Avant d’être en vitrine des librairies, Adèle Bréau a elle-même travaillé dans l’édition après avoir suivi des études de lettres. Malgré son attirance pour l’écriture, elle n’osa pas profiter de cette période pour publier elle-même, se sentant vampirisée par le talent des auteurs qu’elle côtoyait dans la maison qui l’employait . Puis, ce fut l’aventure journalistique, essentiellement dans le numérique. Elle fut notamment rédactrice en chef du site elle.fr.
Mais voilà, grande lectrice elle-même, toujours à...
Frangines d'Adèle Bréau - Présentation - Suite
Philippe Chauveau :
Bonjour Adèle Bréau. Merci d'avoir accepté notre invitation. Votre actualité aux éditions Jean-Claude Lattès, « Frangines », avec cette jolie couverture pleine de vie. Faisons connaissance au préalable avant de parler de ces trois jeunes filles. Qui êtes-vous ? Il y a eu des études de lettres, vous avez travaillé dans l'édition, vous avez travaillé aussi dans le journalisme, plutôt dans le numérique, notamment. Pourquoi ce goût pour la lecture, pour l'écriture en général ?
Adèle Bréau :
Je...
Frangines d'Adèle Bréau - Portrait - Suite
Philippe Chauveau :
Avec ce nouveau livre, Adèle Bréau, nous allons faire connaissance de trois soeurs. Elles s'appellent Mathilde l'aînée, Violette, la cadette, et Louise, la petite dernière, née un petit peu plus tard. Ce sont trois sœurs devenues adultes. Elles ont fait leur vie et ont l'habitude de se retrouver dans la grande maison des vacances, en Provence, chez leurs parents. Une jolie famille et trois soeurs qui s'aiment beaucoup, qui s'aiment et se chamaillent. Qui sont-elles ces trois soeurs? Comment les avez-vous...
Frangines d'Adèle Bréau - Livre - Suite
Adèle Bréau
Frangines
Présentation 00'02'17"Avant d’être en vitrine des librairies, Adèle Bréau a elle-même travaillé dans l’édition après avoir suivi des études de lettres. Malgré son attirance pour l’écriture, elle n’osa pas profiter de cette période pour publier elle-même, se sentant vampirisée par le talent des auteurs qu’elle côtoyait dans la maison qui l’employait . Puis, ce fut l’aventure journalistique, essentiellement dans le numérique. Elle fut notamment rédactrice en chef du site elle.fr.
Mais voilà, grande lectrice elle-même, toujours à écrire quelques bribes de texte, attentive aux évolutions de la société et, entre autre, à la place de la femme, à l’image de sa grand-mère, la journaliste et romancière Ménie Grégoire, la jeune femme se lance enfin dans l’écriture à l’occasion d’un congé maternité. Ainsi naît « La cour des grandes » en 2015, formidable roman choral mettant en scène 4 parisiennes d’une quarantaine d’années, à l’heure des choix. Fort du succès de ce titre, gardant les personnages clés de ce premier opus, deux autres titres suivront formant ainsi une trilogie pour laquelle une adaptation TV est en cours.
Toujours dans l’esprit de la douce mélancolie, des souvenirs tendres et amers et du temps qui passe, tout en gardant une écriture pleine d’optimisme et de fantaisie, Adèle Bréau confirme en 2019 avec « L’odeur de la colle en pot ».
La voici cet été avec ce nouveau titre « Frangines ». Quittant le décor parisien de ses précédents romans, la jeune romancière nous entraine en Provence dans le joli village de St rémy. Trois sœurs, Mathilde, Violette, Louise, de retour dans la maison des vacances où la maman Jeanne vit seule. C’est le premier été des retrouvailles depuis que leur père est parti. Entre leur vie de femme, leur mari ou leurs amours, leur boulot, les gamins, les tracas du quotidien, nos trois femmes se retrouvent comme au temps de leur enfance. A l’ombre des oliviers, dans l’absence du père, les souvenirs jaillissent, les bons comme les mauvais.
Entre rires et larmes, abordant des sujets de société qui nous touchent tous, dans une belle ambiance estivale, on se laisse agréablement embarquer dans cette histoire de famille où l’on s’aime autant que l’on se déchire.
« Frangines », le nouveau roman d’Adèle Bréau est publié chez JC Lattès.
Adèle Bréau
Frangines
Portrait 00'06'13"Philippe Chauveau :
Bonjour Adèle Bréau. Merci d'avoir accepté notre invitation. Votre actualité aux éditions Jean-Claude Lattès, « Frangines », avec cette jolie couverture pleine de vie. Faisons connaissance au préalable avant de parler de ces trois jeunes filles. Qui êtes-vous ? Il y a eu des études de lettres, vous avez travaillé dans l'édition, vous avez travaillé aussi dans le journalisme, plutôt dans le numérique, notamment. Pourquoi ce goût pour la lecture, pour l'écriture en général ?
Adèle Bréau :
Je pense que, comme beaucoup d'auteurs, enfant, j'avais une appétence pour l'écriture et j'écrivais des petits textes dans ma chambre. Après, j'ai arrêté tout ce qui était livres, littérature. Paradoxalement, j'ai travaillé dans l'édition, donc j'ai continué mon petit bonhomme de chemin dans le journalisme en faisant pas mal de piges dans l'édition. J'ai travaillé notamment sur le web chez Terrafemina, qui est un pure player, un gros réseau de femmes avec lesquelles j'ai beaucoup conversées. On a monté une grosse communauté de femmes et c'est de ces conversations avec ces femmes, qui étaient vraiment de la France entière, de tous milieux, de tous âges, qu'est né mon premier roman, « La cour des grandes », dans lequel je mets en scène quatre femmes très différentes. J'ai forcément essayé d'écrire entre temps, mais à chaque fois, j'avais l'impression que les personnages se réduisaient à moi et à ma vision du monde. Et le fait d'avoir pu, à travers quatre personnages différents et aussi avec toutes ces personnes, converser loin de moi et de mon quotidien, cela m'a permis de sauter le pas et de me sentir une légitimité à parler d'elle.
Philippe Chauveau :
Je voudrais revenir un petit peu sur votre écriture journalistique, il y a eu Terrafemina ensuite Elle.fr. Que ce soit dans votre écriture journalistique ou dans l'écriture romanesque, la place des femmes est toujours très importante et j'ai envie de parler, je ne sais pas si le terme est bien choisi, du combat de la femme, de la place de la femme dans la société. Dans votre écriture, que ce soit vers le journalisme ou que ce soit vers le roman, même s’il y a le plaisir de la lecture, y-a-t-il a une part de militantisme?
Adèle Bréau :
Je ne sais pas si je parlerais de militantisme parce qu'il y a un vrai militantisme aujourd'hui dont s'est emparée une génération plus jeune et dans lequel je ne suis pas complètement intégré mais oui, c'est vrai que c'est très présent dans tout ce que j'écris, dans mes romans comme dans mes articles. Ma grand-mère était la journaliste Ménie Grégoire et j'ai quand même beaucoup baigné là-dedans. Ma mère n'a que des sœurs, moi-même, j'ai une sœur. Je ne suis pas dans le militantisme à grande échelle, mais dans le quotidien, c'est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur et que j'aime bien traiter, mais toujours avec plus d'humour ou de tendresse à travers le roman qu'à travers des tribunes ou autres.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous avez choisi de prendre la plume, y-avait-il a des références littéraires qui baignaient inconsciemment autour de vous ? Des livres qui, peut-être, vous ont donné envie de prendre la plume vous-même?
Adèle Bréau :
Toujours des livres avec des femmes et des livres à la fois légers, profonds, mais littéraires, qui me semblaient accessibles et qui m'ont fait penser que c'était possible. Tous les Pancol évidemment. Mais je lisais aussi beaucoup Henry Troyat quand j'étais jeune et toute la série des « Viou », « A demain Sylvie »… Je voyais ce vieux monsieur, qui était reconnu dans le monde littéraire et qui, en même temps, écrivait des choses qui me semblaient légères, racontaient le quotidien et me plaisaient. Il y a eu Sagan aussi qui décrivait des petits microcosmes de la vie de gens sans que ce soit forcément des romans d'aventures. C’est en lisant ces livres que je me suis dit que j'aimerais écrire des choses du même style.
Philippe Chauveau :
Vous nous avez dit au tout début que, finalement, confrontée soit à de très grands auteurs, soit à des manuscrits que vous trouviez parfois médiocres, vous n'aviez pas forcément envie de vous mettre à l'écriture. Alors, quel a été le déclic? Pourquoi, en 2015 y eut-il ce premier titre « La cour des grandes » ?
Adèle Bréau :
En 2013, jétais enceinte de mon second fils. Et c'est vrai que je travaillais depuis dix ans, beaucoup, vraiment, à plein temps, non-stop. En plus, dans le digital, on est vraiment sollicité en permanence et je n'avais jamais le temps de penser à autre chose, en tout cas, c'est ce que je me disais ». Puis, pendant ma grossesse, je me suis dit "Allez, j'ai deux mois, je vais écrire trois heures par jour et il faut qu'à la fin, j'ai terminé cette histoire". Donc, comme j'ai tendance en plus à juger beaucoup mon écriture, j'ai écrit sans me retourner, un peu au kilomètre, en pensant à cette date où il faut avoir terminé. A la fin, de ne pas m’être relue, à part les dernières phrases, à ne pas me juger à chaque fois, ça a été pour moi un déclic d'écriture.
Philippe Chauveau :
Lorsque vous avez mis le point final à ce premier titre publié en 2015, avez-vous eu l'impression de vous découvrir différemment ? Etait-ce une sorte de challenge que vous vous étiez fixé et vous êtes vous dit : « Désormais, je suis romancière » ?
Adèle Bréau :
Ah non ! Je ne sais même pas si aujourd'hui vraiment, j’arrive à y croire. En tout cas, auteur, c'est un titre, un mot que j'utilise rarement. Romancière, peut-être davantage mais c'est vrai que c'est très difficile pour moi de m'assimiler, de dire je suis romancière ou je suis auteure. Malgré tous ces livres.
Philippe Chauveau :
Il y a pourtant eu un très beau succès avec notamment « La Cour des grandes », qui est même devenu une trilogie avec deux autres titres qui ont suivi. L'an dernier, vous nous aviez offert « L'odeur de la colle en pot », cette fois-ci, avec « Frangines », vous mettez quand même des petits cailloux sur votre chemin. Vous gagnez en assurance ?
Adèle Bréau :
Je ne sais pas si on gagne vraiment en assurance. J'essaie en tout cas. Ces livres, j'ai toujours besoin de les regarder ou de les avoir devant les yeux pour que ce soit concret.
Philippe Chauveau :
Voilà déjà votre cinquième titre, « Frangines », votre actualité aux éditions Jean-Claude Lattès.
Adèle Bréau
Frangines
Livre 00'06'43"Philippe Chauveau :
Avec ce nouveau livre, Adèle Bréau, nous allons faire connaissance de trois soeurs. Elles s'appellent Mathilde l'aînée, Violette, la cadette, et Louise, la petite dernière, née un petit peu plus tard. Ce sont trois sœurs devenues adultes. Elles ont fait leur vie et ont l'habitude de se retrouver dans la grande maison des vacances, en Provence, chez leurs parents. Une jolie famille et trois soeurs qui s'aiment beaucoup, qui s'aiment et se chamaillent. Qui sont-elles ces trois soeurs? Comment les avez-vous imaginées?
Adèle Bréau :
Je les ai imaginées avec mon expérience d'écriture journalistique. J'écris beaucoup de sujets psychos et j'interroge très souvent des psychologues sur la thématique de la fratrie. C'est vrai que la place qu'on a dans la fratrie est quelque chose qui nous construit et nous définit bien davantage que ce que l'on peut penser. Donc, j'ai voulu sans les caricaturer, leur donner à chacune des trois les caractéristiques qu'ont souvent ces personnes dans la famille. Et puis, évidemment, après, leur donner corps différemment, à ma manière
Philippe Chauveau :
Si je résume, Mathilde, l'aînée, est un peu la cheftaine. Violette, la cadette, est un peu cabossée par la vie après une séparation qui n’a pas été forcément évidente. Et puis, il y a Louise qui est donc arrivée un petit peu plus tard. Elle est plutôt bien dans sa vie ; elle a voulu se consacrer aux autres en étant infirmière. Surtout, elle a fait le choix de rester dans le sud, en Provence, près de la maison de famille, pour rester proche de sa mère car le père n'est plus là. Jeanne s'est retrouvée seule l'année précédente. Cette maison, c'est la maison des vacances, ce qui veut dire qu'on n’y vit pas forcément au même rythme que le reste de l'année. Nous allons partager leurs retrouvailles de cet été-là. Qu'aviez-vous envie de nous raconter à travers cette fratrie ?
Adèle Bréau :
J'ai eu envie de raconter les rapports sororaux. Evidemment le thème des soeurs, je l’ai souvent traité en journalisme. J'aime bien traiter de sujets dont je vois que ça touche énormément de monde. C'était le cas avec les working women de « La Cour des grandes ». C'était le cas avec la nostalgie des années 90, qui était vraiment une époque charnière, dans « L'odeur de la colle en pot ». Et donc, le thème des soeurs, je voulais vraiment le traiter après avoir lu cette étude dont je parlais et qui dit que grandir avec une sœur rend plus apte au bonheur. Là, dans le roman, elles sont adultes, c'est bientôt l'été, l’heure des retrouvailles dans la maison familiale. Je pense que cela va toucher pas mal de gens parce que ça parle les rapports familiaux autour des retrouvailles estivales. C’est ce que je voulais aborder dans ce livre.
Philippe Chauveau :
Le charme de votre livre, c'est aussi la construction. Chaque chapitre, c'est l'histoire vue à travers l'une des protagonistes, que ce soit les trois sœurs ou que ce soit la mère. Et puis, il y a aussi, de temps en temps, des flash-back, soit qui nous ramènent à l'enfance de ces jeunes femmes, soit des flash-back un peu plus proches, sur les mois qui ont précédé ces retrouvailles dans cette maison de vacances. Aviez-vous dès le départ la construction de votre roman ou sont-ce les personnages qui vous ont pris par la main pour raconter leur histoire ?
Adèle Bréau :
J'avais la construction des voix parce que, dans la trilogie de « La Cour des grandes » justement, dans le premier tome, c'est l'histoire de ces quatre femmes et le second tome, c'est la même année vue du point de vue des personnages masculins du livre. Ainsi, ça s'est éclairé en moi, de me dire que ces femmes qui ont aujourd'hui 30 ou 40 ans, elles ont été enfants aussi. Il y a peut-être eu des scènes fondatrices dans leurs personnalités ou dans leurs rancoeurs mutuelles. Cela me paraissait intéressant de glisser tout cela au fil du livre.
Philippe Chauveau :
A travers l'histoire que vous nous racontez, c'était aussi le cas aussi dans vos précédents titres, vous aimez faire des focus sur des faits de société, notamment la place de la femme avec la difficulté d'être à la fois une mère, une épouse, une femme qui travaille. Vous faites aussi un focus sur l'amour chez les seniors. A-t-on a le droit de refaire sa vie quand on a 65, 70, 75 ans... Alors là, c'est à la fois la romancière et la journaliste que vous êtes qui s'adressent aux lecteurs.
Adèle Bréau :
Je rencontre pas mal de gens de cette génération parce ma mère a des copines. Je vois ce sujet émerger. Comme on le dit dans la presse féminine "Soixante ans, c'est le nouveau 50 ans" ! Déjà, quand j'avais écrit « La cour des grandes », il y avait un éditeur qui m'avait dit : "C'est fou ce qui arrive à ces femmes de 40 ans" comme s’il n'arrivait plus rien à 40 ans… On pourrait dire aujourd'hui pareil des jeunes séniors et cela me paraissait intéressant de traiter de ce personnage de Jeanne qui n'est pas juste la grand-mère, telle que les petits-enfants la voient ou peut-être même ses enfants. C’est aussi une femme qui a envie de vivre et qui a encore beaucoup de projets.
Philippe Chauveau :
L'autre atout de votre roman, c'est votre écriture et l'ambiance que vous avez su créer, cette ambiance dans laquelle vous faites évoluer vos personnages. Dans vos précédents titres, on était plus souvent à Paris. Là, nous sommes vraiment en Provence, dans cette maison de vacances, même si de temps en temps, par des flash-back, on se retrouve dans les rues de la capitale. Mais il y a vraiment une ambiance ; on entend les cigales chanter, on est autour de la table lors des retrouvailles. Comment avez-vous conçu cette ambiance qui se savoure comme une douce nostalgie au fil des pages.
Adèle Bréau :
Pour la maison, j'avais l'idée de roman l'été dernier. J'en parlais à table avec ma mère et ma sœur justement, et on évoquait la maison d'enfance qu'on avait à Saint-Rémi. Ma grand-mère avait acheté une maison brinquebalante à Saint-Rémy. Nous avons passé tous nos étés dans cette maison qu'elle a vendue depuis. Et le fait de mettre ces trois soeurs dans la maison, là, ça a été vraiment le déclic. Je me suis dit : « Ca y est, j'ai mon roman. Je veux que ça se passe à Saint-Rémi, dans une maison de famille, et il y aura trois soeurs qu'on va suivre ».
Philippe Chauveau :
Je me permets une question très personnelle. Vous nous l'avez rappelé, vous êtes la petite-fille de Ménie Grégoire qui, par ses livres ou ses émissions de radio, a beaucoup fait pour la place de la femme dans la société. Avez-vous l'impression qu'elle est un peu là, par-dessus votre épaule, et qu'elle serait contente de vous voir écrire ce genre d'histoire ?
Adèle Bréau :
C'est sûr ! En plus, elle adorait le romanesque. Avec elle, tout était romanesque dans notre vie. Quand on allait chez elle, j'arrivais, j’étais jeune journaliste et même si je n'avais rien écrit, j'étais la patronne de Paris-Match ! Ou bien j'avais écrit des livres incroyables ! Donc oui, j'aime bien ces ambiances et oui, je pense toujours à elle quand j'écris et à ce qu'elle en penserait.
Philippe Chauveau :
Bon sang ne saurait mentir ! Voilà un très joli roman, une très jolie histoire de famille dans une ambiance estivale. Ces relations familiales qui sont à la fois notre terreau mais ne sont pas toujours simples au quotidien. « Frangines », c'est votre actualité Adèle Bréau. Vous êtes publiée aux Éditions Jean-Claude Lattès. Merci beaucoup.