Après avoir été comédienne, Sophie Chauveau a choisi l'écriture. Tout en écrivant pur le théâtre, elle s'est lancée dans le roman avec « Débandade » en 1982, « Mémoires d'Hélène » en 1988 ou « Les belles menteuses » en 92, des romans qui donnaient la part belle à des personnages féminins puissants. Entre 2004 et 2007, c'est avec des biographies romancées de grands génies de la peinture italienne que Sophie Chauveau se fait connaître du grand public. « La passion Lippi », « Le rêve Botticelli » et...
Le livre, cadeau idéal ? de Sophie Chauveau - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Sophie Chauveau.Sophie Chauveau :Bonjour Philippe Chauveau.Philippe Chauveau :J'ai grand plaisir à vous accueillir. On commence à se connaître un peu puisque nous nous étions vu pour « Diderot », pour « Fragonard », mais je rappelle quand même que nous ne sommes pas de la même famille. Que les choses soient claires.Sophie Chauveau :Oui, il est important de le rappeler.Philippe Chauveau :Mais je le regrette. La famille, il en est fortement question dans votre dernier titre « Noces de charbon »...
Le livre, cadeau idéal ? de Sophie Chauveau - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Cette actualité Sophie Chauveau, c'est ce nouveau roman chez Gallimard avec cette belle couverture à laquelle vous avez collaboré « Noces de charbon ». On va planter le décors. Vous parlez dans cet ouvrage du Nord. Avec deux familles de milieux complètement opposées. Et puis nous allons remonter le fil de l'histoire. On va démarrer à la fin du 19e siècle et aller jusqu'à 68. C'est toute l'histoire de France qu'on va retrouver, avec ces deux mondes que tout oppose et qui vont se téléscoper.Sophie Chauveau...
Le livre, cadeau idéal ? de Sophie Chauveau - Le livre - Suite
Elle a une particularité qui rend vraiment le récit très vif, de l'ordre de la chronique, c'est qu'elle écrit au présent. Dans les théories narratives, on parle du présent historique. Donc c'est très vif, ça va très vite, on est tout le temps impliqué, on est avec les personnages en permanence. Ca donne une vivacité de ton, il y a peu de dialogues, peu de description. Vraiment l'ordre de la chronique. On avance avec les personnages.C'est un livre qui pourra contenter les amateurs de fresques, il y a du souffle romanesque, mais...
Le livre, cadeau idéal ? de Sophie Chauveau - L'avis du libraire - Suite
Sophie Chauveau
Noces de charbon
Présentation 1'39Après avoir été comédienne, Sophie Chauveau a choisi l'écriture. Tout en écrivant pur le théâtre, elle s'est lancée dans le roman avec « Débandade » en 1982, « Mémoires d'Hélène » en 1988 ou « Les belles menteuses » en 92,
des romans qui donnaient la part belle à des personnages féminins puissants. Entre 2004 et 2007, c'est avec des biographies romancées de grands génies de la peinture italienne que Sophie Chauveau se fait connaître du grand public.
« La passion Lippi », « Le rêve Botticelli » et « L'obsession Vinci » sont des succès dont les formats poche continuent de passer de main en main. Avant de se consacrer à Fragonard, il y aura une biographie de Diderot, « Le génie débraillé »
considéré comme l'un des meilleurs ouvrages consacrés à l'auteur de l'Encyclopédie. L'actualité de Sophie Chauveau nous ramène à une période passée, certes, mais toutefois plus proche de nous.
Avec « Noces de charbon », elle nous raconte l'histoire de deux familles du Nord de la fin du 19e siècle jusqu'à 1968. Une famille riche, une famille pauvre que les hasards de la vie feront se rapprocher bien malgré eux.
Des mines du Nord au Paris des « années folles », des bombardements de la guerre aux barricades étudiantes de 1968, un livre très personnel pour Sophie Chauveau puisque directement inspiré de son histoire familiale.
« Noces de charbon », l'histoire de deux mondes qui s'entrechoquent et se haïssent et un hommage à ceux que le charbon, le diamant noir, a façonné d'une façon ou d'une autre.
« Noces de charbon », c'est le nouveau roman de Sophie Chauveau, c'est aux éditions Gallimard. Et Sophie Chauveau est avec nous sur Web TV Culture.
Après avoir été comédienne, Sophie Chauveau a choisi l'écriture. Tout en écrivant pur le théâtre, elle s'est lancée dans le roman avec « Débandade » en 1982, « Mémoires d'Hélène » en 1988 ou « Les belles menteuses » en 92, des romans qui donnaient la part belle à des personnages féminins puissants. Entre 2004 et 2007, c'est avec des biographies romancées de grands génies de la peinture italienne que Sophie Chauveau se fait connaître du grand public. « La passion Lippi », « Le rêve Botticelli » et « L'obsession Vinci » sont des succès dont les formats poche continuent de passer de main en main. Avant de se consacrer à Fragonard, il y aura une biographie de Diderot, « Le génie débraillé » considéré comme l'un des meilleurs ouvrages consacrés à l'auteur de l'Encyclopédie. L'actualité de Sophie Chauveau nous ramène à une période passée, certes, mais toutefois plus proche de nous. Avec « Noces de charbon », elle nous raconte l'histoire de deux familles du Nord de la fin du 19e siècle jusqu'à 1968. Une famille riche, une famille pauvre que les hasards de la vie feront se rapprocher bien malgré eux. Des mines du Nord au Paris des « années folles », des bombardements de la guerre aux barricades étudiantes de 1968, un livre très personnel pour Sophie Chauveau puisque directement inspiré de son histoire familiale. « Noces de charbon », l'histoire de deux mondes qui s'entrechoquent et se haïssent et un hommage à ceux que le charbon, le diamant noir, a façonné d'une façon ou d'une autre. « Noces de charbon », c'est le nouveau roman de Sophie Chauveau, c'est aux éditions Gallimard. Et Sophie Chauveau est avec nous sur Web TV Culture.
Sophie Chauveau
Noces de charbon
Portrait 3'56Bonjour Sophie Chauveau.
Bonjour Philippe Chauveau.
J'ai grand plaisir à vous accueillir. On commence à se connaître un peu puisque nous nous étions vu pour « Diderot », pour « Fragonard », mais je rappelle quand même que nous ne sommes pas de la même famille. Que les choses soient claires.
Oui, il est important de le rappeler.
Mais je le regrette. La famille, il en est fortement question dans votre dernier titre « Noces de charbon » que vous publiez chez Gallimard. Avant de revenir sur ce dernier titre, il y a l'écriture, avant il y a eu le théâtre.
Vous pensez qu'il y a un fil conducteur dans tout ça ou est-ce que votre vie s'est construite sur des hasards ?
Oui, le fil conducteur c'est la langue. Ça j'en suis sûre. J'ai une passion charnelle pour la langue française, pour les mots, pour l'agencement des mots et quand je faisais du théâtre,
c'était de les mettre dans ma bouche quand ils étaient très très beaux et l'écriture c'est très naturellement ces mots là et d'autres – maintenant de moi – que je peux mettre sur le papier. C'est exactement ça.
Pourquoi n'avez-vous pas continué le théâtre ou l'écriture théâtrale avec l'écriture littéraire?
L'écriture théâtrale j'ai continué, j'écris des pièces. En revanche, ce qui fait rire tout le monde mais ce qui reste vrai, je suis toujours assez désemparée quand les gens se moquent, si j'ai arrêté le théâtre, c'est par manque de narcissisme personnel.
J'ai un ego pas assez démesuré pour avoir besoin d'aller dans la lumière. Je préférais passer un bouquin et rester dans l'ombre.
Vous êtes montée sur les planches sans vraiment en avoir envie ?
J'étais douée. Ca s'est bien passé, on m'a déroulé un tapis de pétales de roses. J'ai avancé. J'ai passé les concours et je les réussissais. J'allais pas dire non.
Que vous apporte l'écriture que ne vous apportait peut-être pas le théâtre ?
Le silence. Quelque chose qui permet d'être au fond de soi beaucoup plus. Dans le théâtre on est quand même plus dans l'extériorisation, que je ne suis plus.
Sophie Chauveau, votre nom est associé à cette belle collection dont on a beaucoup parlé aux éditions Télémaque avec « Lippi », avec « Vinci », avec « Botticelli », il y a eu « Fragonard » et « Diderot ».
Qu'éprouvez-vous lorsque vous vous emparez d'un destin, d'un personnage célèbre et que votre plume de romancière retrace un parcours ?
C'est toujours un peu la même réponse à la question précédente. C'est un manque d’ego, un manque de narcissisme. Je suis tellement amoureuse de ces personnages, que me mettre au service de leur vie, de leur cause, de comment on devient Diderot, de pourquoi on agit comme ça.
Ça me fascine. Je m'écrase. Ils sont très très grands à côté de moi. Je suis toute petite. C'est un vrai bonheur de travailler sur ces gens là.
Quel regard portez-vous sur notre époque ?
Un désabusement, un cynisme, un chagrin, un désespoir sans fond qui me permet d'être extrêmement courtoise et souriante parce qu'on n'a plus le choix là. J'ai l'impression d'une course à l'abîme incroyable.
L'écriture vous protège.
Oui. Et notamment l'écriture sur les grands. D'abord parce que ce sont d'autres époques où on peut encore croire qu'on va changer le monde. Que ce soit la Renaissance qui est une réelle renaissance,
que ce soit le 18e où je viens de passer quatre-cinq ans de ma vie. Ce sont des moments qui sont porteurs en germe de révolution, de renaissance, de changement envers le meilleur.
Quel regard portez-vous sur le milieu littéraire actuel ?
A l'étranger ? Il se passe des choses.
On va parler de la France si vous le voulez bien.
J'en n'ai pas. Ça ne sert à rien. Je trouve que c'est un milieu d'individualistes cyniques, malheureux et qui ne se parlent pas. Ou alors ils font des chapelles et du copinage et ça ne m'intéresse pas.
Si vous deviez trouver un mot, un adjectif pour vous définir, vous diriez quoi ?
Obstinée !
Est-ce qu'une femme libre ça vous irait aussi ?
Ça il y a que les autres qui peuvent le dire. J'essaie, mais on ne l'est jamais autant qu'on le voudrait.
Moi je le dis, Sophie Chauveau une femme libre et obstinée. Merci. Votre actualité « Noces de charbon ». C'est chez Gallimard.
Philippe Chauveau :
Bonjour Sophie Chauveau.
Sophie Chauveau :
Bonjour Philippe Chauveau.
Philippe Chauveau :
J'ai grand plaisir à vous accueillir. On commence à se connaître un peu puisque nous nous étions vu pour « Diderot », pour « Fragonard », mais je rappelle quand même que nous ne sommes pas de la même famille. Que les choses soient claires.
Sophie Chauveau :
Oui, il est important de le rappeler.
Philippe Chauveau :
Mais je le regrette. La famille, il en est fortement question dans votre dernier titre « Noces de charbon » que vous publiez chez Gallimard. Avant de revenir sur ce dernier titre, il y a l'écriture, avant il y a eu le théâtre. Vous pensez qu'il y a un fil conducteur dans tout ça ou est-ce que votre vie s'est construite sur des hasards ?
Sophie Chauveau :
Oui, le fil conducteur c'est la langue. Ca j'en suis sûre. J'ai une passion charnelle pour la langue française, pour les mots, pour l'agencement des mots et quand je faisais du théâtre, c'était de les mettre dans ma bouche quand ils étaient très très beaux et l'écriture c'est très naturellement ces mots là et d'autres – maintenant de moi – que je peux mettre sur le papier. C'est exactement ça.
Philippe Chauveau :
Pourquoi n'avez-vous pas continué le théâtre ou l'écriture théâtrale avec l'écriture littéraire?
Sophie Chauveau :
L'écriture théâtrale j'ai continué, j'écris des pièces. En revanche, ce qui fait rire tout le monde mais ce qui reste vrai, je suis toujours assez désemparée quand les gens se moquent, si j'ai arrêté le théâtre, c'est par manque de narcissisme personnel. J'ai un égo pas assez démesuré pour avoir besoin d'aller dans la lumière. Je préférais passer un bouquin et rester dans l'ombre.
Philippe Chauveau :
Vous êtes montée sur les planches sans vraiment en avoir envie ?
Sophie Chauveau :
J'étais douée. Ca s'est bien passé, on m'a déroulé un tapis de pétales de roses. J'ai avancé. J'ai passé les concours et je les réussissais. J'allais pas dire non.
Philippe Chauveau :
Que vous apporte l'écriture que ne vous apportait peut-être pas le théâtre ?
Sophie Chauveau :
Le silence. Quelque chose qui permet d'être au fond de soi beaucoup plus. Dans le théâtre on est quand même plus dans l'extériorisation, que je ne suis plus.
Philippe Chauveau :
Sophie Chauveau, votre nom est associé à cette belle collection dont on a beaucoup parlé aux éditions Télémaque avec « Lippi », avec « Vinci », avec « Botticelli », il y a eu « Fragonard » et « Diderot ». Qu'éprouvez-vous lorsque vous vous emparez d'un destin, d'un personnage célèbre et que votre plume de romancière retrace un parcours ?
Sophie Chauveau :
C'est toujours un peu la même réponse à la question précédente. C'est un manque d'égo, un manque de narcissisme. Je suis tellement amoureuse de ces personnages, que me mettre au service de leur vie, de leur cause, de comment on devient Diderot, de pourquoi on agit comme ça. Ca me fascine. Je m'écrase. Ils sont très très grands à côté de moi. Je suis toute petite. C'est un vrai bonheur de travailler sur ces gens là.
Philippe Chauveau :
Quel regard portez-vous sur notre époque ?
Sophie Chauveau :
Un désabusement, un cynisme, un chagrin, un désespoir sans fond qui me permet d'être extrêmement courtoise et souriante parce qu'on n'a plus le choix là. J'ai l'impression d'une course à l'abîme incroyable.
Philippe Chauveau :
L'écriture vous protège.
Sophie Chauveau :
Oui. Et notamment l'écriture sur les grands. D'abord parce que ce sont d'autres époques où on peut encore croire qu'on va changer le monde. Que ce soit la Renaissance qui est une réelle renaissance, que ce soit le 18e où je viens de passer quatre-cinq ans de ma vie. Ce sont des moments qui sont porteurs en germe de révolution, de renaissance, de changement envers le meilleur.
Philippe Chauveau :
Quel regard portez-vous sur le milieu littéraire actuel ?
Sophie Chauveau :
A l'étranger ? Il se passe des choses.
Philippe Chauveau :
On va parler de la France si vous le voulez bien.
Sophie Chauveau :
J'en n'ai pas. Ca ne sert à rien. Je trouve que c'est un milieu d'individualistes cyniques, malheureux et qui ne se parlent pas. Ou alors ils font des chapelles et du copinage et ça ne m'intéresse pas.
Philippe Chauveau :
Si vous deviez trouver un mot, un adjectif pour vous définir, vous diriez quoi ?
Sophie Chauveau :
Obstinée !
Philippe Chauveau :
Est-ce qu'une femme libre ça vous irait aussi ?
Sophie Chauveau :
Ca il y a que les autres qui peuvent le dire. J'essaie, mais on ne l'est jamais autant qu'on le voudrait.
Philippe Chauveau :
Moi je le dis, Sophie Chauveau une femme libre et obstinée. Merci. Votre actualité « Noces de charbon ». C'est chez Gallimard.
Sophie Chauveau
Noces de charbon
Le livre 3'58Cette actualité Sophie Chauveau, c'est ce nouveau roman chez Gallimard avec cette belle couverture à laquelle vous avez collaboré « Noces de charbon ». On va planter le décors. Vous parlez dans cet ouvrage du Nord. Avec deux familles de milieux complètement opposées.
Et puis nous allons remonter le fil de l'histoire. On va démarrer à la fin du 19e siècle et aller jusqu'à 68. C'est toute l'histoire de France qu'on va retrouver, avec ces deux mondes que tout oppose et qui vont se télescoper.
Ils vont se croiser, s'inverser. Je suis un pur produit de la lutte de classes. J'ai un arrière-grand-père directeur des mines d'Anzin et un arrière-grand-père qui meurt de la silicose, le cancer des mineurs. Ça c'était une formule.
Quand ce ne sont plus des arrières-grand-pères, mais des personnages de roman, parce que ça devient vraiment des personnages de roman dont je ne savais pas tant de choses, il a donc fallu en inventer. C'est l'histoire des mines, l'histoire de cet esclavage.
Ce sont des familles sur plusieurs générations donc c'est impressionnant de les voir comme ça se décliner. C'est l'histoire d'un patronat qui va évoluer à cause des lois sociales où de ce genre de choses.
Et c'est passionnant de voir se mettre en place en même temps. On voit passer Jaurès, ces gens là. Je ne savais pas que ces gens là allaient passer dans mon livre. Ils sont venus parce que l'histoire me les a apportés.
Avec ces personnages nous allons traverser les grandes heures des conflits mondiaux. Il y a la crise de 29, on se retrouve dans le Paris des années 20.
Et puis il y a des personnages que l'on suit avec une vraie délectation parce qu'ils ont une personnalité forte. J'aimerais que l'on évoque Micheline qui est un personnage central.
Il y a deux femmes dans les deux tronçons familiaux qui sont des personnages qui ont pris le pas sur les autres dans l'équilibre du roman. Ces femmes là ont émergé, alors féministe comme je suis;
vous imaginez comme ça m'a fait plaisir que ce soit celles-là qui ont émergé et du coup je les ai gâté. Littérairement je veux dire. Micheline est un personnage à la fois insupportable, antipathique et adorable.
Vous abordez aussi beaucoup de thématiques. Il y a la lutte des classes. Il y a une jolie phrase. « Les riches donnent et les pauvres partagent ». Ça résume bien la situation.
Il y a énormément d'écrits, par exemple de Victor Hugo, qui sont des espèces de flash de cette histoire. J'avais le choix des citations. J'en ai pris une en exergue, mais il y en a beaucoup car c'est ce moment là de l'histoire qui bascule.
Vous parlez aussi du charbon, avec ce diamant que représente le charbon à ces époques. On parle de l'antisémitisme, de cette France antisémite et puis il y a des personnages qui vont arriver au fil des pages.
Et puis un certain désabusement par rapport au temps qui passe et quand on arrive dans les années 50-60, une société qui change et des personnages qui ont du mal à le comprendre.
Ce qui m'intéressait beaucoup dans le fait qu'il y ait trois ou quatre générations des deux côtés, c'était la rupture d'atavisme. Ces gens là, ivres d'eux-mêmes ou pas sûr d'eux selon les personnages, ne vont pas transmettre,
ne vont pas chercher à transmettre qui ils sont, ce qu'ils aiment, ce qu'ils font. On leur donne du pognon, on pense que ça suffit ou on les laisse avec un grand laisser-aller se disperser dans la nature et il ne se passe rien.
A chaque génération on repart à zéro. Et je pense que c'est ça qui fabrique aujourd'hui les barbares.
Est-ce un raccourci si je dis que c'est un roman sur la famille ?
Oui, c'est un raccourci. Pour moi il n'y a pas que ça. C'est un regard très politique sur l'époque.
En disant ça je vous cherche un peu.
Vous m'avez trouvé puisque j'ai dit non.
Merci Sophie Chauveau. Votre actualité chez Gallimard, ce très beau livre, ce très beau roman, « Noces de charbon ».
Philippe Chauveau :
Cette actualité Sophie Chauveau, c'est ce nouveau roman chez Gallimard avec cette belle couverture à laquelle vous avez collaboré « Noces de charbon ». On va planter le décors. Vous parlez dans cet ouvrage du Nord. Avec deux familles de milieux complètement opposées. Et puis nous allons remonter le fil de l'histoire. On va démarrer à la fin du 19e siècle et aller jusqu'à 68. C'est toute l'histoire de France qu'on va retrouver, avec ces deux mondes que tout oppose et qui vont se téléscoper.
Sophie Chauveau :
Ils vont se croiser, s'inverser. Je suis un pur produit de la lutte de classes. J'ai un arrière-grand-père directeur des mines d'Anzin et un arrière-grand-père qui meurt de la silicose, le cancer des mineurs. Ca c'était une formule. Quand ce ne sont plus des arrières-grand-pères, mais des personnages de roman, parce que ça devient vraiment des personnages de roman dont je ne savais pas tant de choses, il a donc fallu en inventer. C'est l'histoire des mines, l'histoire de cet esclavage. Ce sont des familles sur plusieurs générations donc c'est impressionnant de les voir comme ça se décliner. C'est l'histoire d'un patronat qui va évoluer à cause des lois sociales où de ce genre de choses. Et c'est passionnant de voir se mettre en place en même temps. On voit passer Jaurès, ces gens là. Je ne savais pas que ces gens là allaient passer dans mon livre. Ils sont venus parce que l'histoire me les a apportés.
Philippe Chauveau :
Avec ces personnages nous allons traverser les grandes heures des conflits mondiaux. Il y a la crise de 29, on se retrouve dans le Paris des années 20. Et puis il y a des personnages que l'on suit avec une vraie délectation parce qu'ils ont une personnalité forte. J'aimerais que l'on évoque Micheline qui est un personnage central.
Sophie Chauveau :
Il y a deux femmes dans les deux tronçons familiaux qui sont des personnages qui ont pris le pas sur les autres dans l'équilibre du roman. Ces femmes là ont émergé, alors féministe comme je suis; vous imaginez comme ça m'a fait plaisir que ce soit celles-là qui ont émergé et du coup je les ai gâté. Littérairement je veux dire. Micheline est un personnage à la fois insupportable, antipathique et adorable.
Philippe Chauveau :
Vous abordez aussi beaucoup de thématiques. Il y a la lutte des classes. Il y a une jolie phrase. « Les riches donnent et les pauvres partagent ». Ca résume bien la situation.
Sophie Chauveau :
Il y a énormément d'écrits, par exemple de Victor Hugo, qui sont des espèces de flash de cette histoire. J'avais le choix des citations. J'en ai pris une en exergue, mais il y en a beaucoup car c'est ce moment là de l'histoire qui bascule.
Philippe Chauveau :
Vous parlez aussi du charbon, avec ce diamant que représente le charbon à ces époques. On parle de l'antisémitisme, de cette France antisémite et puis il y a des personnages qui vont arriver au fil des pages. Et puis un certain désabusement par rapport au temps qui passe et quand on arrive dans les années 50-60, une société qui change et des personnages qui ont du mal à le comprendre.
Sophie Chauveau :
Ce qui m'intéressait beaucoup dans le fait qu'il y ait trois ou quatre générations des deux côtés, c'était la rupture d'atavisme. Ces gens là, ivres d'eux-mêmes ou pas sûr d'eux selon les personnages, ne vont pas transmettre, ne vont pas chercher à transmettre qui ils sont, ce qu'ils aiment, ce qu'ils font. On leur donne du pognon, on pense que ça suffit ou on les laisse avec un grand laisser-aller se dispercer dans la nature et il ne se passe rien. A chaque génération on repart à zéro. Et je pense que c'est ça qui fabrique aujourd'hui les barbares.
Philippe Chauveau :
Est-ce un raccourci si je dis que c'est un roman sur la famille ?
Sophie Chauveau :
Oui, c'est un raccourci. Pour moi il n'y a pas que ça. C'est un regard très politique sur l'époque.
Philippe Chauveau :
En disant ça je vous cherche un peu.
Sophie Chauveau :
Vous m'avez trouvé puisque j'ai dit non.
Philippe Chauveau :
Merci Sophie Chauveau. Votre actualité chez Gallimard, ce très beau livre, ce très beau roman, « Noces de charbon ».
Sophie Chauveau
Noces de charbon
L'avis du libraire 1'15Elle a une particularité qui rend vraiment le récit très vif, de l'ordre de la chronique, c'est qu'elle écrit au présent. Dans les théories narratives, on parle du présent historique.
Donc c'est très vif, ça va très vite, on est tout le temps impliqué, on est avec les personnages en permanence. Ca donne une vivacité de ton, il y a peu de dialogues, peu de description. Vraiment l'ordre de la chronique. On avance avec les personnages.
C'est un livre qui pourra contenter les amateurs de fresques, il y a du souffle romanesque, mais aussi les amateurs de style. Un style très précis, très travaillé et qui est très appréciable.
Si j'avais à qualifier le style, ou l'esprit d'un livre comme celui de Sophie Chauveau, ce serait vivacité, courage, ténacité.
Elle a une particularité qui rend vraiment le récit très vif, de l'ordre de la chronique, c'est qu'elle écrit au présent. Dans les théories narratives, on parle du présent historique.
Donc c'est très vif, ça va très vite, on est tout le temps impliqué, on est avec les personnages en permanence. Ca donne une vivacité de ton, il y a peu de dialogues, peu de description. Vraiment l'ordre de la chronique. On avance avec les personnages.
C'est un livre qui pourra contenter les amateurs de fresques, il y a du souffle romanesque, mais aussi les amateurs de style. Un style très précis, très travaillé et qui est très appréciable.
Si j'avais à qualifier le style, ou l'esprit d'un livre comme celui de Sophie Chauveau, ce serait vivacité, courage, ténacité.