Depuis plus de vingt ans maintenant, Amélie Nothomb est une figure incontournable de l'univers littéraire francophone. Révélée en 1992 avec « Hygiène de l'assassin », fidèle à son éditeur Albin Michel, elle publie chaque année, à la rentrée de septembre, un nouveau roman attendu par ses milliers de lecteurs dont certains sont de véritables fans. Célèbre pour ses chapeaux ou son goût immodéré pour le champagne, Amélie Nothomb fascine autant qu'elle dérange. Ses admirateurs et ses détracteurs ont un peu dit tout et...
Psychopompe d'Amélie Nothomb - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Amélie Nothomb, merci d'avoir accepté cette invitation. Votre actualité, c'est « Riquet à la houppe » chez Albin Michel. « Riquet à la houppe » cela nous rappelle les contes de notre enfances. On sait que vous êtes issue de la noblesse belge mais quel enfant étiez-vous ?
Amélie Nothomb :
J'ai eu une enfance extrêmement riche puisqu'elle a commencé au Japon, continué en Chine ensuite aux Etats-Unis… Mon enfance est un kaléidoscope d'émotions et parmi ses émotions se glissent les...
Psychopompe d'Amélie Nothomb - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Amélie Nothomb, avec ce nouveau roman « Riquet à la houppe », vous allez nous présenter deux personnages aux noms étonnants, Déodat et Trémière. Vous aviez déjà adapté des contes, notamment « Barbe bleue ». Qu'est-ce qui vous a fascinée dans cette histoire de « Riquet à la houppe » ?
Amélie Nothomb :
C'est un contre très rare car il ne nous raconte pas une histoire mais deux. Il nous raconte le jeune homme et la jeune femme, c'est très rare un conte en partie double. J'ai beaucoup aimé...
Psychopompe d'Amélie Nothomb - Livre - Suite
Amélie Nothomb
Riquet à la houppe
Présentation 2'34Depuis plus de vingt ans maintenant, Amélie Nothomb est une figure incontournable de l'univers littéraire francophone. Révélée en 1992 avec « Hygiène de l'assassin », fidèle à son éditeur Albin Michel, elle publie chaque année, à la rentrée de septembre, un nouveau roman attendu par ses milliers de lecteurs dont certains sont de véritables fans. Célèbre pour ses chapeaux ou son goût immodéré pour le champagne, Amélie Nothomb fascine autant qu'elle dérange. Ses admirateurs et ses détracteurs ont un peu dit tout et n'importe quoi sur elle, elle en joue et s'en amuse mais s'il est une qualité qu'il faut lui reconnaitre, c'est la simplicité, la gentillesse, la courtoisie, la disponibilité qu'elle témoigne à son interlocuteur quel qu'il soit. Mais si Amélie Nothomb a su marquer le monde éditorial, c'est aussi par son écriture, son style, ses inspirations. Ses romans sont drôles, loufoques, incompréhensibles pour les uns, profondément philosophiques, satires sociales ou énigmatiques pour les autres. Si Amélie Nothomb privilégie les textes courts, les phrases sobres, sans excès de langage, elle glisse aussi souvent un semblant d'autobiographie dans ses romans comme dans « Stupeurs et tremblements », « La métaphysique des tubes » ou « Pétronille » sans que l'on sache vraiment qu'elle en est la part de vérité. Seule « La nostalgie heureuse » peut être considéré réellement comme autobiographique. Elle y racontait alors le voyage qu'elle fit au Japon en 2012 sur les traces de son enfance.
L'enfance est un thème récurrent dans l'écriture d'Amélie Nothomb. On ne s'étonnera donc pas si régulièrement, elle emprunte aux contes et légendes d'autrefois qu'elle interprète et actualise. Il y eut « Barbe bleue », « Le crime du comte Neville » et aujourd'hui « Riquet à la houppe ». Popularisé par Charles Perrault au début du XVIIIème siècle, ce conte nous parle du beau et du laid. Amélie Nothomb reprend le sujet en imaginant la rencontre surprenante de deux êtres que tout oppose, Déodat et Trémière. Il est très laid, elle est très belle mais tous deux sont seuls car exclus d'un monde qui les rejette. Ils vont s'aimer envers et contre tout. Dans ce roman, on parle d'amour, de cruauté, d'incompréhension, du regard des autres, de la différence, de l'acceptation de soi. Tout cela avec justesse, poésie, élégance, dans une écriture à la fois fluide et littéraire sans oublier un zeste d'humour et d'insolence.
« Riquet à la houppe » d'Amélie Nothomb est publié chez Albin Michel.
Amélie Nothomb
Riquet à la houppe
Portrait 00'07'54"Philippe Chauveau :
Bonjour Amélie Nothomb, merci d'avoir accepté cette invitation. Votre actualité, c'est « Riquet à la houppe » chez Albin Michel. « Riquet à la houppe » cela nous rappelle les contes de notre enfances. On sait que vous êtes issue de la noblesse belge mais quel enfant étiez-vous ?
Amélie Nothomb :
J'ai eu une enfance extrêmement riche puisqu'elle a commencé au Japon, continué en Chine ensuite aux Etats-Unis… Mon enfance est un kaléidoscope d'émotions et parmi ses émotions se glissent les contes. Les contes, à la fois japonais et européens, qui sont si différents.
Philippe Chauveau :
Au-delà des contes, le livre fait très rapidement son apparition dans votre vie ?
Amélie Nothomb :
Oui absolument, j'appartiens à une famille extrêmement littéraire, le livre a toujours été une valeur chez moi. J'ai commencé par Tintin puis les contes. « Riquet à la houppe » c'est un petit peu un retour aux sources.
Philippe Chauveau :
Dans votre jeunesse, vous avez beaucoup voyagé. Les livres vous permettaient-ils d'avoir une certaine assise dans ce tourbillon d'émotions que vous évoquez ?
Amélie Nothomb :
Oui, tout à fait ! Parce que je découvre jeune que mon monde n'est pas stable vu que l'on déménage tous les trois ans, et seul le livre peu m'apporter de la stabilité, vu que mes parents les transportaient à chaque déplacement.
Philippe Chauveau :
Avez-vous avez souffert de ces déplacements ?
Amélie Nothomb :
Oui, ce rythme de vie est à double tranchant. J'ai eu la plus belle des enfances par la diversité de culture que j'ai côtoyée et, à la fois, j'ai eu une enfance tragique car elle était marquée par la perte. La perte de tous ceux que j'aimais.
Philippe Chauveau :
Pourquoi l'écriture ? Comment fait-elle son apparition dans votre vie ?
Amélie Nothomb :
Elle fait son apparition très tôt, mes parents nous avait imposé d'écrire une lettre par semaine à notre grand-père qui nous était inconnu et vivait en Belgique. Et mon frère, ma sœur et moi devions remplir une feuille A4. C'était terrible ! Que pouvions-nous écrire à ce monsieur que l'on ne connaissait pas ? Et c'est ce qui a contribué à faire de moi l'écrivain que je suis car j'ai compris que l'on écrivait pour quelqu'un que l'on ne connait pas.
Philippe Chauveau :
En 1992 sort votre premier roman, « Hygiène de l'assassin ». Quel souvenir gardez-vous de ce premier livre publié ? Etait-ce toujours la même petite fille qui écrivait à son grand-père ?
Amélie Nothomb :
Oui bien sûr ! Et je vous assure que celle de 2017 est toujours la même ! Quand j'écris c'est toujours le même saut dans l'inconnu et c'est toujours une joie pour moi de rencontrer mes lecteurs une fois le livre publié.
Philippe Chauveau :
Vous disiez que vous écriviez notamment par peur de la solitude, les livres sont-ils une sorte de demande d'amour ?
Amélie Nothomb :
Je dirais oui au niveau de la publication du livre mais pas au niveau de l'écriture. Mais c'est aussi un constat que je cherche à partager et parmi ces constats il y a une demande toute simple : « est-ce que je suis complètement folle ou est-ce que vous pouvez me suivre jusque-là ? »
Philippe Chauveau :
Votre actualité Amélie Nothomb « Riquet à la houppe », vous êtes publiée chez Albin Michel.
Amélie Nothomb
Riquet à la houppe
Livre 6'24Philippe Chauveau :
Amélie Nothomb, avec ce nouveau roman « Riquet à la houppe », vous allez nous présenter deux personnages aux noms étonnants, Déodat et Trémière. Vous aviez déjà adapté des contes, notamment « Barbe bleue ». Qu'est-ce qui vous a fascinée dans cette histoire de « Riquet à la houppe » ?
Amélie Nothomb :
C'est un contre très rare car il ne nous raconte pas une histoire mais deux. Il nous raconte le jeune homme et la jeune femme, c'est très rare un conte en partie double. J'ai beaucoup aimé cette idée, c'est vrai que la rencontre amoureuse se passe entre deux personnes.
Philippe Chauveau :
Est-ce un conte que l'on vous avait raconté quand vous étiez petite, qui était dans votre mémoire ?
Amélie Nothomb :
Oui ma mère m'avait raconté cette histoire, mais je n'ai pas su tout de suite que j'allais me réapproprier le conte, contrairement à « Barbe bleue ». « Barbe bleue » c'est une histoire phénoménale alors que « Riquet à la houppe » est beaucoup plus doux mais très plaisant.
Philippe Chauveau :
Déodat est donc très laid, Trémière est très belle mais on la juge un peu stupide et leur problème est que l'un et l'autre sont très seuls et ils se demandent quel est leur avenir dans ce monde qui ne veut pas d'eux.
Amélie Nothomb :
Oui, ils sont radicalement différents. J'ai l'air d'aborder le plus grand lieu commun de notre époque : l'acceptation des différences. Le problème, c'est qu'on a beau nous dire que la différence est une richesse, cette leçon n'est absolument pas appliquée. J'ai l'impression que toutes les époques ont détesté la différence et la nôtre peut-être plus que les autres.
Philippe Chauveau :
Vous-même, parfois, avez-vous souffert de cette différence, d'avoir beaucoup voyagé dans votre enfance, d'avoir choisi l'écriture ? Avez-vous souffert de cela ?
Amélie Nothomb :
Je pense que j'ai toujours été différente mais comme tout le monde ! En effet, j'ai été beaucoup rejetée pour ma différence. Evidemment, quand j'étais dans d'autres pays, j'ai toujours remarqué mon étrangeté, mais là où j'ai été le plus rejetée, c'est certainement à mon arrivée en Belgique à 17 ans. Cela a été terrible parce que moi je n'ai jamais voulu être rejetée et la découverte de la Belgique a été la découverte de la solitude. J'ai mis deux années à me faire une seule amie. Heureusement que mon succès littéraire a fait mon intégration à ma place.
Philippe Chauveau :
Récemment le Roi des Belges vous a titréb Baronne, comment avez-vous vécu ce moment ?
Amélie Nothomb :
Ce titre est un cadeau du destin. J'étais extrêmement honorée, d'autant plus que mon père est baron, mais ce titre ne se transmet pas aux filles. Du coup mon père m'avait dit de me marier avec un baron pour avoir le titre. Comme quoi papa, je n'ai pas eu besoin de ça pour être baronne !
Philippe Chauveau :
Votre actualité Amélie Nothomb « Riquet à la houppe », vous êtes publiée chez Albin Michel.
Amélie Nothomb
Riquet à la houppe
L'avis du libraire 2'02