Historien de l'art, ingénieur de recherches pour les musées de France, spécialiste des impressionnistes, Laurent Manœuvre est ce que l'on appelle « une pointure » dans le monde de l'art. Outre des ouvrages de référence, on fait aussi appel à lui en tant que commissaire d'expositions. Ce fut le cas notamment pour l'accrochage consacré à Eugène Boudin au musée du Havre récemment, Boudin dont Laurent Manœuvre est aujourd'hui considéré comme l'un des plus éminents spécialistes.Si les impressionnistes hommes n'ont guère...
Les pionnières, femmes et impressionnistes de Laurent Manoeuvre - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :Bonjour Laurent Manœuvre. Vous publiez aux éditions des Falaise, ce très bel ouvrage « Les pionnières, femmes et impressionnistes ». Vous êtes historien d'art, vous travaillez pour les musées de France dans le numérique, quelle est précisément votre fonction ? Laurent Manœuvre :Je suis ingénieur de recherches pour le service des musées de France, donc 1220 musées en France. Ces musées ont des collections très riches, bien souvent connues localement, mais que l'on a envie de faire connaître au niveau...
Les pionnières, femmes et impressionnistes de Laurent Manoeuvre - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :Laurent Manoeuvre, en découvrant votre ouvrage « Les pionnières, femmes et impressionnistes », que vous publiez aux éditions des Falaises, j'ai découvert que des femmes avaient été, elles aussi, des peintres impressionnistes. Malheureusement, à part Berthe Morisot, la postérité ne les a pas retenues. qu'est-ce qui vous a donné envie de travailler sur ces destins de femmes ? Laurent Manoeuvre :En fait ? c'est une personne des éditions des falaises qui voulait faire un livre autour des femmes et de...
Les pionnières, femmes et impressionnistes de Laurent Manoeuvre - Livre - Suite
Laurent Manoeuvre
Les pionnières, femmes et impressionnistes
Présentation 2'19Historien de l'art, ingénieur de recherches pour les musées de France, spécialiste des impressionnistes, Laurent Manœuvre est ce que l'on appelle « une pointure » dans le monde de l'art. Outre des ouvrages de référence, on fait aussi appel à lui en tant que commissaire d'expositions. Ce fut le cas notamment pour l'accrochage consacré à Eugène Boudin au musée du Havre récemment, Boudin dont Laurent Manœuvre est aujourd'hui considéré comme l'un des plus éminents spécialistes.
Si les impressionnistes hommes n'ont guère de secrets pour lui, ce sont les femmes que Laurent Manœuvre a voulu mettre à l'honneur dans ce très beau livre aux éditions des Falaises, « Les pionnières ». Laurent Manœuvre nous entraine ici dans la seconde moitié du XIXème siècle, vers 1870. L'art pictural est alors en pleine évolution, en pleine révolution, les peintres impressionnistes changent complètement les bases de la peinture. Aujourd'hui, de Monet à Pissaro, nombre d'entre eux sont passés à la postérité. Mais les femmes dans tout ça ! Hormis Berthe Morisot et quelques autres, on ne les connait guère. Et pourtant, ces femmes artistes étaient nombreuses et ont, elles aussi, eu leur part dans ce renouveau pictural. Qui étaient-elles ces femmes peintres, ces femmes artistes qui elles aussi voulaient s'exprimer et faire bouger les codes? Comment ont-elles travaillé, quelle place leur a-t-on laissé ? Et pourquoi sont-elles aujourd'hui si peu reconnues ?
Nous racontant le Paris de l'époque, les difficultés pour se faire accepter, l'attrait de la France pour les artistes étrangères, les thèmes abordés en peinture, les conflits avec leurs homologues masculins et avec les critiques d'art, Laurent Manœuvre met en lumière ces femmes qui discrètement ont, elles aussi donné ses lettres de noblesse à l'impressionnisme.
Le livre est magnifique avec de nombreuses illustrations, un texte clair, limpide, précis mais accessible à tous. Comme l'écrit l'auteur « ces peintres ont durement payé le prix de leur choix, celui d'être femmes et artistes, dans le plein sens du terme ». Il était grand temps de leur rendre justice
« Les pionnières, femmes et impressionnistes » de Laurent Manœuvre aux éditions Les Falaises.
Laurent Manoeuvre
Les pionnières, femmes et impressionnistes
Portrait 6'35Philippe Chauveau :
Bonjour Laurent Manœuvre. Vous publiez aux éditions des Falaise, ce très bel ouvrage « Les pionnières, femmes et impressionnistes ». Vous êtes historien d'art, vous travaillez pour les musées de France dans le numérique, quelle est précisément votre fonction ?
Laurent Manœuvre :
Je suis ingénieur de recherches pour le service des musées de France, donc 1220 musées en France. Ces musées ont des collections très riches, bien souvent connues localement, mais que l'on a envie de faire connaître au niveau national et international, donc on crée un catalogue collectif comme pour les bibliothèques. Le rôle de ce catalogue étant d'accompagner les musées et puis de mettre en œuvre cette base de données qui est un grand entrepôt dans lequel on met les notices et images d'objets archéologiques et artistiques.
Philippe Chauveau :
Donc, grâce à vous et votre équipe, il y a une sorte de musée national virtuel pour effectuer des recherches sur telle époque ou tel artiste ?
Laurent Manœuvre :
Oui, exactement, l'idée c'est de faire connaître les œuvres aussi bien pour des chercheurs ou des amateurs pour qu'après ils puissent venir dans les musée pour voir les œuvres.
Philippe Chauveau :
Ce programme dépend du Ministère de la Culture j'imagine ?
Laurent Manœuvre :
Le programme oui, mais la création des notices et des images numériques sont sous la responsabilité des musées, qui bien souvent dépendent de collectivités territoriales ou d'associations.
Philippe Chauveau :
Ce doit être un métier passionnant, mais la passion, j'imagine, est un peu le maître mot de votre parcours professionnel. Vous êtes historien d'art, vous participez à l'organisation d'expositions en tant que commissaire. Comment nait chez vous cette passion pour l'Art ?
Laurent Manœuvre :
Quand j'étais petit et que je rapportais mon carnet de notes, la première chose que regardait mon père, c'était la musique et le dessin et puis ensuite il regardait le reste. Lui-même dessinait, il était enseignant et faisait dessiner ses élèves, donc, j'ai été bercé dans cet univers. Et puis j'ai fini par faire l'Ecole du Louvre.
Philippe Chauveau :
Laurent Manœuvre , vous êtes l'un des spécialiste d'Eugène Boudin, vous avez participé à cette belle exposition qui avait eu lieu à Jacquemart André et qu'on a retrouvé récemment au musée du Havre. Qu'est-ce qui vous plait chez Boudin et plus généralement chez les impressionnistes ?
Laurent Manœuvre :
Chez Boudin, ce qui me plait, c'est la lumière. Cette importance donnée au ciel, aux nuages et cette sensibilité pour la mer. J'aime également sa personnalité, c'est quelqu'un de très attachant, qui a beaucoup d'humour, qui a une vie difficile mais qui ne veut pas la montrer sur ses tableau, il préfère montrer de la lumière.
Philippe Chauveau :
Lorsqu'un jeune vient vous voir parce qu'il se destine à l'histoire de l'art, quels sont les conseils que vous pouvez donner ?
Laurent Manœuvre :
Je pense qu'il faut vraiment y croire. La situation était déjà difficile quand j'ai commencé, on était nombreux pour peu de postes, c'est pareil aujourd'hui, c'est difficile mais quand on est passionné, on y arrive, c'est un peu magique.
Philippe Chauveau :
Votre actualité Laurent Manœuvre c'est ce très beau livre que vous publiez aux édition des Falaises, « Les pionnières, femmes et impressionnistes ».
Laurent Manoeuvre
Les pionnières, femmes et impressionnistes
Livre 6'51Philippe Chauveau :
Laurent Manoeuvre, en découvrant votre ouvrage « Les pionnières, femmes et impressionnistes », que vous publiez aux éditions des Falaises, j'ai découvert que des femmes avaient été, elles aussi, des peintres impressionnistes. Malheureusement, à part Berthe Morisot, la postérité ne les a pas retenues. qu'est-ce qui vous a donné envie de travailler sur ces destins de femmes ?
Laurent Manoeuvre :
En fait ? c'est une personne des éditions des falaises qui voulait faire un livre autour des femmes et de l'impressionnisme et cette personne est venue me voir en me demandant si je connaissais un auteur pour ce travail. Et, à ce moment-là, je lui ai dit « Ok, je suis votre auteur», parce que je connaissais le milieu de l'impressionnisme et j'avais un peu exploré le sujet mais pas dans sa totalité et j'ai découvert moi-même beaucoup de choses sur toutes ces femmes que l'on a oubliées !
Philippe Chauveau :
Oui, il y en a quelques-une que l'on retrouve dans des expositions et même quand elles sont exposées, on les présente comme « mineur » par rapport à leurs homologues masculin. Y a-t-il, à cette époque, une sorte de machisme aussi bien de la part des critiques que des artistes ?
Laurent Manoeuvre :
Alors, les impressionnistes, eux, ne sont pas machistes. Même Degas, qui a toujours eu une réputation de macho, disait qu'il était indispensable d'exposer Mme Morisot, il la considèrait comme une artiste de premier plan. Mais la société française est extrêmement dure pour les femmes et c'est très difficile pour elles de devenir artiste à cette époque. Par exemple, quand Berthe Morisot étudie, elle a un professeur qui détecte tout de suite son talent et il écrit à la mère de Berthe Morisot, qui vit alors dans un milieu de hauts-fonctionnaires, que c'est une catastrophe car on ne peut pas être artiste et vivre dans ce genre de hautes sphères sociales. Et d'ailleurs, plus tard, ses amis ne seront pas issus de la haute bourgeoisie, mais ce seront des artistes, Mallarmé, Renoir, Degas, Monnet… Mais on voit bien que toute une société lui devient fermée.
Philippe Chauveau :
A l'image de ce tableau peint par Maria Wiik que vous avez choisi pour illustrer votre couverture, il me semble que les femmes impressionnistes dégagent une douceur et une joie de vivre qui sont moins perceptibles chez leurs homologues masculins. Est-ce une vue de l'esprit ou partagez-vous cet avis ?
Laurent Manoeuvre :
C'est une conquête ! J'ai l'impression qu'elles ont la joie de cette conquête. On a choisi le tableau de Maria Wiik pour faire la couverture, parce qu'il était très lumineux. Cette femme sur le tableau avance avec enthousiasme, de même qu'on a reproduit un tableau de Marie Cassat où on voit sa sœur dans une voiture hippomobile et c'est elle qui tient les rênes et l'homme est derrière. C'est une volonté de dire quand même « on prend les choses en main ».
Philippe Chauveau :
Une dernière question très personnelle, quelle est l'artiste ou le tableau qui vous touche le plus, il est où votre coup de cœur ?
Laurent Manoeuvre :
Alors, je prendrais Marie Bracquemond. Elle est exposée, à partir de 1878 comme Marie Cassat et comme Gauguin, à toutes les expositions impressionnistes et elle a arrêté de peindre assez tôt, à cause de problèmes de santé. Elle était proche de Monnet et de Manet ; elle était élève d'Ingres et elle va progressivement conquérir une liberté en tant que peintre.
Philippe Chauveau :
Laurent Manoeuvre, merci pour ce très beau livre, plein de douceur, de sensibilité qui permet de faire renaître ces femmes. « Les pionnières, femmes et impressionnistes », vous êtes publié aux éditions des falaises.