S'il est une œuvre considérée comme sacrée dans la littérature française, c'est bien « La recherche du temps perdu » de Marcel Proust ;Aussi, lorsque Stéphane Heuet décida de l'adapter en bande dessinée, on le regarda avec scepticisme.Et pourtant, au fil des années et des albums, même les proustiens les plus réticents ont salué la qualité et la pertinence du travail de Stéphane Heuet, au point que ses bd sont désormais étudiées dans les écoles et qu'on les conseille comme étant une approche avant d'entrer dans...
A la recherche du temps perdu de Stéphane Heuet - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Stéphane Heuet. Merci de nous accueillir chez vous, dans votre lieu de vie, dans votre lieu de travail. On vous connaît en tant que dessinateur et scénariste puisque vous avez adapté l'oeuvre de Marcel Proust. Mais j'ai envie de dire que c'est votre deuxième vie. Auparavant vous avez été dans la marine. Quel a été votre cheminement ?Stéphane Heuet :Effectivement, je suis fils d'officier de marine, c'était naturel que j'aille dans la marine. D'ailleurs j'ai été au collège militaire de Saint-Cyr,...
A la recherche du temps perdu de Stéphane Heuet - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Stéphane Heuet vous adaptez aux éditions Delcourt l'oeuvre de Marcel Proust. Le 7e tome vient de paraître. Quelle drôle d'aventure ! Pourquoi Marcel Proust ? Qu'est ce qu'il vous apporte ?Stéphane Heuet :Ce qu'il m'apporte et ce qu'il me permet de faire, c'est de faire une bande dessinée qui parle d'art. « A la recherche du temps perdu », pratiquement à toutes les pages vous avez une oeuvre d'art. Une tapisserie, un tableau, une sculpture, un monument, une ville, Parme, Venise etc... Ce qui me permet...
A la recherche du temps perdu de Stéphane Heuet - Le livre - Suite
Libraire : Stéphane Quero (Librairie BHV/Marais – Paris)
La bande dessinée permet de simplifier le propos de Proust, sans le dénaturer et vous avez l'avantage de connaître l'oeuvre de Proust avec un dessin très simple pour les personnages mais qui ne néglige pas les décors.« Du coté de chez Swann, Nom de pays : Le nom », vous avez le personnage de la gouvernante de Françoise qui ressemble étrangement à Bécassine et on peut voir la simplicité du trait. Par contre les décors sont vraiment très fouillés, on reconnaît...
A la recherche du temps perdu de Stéphane Heuet - L'avis du libraire - Suite
Stéphane Heuet
A la recherche du temps perdu
Présentation 1'36S'il est une œuvre considérée comme sacrée dans la littérature française, c'est bien « La recherche du temps perdu » de Marcel Proust. Aussi, lorsque Stéphane Heuet décida de l'adapter en bande dessinée, on le regarda avec scepticisme.
Et pourtant, au fil des années et des albums, même les proustiens les plus réticents ont salué la qualité et la pertinence du travail de Stéphane Heuet,
au point que ses BD sont désormais étudiées dans les écoles et qu'on les conseille comme étant une approche avant d'entrer dans l'œuvre littéraire de Proust.
Rien au départ ne prédestinait Stéphane Heuet à se lancer dans ce projet. Engagé dans la marine nationale, il dévorait les livres en découvrant le monde et déjà avait un bon coup de crayon.
Après une première tentative à l'adolescence, il tombe sous le charme de l'écriture de Proust à l'âge de 35 ans et, de retour sur la terre ferme, se lance dans cette aventure un peu folle.
Mettre Swan, Charlus, Odette et tous les autres personnages de la Recherche dans des cases et les laisser s'exprimer à travers des bulles en reprenant le texte de Proust.
Se considérant scénariste avant d'être dessinateur, Stéphane Heuet cherche à coller au plus près de l'œuvre originale et relit inlassablement « La recherche » pour en tirer les extraits qui lui paraissent les plus pertinents.
Quant au dessin, il s'attache là encore au moindre détail, que ce soit dans les costumes ou les décors pour entrainer ses lecteurs au cœur de l'époque de Proust.
La recherche du temps perdu, l'œuvre d'une vie pour Marcel Proust, l'œuvre d'une vie pour Stéphane Heuet. Les albums de Stéphane Heuet sont publiés chez Delcourt. Stéphane Heuet nous reçoit pour WTC.
S'il est une œuvre considérée comme sacrée dans la littérature française, c'est bien « La recherche du temps perdu » de Marcel Proust ;
Aussi, lorsque Stéphane Heuet décida de l'adapter en bande dessinée, on le regarda avec scepticisme.
Et pourtant, au fil des années et des albums, même les proustiens les plus réticents ont salué la qualité et la pertinence du travail de Stéphane Heuet, au point que ses bd sont désormais étudiées dans les écoles et qu'on les conseille comme étant une approche avant d'entrer dans l'œuvre littéraire de Proust.
Rien au départ ne prédestinait Stéphane Heuet à se lancer dans ce projet. Engagé dans la marine nationale, il dévorait les livres en découvrant le monde et déjà avait un bon coup de crayon.
Après une première tentative à l'adolescence, il tombe sous le charme de l'écriture de Proust à l'âge de 35 ans et, de retour sur la terre ferme, se lance dans cette aventure un peu folle. Mettre Swan, Charlus, Odette et tous les autres personnages de la Recherche dans des cases et les laisser s'exprimer à travers des bulles en reprenant le texte de Proust.
Se considérant scénariste avant d'être dessinateur, Stéphane Heuet cherche à coller au plus près de l'œuvre originale et relit inlassablement « La recherche » pour en tirer les extraits qui lui paraissent les plus pertinents. Quant au dessin, il s'attache là encore au moindre détail, que ce soit dans les costumes ou les décors pour entraîner ses lecteurs au cœur de l'époque de Proust.
La recherche du temps perdu, l'œuvre d'une vie pour Marcel Proust, l'œuvre d'une vie pour Stéphane Heuet.
Les albums de Stéphane Heuet sont publiés chez Delcourt. Stéphane Heuet nous reçoit pour WTC.
Stéphane Heuet
A la recherche du temps perdu
Portrait 3'31Bonjour Stéphane Heuet. Merci de nous accueillir chez vous, dans votre lieu de vie, dans votre lieu de travail. On vous connait en tant que dessinateur et scénariste puisque vous avez adapté l'oeuvre de Marcel Proust.
Mais j'ai envie de dire que c'est votre deuxième vie. Auparavant vous avez été dans la marine. Quel a été votre cheminement ?
Effectivement, je suis fils d'officier de marine, c'était naturel que j'aille dans la marine. D'ailleurs j'ai été au collège militaire de Saint-Cyr, j'avais 9 ans. Donc j'ai eu un parcours tout tracé dès la naissance.
J'ai passé pas mal de temps en océan indien et je suis rentré pour un deuil. Ce deuil a fait qu'on m'a donné un congé. Pendant ce congé, j'ai dessiné et je suis tombé sur Proust.
Proust je l'avais lu dans la marine quand je m'étais cassé la cheville – on dit que pour lire Proust, il faut se casser une jambe – j'avais la cheville cassée et j'ai trouvé ça complètement illisible et casse-pied et donc j'ai laissé tomber Proust.
C'est bien des années plus tard, en rentrant ici, que j'ai recommencé à lire Proust. J'avais 35 ans, non plus 20 ans et j'ai trouvé ça extraordinaire.
Il a vraiment fallu que je tombe sur Proust sinon je n'aurai jamais fait de bande dessinée. Je n'aime pas la bande dessinée actuelle, ça ne m'inspire pas.
Est-ce que le dessin est inné ? Avez-vous suivi une formation ? Quelles étaient vos inspirations, les auteurs de BD que vous aimiez ? Comment le dessin arrive dans votre vie ?
Je crois que j'ai toujours dessiné. Mon père m'encourageait à dessiner et il m'a fait donner des cours de dessin donc c'était un militaire ouvert. Par contre ma grand-mère me disait « mais ce n'est pas un métier ! ».
Il voulait que je dessine parce qu'il trouvait que c'était sympa. Après, la bande dessinée c'est une autre histoire. Moi je suis né à l'époque d'Astérix etc... Mais mes maîtres ce sont Hergé et Jacobs, « Blake et Mortimer », et Hugo Pratt.
Je ne dessinerai jamais comme Hugo Pratt, mais vraiment mon rêve eut été de dessiner comme Hugo Pratt.
Est-ce que ça veut dire que lorsque vous étiez encore dans la marine, lorsque vous étiez encore en mer, vous vous projetiez déjà dans une autre vie dans laquelle le dessin aurait eu sa place ?
On m'a fait dessiner dans la marine. J'ai dessiné des albums de campagnes. C'était bien parce que pendant ce temps là je n'avais pas de corvée, c'était des planques ! J'étais l'artiste du bord. J'avais compris déjà que c'était pas mal de savoir dessiner.
Quel souvenir gardez-vous de votre vie passée sur les océans, dans la marine ?
Excellent ! C'était un moment heureux. Dans la marine, j'ai voyagé, j'ai fait la fête, j'avais une bouteille dans toutes les boites de nuit de l'océan indien, de Ceylan à Mombasa.
Vous imaginez la vie quand vous avez 19-20 ans et que vous faites ça ? J'aime la mer. Je suis né à Brest. Je crois que mon premier bateau, j'avais 5 ans.
Vous voyagez à travers le dessin ? Est-ce une façon de vous évader ?
Certainement. Je rentre dans mes dessins. Quand je dessine, je fais les mimiques de mes personnages. Je dessine bien une expression parce que je la sens sur moi. Mais c'est vrai aussi pour les postures que je fais prendre aux personnages, pour les lieux qu'ils fréquentent.
Je suis dans mes dessins, de même que quand je faisais mes maquettes quand j'étais petit, je devenais un Lilliputien, un personnage où je rentre complètement dedans.
Marcel Proust, c'est la plus belle rencontre de votre vie ?
Le gros problème, c'est d'essayer de lire autre chose. Avec le métier que je fais, je suis obligé de le relire en permanence.
Merci Stéphane Heuet. Vous adaptez donc l'oeuvre de Marcel Proust avec cette bande dessinée et plusieurs tomes maintenant qui sont disponibles et édités chez Delcourt.
Philippe Chauveau :
Bonjour Stéphane Heuet. Merci de nous accueillir chez vous, dans votre lieu de vie, dans votre lieu de travail. On vous connaît en tant que dessinateur et scénariste puisque vous avez adapté l'oeuvre de Marcel Proust. Mais j'ai envie de dire que c'est votre deuxième vie. Auparavant vous avez été dans la marine. Quel a été votre cheminement ?
Stéphane Heuet :
Effectivement, je suis fils d'officier de marine, c'était naturel que j'aille dans la marine. D'ailleurs j'ai été au collège militaire de Saint-Cyr, j'avais 9 ans. Donc j'ai eu un parcours tout tracé dès la naissance. J'ai passé pas mal de temps en océan indien et je suis rentré pour un deuil. Ce deuil a fait qu'on m'a donné un congé. Pendant ce congé, j'ai dessiné et je suis tombé sur Proust. Proust je l'avais lu dans la marine quand je m'étais cassé la cheville – on dit que pour lire Proust, il faut se casser une jambe – j'avais la cheville cassée et j'ai trouvé ça complètement illisible et casse-pied et donc j'ai laissé tomber Proust. C'est bien des années plus tard, en rentrant ici, que j'ai recommencé à lire Proust. J'avais 35 ans, non plus 20 ans et j'ai trouvé ça extraordinaire. Il a vraiment fallu que je tombe sur Proust sinon je n'aurai jamais fait de bande dessinée. Je n'aime pas la bande dessinée actuelle, ça ne m'inspire pas.
Philippe Chauveau :
Est-ce que le dessin est inné ? Avez-vous suivi une formation ? Quelles étaient vos inspirations, les auteurs de BD que vous aimiez ? Comment le dessin arrive dans votre vie ?
Stéphane Heuet :
Je crois que j'ai toujours dessiné. Mon père m'encourageait à dessiner et il m'a fait donner des cours de dessin donc c'était un militaire ouvert. Par contre ma grand-mère me disait « mais ce n'est pas un métier ! ». Il voulait que je dessine parce qu'il trouvait que c'était sympa. Après, la bande dessinée c'est une autre histoire. Moi je suis né à l'époque d'Astérix etc... Mais mes maîtres ce sont Hergé et Jacobs, « Blake et Mortimer », et Hugo Pratt. Je ne dessinerai jamais comme Hugo Pratt, mais vraiment mon rêve eut été de dessiner comme Hugo Pratt.
Philippe Chauveau :
Est-ce que ça veut dire que lorsque vous étiez encore dans la marine, lorsque vous étiez encore en mer, vous vous projetiez déjà dans une autre vie dans laquelle le dessin aurait eu sa place ?
Stéphane Heuet :
On m'a fait dessiner dans la marine. J'ai dessiné des albums de campagnes. C'était bien parce que pendant ce temps là je n'avais pas de corvée, c'était des planques ! J'étais l'artiste du bord. J'avais compris déjà que c'était pas mal de savoir dessiner.
Philippe Chauveau :
Quel souvenir gardez-vous de votre vie passée sur les océans, dans la marine ?
Stéphane Heuet :
Excellent ! C'était un moment heureux. Dans la marine, j'ai voyagé, j'ai fait la fête, j'avais une bouteille dans toutes les boites de nuit de l'océan indien, de Ceylan à Mombasa. Vous imaginez la vie quand vous avez 19-20 ans et que vous faites ça ? J'aime la mer. Je suis né à Brest. Je crois que mon premier bateau, j'avais 5 ans.
Philippe Chauveau :
Vous voyagez à travers le dessin ? Est-ce une façon de vous évader ?
Stéphane Heuet :
Certainement. Je rentre dans mes dessins. Quand je dessine, je fais les mimiques de mes personnages. Je dessine bien une expression parce que je la sens sur moi. Mais c'est vrai aussi pour les postures que je fais prendre aux personnages, pour les lieux qu'ils fréquentent. Je suis dans mes dessins, de même que quand je faisais mes maquettes quand j'étais petit, je devenais un Lilliputien, un personnage où je rentre complètement dedans.
Philippe Chauveau :
Marcel Proust, c'est la plus belle rencontre de votre vie ?
Stéphane Heuet :
Le gros problème, c'est d'essayer de lire autre chose. Avec le métier que je fais, je suis obligé de le relire en permanence.
Philippe Chauveau :
Merci Stéphane Heuet. Vous adaptez donc l'oeuvre de Marcel Proust avec cette bande dessinée et plusieurs tomes maintenant qui sont disponibles et édités chez Delcourt.
Stéphane Heuet
A la recherche du temps perdu
Le livre 3'40Stéphane Heuet vous adaptez aux éditions Delcourt l'oeuvre de Marcel Proust. Le 7e tome vient de paraître. Quelle drôle d'aventure ! Pourquoi Marcel Proust ? Qu'est ce qu'il vous apporte ?
Ce qu'il m'apporte et ce qu'il me permet de faire, c'est de faire une bande dessinée qui parle d'art. « A la recherche du temps perdu », pratiquement à toutes les pages vous avez l'évocation d'une oeuvre d'art.
Une tapisserie, un tableau, une sculpture, un monument, une ville, Parme, Venise etc... Ce qui me permet moi-même de me cultiver, de montrer des recettes de cuisine, de montrer la mode de l'époque que je trouve extraordinaire, les robes des femmes, les calèches.
Je prends un plaisir à faire cette bande dessinée graphiquement et à scénariser, c'est-à-dire à essayer d'obtenir que l'effet soit le même qu'on ait lu le livre ou la bande dessinée.
C'est ambitieux, mais mon objectif ce serait que deux personnes, l'une qui a lu la bande dessinée, l'autre qui a lu le livre, discutent ensemble et que la troisième personne qui arrive ne sache pas la quelle a lu la bande dessinée.
Vous rendez-vous compte qu'en ayant eu cette idée un peu folle, vous vous attaquiez à une oeuvre intouchable. « La recherche » on ne touche pas.
Je ne me suis pas rendu compte. Ma grande chance ça a été ça. Je pensais que ça intéresserait tous les éditeurs, alors qu'ils ont tous refusé, sauf Delcourt. J'avais très peur des Proustiens en revanche, des vieillards barbifiants.
Et curieusement, ce sont eux qui m'ont aidé. Les « réacs » je ne les ai pas trouvé chez les Proustiens, mais dans la bande dessinée. Parce que ma bande dessinée, elle n'est pas branchouille. C'est assez rigolo.
C'est l'oeuvre d'une vie, mais vous allez à votre rythme.
Oui, ce sera un bout d'oeuvre d'une vie, car je pense que je ne pourrai pas tout faire de mon vivant. Ce que j'espère, mais ça je ne suis pas optimiste, c'est que quelqu'un prendra la relai après ma mort.
Je trouve ça absolument extraordinaire, j'ai une vie rêvée. Si les gens savaient à quel point je suis heureux, ils seraient tous jaloux de moi. Est-ce que j'aurai un successeur pour reprendre ce bonheur en cours, je ne sais pas.
Vous avez l'impression aussi de faire oeuvre utile ? Votre travail est notamment étudié dans les collèges et les lycées. Est-ce que votre travail peu aussi aider à entrer dans « La recherche » ?
Absolument. J'étais au lycée Louis Legrand il y a quinze jours, j'avais des élèves extraordinaires qui ont gobé cette BD et qui butent sur le fait que je vais trop lentement.
Et j'espère que c'est à ce moment là qu'ils se lancent dans la lecture du texte original. Ce que je fais, ce n'est pas tellement pour faire aimer Proust, c'est pour faire aimer la lecture.
La nuit lorsque vous êtes à votre table de travail, Marcel Proust est votre meilleur ami mais est ce que parfois il vous énèrve un peu ? Est-ce que vous vous arrachez les cheveux à cause de lui ?
Il me pose parfois des problèmes. Quand je travaille la nuit, j'ai deux ectoplasmes devant de moi. J'ai le Proustien et j'ai le jeune lecteur. Quand je raye un texte, j'ai le Proustien qui dit « mais comment osez-vous couper ce texte ? »
et à côté de ça quand je le conserve j'ai un adolescent un peu réticent qui me dit « yo ! Prise de tête ». Je travaille pour les deux et parfois il y a de quoi s'arracher les cheveux.
Si vous croisez Marcel Proust, qu'avez-vous envie de lui dire ?
Merci. Mais tout le monde devrait lui dire merci.
Merci à vous aussi Stéphane Heuet, de votre accueil et félicitation pour ce beau travail, cette adaptation de l'oeuvre de Marcel qui est en cours...
Je suis en bonne santé.
L'adapatation de l'oeuvre de Marcel Proust publiée chez Delcourt. Merci
Philippe Chauveau :
Stéphane Heuet vous adaptez aux éditions Delcourt l'oeuvre de Marcel Proust. Le 7e tome vient de paraître. Quelle drôle d'aventure ! Pourquoi Marcel Proust ? Qu'est ce qu'il vous apporte ?
Stéphane Heuet :
Ce qu'il m'apporte et ce qu'il me permet de faire, c'est de faire une bande dessinée qui parle d'art. « A la recherche du temps perdu », pratiquement à toutes les pages vous avez une oeuvre d'art. Une tapisserie, un tableau, une sculpture, un monument, une ville, Parme, Venise etc... Ce qui me permet moi-même de me cultiver, de montrer des recettes de cuisine, de montrer la mode de l'époque que je trouve extraordinaire, les robes des femmes, les calèches. Je prends un plaisir à faire cette bande dessinée graphiquement et à scénariser, c'est-à-dire à essayer d'obtenir que l'effet soit le même qu'on ait lu le livre ou la bande dessinée. C'est ambitieux, mais mon objectif ce serait que deux personnes, l'une qui a lu la bande dessinée, l'autre qui a lu le livre, discutent ensemble et que la troisième personne qui arrive ne sache pas la quelle a lu la bande dessinée.
Philippe Chauveau :
Vous rendez-vous compte qu'en ayant eu cette idée un peu folle, vous vous attaquiez à une oeuvre intouchable. « La recherche » on ne touche pas.
Stéphane Heuet :
Je ne me suis pas rendu compte. Ma grande chance ça a été ça. Je pensais que ça intéresserait tous les éditeurs, alors qu'ils ont tous refusé, sauf Delcourt. J'avais très peur des Proustiens en revanche, des vieillards barbifiants. Et curieusement, ce sont eux qui m'ont aidé. Les « réacs » je ne les ai pas trouvé chez les Proustiens, mais dans la bande dessinée. Parce que ma bande dessinée, elle n'est pas branchouille. C'est assez rigolo.
Philippe Chauveau :
C'est l'oeuvre d'une vie, mais vous allez à votre rythme.
Stéphane Heuet :
Oui, ce sera un bout d'oeuvre d'une vie, car je pense que je ne pourrai pas tout faire de mon vivant. Ce que j'espère, mais ça je ne suis pas optimiste, c'est que quelqu'un prendra la relai après ma mort. Je trouve ça absolument extraordinaire, j'ai une vie rêvée. Si les gens savaient à quel point je suis heureux, ils seraient tous jaloux de moi. Est-ce que j'aurai un successeur pour reprendre ce bonheur en cours, je ne sais pas.
Philippe Chauveau :
Vous avez l'impression aussi de faire oeuvre utile ? Votre travail est notamment étudié dans les collèges et les lycées. Est-ce que votre travail peu aussi aider à entrer dans « La recherche » ?
Stéphane Heuet :
Absolument. J'étais au lycée Louis Legrand il y a quinze jours, j'avais des élèves extraordinaires qui ont gobé cette BD et qui butent sur le fait que je vais trop lentement. Et j'espère que c'est à ce moment là qu'ils se lancent dans la lecture du texte original. Ce que je fais, ce n'est pas tellement pour faire aimer Proust, c'est pour faire aimer la lecture.
Philippe Chauveau :
La nuit lorsque vous êtes à votre table de travail, Marcel Proust est votre meilleur ami mais est ce que parfois il vous énèrve un peu ? Est-ce que vous vous arrachez les cheveux à cause de lui ?
Stéphane Heuet :
Il me pose parfois des problèmes. Quand je travaille la nuit, j'ai deux ectoplasmes autour de moi. J'ai le Proustien et j'ai le jeune lecteur. Quand je raye un texte, j'ai le Proustien qui dit « mais comment osez-vous couper ce texte ? » et à côté de ça quand je le conserve j'ai un adolescent un peu réticent qui me dit « yo ! Prise de tête ». Je travaille pour les deux et parfois il y a de quoi s'arracher les cheveux.
Philippe Chauveau :
Si vous croisez Marcel Proust, qu'avez-vous envie de lui dire ?
Stéphane Heuet :
Merci. Mais tout le monde devrait lui dire merci.
Philippe Chauveau :
Merci à vous aussi Stéphane Heuet, de votre accueil et félicitation pour ce beau travail, cette adaptation de l'oeuvre de Marcel qui est en cours...
Stéphane Heuet :
Je suis en bonne santé.
Philippe Chauveau :
L'adaptation de l'oeuvre de Marcel Proust publiée chez Delcourt. Merci
Stéphane Heuet
A la recherche du temps perdu
L'avis du libraire 1'39La bande dessinée permet de simplifier le propos de Proust, sans le dénaturer et vous avez l'avantage de connaître l'oeuvre de Proust avec un dessin très simple pour les personnages mais qui ne néglige pas les décors.
« Du coté de chez Swann, Nom de pays : Le nom », vous avez le personnage de la gouvernante de Françoise qui ressemble étrangement à Bécassine et on peut voir la simplicité du trait.
Par contre les décors sont vraiment très fouillés, on reconnaît très facilement l'Opéra Garnier qui est représenté, les décors sont très détaillés.
L'oeuvre est un petit peu ardue pour de nombreux lecteurs qui ont été découragés par les longues phrases de Proust, alors que la, malgré tous les récitatifs qui sont repris tel quel dans la bande dessinée, la lecture est très fluide.
Je recommanderai avec plaisir l'oeuvre de Stéphane Heuet, car cela permet de découvrir toute l'oeuvre de Proust assez facilement.
Libraire : Stéphane Quero (Librairie BHV/Marais – Paris)
La bande dessinée permet de simplifier le propos de Proust, sans le dénaturer et vous avez l'avantage de connaître l'oeuvre de Proust avec un dessin très simple pour les personnages mais qui ne néglige pas les décors.
« Du coté de chez Swann, Nom de pays : Le nom », vous avez le personnage de la gouvernante de Françoise qui ressemble étrangement à Bécassine et on peut voir la simplicité du trait. Par contre les décors sont vraiment très fouillés, on reconnaît très facilement l'Opéra Garnier qui est représenté, les décors sont très détaillés.
L'oeuvre est un petit peu ardue pour de nombreux lecteurs qui ont été découragés par les longues phrases de Proust, alors que la, malgré tous les récitatifs qui sont repris tel quel dans la bande dessinée, la lecture est très fluide.
Je recommanderai avec plaisir l'oeuvre de Stéphane Heuet, car cela permet de découvrir toute l'oeuvre de Proust assez facilement.