On doit à Jean-Pierre Guéno, la collection des livres « Paroles de... ». Paroles de détenus, Paroles de Poilus, Paroles d'étoiles... Livres pour lesquels Jean-Pierre Guéno, demande à des anonymes de ressortir de leur grenier des documents, des lettres jaunies, plein d'authenticité, plein d'émotion.
Cet authenticité, cette émotion, on les retrouve dans ce livre hommage à Antoine de Saint-Exupéry. Des textes plein de poésie, des documents, des photos inédites pour la plupart, fournis par la propre famille d'Antoine...
Paroles de soldats de Jean-Pierre Guéno - Présentation - Suite
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Bonjour Jean-Pierre Guéno.
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
Bonjour.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Merci de nous recevoir. La mémoire du Petit Prince, c’est le livre que vous venez de sortir aux éditions Jacob-Duvernet. J’ai l’impression que le livre, finalement, a toujours fait partie de votre existence, ou en tout cas que vous avez toujours eu envie de vivre avec le livre, est-ce que c’est exact ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
Oui, tout...
Paroles de soldats de Jean-Pierre Guéno - Portrait - Suite
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) :
Jean-Pierre Guéno, nous sommes ensemble pour évoquer votre nouvel ouvrage publié aux éditions Jacob-Duvernet, La mémoire du Petit Prince, sous-titré Antoine de Saint-Exupéry, le journal d’une vie. Qu’est-ce qui vous a donné envie de consacrer un livre entier à Saint-Exupéry ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince) :
C’est un auteur dont la vie est indissociable de l’œuvre, et par ailleurs, c’est un auteur dont l’œuvre forme un tout. Les clés du Petit Prince ...
Paroles de soldats de Jean-Pierre Guéno - Le livre - Suite
Jean-Pierre Guéno
La mémoire du Petit Prince
Présentation 1'02Cet authenticité, cette émotion, on les retrouve dans ce livre hommage à Antoine de Saint-Exupéry. Des textes plein de poésie, des documents, des photos inédites pour la plupart, fournis par la propre famille d'Antoine de Saint Exupéry. Et puis la belle idée de Jean-Pierre Guéno, c'est de faire parler le Petit Prince. Le Petit Prince qui s'adresse directement à son auteur, Saint Exupéry.
La Mémoire du Petit Prince par Jean-Pierre Guéno, à découvrir sur Web Tv Culture.
Cet authenticité, cette émotion, on les retrouve dans ce livre hommage à Antoine de Saint-Exupéry. Des textes plein de poésie, des documents, des photos inédites pour la plupart, fournis par la propre famille d'Antoine de Saint Exupéry. Et puis la belle idée de Jean-Pierre Guéno, c'est de faire parler le Petit Prince. Le Petit Prince qui s'adresse directement à son auteur, Saint Exupéry.
La Mémoire du Petit Prince par Jean-Pierre Guéno, à découvrir sur Web Tv Culture.
Jean-Pierre Guéno
La mémoire du Petit Prince
Portrait 4'16Bonjour Jean-Pierre Guéno.
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
Bonjour.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Merci de nous recevoir. La mémoire du Petit Prince, c’est le livre que vous venez de sortir aux éditions Jacob-Duvernet. J’ai l’impression que le livre, finalement, a toujours fait partie de votre existence, ou en tout cas que vous avez toujours eu envie de vivre avec le livre, est-ce que c’est exact ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
Oui, tout à fait. Depuis très longtemps, depuis ma petite enfance, j’ai eu la chance d’apprendre à lire avant d’aller à l’école, ce qui a été très agréable, et ce qui a fait qu’en même temps je m’ennuyais un petit peu dans les premières années, puisque j’étais sensé apprendre des choses que je savais déjà.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Vous avez un souvenir du premier livre qui vous ait marqué ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
J’ai un petit Panthéon personnel dans lequel on trouve Antoine de Saint-Exupéry, Jean Moulin, Jean Zay, et puis Alain Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes. J’aime beaucoup cette œuvre car ce livre est une descente aux enfers. C’est ce qu’Alain Fournier appelle « l’atterrissage dans la dure vie basse », la sortie de l’âge d’enfance, d’adolescence, l’entrée dans l’âge d’homme avec toutes les concessions que ça implique.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Revenons sur votre parcours. Il y a la grande aventure des Editions Radio France, plus d’une dizaine d’années; les éditions Radio France, et puis « Paroles de… ». Comment est-il né ce projet ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
J’ai toujours pensé que les gens qui font l’Histoire ne sont pas seulement les têtes d’affiches qui tapissent nos livres de classe, mais ces obscurs, ces sans grades, ces figurants, pour filer la métaphore cinématographique, qu’étaient nos parents, nos grands-parents, nos arrières grands-parents, nos ancêtres proches. Et tout le monde avait oublié la vérité de La Palice, c’est que la plupart de ces hommes, quand ils ont vécu l’enfer de la grande Guerre, avaient entre 17 et 23 ans. Pour en avoir conscience, il suffisait d’aller chercher les lettres écrites, sur les champs de bataille, quand les guerres étaient encore des guerres de mouvement, et dans les tranchées, dans les 4 ans qui ont suivi.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Paroles de Poilu, qui est aujourd’hui régulièrement réédité, certains passages étudiés aussi…
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
Oui, et qui a dû dépasser, toutes éditions confondues, quelque chose comme 3 millions d’exemplaires vendus. Et puis après des thèmes soit historiques, soit sociologiques, Paroles de détenus, qui malheureusement n’a pas vieilli d’une ride, mais encore des titres aussi divers que Mémoire de maîtres, Paroles d’élèves… J’avais demandé aux français d’écrire aux professeurs qui avaient marqués leur vie, en bien ou en mal, mais encore Paroles d’étoiles sur la trajectoire des enfants d’origine juive, sauvés parce que cachés entre 1942 et 1944, Paroles du jour J sur le débarquement, Paroles d’enfance, Paroles de femme, Première fois… J’avais demandé aux français d’écrire sur ces moments de basculement qui font qu’après, rien n’est plus comme avant, mais encore Cher pays de mon enfance, Paroles de Déracinés qui rappelle que nous sommes tous des enfants de déracinés.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Un mot peut-être aussi sur les livres que vous proposez qui sont, j’ai envie de dire, des livres objets puisque qu’on a grand plaisir à plonger dedans, par la mise en page, par les documents, les photos…
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
J’ai la chance d’avoir le même metteur en image depuis 12 ans qui est Jérôme Pecnard, et qui n’est pas traité par mes éditeurs comme un travailleur à façon, plus ou moins mercenaire, mais comme un co-auteur. Et ça, il faudra que les éditeurs de beaux livres en France, réalisent un jour qu’il y a des fonctions essentielles dans certains livres. La fonction de maquettiste pour un beau livre, la fonction de traducteur pour un roman étranger… Et si l’on ne fait pas ce qu’il faut, si l’on ne fait pas les choses à fond, et bien on obtient des résultats moyens, voire médiocres.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Est-ce que finalement dans cette idée d’ouvrage, vous avez envie de nous dire : « fouillez tous dans vos mémoires ? »
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
Ce sont toujours des sujets qui font qu’à un moment ou à un autre, les sujets choisis, l’homme est au bord du gouffre; ça le rend plutôt moins stupide, plus sensible aux choses essentielles. Et dans ce cas-là, si son âme vibre, s’il est capable de traduire la vibration de son âme, alors il va exprimer ce que j’appelle « la petite musique de l’âme ». Et là, quelque soit son passé, son niveau de maîtrise de la langue, son niveau d’étude, son origine sociale, il risque d’être capable d’écrire des pages qui seront parmi les plus belles de la langue française. Et ça, c’est le petit miracle auquel j’assiste depuis 12 ans, années après années, thème après thème.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Merci beaucoup Jean-Pierre Guéno, La mémoire du Petit Prince, c’est aux éditions Jacob-Duvernet.
Bonjour Jean-Pierre Guéno.
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
Bonjour.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Merci de nous recevoir. La mémoire du Petit Prince, c’est le livre que vous venez de sortir aux éditions Jacob-Duvernet. J’ai l’impression que le livre, finalement, a toujours fait partie de votre existence, ou en tout cas que vous avez toujours eu envie de vivre avec le livre, est-ce que c’est exact ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
Oui, tout à fait. Depuis très longtemps, depuis ma petite enfance, j’ai eu la chance d’apprendre à lire avant d’aller à l’école, ce qui a été très agréable, et ce qui a fait qu’en même temps je m’ennuyais un petit peu dans les premières années, puisque j’étais sensé apprendre des choses que je savais déjà.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Vous avez un souvenir du premier livre qui vous ait marqué ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
J’ai un petit Panthéon personnel dans lequel on trouve Antoine de Saint-Exupéry, Jean Moulin, Jean Zay, et puis Alain Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes. J’aime beaucoup cette œuvre car ce livre est une descente aux enfers. C’est ce qu’Alain Fournier appelle « l’atterrissage dans la dure vie basse », la sortie de l’âge d’enfance, d’adolescence, l’entrée dans l’âge d’homme avec toutes les concessions que ça implique.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Revenons sur votre parcours. Il y a la grande aventure des Editions Radio France, plus d’une dizaine d’années; les éditions Radio France, et puis « Paroles de… ». Comment est-il né ce projet ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
J’ai toujours pensé que les gens qui font l’Histoire ne sont pas seulement les têtes d’affiches qui tapissent nos livres de classe, mais ces obscurs, ces sans grades, ces figurants, pour filer la métaphore cinématographique, qu’étaient nos parents, nos grands-parents, nos arrières grands-parents, nos ancêtres proches. Et tout le monde avait oublié la vérité de La Palice, c’est que la plupart de ces hommes, quand ils ont vécu l’enfer de la grande Guerre, avaient entre 17 et 23 ans. Pour en avoir conscience, il suffisait d’aller chercher les lettres écrites, sur les champs de bataille, quand les guerres étaient encore des guerres de mouvement, et dans les tranchées, dans les 4 ans qui ont suivi.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Paroles de Poilu, qui est aujourd’hui régulièrement réédité, certains passages étudiés aussi…
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
Oui, et qui a dû dépasser, toutes éditions confondues, quelque chose comme 3 millions d’exemplaires vendus. Et puis après des thèmes soit historiques, soit sociologiques, Paroles de détenus, qui malheureusement n’a pas vieilli d’une ride, mais encore des titres aussi divers que Mémoire de maîtres, Paroles d’élèves… J’avais demandé aux français d’écrire aux professeurs qui avaient marqués leur vie, en bien ou en mal, mais encore Paroles d’étoiles sur la trajectoire des enfants d’origine juive, sauvés parce que cachés entre 1942 et 1944, Paroles du jour J sur le débarquement, Paroles d’enfance, Paroles de femme, Première fois… J’avais demandé aux français d’écrire sur ces moments de basculement qui font qu’après, rien n’est plus comme avant, mais encore Cher pays de mon enfance, Paroles de Déracinés qui rappelle que nous sommes tous des enfants de déracinés.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Un mot peut-être aussi sur les livres que vous proposez qui sont, j’ai envie de dire, des livres objets puisque qu’on a grand plaisir à plonger dedans, par la mise en page, par les documents, les photos…
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
J’ai la chance d’avoir le même metteur en image depuis 12 ans qui est Jérôme Pecnard, et qui n’est pas traité par mes éditeurs comme un travailleur à façon, plus ou moins mercenaire, mais comme un co-auteur. Et ça, il faudra que les éditeurs de beaux livres en France, réalisent un jour qu’il y a des fonctions essentielles dans certains livres. La fonction de maquettiste pour un beau livre, la fonction de traducteur pour un roman étranger… Et si l’on ne fait pas ce qu’il faut, si l’on ne fait pas les choses à fond, et bien on obtient des résultats moyens, voire médiocres.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Est-ce que finalement dans cette idée d’ouvrage, vous avez envie de nous dire : « fouillez tous dans vos mémoires ? »
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince):
Ce sont toujours des sujets qui font qu’à un moment ou à un autre, les sujets choisis, l’homme est au bord du gouffre; ça le rend plutôt moins stupide, plus sensible aux choses essentielles. Et dans ce cas-là, si son âme vibre, s’il est capable de traduire la vibration de son âme, alors il va exprimer ce que j’appelle « la petite musique de l’âme ». Et là, quelque soit son passé, son niveau de maîtrise de la langue, son niveau d’étude, son origine sociale, il risque d’être capable d’écrire des pages qui seront parmi les plus belles de la langue française. Et ça, c’est le petit miracle auquel j’assiste depuis 12 ans, années après années, thème après thème.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture):
Merci beaucoup Jean-Pierre Guéno, La mémoire du Petit Prince, c’est aux éditions Jacob-Duvernet.
Jean-Pierre Guéno
La mémoire du Petit Prince
Le livre 4'31Jean-Pierre Guéno, nous sommes ensemble pour évoquer votre nouvel ouvrage publié aux éditions Jacob-Duvernet, La mémoire du Petit Prince, sous-titré Antoine de Saint-Exupéry, le journal d’une vie. Qu’est-ce qui vous a donné envie de consacrer un livre entier à Saint-Exupéry ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince) :
C’est un auteur dont la vie est indissociable de l’œuvre, et par ailleurs, c’est un auteur dont l’œuvre forme un tout. Les clés du Petit Prince sont à chercher dans Le Petit Prince lui-même, bien sûr, mais aussi dans la vie de Saint-Exupéry, mais encore dans chacun des titres de son œuvre, Citadelle, Pilote de guerre et tous les autres. Saint-Exupéry est d’une actualité brûlante, du fond des années 1930, du fond des années 1940, il est en train de nous décrire le monde dans lequel nous vivons depuis l’an 2000. Et il nous en apporte les antidotes, c’est quelque chose d’étonnant. Et quand les 15-25 ans recherchent des points de repères, qu’ils ont de plus en plus de mal à trouver, et bien les points de repères sont chez Saint-Exupéry. Son message essentiel est assez simple, il nous rappelle que notre vie ne commence à prendre du sens et ne commence à s’éclairer quand nous la tournons vers les autres.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) :
Pourquoi avec fait parler Le Petit Prince ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince) :
D’abord, à la fin du Petit Prince, Saint-Exupéry nous y incite : « Le Petit Prince a disparu, si vous le retrouvez, faites-moi signe ». J’ai retrouvé Le Petit Prince. Ca permet de faire qu’il devienne le fil rouge, le narrateur. Sur chaque double-page de ce livre, Le Petit Prince intervient, déroule… Il renvoie l’ascenseur à son créateur, il le tutoie, et lui déroule sa vie en l’illustrant avec ses photos de famille, ses objets personnels, ses dessins, ses manuscrits, et surtout ses paroles, ses verbatim. Donc quand vous lisez ce livre, de fait, puisque Le Petit Prince vous tutoie, vous devenez Saint-Exupéry.
Philippe Chauveau (WebTvCulture) :
Ce qui est très émouvant dans l’ouvrage, ce sont tous les documents, toutes les photos, qui illustrent et qui retracent la vie, le parcours de Saint-Exupéry. Et là vous avez eu la chance de pouvoir travailler avec la collaboration de la famille.
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince) :
Oui, d'avoir accès à des documents qui ne sont pas toujours accessibles, voire totalement inaccessibles. Il y a beaucoup d’inédits. Je pense à un document comme ce fabuleux dessin, le chasseur de papillons. Quelques jours avant sa dernière mission, un de ses bons amis, le Général X lui dit : « Mais pourquoi tu as toujours ce dessin sur toi, il ne te quitte jamais ? et pourtant tu ne l’as même pas mis dans Le Petit Prince ». Et Saint Exupéry lui répond : « c’est simple c’est un de mes personnages préférés ce chasseur de papillons », car lui a-t-il dit « c’est un être qui court après un idéal réaliste ». Magnifique.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) :
La vie de Saint-Exupéry était très présente finalement dans ses propres écrits ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince) :
Très présente. Ses romans sont en quelque sorte des faux romans. Il ne fait que parler de lui. Dans Pilote de guerre par exemple, Saint-Exupéry raconte l’agonie de son petit frère François de Saint-Exupéry, mort en 1917. Et on réalise que six lignes du Petit Prince sont la transcription littérale de ce que son petit frère François a pu lui dire sur son lit de mort. Et là, les choses prennent tout à fait un autre sens.
Autre exemple, Saint-Exupéry perd son père à l’âge de 4 ans, et sa mère, pour l’aider à vivre, pour l’éveiller, pour l’apaiser, lui lit ou lui raconte les petites histoires de Hans Christian Andersen. Grimm et Perrault sont des contes de fées très traditionnelles, c’est ce que j’appelle des histoires à dormir debout, des histoires faites pour vous anesthésier, pour vous endormir. On vous endort avec des fins édifiantes : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. » On ne remet jamais l’ordre social en question, il est immuable. Vous ne faîtes jamais la révolution chez Grimm et chez Perrault.
Chez Andersen, il en va tout autrement. Souvenez-vous, la petite marchande d’allumettes, doit-elle mourir de froid ou de faim ? Ce sont des histoires faites pour vous éveiller, pour vous rendre vigilant. Et bien il y a un cousinage énorme entre les histoires d’Andersen, et Le Petit Prince, entre La Petite Sirène, La petite marchande d’allumettes et Le Petit Prince. Et quand on se demande pourquoi cette histoire est fascinante, pourquoi elle concerne aussi bien les Japonais, les Italiens, les Américains, pourquoi elle s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes, une partie de sa réponse est dans ça, le cousinage avec Andersen.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) :
Merci beaucoup Jean-Pierre Guéno de nous avoir reçu. La mémoire du Petit Prince c’est votre nouveau livre, avec la collaboration de Jérôme Pecnard pour la mise en images, c’est publié aux éditions Jacob Duvernet.
Jean-Pierre Guéno, nous sommes ensemble pour évoquer votre nouvel ouvrage publié aux éditions Jacob-Duvernet, La mémoire du Petit Prince, sous-titré Antoine de Saint-Exupéry, le journal d’une vie. Qu’est-ce qui vous a donné envie de consacrer un livre entier à Saint-Exupéry ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince) :
C’est un auteur dont la vie est indissociable de l’œuvre, et par ailleurs, c’est un auteur dont l’œuvre forme un tout. Les clés du Petit Prince sont à chercher dans Le Petit Prince lui-même, bien sûr, mais aussi dans la vie de Saint-Exupéry, mais encore dans chacun des titres de son œuvre, Citadelle, Pilote de guerre et tous les autres. Saint-Exupéry est d’une actualité brûlante, du fond des années 1930, du fond des années 1940, il est en train de nous décrire le monde dans lequel nous vivons depuis l’an 2000. Et il nous en apporte les antidotes, c’est quelque chose d’étonnant. Et quand les 15-25 ans recherchent des points de repères, qu’ils ont de plus en plus de mal à trouver, et bien les points de repères sont chez Saint-Exupéry. Son message essentiel est assez simple, il nous rappelle que notre vie ne commence à prendre du sens et ne commence à s’éclairer quand nous la tournons vers les autres.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) :
Pourquoi avec fait parler Le Petit Prince ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince) :
D’abord, à la fin du Petit Prince, Saint-Exupéry nous y incite : « Le Petit Prince a disparu, si vous le retrouvez, faites-moi signe ». J’ai retrouvé Le Petit Prince. Ca permet de faire qu’il devienne le fil rouge, le narrateur. Sur chaque double-page de ce livre, Le Petit Prince intervient, déroule… Il renvoie l’ascenseur à son créateur, il le tutoie, et lui déroule sa vie en l’illustrant avec ses photos de famille, ses objets personnels, ses dessins, ses manuscrits, et surtout ses paroles, ses verbatim. Donc quand vous lisez ce livre, de fait, puisque Le Petit Prince vous tutoie, vous devenez Saint-Exupéry.
Philippe Chauveau (WebTvCulture) :
Ce qui est très émouvant dans l’ouvrage, ce sont tous les documents, toutes les photos, qui illustrent et qui retracent la vie, le parcours de Saint-Exupéry. Et là vous avez eu la chance de pouvoir travailler avec la collaboration de la famille.
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince) :
Oui, d'avoir accès à des documents qui ne sont pas toujours accessibles, voire totalement inaccessibles. Il y a beaucoup d’inédits. Je pense à un document comme ce fabuleux dessin, le chasseur de papillons. Quelques jours avant sa dernière mission, un de ses bons amis, le Général X lui dit : « Mais pourquoi tu as toujours ce dessin sur toi, il ne te quitte jamais ? et pourtant tu ne l’as même pas mis dans Le Petit Prince ». Et Saint Exupéry lui répond : « c’est simple c’est un de mes personnages préférés ce chasseur de papillons », car lui a-t-il dit « c’est un être qui court après un idéal réaliste ». Magnifique.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) :
La vie de Saint-Exupéry était très présente finalement dans ses propres écrits ?
Jean-Pierre Guéno (La mémoire du Petit Prince) :
Très présente. Ses romans sont en quelque sorte des faux romans. Il ne fait que parler de lui. Dans Pilote de guerre par exemple, Saint-Exupéry raconte l’agonie de son petit frère François de Saint-Exupéry, mort en 1917. Et on réalise que six lignes du Petit Prince sont la transcription littérale de ce que son petit frère François a pu lui dire sur son lit de mort. Et là, les choses prennent tout à fait un autre sens.
Autre exemple, Saint-Exupéry perd son père à l’âge de 4 ans, et sa mère, pour l’aider à vivre, pour l’éveiller, pour l’apaiser, lui lit ou lui raconte les petites histoires de Hans Christian Andersen. Grimm et Perrault sont des contes de fées très traditionnelles, c’est ce que j’appelle des histoires à dormir debout, des histoires faites pour vous anesthésier, pour vous endormir. On vous endort avec des fins édifiantes : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. » On ne remet jamais l’ordre social en question, il est immuable. Vous ne faîtes jamais la révolution chez Grimm et chez Perrault.
Chez Andersen, il en va tout autrement. Souvenez-vous, la petite marchande d’allumettes, doit-elle mourir de froid ou de faim ? Ce sont des histoires faites pour vous éveiller, pour vous rendre vigilant. Et bien il y a un cousinage énorme entre les histoires d’Andersen, et Le Petit Prince, entre La Petite Sirène, La petite marchande d’allumettes et Le Petit Prince. Et quand on se demande pourquoi cette histoire est fascinante, pourquoi elle concerne aussi bien les Japonais, les Italiens, les Américains, pourquoi elle s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes, une partie de sa réponse est dans ça, le cousinage avec Andersen.
Philippe Chauveau (Web Tv Culture) :
Merci beaucoup Jean-Pierre Guéno de nous avoir reçu. La mémoire du Petit Prince c’est votre nouveau livre, avec la collaboration de Jérôme Pecnard pour la mise en images, c’est publié aux éditions Jacob Duvernet.