaël et sa fille, ce lien extrêmement fort, c'est le moteur de la vie d'Abigaël, c'est ce qui lui permet presque de surpasser cette maladie. C'est vraiment son moteur, donc c'était intéressant de voir ce qui allait se passer quand justement sa fille meurt dans un accident, comment elle allait surmonter le drame, est-ce qu'elle serait assez forte... Donc voilà, j'ai trouvé intéressant que ce soit un personnage féminin qui mène ce combat et qui finalement, mène deux enquêtes, c'est-à-dire, l'enquête purement policière, elle vient en aide aux gendarmes pour apporter un profil psychologique et essayer d'attraper un kidnappeur d'enfants, et il y a aussi cette enquête sur elle-même, puisqu'il y a cette histoire d'accident, auquel elle réchappe mais d'une manière complètement incompréhensible, puisqu'elle est retrouvée à côté de la voiture, quasiment sans égratignure, alors que la voiture est comprimée. Et elle se demande ce qui s'est passé, donc elle va creuser en elle-même pour essayer de mener l'enquête, donc j'ai trouvé intéressant de creuser ce personnage aussi de manière très très psychologique.
Philippe Chauveau
En tous cas, félicitation pour ce roman vraiment bien ficelé qui est terrifiant. Et puis il y a cette face de renard, ce visage de renard sur la couverture mais on n'en dira pas plus, on comprend au fil des pages. Franck Thilliez, c'est votre actualité, ça s'appelle rêver, cauchemarder aurait été bien aussi. Et c'est aux éditions fleuve noir Merci beaucoup.
Franck Thilliez
Merci.