Voilà un premier roman prometteur présenté dans la nouvelle collection Arpège des éditions Stock. On le doit à Théodore Bourdeau. Journaliste. Théodore Bourdeau a arpenté les couloirs de la rédaction de Canal Plus avant de suivre Yann Barthès sur TMC et devenir producteur de l’émission Quotidien.
Mais l’envie de l’écriture et le goût des mots étaient là depuis bien longtemps, le journalisme en étant la première marche. Reconnaissant une sorte d’urgence et voyant dans la littérature une espèce de Graal,...
Les petits garçons de Théodore Bourdeau - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Théodore Boudeau. Vous êtes dans l'actualité avec ce livre qui s'appelle « Les petits garçons » dans la nouvelle collection Arpège des éditions Stock dirigée par Caroline Laurent qui est votre éditrice. On va parler, bien sûr, de ce premier roman mais aussi faire connaissance parce que votre nom est connu aussi dans le milieu journalistique, dans le milieu de la télévision. Vous travaillez aux côtés de Yann Barthès notamment. Le journalisme, vous êtes tombé dedans quand vous étiez...
Les petits garçons de Théodore Bourdeau - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Avec ce premier livre, ce premier roman, Théodore Bourdeau, nous allons faire connaissance avec un narrateur dont on ne saura pas le prénom. Grégoire est son copain d'enfance. Nous allons suivre ces deux gamins qui vont grandir et qui vont rentrer dans l'âge adulte avec toutes ses chimères, toutes ses difficultés et toutes ses douleurs. Mais le livre commence par cette phrase : « Je suis né heureux ». Qui sont-ils ces deux gamins ? Qui est-il ce narrateur ?
Théodore Bourdeau :
Ces deux personnages...
Les petits garçons de Théodore Bourdeau - Livre - Suite
Théodore Bourdeau
Les petits garçons
Présentation 02'31"Voilà un premier roman prometteur présenté dans la nouvelle collection Arpège des éditions Stock. On le doit à Théodore Bourdeau. Journaliste. Théodore Bourdeau a arpenté les couloirs de la rédaction de Canal Plus avant de suivre Yann Barthès sur TMC et devenir producteur de l’émission Quotidien.
Mais l’envie de l’écriture et le goût des mots étaient là depuis bien longtemps, le journalisme en étant la première marche. Reconnaissant une sorte d’urgence et voyant dans la littérature une espèce de Graal, Théodore Bourdeau, fait le choix de l’écriture romanesque. Ainsi né ce livre « Les petits garçons ». Ecrit à la première personne, l’histoire flirte avec l’autofiction, le narrateur ressemblant par bien des points à l’auteur. Il est journaliste comme lui, est né au début des années 80 comme lui et a longtemps cherché sa voie, comme lui. Mais là s’arrête la comparaison. Et finalement, peu importe car nombreux seront les lecteurs à s’identifier à ce personnage et à son copain d’enfance, Grégoire. Deux enfants dont l’amitié va naître sur les bancs de l’école. Même si leurs univers familiaux et leurs parcours de vie semblent bien éloignés, ils restent au fil des années les meilleurs amis du monde. Et nous allons les suivre, du collège à la fac et aux premiers jobs, découvrant la vie et ses pièges, les flirts, les premiers émois. De la douceur du couffin maternel aux premières morsures de l’existence, le temps passe vite ! Mais derrière cette histoire teintée d’une douce nostalgie, où les souvenirs racontent un monde enfui, le roman est aussi une peinture de notre époque quand ces deux gamins, ces deux ados puis ces jeunes adultes sont confrontés à la violence du monde et plus particulièrement le terrorisme qui devient le fil rouge, couleur sang, de leur histoire commune. Au fil des pages se dessine alors un livre plus sombre où la violence surgit sans crier gare. Les premiers mots du roman de Théodore Bourdeau prennent alors tout leur sens « Je suis né heureux ». Comment garder l’innocence de son enfance quand tout autour de vous appelle le drame.
Théodore Bourdeau signe un premier roman empreint d’une mélancolie littéraire patiemment travaillée, une écriture pleine de pudeur et de sensibilité où résonne la joie et l’envie de vivre, malgré tout.
Un beau roman, une belle écriture qui laisse entrevoie de belles perspectives. « Les petits garçons » de Théodore Bourdeau est publié chez Stock.
Théodore Bourdeau
Les petits garçons
Portrait 05'58"Philippe Chauveau :
Bonjour Théodore Boudeau. Vous êtes dans l'actualité avec ce livre qui s'appelle « Les petits garçons » dans la nouvelle collection Arpège des éditions Stock dirigée par Caroline Laurent qui est votre éditrice. On va parler, bien sûr, de ce premier roman mais aussi faire connaissance parce que votre nom est connu aussi dans le milieu journalistique, dans le milieu de la télévision. Vous travaillez aux côtés de Yann Barthès notamment. Le journalisme, vous êtes tombé dedans quand vous étiez petit ? Comment est née cette vocation ? Au contraire, est-ce que cela vous tombe dessus un peu par hasard ?
Théodore Bourdeau :
C'est ni l'un ni l'autre ! Moi, j'étais un étudiant qui errait dans un parcours universitaire qui ne lui convenait pas spécialement. Sans trop savoir ce que je voulais faire pour le dire clairement et la personne qui me connaît le mieux, ma mère, m'a un jour dit comme une évidence : « Mais tu devrais essayer ça, tu devrais essayer d'être journaliste. Tu te passionne pour des choses. Si tu aimes réfléchir aux choses, écrire, tu écris des histoires depuis tout petit… ». Et cela m'est apparu un peu comme une évidence, pas du tout comme une vocation mais comme une évidence. Cela pouvait effectivement me correspondre. Effectivement s'intéresser aux choses et essayer de les raconter, ça ressemble à un métier moins pire que banquier par exemple ! Quand j'ai commencé à m'y mettre, je me suis que ça pouvait ressembler à quelque chose qui pourrait m’animer pour un petit moment de vie. Et voilà. Ce n'était pas une vocation mais je crois que ce peut être aussi un atout, quand on veut être journaliste, de ne pas non plus se dire qu’on sera journaliste à tout prix parce que c'est un métier qui demande quand même une sévère dose d'humilité.
Philippe Chauveau :
Vous faites l'école de journalisme de Lille qui est l'une des plus réputées. Et puis, vous intégrez le groupe Canal Plus, vous rencontrez Yann Barthès. Aujourd'hui vous êtes producteur de son émission quotidienne sur TMC. Vous êtes producteur. Comment passe-t-on de journaliste, avec la fameuse carte de presse, à producteur. C'est quoi aujourd'hui votre rôle aux côtés des journalistes ?
Théodore Bourdeau :
C'est un rôle un peu plus complet qui associe aussi à la production ce qui se passe en plateau : le décor, le son, la manière dont on habille les gens aussi. C'est vraiment en plus du côté purement journalistique la préparation des sujets la validation des sujets. Il y a aussi une association à la mise en scène de tout ça, sur le plateau de télévision et au rendu final
Philippe Chauveau :
Je reviens un peu sur votre sur votre parcours, sur votre enfance et votre adolescence. Vous nous disiez que vous aviez toujours aimé écrire des textes et que c'était un peu pour cela que votre mère vous a poussé vers le journalisme. Pourquoi l’importance des mots dans votre vie ? Pourquoi cette envie d'écrire des petites choses lorsque vous étiez gamin ? Pourquoi ce goût de la lecture ?
Théodore Bourdeau :
Mes parents lisaient beaucoup. J’avais des grands frères qui m'ont entouré de livres pendant toute mon enfance. J'aimais essayer de rouler des mécaniques et lire leurs bouquins. Parfois, je n'y arrivais pas du tout. Mais je me sentais un peu plus grand. Je me sentais un peu plus à leur niveau. Depuis, j'aime beaucoup lire. J'écrivais dans mon métier mais écrire un roman, cela n'a pas été une évidence tout de suite, cela m'a pris beaucoup de temps. Longtemps je me suis dit que ce n'est pas anodin d’écrire un roman.
Philippe Chauveau :
Qu'avez-vous découvert en vous lorsque vous avez mis le point final du roman ? Au-delà de la satisfaction d'avoir relevé ce défi, vous vous êtes découvert différemment ?
Théodore Bourdeau :
Ce qui m'a marqué avant tout, c'est la magie du roman. La magie de l'écriture elle existe bien sûr. On écrit des articles, on met en forme les choses. La magie supplémentaire du roman réside, à mon avis, dans le fait que les personnages peuvent parfois prendre le contrôle de ce qu'on écrit. Moi, c'est ce que j'ai découvert. Je n'avais jamais ressenti cela en écrivant, ce moment où, tout à coup, les personnages partent dans une direction. On se dit : « Tiens, peut être que ce sont eux qui ont raison plutôt que moi avec mes plans prédéfinis, ce que j'avais imaginé écrire ». Et on les suit, on s'engage avec eux et on découvre sur le chemin, des choses qu'on a en nous. Moi, j'imaginais une fin très noire à ce roman. Finalement c'est une fin plutôt lumineuse. Ce que j'ai appris de moi-même dans le roman, c'est d'abord le fait que j'étais capable d'actionner cette petite magie du roman et ensuite que, finalement, peut être que mon tempérament n'était pas aussi sombre que celui que j'imaginais.
Philippe Chauveau :
De quelle façon vous projetez vous dans 5, 10 ou 20 ans ? En parlant du journalisme, vous disiez ce ne serait peut-être qu’un moment de votre vie. Plus tard, vous voyez-vous plutôt dans l'univers des livres que dans celui du journalisme ?
Théodore Bourdeau :
J'aime beaucoup cette position. Le journalisme offre un joli point de vue pour écrire des livres. Cela oblige à s'intéresser au monde qui nous entoure et moi, ce que j'aimerais faire en faisant oeuvre de littérature, c'est parler du monde qui m'entoure, parler de la société qui nous entoure. J'aimerais que ces deux petits garçons soient des personnages qui s'intègrent avec, peut-être, une famille de personnages plus larges. Donc, pour l'instant ça me va bien. Tant que j'arriverai à tenir le rythme sans avoir besoin de trop dormir la nuit pour écrire ces petits livres, je serai heureux. Je me satisfais de cette position pour l'instant.
Philippe Chauveau :
Votre actualité, Théodore Bourdeau, votre premier roman, « Les petits garçons » publié chez Stock.
Théodore Bourdeau
Les petits garçons
Livre 06'59"Philippe Chauveau :
Avec ce premier livre, ce premier roman, Théodore Bourdeau, nous allons faire connaissance avec un narrateur dont on ne saura pas le prénom. Grégoire est son copain d'enfance. Nous allons suivre ces deux gamins qui vont grandir et qui vont rentrer dans l'âge adulte avec toutes ses chimères, toutes ses difficultés et toutes ses douleurs. Mais le livre commence par cette phrase : « Je suis né heureux ». Qui sont-ils ces deux gamins ? Qui est-il ce narrateur ?
Théodore Bourdeau :
Ces deux personnages sont très contemporains. Le narrateur est une espèce de cœur tendre un peu ballotté par la vie, qui se laisse un peu glisser, qui vit dans l'observation de l'immense réussite de son meilleur ami Grégoire qui, lui, est très différent. Tout lui réussit, très vite ; il est très déterminé, assez peu animé du doute. Mon envie était de raconter ce qu'il peut y avoir de magique dans l'amitié entre ces deux personnages que tout oppose. Ce qu'il y a de magique dans les amitiés d'enfance.
Philippe Chauveau :
Ce qui est passionnant, c'est que ces deux gamins vont vraiment se rencontrer au tout début de leur vie, à la prime enfance, et puis vont se suivre malgré les aléas de la vie. Vous le dites, ils sont de deux milieux sociaux très différents, ils ont des parents très différents, ils sont eux-mêmes très différents. Juste un mot sur le narrateur. Il est bien précisé que c'est un roman et pourtant, le narrateur vous ressemble un peu… Il a fait des études de journalisme, comme vous, il ne sait pas trop quoi faire de sa vie, ce qui fut votre cas. Vous nous avez expliqué tout à l'heure que vous vous êtes cherché pendant un moment. On s'arrête là ? Est ce qu'on est quand même un peu dans l'autofiction ?
Théodore Bourdeau :
Pour m'en sortir dans ces cas-là, j'aime bien citer une phrase de Jean d'Ormesson que je trouvais assez brillante et malicieuse qui dit : « Dans ce roman, j'ai raconté ma vie à ceci près que j'ai tout inventé »… Il y a beaucoup de cela dans mon roman. Je pense que c'est souvent le cas des premiers romans. On a besoin de s'engager soi-même et sa propre vie et de la mettre dans le livre.
Philippe Chauveau :
Avec cette histoire, nombre de lecteurs pourront bien sûr aussi s'identifier par rapport à leur parcours. Vous avez cité Jean d'Ormesson. Vous mettez aussi en exergue de votre roman cette phrase de Michel Houellebecq : « J'estime la chasteté, la sainteté, l'innocence. Je crois au don des larmes et à la prière du cœur ». Pourquoi ce choix ?
Théodore Bourdeau :
Parce que, pour moi, Houellebecq est une influence colossale et monolithique. Il est l'auteur qui m'intéresse le plus dans le paysage littéraire contemporain. C'est presque le meilleur journaliste de son époque ! Donc, me placer sous son patronage, très humblement, c'était un bon point de départ pour moi.
Philippe Chauveau :
Vous allez nous raconter l'histoire de ces deux gamins qui grandissent, le narrateur et Grégoire. Il y a des moments très tendres, très drôles, d'autres plus douloureux parce que l'adolescence, l'entrée dans la vie adulte, c'est parfois aussi douloureux. Et puis, la douleur va surgir également lorsque ces deux gamins qui grandissent vont être confrontés à la rudesse du monde, à la violence du monde. Au fil des pages, il y a plusieurs scènes cruelles qui vont apparaître avec des moments forts que nous avons tous en mémoire, notamment liés au terrorisme qui fait son apparition. Vous nous faites comprendre que les jeunes d'aujourd'hui, ceux qui entrent dans la vie adulte aujourd'hui, sont confrontés à cela, c'est à dire que le terrorisme vient régulièrement foudroyer leur innocence.
Pourquoi avoir eu envie de mettre en parallèle ces deux univers. L'innocence de la jeunesse et la dureté du monde ?
Théodore Bourdeau :
Le point de départ, c'était l'enfance. Moi, je suis un jeune père, j'ai une petite fille que je voyais grandir au moment où j'ai commencé à écrire ce roman. Souvent, j’observais ce petit être parfait de pureté en la comparant à moi adulte corrompu par le monde. Je me demandais ce qui lui resterait de son cœur d'enfant, son cœur de petite fille qu'elle a aujourd'hui quand elle deviendra une adulte, une grande fille, quand elle sera, elle aussi, corrompue par le monde qui l'entoure. Battu par les épreuves, peut-on garder notre cœur d'enfant ?
Quand on devient des grands garçons, des adultes, comment grandit-on ? Comment se façonne-t-on, en tant qu'être humain, quand on est accompagné de cette litanie d'événements violents qui reviennent régulièrement, qui nous fatiguent, qui nous épuisent et créent en nous des blessures ?
Philippe Chauveau :
Vous faites le choix de nous raconter l'histoire de ces deux gamins qui grandissent. Il y a des choses très précises, des détails, qui nous expliquent qui ils sont. Et revanche, lorsque vous nous parlez de lieux géographiques, vous parlez de la grande ville sans la nommer. Vous parlez de certains évènements comme ces fameux attentats mais vous ne rappelez ni les dates, ni les circonstances ni de quels attentats il s'agit, même si pour nous, lecteurs, forcément, la mémoire joue son rôle. Pourquoi ce choix de laisser dans l'ombre même le groupe de rock dont le narrateur est fan ?
Thédore Bourdeau :
Je voulais vraiment à tout prix mettre en avant le ressenti de mes personnages face aux événements et je ne voulais pas les écraser derrière les labels de l'actualité. Par exemple, si je dis : « 11 septembre » ? Immédiatement, je fais appel à votre souvenir du 11 septembre 2001, à votre propre expérience des choses. Après, il y avait un exercice personnel pour moi, dans le roman. Il y avait le plaisir d'arrêter de me soustraire, le plaisir de se soustraire à l'injonction faite aux journalistes de toujours nommer précisément les choses de dire, la vérité rien que la vérité.
Philippe Chauveau :
Pour ma part, j'ai été frappé, en rappelant c'est un premier roman, par la qualité de votre écriture. Si vous deviez définir le style dans lequel vous avez choisi décrire ce premier roman et notamment le fait d'écrire à la première personne. Comment avez-vous travaillé votre écriture ?
Thédore Bourdeau :
Ma volonté, c'était la fluidité, la clarté et la simplicité du style. Aussi parce que c'est l'histoire d'abord d'une fausse simplicité parce qu'on sent qu'il y a quand même un travail stylistique. J'espère qu'on fait de la simplicité aussi parce que c'est l'histoire de deux petits garçons et qu'on raconte d'abord leur enfance, que le narrateur raconte donc par définition son enfance. Il fallait que ce soit fluide, clair, pour accompagner leur vie qui malgré les difficultés reste une vie fluide.
Philippe Chauveau :
Voilà un premier roman très réussi que je vous recommande vivement. Félicitations Théodore Bourdeau. Continuez ! Et on attend avec impatience la suite pour voir votre plume évoluer. « Les petits garçons » publié chez Stock, dans cette nouvelle collection Arpège. Merci beaucoup.