Adèle Bréau

Adèle Bréau

Frangines

Livre 00'06'43"

Philippe Chauveau :

Avec ce nouveau livre, Adèle Bréau, nous allons faire connaissance de trois soeurs. Elles s'appellent Mathilde l'aînée, Violette, la cadette, et Louise, la petite dernière, née un petit peu plus tard. Ce sont trois sœurs devenues adultes. Elles ont fait leur vie et ont l'habitude de se retrouver dans la grande maison des vacances, en Provence, chez leurs parents. Une jolie famille et trois soeurs qui s'aiment beaucoup, qui s'aiment et se chamaillent. Qui sont-elles ces trois soeurs? Comment les avez-vous imaginées?


Adèle Bréau :

Je les ai imaginées avec mon expérience d'écriture journalistique. J'écris beaucoup de sujets psychos et j'interroge très souvent des psychologues sur la thématique de la fratrie. C'est vrai que la place qu'on a dans la fratrie est quelque chose qui nous construit et nous définit bien davantage que ce que l'on peut penser. Donc, j'ai voulu sans les caricaturer, leur donner à chacune des trois les caractéristiques qu'ont souvent ces personnes dans la famille. Et puis, évidemment, après, leur donner corps différemment, à ma manière


Philippe Chauveau :

Si je résume, Mathilde, l'aînée, est un peu la cheftaine. Violette, la cadette, est un peu cabossée par la vie après une séparation qui n’a pas été forcément évidente. Et puis, il y a Louise qui est donc arrivée un petit peu plus tard. Elle est plutôt bien dans sa vie ; elle a voulu se consacrer aux autres en étant infirmière. Surtout, elle a fait le choix de rester dans le sud, en Provence, près de la maison de famille, pour rester proche de sa mère car le père n'est plus là. Jeanne s'est retrouvée seule l'année précédente. Cette maison, c'est la maison des vacances, ce qui veut dire qu'on n’y vit pas forcément au même rythme que le reste de l'année. Nous allons partager leurs retrouvailles de cet été-là. Qu'aviez-vous envie de nous raconter à travers cette fratrie ?


Adèle Bréau :

J'ai eu envie de raconter les rapports sororaux. Evidemment le thème des soeurs, je l’ai souvent traité en journalisme. J'aime bien traiter de sujets dont je vois que ça touche énormément de monde. C'était le cas avec les working women de « La Cour des grandes ». C'était le cas avec la nostalgie des années 90, qui était vraiment une époque charnière, dans « L'odeur de la colle en pot ». Et donc, le thème des soeurs, je voulais vraiment le traiter après avoir lu cette étude dont je parlais et qui dit que grandir avec une sœur rend plus apte au bonheur. Là, dans le roman, elles sont adultes, c'est bientôt l'été, l’heure des retrouvailles dans la maison familiale. Je pense que cela va toucher pas mal de gens parce que ça parle les rapports familiaux autour des retrouvailles estivales. C’est ce que je voulais aborder dans ce livre.


Philippe Chauveau :

Le charme de votre livre, c'est aussi la construction. Chaque chapitre, c'est l'histoire vue à travers l'une des protagonistes, que ce soit les trois sœurs ou que ce soit la mère. Et puis, il y a aussi, de temps en temps, des flash-back, soit qui nous ramènent à l'enfance de ces jeunes femmes, soit des flash-back un peu plus proches, sur les mois qui ont précédé ces retrouvailles dans cette maison de vacances. Aviez-vous dès le départ la construction de votre roman ou sont-ce les personnages qui vous ont pris par la main pour raconter leur histoire ?


Adèle Bréau :

J'avais la construction des voix parce que, dans la trilogie de « La Cour des grandes » justement, dans le premier tome, c'est l'histoire de ces quatre femmes et le second tome, c'est la même année vue du point de vue des personnages masculins du livre. Ainsi, ça s'est éclairé en moi, de me dire que ces femmes qui ont aujourd'hui 30 ou 40 ans, elles ont été enfants aussi. Il y a peut-être eu des scènes fondatrices dans leurs personnalités ou dans leurs rancoeurs mutuelles. Cela me paraissait intéressant de glisser tout cela au fil du livre.


Philippe Chauveau :

A travers l'histoire que vous nous racontez, c'était aussi le cas aussi dans vos précédents titres, vous aimez faire des focus sur des faits de société, notamment la place de la femme avec la difficulté d'être à la fois une mère, une épouse, une femme qui travaille. Vous faites aussi un focus sur l'amour chez les seniors. A-t-on a le droit de refaire sa vie quand on a 65, 70, 75 ans... Alors là, c'est à la fois la romancière et la journaliste que vous êtes qui s'adressent aux lecteurs.


Adèle Bréau :

Je rencontre pas mal de gens de cette génération parce ma mère a des copines. Je vois ce sujet émerger. Comme on le dit dans la presse féminine "Soixante ans, c'est le nouveau 50 ans" ! Déjà, quand j'avais écrit « La cour des grandes », il y avait un éditeur qui m'avait dit : "C'est fou ce qui arrive à ces femmes de 40 ans" comme s’il n'arrivait plus rien à 40 ans… On pourrait dire aujourd'hui pareil des jeunes séniors et cela me paraissait intéressant de traiter de ce personnage de Jeanne qui n'est pas juste la grand-mère, telle que les petits-enfants la voient ou peut-être même ses enfants. C’est aussi une femme qui a envie de vivre et qui a encore beaucoup de projets.


Philippe Chauveau :

L'autre atout de votre roman, c'est votre écriture et l'ambiance que vous avez su créer, cette ambiance dans laquelle vous faites évoluer vos personnages. Dans vos précédents titres, on était plus souvent à Paris. Là, nous sommes vraiment en Provence, dans cette maison de vacances, même si de temps en temps, par des flash-back, on se retrouve dans les rues de la capitale. Mais il y a vraiment une ambiance ; on entend les cigales chanter, on est autour de la table lors des retrouvailles. Comment avez-vous conçu cette ambiance qui se savoure comme une douce nostalgie au fil des pages.


Adèle Bréau :

Pour la maison, j'avais l'idée de roman l'été dernier. J'en parlais à table avec ma mère et ma sœur justement, et on évoquait la maison d'enfance qu'on avait à Saint-Rémi. Ma grand-mère avait acheté une maison brinquebalante à Saint-Rémy. Nous avons passé tous nos étés dans cette maison qu'elle a vendue depuis. Et le fait de mettre ces trois soeurs dans la maison, là, ça a été vraiment le déclic. Je me suis dit : « Ca y est, j'ai mon roman. Je veux que ça se passe à Saint-Rémi, dans une maison de famille, et il y aura trois soeurs qu'on va suivre ».


Philippe Chauveau :

Je me permets une question très personnelle. Vous nous l'avez rappelé, vous êtes la petite-fille de Ménie Grégoire qui, par ses livres ou ses émissions de radio, a beaucoup fait pour la place de la femme dans la société. Avez-vous l'impression qu'elle est un peu là, par-dessus votre épaule, et qu'elle serait contente de vous voir écrire ce genre d'histoire ?


Adèle Bréau :

C'est sûr ! En plus, elle adorait le romanesque. Avec elle, tout était romanesque dans notre vie. Quand on allait chez elle, j'arrivais, j’étais jeune journaliste et même si je n'avais rien écrit, j'étais la patronne de Paris-Match ! Ou bien j'avais écrit des livres incroyables ! Donc oui, j'aime bien ces ambiances et oui, je pense toujours à elle quand j'écris et à ce qu'elle en penserait.


Philippe Chauveau :

Bon sang ne saurait mentir ! Voilà un très joli roman, une très jolie histoire de famille dans une ambiance estivale. Ces relations familiales qui sont à la fois notre terreau mais ne sont pas toujours simples au quotidien. « Frangines », c'est votre actualité Adèle Bréau. Vous êtes publiée aux Éditions Jean-Claude Lattès. Merci beaucoup.

  • PRÉSENTATION
  • PORTRAIT
  • LIVRE
  • Avant d’être en vitrine des librairies, Adèle Bréau a elle-même travaillé dans l’édition après avoir suivi des études de lettres. Malgré son attirance pour l’écriture, elle n’osa pas profiter de cette période pour publier elle-même, se sentant vampirisée par le talent des auteurs qu’elle côtoyait dans la maison qui l’employait . Puis, ce fut l’aventure journalistique, essentiellement dans le numérique. Elle fut notamment rédactrice en chef du site elle.fr. Mais voilà, grande lectrice elle-même, toujours à...Frangines d'Adèle Bréau - Présentation - Suite
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