Vladimir Fédorovski est, depuis le milieu des années 90, un auteur reconnu. Amoureux de la France, qu'il avait découverte enfant à la lecture de Maupassant, il y travaillait en tant qu'attaché d'ambassade, puis s'y installa définitivement.
Son goût de l'écriture et de l'Histoire avec un grand h, se retrouvent dans ses ouvrages, dont plusieurs sont consacrés à l'histoire de la Russie. Sachant allier la précision historique à l'écriture romanesque, plusieurs de ses livres ont été primés. Mais n'oublions pas que Vladimir...
Rediffusion des escales littéraires en partenariat avec le Crédit Mutuel Océan de Vladimir Fédorovski - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Vladimir Fedorovski.
Vladimir Fédorovski :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Grand plaisir de vous retrouver ici. Vous nous avez donné rendez-vous en plein coeur de Paris, au restaurant « Caviar Kaspia », place de la Madeleine. C'est une sorte de quartier général, vous aimez cet endroit ?
Vladimir Fédorovski :
J'aime cet endroit pour différentes raisons. Tout d'abord, il y a une collection tout à fait extraordinaire ; des tableaux, des porcelaines de tsar, s'il vous plait ! Cela est une exception....
Rediffusion des escales littéraires en partenariat avec le Crédit Mutuel Océan de Vladimir Fédorovski - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Vladimir Fédorovski, vous publiez aux éditions du Rocher «Le Roman de l'espionnage», et vous nous avez donné rendez-vous dans cet endroit, le restaurant « Caviar Kaspia », en plein coeur de Paris, place de la Madeleine. Est-ce un endroit où des espions pourraient se rencontrer pour échanger quelques informations ?
Vladimir Fédorovski :
Vous savez, ce n'est pas exactement un endroit d'espionnage, ici c'est plus un endroit d'artistes. Mais à Paris, il y en avait, l'hôtel Lutetia autrefois, haut lieu de...
Rediffusion des escales littéraires en partenariat avec le Crédit Mutuel Océan de Vladimir Fédorovski - Le livre - Suite
Vladimir Fédorovski
Le Roman de l'espionnage
Présentation 1'26Son goût de l'écriture et de l'Histoire avec un grand h, se retrouvent dans ses ouvrages, dont plusieurs sont consacrés à l'histoire de la Russie. Sachant allier la précision historique à l'écriture romanesque, plusieurs de ses livres ont été primés. Mais n'oublions pas que Vladimir Fédorovski fut longtemps diplomate, notamment auprès de Leonid Brejnev et Mikhaïl Gorbatchev, avec qui il participa aux événements de la Perestroïka.
De ce passé, Vladimir Fédorovski a gardé de nombreux souvenirs, et il connait bien les rouages de la diplomatie, de la politique, et des secrets qui font avancer l'Histoire.
Dans son nouveau livre, «Le Roman de l'espionnage», Vladimir Fédorovski évoque les figures mythiques du renseignement: les 5 de Cambridge, Farewell, Colonel Boris, autant de personnages dont les vies furent de vrais romans.
A partir d'archives et de témoignages inédits, et sans se départir de son écriture passionnée, Vladimir Fédorovski nous offre un livre qui se lit comme un vrai roman d'aventure.
«Le Roman de l'espionnage», c'est le nouveau titre de Vladimir Fédorovski, publié aux éditions du Rocher. Pour Web Tv Culture, Vladimir Fédorovski nous donne rendez-vous au restaurant russe « Caviar Kaspia », à Paris.
Son goût de l'écriture et de l'Histoire avec un grand h, se retrouvent dans ses ouvrages, dont plusieurs sont consacrés à l'histoire de la Russie. Sachant allier la précision historique à l'écriture romanesque, plusieurs de ses livres ont été primés. Mais n'oublions pas que Vladimir Fédorovski fut longtemps diplomate, notamment auprès de Leonid Brejnev et Mikhaïl Gorbatchev, avec qui il participa aux événements de la Perestroïka.
De ce passé, Vladimir Fédorovski a gardé de nombreux souvenirs, et il connait bien les rouages de la diplomatie, de la politique, et des secrets qui font avancer l'Histoire.
Dans son nouveau livre, «Le Roman de l'espionnage», Vladimir Fédorovski évoque les figures mythiques du renseignement: les 5 de Cambridge, Farewell, Colonel Boris, autant de personnages dont les vies furent de vrais romans.
A partir d'archives et de témoignages inédits, et sans se départir de son écriture passionnée, Vladimir Fédorovski nous offre un livre qui se lit comme un vrai roman d'aventure.
«Le Roman de l'espionnage», c'est le nouveau titre de Vladimir Fédorovski, publié aux éditions du Rocher. Pour Web Tv Culture, Vladimir Fédorovski nous donne rendez-vous au restaurant russe « Caviar Kaspia », à Paris.
Vladimir Fédorovski
Le Roman de l'espionnage
Portrait 4'31Bonjour Vladimir Fedorovski.
Vladimir Fédorovski :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Grand plaisir de vous retrouver ici. Vous nous avez donné rendez-vous en plein coeur de Paris, au restaurant « Caviar Kaspia », place de la Madeleine. C'est une sorte de quartier général, vous aimez cet endroit ?
Vladimir Fédorovski :
J'aime cet endroit pour différentes raisons. Tout d'abord, il y a une collection tout à fait extraordinaire ; des tableaux, des porcelaines de tsar, s'il vous plait ! Cela est une exception. D'autres parts, il y a cette gastronomie russe, et ce cadre des grandes demeures d'Anton Tchekhov, Léon Tolstoï... Et puis, cet endroit garde la mémoire. Vous avez connu, n'est-ce-pas, Rudolf Noureev, Mstislav Rostropovitch, Mikhaïl Rudy...tous ces gens là qui sont dans mon coeur.
Philippe Chauveau :
Mais alors, est-ce que c'est un peu de la nostalgie chez vous ?
Vladimir Fedorovski :
Vous savez, je vais vous dire. Moi, je ne suis pas du tout nostalgique, mais je pense que c'est une civilisation d'exception, qui a passé beaucoup d'aléas, qui a failli mourir, mais qui n'est pas morte. Grâce à qui ? Grâce à cette tradition de la littérature, peut être à la musique ou peut être un brun de nostalgie par rapport aux gens d'autrefois qui ne sont plus là. Je ne suis pas nostalgique, mais la nostalgie de la Russie éternelle est bien présente dans mes livres.
Philippe Chauveau :
Avant d'évoquer l'auteur et l'écrivain que vous êtes, parlons du diplomate que vous avez été. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur le monde en général, la diplomatie, les relations entre les états ? Est-ce que les choses ont énormément changé en 10 ans, en 20 ans ?
Vladimir Fédorovski :
Vous savez, je suis assez perplexe face à cela, parce que j'ai connu une période extraordinaire, c'est la chute du Mur de Berlin, c'est les gens extraordinaires : Jean Paul II, Mikhail Gorbatchev, finalement les Américains. Vous savez, nous avons connu le XXème siècle, et parfois des visionnaires. Le Général De Gaulle a été visionnaire, Jean-Paul II a été visionnaire à sa façon. Et je trouve que cela manque aujourd'hui. On est dans le triomphe du court terme. Et ça, c'est une chose qui me perturbe.
Philippe Chauveau :
Au delà du plaisir que vous avez à partager avec vos lecteurs, est-ce que l'écriture est une sorte de refuge ?
Vladimir Fédorovski :
Moi je suis dans la tradition de récits, dans la tradition des contes. Avec les livres j'essaye de compter. Et ce n'est pas nécessairement la tradition de la littérature d'aujourd'hui. Mais c'est la tradition de la grande littérature française du XIXème siècle. Et ça, j'assume volontiers. Je dis toujours que l'Histoire est une clef pour comprendre l'avenir, et peut être une prémonition de l'avenir. Peut être que je suis tout simplement futuriste notamment avec Guy de Maupassant, Stendhal ou encore avec Raspoutine.
Philippe Chauveau :
Vladimir Fédorovski, votre coeur balance entre la France et la Russie. Qu’y a-t-il de très français chez vous ?
Vladimir Fedorovski :
J'assume complètement mes racines russes, mais en même temps, j'ai passé beaucoup de temps en France, j'assume aussi cette influence française qui était une influence tout à fait naturelle sur la culture russe. D'une part, et d'autre part, n'oubliez pas que je suis Ukrainien, à moitié, mon père était Ukrainien. L'Ukraine est à mi-chemin entre la France et la Russie, alors mon destin c'est vraiment d'être un trait d'union, pourquoi ne pas dire européen, allons !
Philippe Chauveau :
Alors il y a cette légèreté, qui serait un peu française, mais qu'est-ce qu'il y aurait de spécifiquement russe chez vous ?
Vladimir Fédorovski :
Ces références sur le passé, c'est tout à fait russe. Les Russes sont généralement nostalgiques, pas moi spécifiquement. Mais ils sont persuadés que l'avenir n'existe pas en dehors du passé. Mais la Russie, avec ce qu'elle a vécu, peut nous donner des clins d'oeil par rapport à aujourd'hui. N'oubliez pas que nous vivons une sorte de déclin de la civilisation européenne, sérieusement parlant.
Philippe Chauveau :
Et vous aimez être ce pont finalement entre la Russie et la France ?
Vladimir Fédorovski :
C'est naturel, c'est le destin qui l'a voulu. J'assume complètement, je suis très à l'aise dans cette posture. Finalement soyons très clair, c'est une grande tradition : Ivan Tourgueniev, Joseph Kessel et tant d'autres… Ils ont joué ce rôle, et je suis très fier d'être dans cette tradition.
Philippe Chauveau :
Vous êtes un maillon de l'amitié Franco-russe ?
Vladimir Fédorovski :
Evidemment ! De l'amour également !
Philippe Chauveau :
Alors c'est l'occasion pour nous de trinquer à l'amitié franco-russe ! Merci Vladimir Fédorovski, je rappelle le titre de votre nouvel ouvrage, « Le Roman de l'espionnage » aux éditions du Rocher. Merci.
Bonjour Vladimir Fedorovski.
Vladimir Fédorovski :
Bonjour.
Philippe Chauveau :
Grand plaisir de vous retrouver ici. Vous nous avez donné rendez-vous en plein coeur de Paris, au restaurant « Caviar Kaspia », place de la Madeleine. C'est une sorte de quartier général, vous aimez cet endroit ?
Vladimir Fédorovski :
J'aime cet endroit pour différentes raisons. Tout d'abord, il y a une collection tout à fait extraordinaire ; des tableaux, des porcelaines de tsar, s'il vous plait ! Cela est une exception. D'autres parts, il y a cette gastronomie russe, et ce cadre des grandes demeures d'Anton Tchekhov, Léon Tolstoï... Et puis, cet endroit garde la mémoire. Vous avez connu, n'est-ce-pas, Rudolf Noureev, Mstislav Rostropovitch, Mikhaïl Rudy...tous ces gens là qui sont dans mon coeur.
Philippe Chauveau :
Mais alors, est-ce que c'est un peu de la nostalgie chez vous ?
Vladimir Fedorovski :
Vous savez, je vais vous dire. Moi, je ne suis pas du tout nostalgique, mais je pense que c'est une civilisation d'exception, qui a passé beaucoup d'aléas, qui a failli mourir, mais qui n'est pas morte. Grâce à qui ? Grâce à cette tradition de la littérature, peut être à la musique ou peut être un brun de nostalgie par rapport aux gens d'autrefois qui ne sont plus là. Je ne suis pas nostalgique, mais la nostalgie de la Russie éternelle est bien présente dans mes livres.
Philippe Chauveau :
Avant d'évoquer l'auteur et l'écrivain que vous êtes, parlons du diplomate que vous avez été. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur le monde en général, la diplomatie, les relations entre les états ? Est-ce que les choses ont énormément changé en 10 ans, en 20 ans ?
Vladimir Fédorovski :
Vous savez, je suis assez perplexe face à cela, parce que j'ai connu une période extraordinaire, c'est la chute du Mur de Berlin, c'est les gens extraordinaires : Jean Paul II, Mikhail Gorbatchev, finalement les Américains. Vous savez, nous avons connu le XXème siècle, et parfois des visionnaires. Le Général De Gaulle a été visionnaire, Jean-Paul II a été visionnaire à sa façon. Et je trouve que cela manque aujourd'hui. On est dans le triomphe du court terme. Et ça, c'est une chose qui me perturbe.
Philippe Chauveau :
Au delà du plaisir que vous avez à partager avec vos lecteurs, est-ce que l'écriture est une sorte de refuge ?
Vladimir Fédorovski :
Moi je suis dans la tradition de récits, dans la tradition des contes. Avec les livres j'essaye de compter. Et ce n'est pas nécessairement la tradition de la littérature d'aujourd'hui. Mais c'est la tradition de la grande littérature française du XIXème siècle. Et ça, j'assume volontiers. Je dis toujours que l'Histoire est une clef pour comprendre l'avenir, et peut être une prémonition de l'avenir. Peut être que je suis tout simplement futuriste notamment avec Guy de Maupassant, Stendhal ou encore avec Raspoutine.
Philippe Chauveau :
Vladimir Fédorovski, votre coeur balance entre la France et la Russie. Qu’y a-t-il de très français chez vous ?
Vladimir Fedorovski :
J'assume complètement mes racines russes, mais en même temps, j'ai passé beaucoup de temps en France, j'assume aussi cette influence française qui était une influence tout à fait naturelle sur la culture russe. D'une part, et d'autre part, n'oubliez pas que je suis Ukrainien, à moitié, mon père était Ukrainien. L'Ukraine est à mi-chemin entre la France et la Russie, alors mon destin c'est vraiment d'être un trait d'union, pourquoi ne pas dire européen, allons !
Philippe Chauveau :
Alors il y a cette légèreté, qui serait un peu française, mais qu'est-ce qu'il y aurait de spécifiquement russe chez vous ?
Vladimir Fédorovski :
Ces références sur le passé, c'est tout à fait russe. Les Russes sont généralement nostalgiques, pas moi spécifiquement. Mais ils sont persuadés que l'avenir n'existe pas en dehors du passé. Mais la Russie, avec ce qu'elle a vécu, peut nous donner des clins d'oeil par rapport à aujourd'hui. N'oubliez pas que nous vivons une sorte de déclin de la civilisation européenne, sérieusement parlant.
Philippe Chauveau :
Et vous aimez être ce pont finalement entre la Russie et la France ?
Vladimir Fédorovski :
C'est naturel, c'est le destin qui l'a voulu. J'assume complètement, je suis très à l'aise dans cette posture. Finalement soyons très clair, c'est une grande tradition : Ivan Tourgueniev, Joseph Kessel et tant d'autres… Ils ont joué ce rôle, et je suis très fier d'être dans cette tradition.
Philippe Chauveau :
Vous êtes un maillon de l'amitié Franco-russe ?
Vladimir Fédorovski :
Evidemment ! De l'amour également !
Philippe Chauveau :
Alors c'est l'occasion pour nous de trinquer à l'amitié franco-russe ! Merci Vladimir Fédorovski, je rappelle le titre de votre nouvel ouvrage, « Le Roman de l'espionnage » aux éditions du Rocher. Merci.
Vladimir Fédorovski
Le Roman de l'espionnage
Le livre 4'34Vladimir Fédorovski, vous publiez aux éditions du Rocher «Le Roman de l'espionnage», et vous nous avez donné rendez-vous dans cet endroit, le restaurant « Caviar Kaspia », en plein coeur de Paris, place de la Madeleine. Est-ce un endroit où des espions pourraient se rencontrer pour échanger quelques informations ?
Vladimir Fédorovski :
Vous savez, ce n'est pas exactement un endroit d'espionnage, ici c'est plus un endroit d'artistes. Mais à Paris, il y en avait, l'hôtel Lutetia autrefois, haut lieu de l'espionnage, le restaurant de la Coupole, n'oubliez pas, ils adoraient. Il y avait des hauts lieux de l'espionnage qui ont été, objectivement, vraiment placés au centre de grandes affaires très énigmatiques. Pendant la période du XXème siècle, l'espionnage est devenu une des grandes caractéristiques, presque un symbole de ce siècle.
Philippe Chauveau :
Tous les personnages dont vous nous parlez, tous ces grands noms de l'espionnage, ce sont finalement des héros de roman. On a l'impression, lorsqu’on lit votre livre, que l'on est dans un film d'espionnage des années 50, des années 60 ?
Vladimir Fédorovski :
Je pense qu'au XXème siècle, les espions ont joué un rôle tout à fait décisif dans chaque grand événement. La Révolution russe, c'est quand même très important, sans l'espionnage, on ne peut pas la comprendre ; l'assassinat de Raspoutine, puis plus tard, la première Guerre mondiale, la deuxième Guerre mondiale. Le destin de la guerre a été déterminé par les espions, peu de gens le savent ; c'est une des révélations du livre. Finalement la fin du communisme a été déterminée par le travail de quelqu'un qui a travaillé avec les démocrates. Cette fois-ci, il s'agissait d'une taupe démocrate au sein du dispositif putschiste qui voulait arrêter la Perestroïka et qui a fait arrêter Mikhaïl Gorbatchev, il y a exactement vingt ans, là-bas en Russie, en août 1991.
Philippe Chauveau :
Dans tous ces personnages, il y a donc une sélection. Vous avez choisi quelques grands noms de l'espionnage. Est-ce que vous leur trouvez une certaine sympathie ? Ont-ils des éléments dans leurs personnalités qui vous les rendent attachants ?
Vladimir Fédorovski :
Ce sont des personnages qui reflètent l'histoire tragique du siècle. N'oubliez pas les illusions, les vertiges des illusions… Vous savez, on me pose souvent la question, si ils ont travaillé pour l'argent. Aucun de ces personnages, aucun des grands espions n'a travaillé pour l'argent ; ils travaillaient pour l'idéal. Kim Philby était communiste convaincu, il a travaillé pour l'idéal. Par exemple, Farewell, peut être le plus grand espion français pendant la Guerre Froide, n'a jamais pris de l'argent chez les Français. Il a pris une bouteille de champagne pour sa maitresse, c’est la seule chose qu'il a prise. Vous comprenez, tout ça, c'est quand même des personnages hors-pair, qui ont déterminé le destin du siècle.
Philippe Chauveau :
Mais alors psychologiquement, ces personnages, ils ont un point commun ?
Vladimir Fédorovski :
C'était comme les personnages de Fiodor Dostoïevski, c'était souvent des joueurs ; c'est vrai, ils voulaient regarder l'abîme, parfois ils tombaient dans l'abîme, mais à chaque fois, ils étaient au bord du précipice. Ce sont des personnages ambivalents, très contradictoires. Le goût du risque est bien là. Il y a aussi des belles histoires d'amour, des choses qui ont accompagné ça. Le destin est souvent tragique, c'est vrai, mais ça reflète le siècle, ça reflète le désastre du XXème siècle.
Philippe Chauveau :
Est-ce que les espions finalement tirent des ficelles ?
Vladimir Fédorovski :
Je vais vous dire, moi je n'aime pas raconter les gens qui sont devant la scène, j'aime beaucoup raconter les gens de l'ombre, qui sont automatiquement souvent les espions, mais souvent ce sont les éminences grises. Moi j'adore raconter les gens qui sont derrières. Vous avez remarqué que dans ce livre, je raconte un personnage assez exceptionnel à la fin du communisme, qui était la femme de Gorbatchev, Raïssa. Elle n'était pas exactement l'acteur, mais est-ce qu'elle était metteur en scène ? Evidemment, à sa façon. Il y a les illusions, les aléas du destin, et ce désir de jouer un rôle tout à fait exceptionnel dans l'Histoire, qui sont propres à ses gens là.»
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Vladimir Fédorovski de nous offrir ce livre tout à fait passionnant, ce livre historique, et ce livre qui se lit comme un roman d'aventures. « Le Roman de l'espionnage », c'est votre nouveau titre et c'est aux éditions du Rocher.
Vladimir Fédorovski, vous publiez aux éditions du Rocher «Le Roman de l'espionnage», et vous nous avez donné rendez-vous dans cet endroit, le restaurant « Caviar Kaspia », en plein coeur de Paris, place de la Madeleine. Est-ce un endroit où des espions pourraient se rencontrer pour échanger quelques informations ?
Vladimir Fédorovski :
Vous savez, ce n'est pas exactement un endroit d'espionnage, ici c'est plus un endroit d'artistes. Mais à Paris, il y en avait, l'hôtel Lutetia autrefois, haut lieu de l'espionnage, le restaurant de la Coupole, n'oubliez pas, ils adoraient. Il y avait des hauts lieux de l'espionnage qui ont été, objectivement, vraiment placés au centre de grandes affaires très énigmatiques. Pendant la période du XXème siècle, l'espionnage est devenu une des grandes caractéristiques, presque un symbole de ce siècle.
Philippe Chauveau :
Tous les personnages dont vous nous parlez, tous ces grands noms de l'espionnage, ce sont finalement des héros de roman. On a l'impression, lorsqu’on lit votre livre, que l'on est dans un film d'espionnage des années 50, des années 60 ?
Vladimir Fédorovski :
Je pense qu'au XXème siècle, les espions ont joué un rôle tout à fait décisif dans chaque grand événement. La Révolution russe, c'est quand même très important, sans l'espionnage, on ne peut pas la comprendre ; l'assassinat de Raspoutine, puis plus tard, la première Guerre mondiale, la deuxième Guerre mondiale. Le destin de la guerre a été déterminé par les espions, peu de gens le savent ; c'est une des révélations du livre. Finalement la fin du communisme a été déterminée par le travail de quelqu'un qui a travaillé avec les démocrates. Cette fois-ci, il s'agissait d'une taupe démocrate au sein du dispositif putschiste qui voulait arrêter la Perestroïka et qui a fait arrêter Mikhaïl Gorbatchev, il y a exactement vingt ans, là-bas en Russie, en août 1991.
Philippe Chauveau :
Dans tous ces personnages, il y a donc une sélection. Vous avez choisi quelques grands noms de l'espionnage. Est-ce que vous leur trouvez une certaine sympathie ? Ont-ils des éléments dans leurs personnalités qui vous les rendent attachants ?
Vladimir Fédorovski :
Ce sont des personnages qui reflètent l'histoire tragique du siècle. N'oubliez pas les illusions, les vertiges des illusions… Vous savez, on me pose souvent la question, si ils ont travaillé pour l'argent. Aucun de ces personnages, aucun des grands espions n'a travaillé pour l'argent ; ils travaillaient pour l'idéal. Kim Philby était communiste convaincu, il a travaillé pour l'idéal. Par exemple, Farewell, peut être le plus grand espion français pendant la Guerre Froide, n'a jamais pris de l'argent chez les Français. Il a pris une bouteille de champagne pour sa maitresse, c’est la seule chose qu'il a prise. Vous comprenez, tout ça, c'est quand même des personnages hors-pair, qui ont déterminé le destin du siècle.
Philippe Chauveau :
Mais alors psychologiquement, ces personnages, ils ont un point commun ?
Vladimir Fédorovski :
C'était comme les personnages de Fiodor Dostoïevski, c'était souvent des joueurs ; c'est vrai, ils voulaient regarder l'abîme, parfois ils tombaient dans l'abîme, mais à chaque fois, ils étaient au bord du précipice. Ce sont des personnages ambivalents, très contradictoires. Le goût du risque est bien là. Il y a aussi des belles histoires d'amour, des choses qui ont accompagné ça. Le destin est souvent tragique, c'est vrai, mais ça reflète le siècle, ça reflète le désastre du XXème siècle.
Philippe Chauveau :
Est-ce que les espions finalement tirent des ficelles ?
Vladimir Fédorovski :
Je vais vous dire, moi je n'aime pas raconter les gens qui sont devant la scène, j'aime beaucoup raconter les gens de l'ombre, qui sont automatiquement souvent les espions, mais souvent ce sont les éminences grises. Moi j'adore raconter les gens qui sont derrières. Vous avez remarqué que dans ce livre, je raconte un personnage assez exceptionnel à la fin du communisme, qui était la femme de Gorbatchev, Raïssa. Elle n'était pas exactement l'acteur, mais est-ce qu'elle était metteur en scène ? Evidemment, à sa façon. Il y a les illusions, les aléas du destin, et ce désir de jouer un rôle tout à fait exceptionnel dans l'Histoire, qui sont propres à ses gens là.»
Philippe Chauveau :
Merci beaucoup Vladimir Fédorovski de nous offrir ce livre tout à fait passionnant, ce livre historique, et ce livre qui se lit comme un roman d'aventures. « Le Roman de l'espionnage », c'est votre nouveau titre et c'est aux éditions du Rocher.